Abderrahmane Farès — Wikipédia

Abderrahmane Farès
Illustration.
Fonctions
Président de l'Exécutif provisoire algérien
[1]
(5 mois et 26 jours)
Président du gouvernement Benyoucef Benkhedda
(provisoire)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Ahmed Ben Bella
(chef du gouvernement)
Président de l'Assemblée algérienne
[2]
(1 an et 2 jours)
Prédécesseur Raymond Laquière
Successeur Raymond Laquière
Député français

(7 mois et 4 jours)
Élection 21 octobre 1945
Circonscription Alger
Législature Ire Constituante
Groupe politique SOC
Conseiller général d'Alger

(1 an)
Groupe politique SFIO
Conseiller municipal d'Alger

(1 an)
Groupe politique SFIO
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Akbou (Algérie)
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès Zemmouri (Algérie)
Sépulture cimetière d'El Alia
Nationalité Algérien
Parti politique SFIO puis FLN
Profession Notaire
Religion Islam sunnite

Abderrahmane Farès
Chefs de l'État algérien

Abderrahmane Farès (en arabe : عبدالرحمن فارس ; en kabyle : Ɛebderaḥman Fares), né le à Amalou près d'Akbou et mort le à Zemmouri, est un homme politique algérien. Il est membre de la première Assemblée nationale constituante française en 1946, puis président de l'Assemblée algérienne en 1953. Figure modérée du nationalisme algérien, il signe le le Manifeste des 61.

Il se rallie en 1956 au FLN dont il devient le trésorier et sert d'intermédiaire entre les instances de la Révolution et le gouvernement français jusqu'à son arrestation en 1961 pour « atteinte à la sûreté de l'État ». Il devient d'avril à septembre 1962, en application des accords d'Évian, président de l'Exécutif provisoire, chargé de la gestion courante du pays et de la préparation du référendum d'autodétermination de l'Algérie devant décider de l'avenir du pays et mettre fin à la guerre en cours[3].

Enfance et éducation

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Abderrahmane Farès naît le [4] à Amalou[4] près Akbou, dans l'actuelle wilaya de Béjaïa en Kabylie, région berbère au centre-nord de l'Algérie. Orphelin très jeune (son père meurt en 1917 pour la France durant la Première Guerre mondiale), il est recueilli chez son grand-père et, élève assidu, est envoyé pour être formé d'abord chez un oncle notaire à Akbou, puis chez un notaire réputé d'Alger[5]. Après ses études de droit, il devient tour à tour huissier à Sétif, assistant notaire à Sebdou, et s'installe enfin à Collo comme notaire en 1936, devenant ainsi le premier notaire algérien en Algérie.

Engagements politiques

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Abderrahmane Farès entre en politique à partir de 1945, fin de la Seconde Guerre mondiale, et devient conseiller municipal, puis conseiller général du département d'Alger ainsi que membre de l'Assemblée financière de l'Algérie.

Proche des socialistes de la SFIO, il est candidat (Alger) aux élections du à la première Assemblée nationale constituante de la Quatrième République . Il en devient membre le , en remplacement d'Abdelouahab Bachir qui a démissionné la veille[6]. Il siège à la Commission de l'Intérieur, de l'Algérie et de l'Administration générale. D'abord favorable à une « intégration dans le cadre français », il y défend l'établissement d'une égalité des droits entre français de souche européenne et français musulmans notamment par l'instauration du collège unique dans le régime électoral algérien[7].

Déçu par des refus successifs, il ne se représente pas aux élections du pour la seconde Assemblée nationale constituante, mais est élu du sud algérien à l'Assemblée algérienne, dont il devient président le [2].

Lors de l'insurrection organisée du , début de la guerre d'Algérie, il croit encore au processus d'intégration mais marqué par les massacres du Constantinois en 1955, il prend ses distances avec Jacques Soustelle et sa politique d'assimilation, et se rapproche du Front de libération nationale (FLN). Il s'installe en 1956 à Paris en France, et avec la Fédération de France du FLN, il est chargé de collecter des fonds pour le mouvement indépendantiste et lui apporte notamment des conseils juridiques[8].

En 1958, de Gaulle lui expose son plan pour mettre fin aux hostilités posant comme préalable le dépôt des armes et lui propose en même temps un poste ministériel ; mais il décline l'offre après avoir consulté Ferhat Abbas en Suisse[9].

Le , à Paris, Abderrahmane Farès et deux de ses collaborateurs — François Baudrillart et Jean-Marie Licuti — sont arrêtés par les autorités françaises[10] ; Abderrahmane Farès est emprisonné à Fresnes[8] sous l'inculpation « d'atteinte à la sûreté de l'État ».

Accords d'Évian et présidence

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Abderrahmane Farès est libéré de Fresnes le [11], lendemain de la signature des accords d'Évian. Il se rend à Rabat[11]. Le , il rejoint l'Algérie[11] et prononce, dans un discours télévisé devenu célèbre[5], un appel à la paix et au rejet de la violence, notamment destiné aux Français d'Algérie.

Nommé président de l'Exécutif provisoire algérien le [1], il entre en fonction le [11], jour de la proclamation des résultats du référendum du . Avec les autres membres de l'Exécutif provisoire, installé à Rocher Noir (auj. Boumerdès)[11], il gère les affaires courantes tout en organisant le référendum futur relatif à l'indépendance de l'Algérie[12]. Il s'accorde avec le haut-commissaire de la République en Algérie[13], Christian Fouchet, sur des mesures de maintien de l'ordre afin de faire respecter le cessez-le-feu. A cette fin, la création d'une force locale a été obtenue[14] : cependant, celle-ci sera inefficace. En , il demande une avance de 45 milliards de francs pour le budget de l'Algérie[15] puis refuse de signer trois des neuf protocoles d'accord négociés pour l'application des accords du 18 mars 1962 signées à Évian[15].

Après la proclamation des résultats du référendum d'autodétermination du [16], la France reconnaît le 3 juillet 1962 solennellement l'indépendance de l'Algérie[17] et le président français de Gaulle transfère les pouvoirs à l'Exécutif provisoire[18]. Abderrahmane Farès décide alors de transmettre ses pouvoirs à Benyoucef Benkhedda, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mais ce dernier, en conflit avec le bureau politique du FLN de Ben Bella, se voit obligé d'en refuser la charge[19].

Durant son mandat, responsable du maintien de l’ordre, des contacts avec l'Organisation armée secrète (OAS) sont notamment entrepris pour négocier un accord mettant fin à leurs opérations meurtrières[20]. Après la victoire du bureau politique du FLN et le retrait du GPRA à son profit, la première Assemblée nationale constituante (ANC) algérienne est formée. Il transmet ses pouvoirs à l'assemblée constituante le et au gouvernement Ben Bella le [21].

Retrait de la vie politique

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En désaccord avec la politique autoritaire de Ben Bella qu'il dénonce, Abderrahmane Farès est arrêté en . Il est libéré un an plus tard à l'arrivée - par coup d'Etat- d'Houari Boumedienne au pouvoir, et se retire de la vie politique. Il écrit et publie en 1982, ses « Mémoires politiques (1945-1965) » dans La Cruelle vérité[22], autobiographie dans laquelle il évoque notamment la période de transition de mars- et les modalités des négociations de l'indépendance, notamment avec l'OAS.

Vie privée

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Abderrahmane Farès est le père de l'écrivain Nabile Farès[23].

Abderrahmane Farès est décédé à Zemmouri le à l'âge de 80 ans. Il a été enterré dans le cimetière d'El Alia à Oued Smar.

Notes et références

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  1. a et b Décret du portant nomination de l'Exécutif provisoire en Algérie, dans Journal officiel de la République française. Lois et décrets, vol. 94e année, no 84, , p. 3644 [fac-similé (page consultée le 17 septembre 2016)].
  2. a et b André Siegfried, Roger Seydoux et Édouard Bonnefous, L'année politique 1953 : revue chronologique des principaux faits politiques, diplomatiques, économiques et sociaux de la France et de l'Union française du au , Paris, Presses universitaires de France et Éd. du Grand siècle, , 707 p., 26 cm (ISSN 1149-3461, OCLC 491425740, BNF 34428703), p. 235 [aperçu (page consultée le 18 septembre 2016)].
  3. https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000300079
  4. a et b Wahida Oumessaoud, « Célébration du 54e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie : le FFS d'Amalou se rappelle de leur fils Abderrahmane Farès », sur Ouest Tribune, (consulté le )
    Le « FFS d'Amalou » est la section communale du Front des forces socialistes, un parti politique algérien.
  5. a et b « La vérité n’a pas d’heure... », par Kaddour M'hamsadji (L'Expression, n° du 23 mai 2007).
  6. « Bachir Ben Mohamed Abddelouahab », sur Base de données des députés français depuis 1789, Assemblée nationale (France) (consulté le ).
  7. « http://www.bmvr.marseille.fr/in/sites/marseille/faces/details.xhtml?id=p%253A%253Ausmarcdef_0001101380 », sur www.bmvr.marseille.fr (consulté le )
  8. a et b « The Transition Team », Time Magazine, numéro du vendredi 30 mars 1962 [(en) lire en ligne].
  9. Guy Pervillé, « Trente ans après : réflexions sur les accords d'Évian », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 79, no 296,‎ 3e trimestre 1992, p. 367-381 (DOI 10.3406/outre.1992.3019, lire en ligne [fac-similé], consulté le ), p. 369.
  10. Neil MacMaster et Jim House, « La Fédération de France du FLN et l'organisation du  », Vingtième Siècle, no 83,‎ , p. 145-160 (DOI 10.3917/ving.083.0145, lire en ligne [html], consulté le ), § 8.
  11. a b c d et e Guy Pervillé, Les accords d'Évian (1962) : succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012), Paris, Armand Colin, coll. « U / Histoire / Les évènements fondateurs », , 1re éd., 288 p., 16 × 24 cm (ISBN 2-200-24907-1 et 978-2-200-24907-6, OCLC 819141530, BNF 42745251, présentation en ligne), p. 109 [lire en ligne (page consultée le 18 septembre 2016)].
  12. Kadri, Aïssa., Bouaziz, Moula. et Quemeneur, Tramor., La guerre d'Algérie revisitée : nouvelles générations, nouveaux regards, Karthala, (ISBN 978-2-8111-1295-0 et 2-8111-1295-2, OCLC 903598922, lire en ligne)
  13. Soraya Laribi, « Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) », dans Algérie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 81–92
  14. Soraya Laribi, « La force locale après les accords d’Évian (mars-juillet 1962) », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 259, no 3,‎ , p. 77 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.259.0077, lire en ligne, consulté le )
  15. a et b Guy Pervillé, Les accords d'Évian (1962), op. cit., p. 135 [lire en ligne (page consultée le 18 septembre 2016)].
  16. Proclamation des résultats du référendum d'autodétermination du , dans Journal officiel de l'État algérien, vol. 1re année, no 1, , p. 3 [lire en ligne (page consultée le 18 septembre 2016)].
  17. Déclaration portant reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie, dans Journal officiel de la République française. Lois et décrets, vol. 94e année, no 156, , p. 6483 [fac-similé (page consultée le 18 septembre 2016)].
  18. Lettre de de Gaulle au président de l'Exécutif provisoire, Journal officiel de l'État algérien, 1re année, n° 1 (6 juillet 1962) p. 4
  19. « Quand la guerre d’Algérie a-t-elle pris fin ? », par Guy Pervillé (14 juin 1999, Paris), De la guerre à la paix (éd. Economica, juin 2001), pp. 147-155 [lire en ligne].
  20. « été 1962 : Oran, ville d’apocalypse » par Benjamin Stora, dans Le Monde (27 août 1992).
  21. Soufi, Fouad, « Les archives algériennes en 1962 : héritage et spoliation », sur journals.openedition.org (consulté le ).
  22. (fr) « La Cruelle vérité : l'Algérie de 1945 à l'indépendance », Plon (Paris), 1982, 250 p. (ISBN 978-2-259-00883-9).
  23. Farid Benouafa, « Décès de Nabile Farès, un écrivain Algérien brillant et atypique », sur Al Huffington Post, (consulté le ).

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Articles connexes

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Liens externes

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