Élisabeth Maitland — Wikipédia

Élisabeth Maitland
Portrait par Peter Lely, 1648–49
Titres de noblesse
Duchesse de Lauderdale (d)
Comtesse de Dysart (d)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 71 ans)
Ham HouseVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
St Peter's Church, Petersham (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Activité
Père
William Murray (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Conjoints
Sir Lionel Tollemache, 3rd Baronet (en) (à partir de )
John Maitland (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Lionel Tollemache
Thomas Tollemache
Elizabeth Campbell (d)
Catherine Tollemache (d)
William Tollemache (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Élisabeth Maitland, Duchesse de Lauderdale, Élisabeth Tollemache (de son 1er mariage) (née Murray, Lady Dysart, le à Londres et morte le à Ham House) est une aristocrate et une femme politique écossaise. Elle est la fille aînée de William Murray et de son épouse Catherine (Bruce) Murray, comte et comtesse de Dysart. Cette fervente royaliste est élevée dans les cercles de la cour d'Angleterre pendant les années qui précèdent la guerre civile anglaise et reçoit une éducation très complète. Son premier mari est Lionel Tollemache, avec qui elle a onze enfants. En 1672, trois ans après la mort de Lionel Tollemache, elle épouse John Maitland et acquiert une position importante au sein de la cour restaurée.

Après la mort de son père, Élisabeth Maitland porte le titre de comtesse de Dysart. Après son remariage en 1672, elle devient duchesse de Lauderdale. Elle est célèbre pour l'influence politique qu'elle exerce et pour son soutien à Charles II pendant son exil. Elle s'associe à l'organisation royaliste secrète Sealed Knot, et soutient activement le retour de la monarchie après l'exécution de Charles Ier d’Angleterre. Elle est également une mécène d'artistes, en particulier Peter Lely. Elle meurt à l'âge de 71 ans dans sa maison familiale, Ham House, près de Richmond près de la Tamise, et est enterrée dans l'église paroissiale voisine.

Enfance et formation

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Élisabeth Murray naît le à St Martin-in-the-Fields. Sa naissance est consignée dans le registre des baptêmes de cette paroisse[1]. D’origine écossaise, c'est la fille aînée des cinq filles de William Murray, 1er comte de Dysart (en), ami proche et courtisan du roi Charles Ier d’Angleterre et de Catherine Murray, comtesse de Dysart[2], fille du Colonel Norman Bruce[3],[4]. Cette année-là, ses parents s'installent à Ham House, près de Richmond sur la Tamise. Elle y passe son enfance[5],[4]. Son père tient à ce qu'elle reçoive une éducation complète, ce qui est inhabituel pour les femmes de l'époque[6]. Elle apprend les mathématiques, l’histoire et la philosophie et les enseignements domestiques[7].

Guerre civile anglaise, premier mariage avec Sir Tollemache

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Pendant la guerre civile anglaise, en 1642, Lord Dysart est envoyé en Écosse pour assurer la liaison avec les royalistes. Pendant ce temps, leurs opposants au Parlement tentent à plusieurs reprises de mettre Ham House sous séquestre à la fin de la guerre[4]. Ceci renforce les convictions royalistes d'Élisabeth Murray et sa détermination à défendre ses droits[7]. L'hiver 1644-45, sa mère se rend avec ses filles à la cour d'Oxford sur la Tamise, pour enseigner l'étiquette à ses filles[8]. À l'issue de la recherche d'un bon parti, Élisabeth Murray épouse, en 1648, Sir Lionel Tollemache, 3e Baronnet (en), un riche propriétaire terrien qui n'a pas été impliqué dans la guerre civile[4],[7]. Au début de leur mariage, Sir Lionel Tollemache et Lady Dysart vivent à Fakenham Magna dans le Suffolk, une campagne boisée proche du domaine familial de Helmingham Hall de Sir Tollemache et éloignée de la plupart des bouleversements de la guerre[9]. Ils ont onze enfants, dont seuls cinq survivent :

Après la mort de sa mère en 1649[3], Élisabeth Tollemache s'installe fréquemment à Ham House[11]. Elle reçoit régulièrement le parlementaire Oliver Cromwell, probablement lorsque le quartier général de son armée s'installe dans la ville voisine de Kingston-upon-Thames à l'été 1647[12]. Selon Gilbert Burnet qui la rencontre plus tard, elle fait croire à John Maitland, le comte royaliste de Lauderdale, qu'elle plaide sa cause avec succès auprès de Cromwell, après sa capture à la bataille de Worcester[4].

Activités secrètes royalistes

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La relation d'Élisabeth Tollemache avec Cromwell, nommé lord-protecteur en 1953, sert de couverture à ses propres activités royalistes[7]. À partir de 1653, elle est affiliée à l'organisation royaliste secrète Sealed Knot[4]. Elle entretient une correspondance avec des partisans exilés de Charles II[Note 1], lui-même exilé, et se rend souvent en Europe pour transmettre des lettres au roi[4],[14]. Ceci malgré ses grossesses fréquentes et la surveillance étroite du Protectorate[15]. Son dévouement à la cause l'amène à mettre au point un type d'encre invisible à utiliser pour la correspondance secrète[16].

Comtesse de Dysart et Lady Huntingtower

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À la mort de son père en 1655, Élisabeth Tollemache hérite de ses titres, devenant comtesse de Dysart et Lady Huntingtower à part entière[17]. Quelques années plus tard, elle écrit à son parent Sir Robert Moray pour qu'il l'aide à retracer sa lignée familiale afin de compléter l'établissement de ses armoiries[18]. Le résultat de cette généalogie lui permet de remonter jusqu'au roi Jacques II d'Écosse[18].

En 1660, lorsque Charles II est couronné, il récompense Elizabeth Tollemache en lui accordant une pension annuelle de 800 livres[4]. Elle et son mari se voient également accorder la pleine propriété de 75 acres entourant Ham House en reconnaissance du « service rendu par le défunt comte de Dysart et sa fille »[17]. Ses ennemis l'accusent de sorcellerie en raison de son influence politique[19] et elle fait l'objet d'accusations non fondées d'avoir eu une liaison avec Cromwell[20]. Son titre de comtesse de Dysart est garanti par l'octroi de nouvelles lettres patentes le , qui réaffirment également la possibilité pour les héritières d'hériter du titre en l'absence d'héritier mâle[21].

Second mariage avec John Maitland, duc de Lauderdale

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En 1669, son mari Lionel Tollemache se fait soigner en France et meurt à Paris[4]. Elizabeth Tollemache devient l'unique propriétaire de Ham House, ainsi que d'autres propriétés dont Framsden Hall dans le Suffolk[22]. Peu après la mort de son mari, elle devient la maîtresse[23] de John Maitland, 2e comte de Lauderdale[4], noble et homme politique écossais. Elle est impliquée dans les intrigues et les luttes de pouvoir de la cour pour la Restauration Stuart grâce à l'influence qu'elle exerce sur lui[24], ainsi que sur d'autres aristocrates écossais tels que William Douglas-Hamilton, duc d'Hamilton[25].

Elizabeth Tollemache et John Maitland se marient en février 1672, après la mort de sa première épouse Anne Home en décembre 1671[26]. Il reçoit un duché en mai 1672, ce qui fait de sa femme la duchesse de Lauderdale[26]. Il est membre du ministère de la Cabale de Charles II et est nommé à la fois secrétaire d'État et haut-commissaire pour l'Écosse[27]. Un mois après leur mariage, ils se rendent en Écosse pour l'ouverture du Parlement écossais où, au mépris de la tradition, Élisabeth Maitland décide d'accompagner son mari[26]. Son insistance à vouloir des chaises pour elle-même et ses dames d'honneur est source de commentaires et de condamnations[26]. Le couple est connu pour son influence, sa richesse et son extravagance[réf. nécessaire].

Photographie couleur d'une vaste demeure en brique rouge flanquée de deux tours et d'une sculpture de marbre à l'entrée
Ham House, maison historique, en 2016

En janvier 1671, elle consulte son cousin, l'architecte écossais Sir William Bruce, pour lui demander de concevoir une nouvelle porte d'entrée sur le parvis de Ham House en vue de la visite de Charles II et de son épouse, la reine Catherine de Bragance[28]. Après quelques retards, les portes en fer sont fabriquées en Angleterre par Edward Harris et peintes en bleu avec du smalt[réf. nécessaire].

En 1673, elle et son mari entreprennent une série de travaux à Ham House afin d'agrandir et de moderniser la propriété selon le style le plus récent de l'époque[29],[30]. Le remaniement de la façade sud de la maison permet la création d'un ensemble de chambres royales au premier étage ainsi que d'appartements séparés pour le duc et la duchesse au rez-de-chaussée[31]. Peu après l'achèvement des appartements, Élisabeth Maitland fait aménager une salle de bains au sous-sol de la maison, ce qui témoigne de l'attention qu'elle porte à l'hygiène[31]. Les efforts déployés pour moderniser la maison et la doter d'un mobilier et d'œuvres d'art luxueux sont utilisés comme une expression de leur pouvoir et de leur aisance[32].

Dernières années

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Au début de 1680, Elizabeth Maitland subit une grave crise de goutte[33] qui affectera sa santé jusqu'à la fin de sa vie[34]. La même année, la santé de John Maitland se détériore également après avoir subi une attaque d'apoplexie ainsi que des épisodes de scorbut et de calculs vésicaux[29]. Il démissionne de ses fonctions gouvernementales en septembre, et sa femme le soigne alors à Ham House[29]. La mort de Maitland en avril 1682 précipite l'action en justice du frère du défunt, Charles Maitland, 3e comte de Lauderdale (en), au sujet de ses dettes et des frais funéraires[35]. Ce dernier insiste pour organiser un enterrement ostentatoire pour son frère et a ensuite envoyé la facture à Elizabeth Maitland, déclenchant un conflit entre eux, qui persiste dans la décennie suivante[29].

Avant sa mort, le duc de Lauderdale a hypothéqué Ham House pour financer la rénovation de ses propriétés écossaises (en particulier le château de Thirlestane)[36]. Celles-ci reviennent désormais à Charles Maitland par testament du défunt duc, tandis que Ham House est restitué à Elizabeth Maitland[37]. La duchesse vend certains de ses bijoux ainsi qu'une partie de la collection de livres du défunt duc pour couvrir les intérêts sur les hypothèques[35]. Malgré les efforts du fils de Charles Maitland et même de Jacques II, le litige persiste jusqu'à ce qu'il soit réglé par les tribunaux écossais en juin 1688[38], qui exigent de Charles Maitland qu'il couvre les dettes, tout en attribuant à Élisabeth la responsabilité des frais funéraires[35].

Elizabeth souffre de la goutte, ce qui limite sa mobilité jusqu'à ce qu'elle soit confinée au rez-de-chaussée de Ham House[35]. Malgré cela, elle entretient une correspondance soutenue avec ses amis et sa famille, car elle continue à s'intéresser aux nouvelles de la Cour[35]. En 1694, elle perd ses fils Thomas et William Tollemache[34].

Elizabeth Maitland meurt le . Elle est enterrée dans le caveau de la famille Murray situé sous le chœur de l’église Eglise St Pierre de Petersham (en), près de la maison familiale de Ham House[7],[39],[40]. Son fils Lionel Tollemache, 3e comte de Dusart lui succède[41].

Peinture de deux aristocrates, homme et femme, tous les deux richement habillés, assis devant un paysage
John Maitland, premier Duc de Lauderdale et Elisabeth Murray, Duchesse de Lauderdale, par Peter Lely

Elizabeth Murray est décrite dans la littérature populaire dans le livre de Doreen Cripps, Elizabeth of the Sealed Knot (1975), basé sur des archives de la famille Tollemache, son premier mari[42]. Plusieurs portraits d'elle ont été peints tout au long de sa vie par divers artistes, dont Peter Lely[43], John Weesop, Joan Carlile et Benedetto Gennari[6]. Peter Lely peint quatre peintures d'elle, dont le double portrait avec John Maitland ci-contre, qui est toujours exposé à Ham House.

Notes et références

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  1. Son nom de code est "Mrs. Grey" et ses lettres sont interceptées plus tard par les services secrets du Commonwealth[13].

Références

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  1. Cripps 1975, p. 1.
  2. (en) « Katherine Bruce Murray (1605-1649) - Mémorial... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  3. a et b (en) « Memorial plaque de Katherine Murray, 1649 », sur static.nationaltrust.org.uk (consulté le )
  4. a b c d e f g h i j et k (en) Rosalind K. Marshall, « Murray [married names Tollemache, Maitland], Elizabeth, duchess of Lauderdale and suo jure countess of Dysart » Inscription nécessaire, sur Oxford Dictionary of National Biography, (DOI 10.1093/ref:odnb/19601, consulté le )
  5. Cripps 1975, p. 4-5.
  6. a et b (en) Benedetto Gennari, « Elizabeth Murray, Duchess of Lauderdale, 1626 - 1691 », sur National Galleries Scotland (consulté le )
  7. a b c d et e « Murray, Elizabeth (1626–1698) | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  8. Cripps 1975, p. 11.
  9. Cripps 1975, p. 30.
  10. (en) Sir Peter Lely, « Elizabeth Campbell (née Tollemache), Duchess of Argyll », sur National Portrait Gallery (consulté le )
  11. Cripps 1975, p. 32.
  12. Cripps 1975, p. 25.
  13. Cripps 1975, p. 47.
  14. Pritchard 2007, p. 10.
  15. Rowell 2013, p. 199.
  16. Wilson 2018, p. 44.
  17. a et b Pritchard 2007, p. 12.
  18. a et b Cripps 1975, p. 79.
  19. Cripps 1975, p. 13.
  20. Pritchard 2007, p. 13.
  21. Cripps 1975, p. 99.
  22. Wilson 2018, p. 61.
  23. Wilson 2018, p. 66-68.
  24. Wilson 2018, p. 74.
  25. Cripps 1975, p. 83.
  26. a b c et d Pritchard 2007, p. 20.
  27. Pritchard 2007, p. 18.
  28. Pritchard 2007, p. 19.
  29. a b c et d Pritchard 2007, p. 21.
  30. (en) « Book review: Ham House – 400 years of collecting & patronage, ed. Christopher Rowell… », sur The Frame Blog, (consulté le )
  31. a et b Rowell 2013, p. 122.
  32. Rowell 2013, p. 121.
  33. Cripps 1975, p. 181.
  34. a et b Cripps 1975, p. 208.
  35. a b c d et e Pritchard 2007, p. 23.
  36. Dunn et Earl of Aberdeen 1851, p. 157-158.
  37. Pritchard 2007, p. 22.
  38. Cripps 1975, p. 205.
  39. (en) « Elizabeth Murray Maitland (1626-1698) - Mémorial... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  40. (en-GB) Katie Wignall, « A Visit to Ham House », sur Look Up London Tours, (consulté le )
  41. (en-GB) « Biography of Elizabeth Murray Duchess Lauderdale 1626-1698 », sur www.twentytrees.co.uk (consulté le )
  42. Cripps 1975, p. xiii.
  43. (en) Peter Lely, « Elizabeth Murray, Lady Tollemache, later Countess of Dysart and Duchess of Lauderdale (1626-1698) with a Black Servant », sur zone47.com (consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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