Élection présidentielle guinéenne de 2010 — Wikipédia

Élection présidentielle guinéenne de 2010
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Corps électoral et résultats
Inscrits 3 778 177
Votants au 1er tour 1 949 396
51,60 % en diminution 31,2
Blancs et nuls au 1er tour 177 416
Votants au 2d tour 2 898 233
67,87 %
Blancs et nuls au 2d tour 89 594
Alpha Condé – RPG
Voix au 1er tour 323 406
18,25 %
Voix au 2e tour 1 474 973
52,52 %
Cellou Dalein Diallo – UFDG
Voix au 1er tour 772 496
43,60 %
Voix au 2e tour 1 333 666
47,48 %
Sidya Touré – UFR
Voix au 1er tour 230 867
13,03 %
Lansana Kouyaté – PEDN
Voix au 1er tour 124 902
7,05 %
Président
Sortant Élu
Sékouba Konaté
Indépendant
Alpha Condé
RPG

L'élection présidentielle guinéenne de 2010 est organisée au terme de la transition dirigée par le général Sékouba Konaté et remportée par Alpha Condé, premier président élu démocratiquement de l'histoire de la République de Guinée.

Plus de 50 ans après l'accession à l'indépendance de la Guinée, ce scrutin pourrait être la première élection libre de l'histoire de ce pays[1].

Le premier tour a lieu le , et sélectionne parmi vingt-quatre candidats l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo et l'opposant Alpha Condé. Le second tour se tient le et mène à l'élection d'Alpha Condé[2].

L'élection présidentielle de 2010 apparaît comme « historique »[1],[3],[4]. En effet, c'est la première fois que la Guinée, indépendante depuis 1958, va pouvoir choisir démocratiquement son chef d'État. Elle n'en a jusque-là connus que trois en 52 ans. Cette élection est organisée alors que le pouvoir est détenu par un gouvernement de transition présidé par le général Sékouba Konaté et s'inscrit dans une situation politique tendue. À la mort du président Lansana Conté en , l'armée porte au pouvoir le capitaine Moussa Dadis Camara. L'incertitude s'installe au sujet de sa participation ou non à l'élection présidentielle qui doit être organisée. Le , l'armée tire sur une manifestation à Conakry, faisant environ 150 morts. Le , Moussa Dadis Camara est grièvement blessé lors d'un attentat et est hospitalisé à l'étranger, où il se trouve toujours en exil. Dans ce contexte, le fait qu'aucun militaire ni aucun membre du gouvernement de transition ne prenne part à l'élection renforce la crédibilité du processus électoral. Cependant, l'attitude du premier ministre de transition Jean-Marie Doré et du président auto-proclamé en exil Moussa Dadis Camara reste ambiguë[réf. souhaitée], bien que ce dernier ait affirmé ne soutenir aucun candidat et ait appelé les citoyens à se rendre aux urnes[5].

Déroulement du scrutin

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Malgré des difficultés dans l'organisation du scrutin, dont la constitution des listes électorales et l'approvisionnement en matériel, la participation des 4,2 millions de Guinéens appelés à voter au premier tour s'élève à environ 52 %[6]. Le vote, que surveillaient 500[réf. à confirmer] observateurs internationaux, s'est déroulé dans le calme, bien que des incidents aient eu lieu à la fin de la campagne électorale[7],[4]. Vingt-quatre personnes étaient candidates, dont les anciens premiers ministres Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, l'éternel opposant Alpha Condé, et une femme, Saran Daraba Kaba. Conformément à l'engagement du général Konaté, aucun militaire ni aucun membre du gouvernement de transition ne prend part au scrutin.

Le second tour, initialement prévu pour le , a été repoussé en raison de l'attente de la promulgation des résultats définitifs, la Cour suprême devant en effet étudier les recours déposés. Le second tour devait avoir lieu, selon la loi électorale, 14 jours après la proclamation des résultats définitifs, soit à la mi-août[8]. Après plusieurs reports pour cause de violences entre les partisans des deux candidats et de problèmes logistiques, il est finalement fixé au [9], alors que le climat s'est fortement dégradé. L'impartialité de la commission électorale est remise en cause par les deux candidats, et la peur d'un vote communautaire apparaît (Cellou Dalein Diallo est peul et Condé malinké). Plusieurs incidents violents, parfois mortels, se produisent avant et après le second tour.

Résultats de la présidentielle guinéenne de 2010[10],[11]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Cellou Dalein Diallo Union des forces démocratiques de Guinée 772 496 43,60 1 333 666 47,48
Alpha Condé Rassemblement du peuple de Guinée 323 406 18,25 1 474 973 52,52
Sidya Touré Union des forces républicaines 230 867 13,03
Lansana Kouyaté Parti de l'espoir pour le développement national 124 902 7,05
Papa Koly Kourouma Rassemblement pour la défense de la République 101 827 5,75
Ibrahima Abé Sylla Nouvelle génération pour la République 57 394 3,24
Jean Marc Telliano Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée 41 332 2,33
Aboubacar Somparé Parti de l'unité et du progrès 16 947 0,96
Boubacar Barry Parti national pour le renouveau 14 200 0,80
Ousmane Bah Union pour le progrès et le renouveau 12 140 0,69
Ibrahima Kassory Fofana Guinée pour tous 11 778 0,66
Ousmane Kaba Parti libéral pour l'unité et la solidarité 9 613 0,54
François Lonsény Fall Front uni pour la démocratie et le changement 8 207 0,46
Elhadj Mamadou Sylla Union démocratique de Guinée 8 016 0,45
Saran Daraba Kaba Convention démocratique panafricaine 6 815 0,38
Mamadou Diawara Parti du travail et de la solidarité 5 641 0,32
Boubacar Bah Avenir démocratique prospérité de Guinée 5 354 0,30
Alpha Ibrahima Keira Parti républicain 4 600 0,26
M'Bemba Traoré Parti de la démocratie et de l'unité 4 292 0,24
Mamadou Baadiko Bah Union des forces démocratiques 3 409 0,19
Joseph Bangoura Parti de l’union pour le développement intégré de la Guinée 3 247 0,18
Abraham Bouré Rassemblement guinéen pour l'unité et le développement 2 179 0,12
Fodé Mohamed Soumah Génération citoyenne 1 984 0,11
Bouna Keita Rassemblement pour une Guinée prospère 1 334 0,08
Votes valides 1 771 980 90,90 2 808 639 96,91
Votes blancs et nuls 177 416 9,10 89 594 3,09
Total 1 949 396 100 2 898 233 100
Abstention 1 828 781 48,40 1 372 298 32,13
Inscrits / participation 3 778 177 51,60 4 270 531 67,87

Entre deux tours

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À la suite de la proclamation des résultats du premier tour, l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l'opposant historique Alpha Condé s'affronteront tous deux au second tour de l'élection présidentielle. Selon des résultats officiels mais provisoires, ils ont remporté, respectivement, 39,72 % et 20,67 % des suffrages le [12]. Les résultats définitifs, publiés le , accentuent l'écart entre les deux candidats, qui obtiennent respectivement 43,69 % et 18,25 % des suffrages, et confirment le fait que Sidya Touré, arrivé troisième avec 13,02 %, ne participera pas au second tour[13],[14].

La Cour suprême a annulé les votes dans cinq circonscriptions du pays au motif que les procès-verbaux de déroulement du scrutin ne lui avaient pas été remis[15].

Les résultats provisoires ont été contestés par de nombreux candidats et partis et la CENI a été accusée d'avoir manipulé les résultats. Des fraudes ont été dénoncées par Alpha Condé, Sidya Touré, Lansana Kouyaté et Cellou Dalein Diallo, certains ont demandé l'annulation du scrutin[16],[17]. Sékouba Konaté, le président de la transition, a été accusé par Sidya Touré et des membres de l'UFR d'avoir organisé des fraudes, et a été la cible d'insultes lors d'une manifestation le [18]. Après avoir reçu de nombreuses personnalités dont Sidya Touré, il décide finalement le de ne pas démissionner[19].

En attendant le second tour, Alpha Condé et Celou Diallo cherchent à obtenir le soutien des candidats éliminés. Celui de Sidya Touré, arrivé troisième, pourrait être déterminant[20]. Cependant, il est difficile de prévoir si les consignes de vote seront suivies, étant donné que cette élection est la première réellement libre de l'histoire du pays.

Quelques jours après le second tour organisé le , les résultats officiels n'étaient toujours pas annoncés. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le Malien Siaka Sangaré, a déclaré le que la Commission a reçu « beaucoup de réclamations et se fait un devoir de les examiner »[21].

Le 15 novembre, Condé est déclaré vainqueur du second tour par 52,52 % des voix, avec un taux de participation d'environ 68 %[22]. L'annonce de ce résultat provisoire, suivie de plusieurs coups de feu dans des quartiers de Conakry, se fait dans un climat de tension, des affrontements entre de jeunes partisans de Cellou Dalein Diallo et la police ayant une fait une victime dans la capitale[23], et des partisans des deux camps s'opposent dans les jours qui suivent. Cellou Dalein Diallo, qui était donné favori, a dénoncé les résultats et dénoncé des fraudes. La commission électorale doit encore examiner les réclamations[24]. Pour faire face aux violences et aux pillages, alors qu'une dizaine de personnes auraient été tuées entre le , jour de l'annonce des résultats provisoires, et le , les autorités ont décrété l'état d'urgence jusqu'à la promulgation des résultats définitifs. La brutalité des forces de l'ordre a été dénoncée, alors que plusieurs personnes ont été tuées à bout portant lors de descentes de police[25].

Les résultats définitifs sont proclamés par la Cour suprême dans la nuit du 2 au . Ils confirment les résultats provisoires, dont ils sont très proches, malgré les recours en annulation déposés auprès de la Cour : le nombre de voix recueillies par Cellou Dalein Diallo n'est pas modifié tandis que celui d'Alpha Condé est augmenté de 307 voix [2],[26]. Cellou Dalein Diallo reconnaît les résultats et la victoire de son adversaire[27].

Notes et références

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  1. a et b (fr) Guinée-Conakry : forte participation sans incident pour un scrutin historique, Le Monde, 28 juin 2010.
  2. a et b (fr) Guinée : la victoire d'Alpha Condé confirmée, Le Monde, 3 décembre 2010.
  3. (fr) Guinée, un scrutin dans le calme pour une présidentielle historique, Radio France internationale, 13 juillet 2010.
  4. a et b (fr) Présidentielle : Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé au second tour, selon les résultats provisoires, Jeune Afrique, 3 juillet 2010.
  5. (fr) Transition:"Je ne suis pas candidat et je n'ai aucun candidat", martèle le Capitaine Dadis Camara depuis Ouagadougou, Africaguinee.com, 15 juin 2010.
  6. (fr) Premier tour Présidentielle 2010 - Résultats définitifs, CENI.
  7. (fr) Présidentielle : les retards s'accumulent, Jeune Afrique, 7 juin 2010.
  8. (fr) Le second tour de la présidentielle reporté en Guinée, site de Radio France internationale, 13 juillet 2010.
  9. (fr) « Guinée/élections: report du 2nd tour », Le Figaro, 28 octobre 2010.
  10. « Elections, Pais & sécurité en Afrique de l'Ouest », sur aceproject.org (consulté le ).
  11. (en) « Elections in Guinea », sur africanelections.tripod.com (consulté le ).
  12. (fr) Résultats provisoires du premier tour sur le site de la CENI.
  13. (fr) Résultats définitifs du premier tour sur le site de la CENI [PDF].
  14. (fr) Partis candidats à l’élection présidentielle du 27 juin 2010, sur le site de la CENI.
  15. (fr) Présidentielle en Guinée : duel Diallo-Condé confirmé pour le second tour, Radio France internationale, 21 juillet 2010.
  16. (fr) Guinée-Conakry : les candidats à la présidentielle dénoncent des "fraudes", Le Monde, 30 juin 2010.
  17. (fr) Contestations en Guinée après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, Radio France internationale, 4 juillet 2010.
  18. (fr) Sékouba Konaté menace de démissionner , Radio France internationale, 6 juillet 2010.
  19. (fr) Sékouba Konaté menace et se ravise, Radio France internationale, 7 juillet 2010.
  20. (fr) Présidentielle : les tractations se poursuivent en Guinée, Radio France internationale, 21 juillet 2010.
  21. « Sur fond de tension, les résultats se font attendre en Guinée », sur L'Humanité, (consulté le ).
  22. (fr) Résultats provisoires du second tour, sur le site de la CENI.
  23. (fr) Présidentielle en Guinée: un opposant vainqueur, la capitale sous tension, TF1, 15 novembre 2010.
  24. (fr) Guinée : Condé déclaré vainqueur de l'élection présidentielle, Le Monde, 16 novembre 2010.
  25. (fr) Climat tendu en Guinée où l’état d’urgence a été décrété, Radio France internationale, 18 novembre 2010.
  26. (fr) « Présidentielle en Guinée : la victoire d’Alpha Condé validée par la Cour suprême », Radio France internationale, 3 décembre 2010.
  27. « Diallo admet la victoire de Condé à la présidentielle en Guinée », L'Express, 3 décembre 2010 (consulté le 16 août 2017)