Édouard Dubuc — Wikipédia

Édouard Dubuc
Illustration.
Fonctions
Conseiller municipal de Paris
(Quartier des Arts-et-Métiers)

(4 ans)
Prédécesseur Octave Blondel
Successeur Charles Tantet
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès Villiers-sur-Marne
Nationalité Française
Parti politique Parti républicain socialiste français
Nationaliste
Parti national antijuif
Profession Ingénieur civil
Résidence no 31, rue Meslay

Édouard-Maximilien Dubuc, né à Paris le et mort à Villiers-sur-Marne le , est un ingénieur civil et homme politique d'extrême droite français.

Né au no 68 de la rue de Turbigo, dans le 3e arrondissement de Paris, Édouard-Maximilien Dubuc est le fils de l'ingénieur civil Michel-Maximilien Dubuc[1]. Après son service militaire, Édouard achève ses études d'ingénieur et œuvre, avant 1900, à la tête du service de distribution d'eau d'une ville de la banlieue parisienne[2].

« Socialiste révolutionnaire »[3] (mais non collectiviste)[4] et admirateur du marquis de Morès, le jeune Dubuc appartient au groupe des étudiants antisémites de Camille Jarre. À l'automne 1896, il accède à la présidence de ce mouvement, qui deviendra la ligue de la Jeunesse antisémitique (ou Jeunesse antisémite) peu de temps après. Le jeune homme y est secondé par son ami Émile Davout dit Jacques Cailly. À partir de 1898, l'organe de la ligue est Le Précurseur, bimensuel puis hebdomadaire, dont Dubuc prendra la direction l'année suivante[4].

Dubuc en uniforme d'artilleur, lors de son arrestation (1899).

Malgré de faibles effectifs, la ligue, qui entretient des liens avec l'Union nationale de l'abbé Garnier et avec Marcel Habert (de la Ligue des patriotes), fait parler d'elle pendant l'Affaire Dreyfus, participant aux violentes bagarres opposant les deux camps : Dubuc lui-même est blessé de deux coups de canne lors du meeting antidreyfusard organisé en par Jules Guérin[5]. Par conséquent, la Jeunesse antisémite fait partie des organisations antidreyfusardes ciblées en 1899 par le gouvernement, qui les accuse de comploter contre le régime républicain. Le domicile de Dubuc, au no 22 de la rue de la Grange-aux-Belles (où se situe également le siège du Précurseur), déjà perquisitionné en février, l'est à nouveau en août. Le mois suivant, le réserviste Dubuc, qui accomplit alors ses 28 jours d'instruction au 4e bataillon d'artillerie de forteresse à Verdun, est mis aux arrêts[6]. Il est traduit, avec Cailly et leur camarade normand Édouard Brunet, devant la Haute Cour. Il leur est notamment reproché un projet - en réalité peu sérieux - de coup de force contre la préfecture de Caen. Défendu par Me Evain, Dubuc est finalement acquitté le .

Portrait de Dubuc publié dans Le Matin (1899).

Les élections municipales de sont favorables aux nationalistes parisiens. Dubuc, « socialiste antisémite »[7] et candidat du Parti républicain socialiste français[2], se présente dans son arrondissement natal, dans le quartier des Arts-et-Métiers. Avec 1 330 voix au premier tour, il arrive en seconde position, juste derrière le conseiller municipal sortant, le socialiste Octave Blondel (1 794 voix)[7]. Entre les deux tours, le radical Gourel (807 voix) se désiste au profit de Blondel[8], ce qui n'empêche pas Dubuc de trouver des partisans au sein de l'électorat de Gourel, où les petits commerçants sont nombreux[9]. Candidat de l'« Union des républicains patriotes », soutenu par les députés Paulin-Méry et Ernest Roche[10], l'antidreyfusard Dubuc bat Blondel au second tour par 2 234 suffrages contre 1 781[11].

Le , à l'issue du « Congrès antijuif de Paris » tenu salle Hamel (au no 47 de l'avenue de Wagram), Dubuc transforme la Jeunesse antisémitique en un Parti national antijuif (PNA), dont il conserve la présidence. La fondation du PNA provoque la rupture avec le célèbre directeur de La Libre Parole, Édouard Drumont. Ce dernier, qui avait soutenu la ligue de Dubuc pour contrecarrer l'influence du Grand Occident de Guérin[12], voit en effet dans le nouveau parti un rival de son propre Comité national antijuif[13]. À la fin de l'année 1901, Dubuc et ses partisans rompent également avec Max Régis[14]. Ces querelles nuisent au PNA, dont les candidats aux législatives de 1902 échouent, concurrencés par d'autres nationalistes. Quelques années plus tard, Dubuc reconnaît que le Congrès antijuif « fut sans lendemain » et que « le parti [...] n'a pas pu vivre, car les politiciens de profession sont là pour étouffer les idées sincères et envelopper d'un silence hostile les efforts des militants »[15].

Insuffisamment soutenu par la Patrie française[16], Dubuc est devancé au premier tour des élections municipales de par le radical Tantet, maire du 3e arrondissement[11], qui obtient 2 154 voix. Au second tour, le sortant est largement battu (avec 1 979 voix contre 2 590 à Tantet)[17].

En 1907, il publie Socialisme et liberté, étude sociologique (Paris, Sevin fils), ouvrage préfacé par l'académicien Maurice Barrès, que Dubuc avait soutenu lors des législatives de 1898 à Nancy[18]. L'ancien conseiller municipal y expose un antisémitisme anticapitaliste et racialiste nourri par la lecture d'Edmond Picard, de Jules Soury et d'Auguste Chirac. Il y développe aussi des idées politiques qui seront appliquées plusieurs décennies plus tard, telles que l'élection du chef de l’État au suffrage universel et la décentralisation par la création d'une vingtaine de grandes régions dotées de compétences auparavant réservées à l’État[19]. Il reprend également les idées de Pierre-Joseph Proudhon, notamment la « socialisation des échanges » grâce à l'établissement d'un « Crédit national »[20].

Pendant la Première Guerre mondiale, Dubuc sert en tant que sergent d'artillerie[21].

Par la suite, Dubuc, qui appartenait déjà à la Ligue des patriotes[22], devient un sympathisant de l'Action française[23] malgré les convictions républicaines de sa jeunesse. Ses deux fils seront d'ailleurs actifs au sein du mouvement de Maurras[21].

Installé à Villiers-sur-Marne, en Seine-et-Oise, où il épousé Jeanne-Marie-Hélène Deshaires en 1915, il y meurt à l'âge de 73 ans le [1].

Références

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  1. a et b État civil du 3e arrondissement de Paris, registre des naissances de l'année 1872, acte no 2213.
  2. a et b L'Intransigeant, 10 mai 1900, p. 2.
  3. Chevalier-Marescq (cf. bibliographie), p. 61.
  4. a et b La Croix, 23 décembre 1899, p. 2.
  5. Le Temps, 19 janvier 1898, p. 2.
  6. La Justice, 6 septembre 1899, p. 2.
  7. a et b L'Intransigeant, 8 mai 1900, p. 2.
  8. Le Temps, 12 mai 1900, p. 2.
  9. L'Intransigeant, 14 mai 1900, p. 2.
  10. L'Intransigeant, 12 mai 1900, p. 2.
  11. a et b Journal des débats, 7 avril 1904, p. 2.
  12. Jules Guérin, Les Trafiquants de l'antisémitisme : la maison Drumont and Co, Paris, Juven, 1905, p. 122-124.
  13. Le Temps, 26 janvier 1902, p. 2.
  14. Le Temps, 4 novembre 1901, p. 2.
  15. Édouard Dubuc, Socialisme et liberté, étude sociologique, Paris, Sevin fils, 1907, p. 1-2.
  16. Gil Blas, 28 décembre 1904, p. 2.
  17. Le Journal, 9 mai 1904, p. 3.
  18. Chevalier-Marescq, p. 707.
  19. Dubuc, op. cit., chap. XVII.
  20. Dubuc, op. cit., chap. XIX.
  21. a et b Robert Tombs, Nationhood and Nationalism in France : From Boulangism to the Great War (1889-1918), New York, HarperCollins, 1991, p. 155.
  22. Le Radical, 2 décembre 1905, p. 2.
  23. Bertrand Joly, « Les ligues nationalistes et l'Action française : un héritage subi et rejeté », in Michel Leymarie et Jacques Prévotat (dir.), L'Action française, culture, société, politique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 89.

Bibliographie

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  • Henri Chevalier-Marescq (dir.), Revue des grands procès contemporains, t. XIX, Paris, 1901, p. 468-487.
  • Bertrand Joly, « Les antidreyfusards avant Dreyfus », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 39/2, avril-, p. 212-219, Persée.

Liens externes

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