Affaire Olivier de Scitivaux — Wikipédia
Affaire Olivier de Scitivaux | |
Église Saint-Paterne d'Orléans où Olivier de Scitivaux a exercé son ministère dans les années 1990. | |
Fait reproché | Pédocriminalité |
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Chefs d'accusation | viols et agressions sexuelles sur mineurs |
Pays | France |
Ville | Perros-Guirec et Orléans |
Date | 1992 à 1998 |
Nombre de victimes | 4 |
Jugement | |
Statut | 17 ans de réclusion |
Tribunal | Cour d'assises du Loiret |
Date du jugement | 25 mai 2024 |
Recours | Oui |
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L'affaire Olivier de Scitivaux est une affaire judiciaire d'abus sexuels sur mineurs mettant en cause un prêtre français du diocèse d'Orléans, Olivier de Scitivaux de Greische. Accusé d'avoir abusé sexuellement de jeunes garçons, il est mis en examen et incarcéré en 2018, puis libéré au bout de 10 mois. À sa demande, il est renvoyé de l'état clérical en 2021.
En mai 2024, il est reconnu coupable de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs et condamné à 17 ans de réclusion criminelle. Il fait appel de sa condamnation. L'inaction totale des autorités ecclésiales du diocèse entre 1997 et 2018 a été soulignée dans cette affaire.
Historique
[modifier | modifier le code]Olivier de Scitivaux est ordonné prêtre en 1989[1] puis exerce son ministère à l'église Saint-Paterne d'Orléans dans les années 1990. Il est également dans les années 2000 aumônier de plusieurs collèges et lycées de la ville[2]. De 2013 à mars 2018, il est le recteur de la basilique Notre-Dame de Cléry près d'Orléans, dans le département du Loiret (région Centre-Val-de-Loire)[3],[4].
Le , l'évêque d'Orléans Jacques Blaquart rend publiques les accusations d'abus sexuels de deux personnes, alors mineures, à l'égard d'Olivier de Scitivaux. Il annonce que le prêtre est suspendu de ses fonctions et informe le parquet afin qu'une enquête soit ouverte[5]. En avril 2018, Olivier de Scitivaux est inculpé pour agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire. Les faits reprochés, entre juillet 1994 et juillet 2000, sont des attouchements sur un jeune garçon qui avait alors entre 10 et 16 ans. Ils se seraient déroulés dans un camp de vacances en Bretagne et au sein de la chorale d'une église orléanaise[6].
Après une seconde plainte, il est incarcéré en juillet 2018. Les faits portent sur des attouchements et des viols sur un autre mineur, entre 1992 et 1998, alors que la victime avait à l'époque entre 9 et 15 ans. Comme pour la première victime, ces violences sexuelles se seraient déroulées dans un camp de vacances à Perros-Guirec et à Orléans. Un troisième homme avait aussi déposé plainte pour des faits similaires dans les années 1980, mais ces faits prescrits ne peuvent pas donner lieu à des poursuites[7].
Après 10 mois de détention provisoire, Olivier de Scitivaux est libéré le 23 mai 2019. Quatre victimes présumées du prêtre lancent un appel pour que la parole se libère et que d'autres victimes se manifestent[8], dans les institutions fréquentées par Olivier de Scitivaux : « les paroisses à Cléry, St-Jean-le-Blanc, Meung-sur-Loire, St-Paterne, et bien d'autres, aux Scouts d'Europe à Orléans, au sein du Quinquis à Perros-Guirec [centre de vacances], dans les aumôneries comme Sichem [aumônerie des collèges et lycées publics d'Orléans], les collèges, lycées, écoles comme Sainte-Croix »[9]. Jean-François Bernard, première victime à s'être signalée, appelle d'autres victimes à se faire connaître[10] : « Nous parlons, mais pour certains ça n'est pas encore le moment, il faut du temps, le temps de la reconstruction. Et certaines ne le souhaitent pas »[11].
En 2021, après avoir reconnu les agressions devant un juge canonique[12], Olivier de Scitivaux, ainsi que Pierre de Castelet, un autre prêtre du Loiret condamné en 2018 pour des agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans en 1993, demande son renvoi de l'état clérical qui est accordé par la Congrégation pour la doctrine de la foi[13],[14].
En , malgré le recours de l'intéressé, la chambre d'instruction de la cour d'appel d'Orléans confirme le renvoi d'Olivier de Scitivaux devant les assises pour au moins trois accusations de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs[15].
Le procès d'Olivier de Scitivaux se tient devant la cour d’assises du Loiret en mai 2024. Il est jugé pour des viols et des agressions sexuelles sur quatre plaignants, âgés de moins de 15 ans à l’époque, dans les années 1990 et 2000[16]. Lors du procès, l'ancien prêtre reconnaît « les attouchements, les caresses, les fellations, les pénétrations digitales et péniennes, l'ensemble des faits ». Il avoue également des actes similaires, mais prescrits, sur deux autres victimes à partir de 1982. Dès les années 1980, des alertes de parents étaient parvenues au diocèse, et en 1998 de la part d'animatrices de l'aumônerie, sans résultat[1].
Reconnu coupable « de centaines de viols et agressions sexuelles aggravées sur quatre garçons », il est condamné le à 17 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté de 10 ans[17]. Il est également soumis à un suivi socio-judiciaire, une injonction de soins et à l’interdiction d’exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs[18]. Olivier de Scitivaux fait appel de sa condamnation[19]. À la suite de cet appel, une nouvelle victime alléguée se fait connaitre et demande à témoigner lors du futur procès[20].
Plusieurs alertes non suivies d'effet auprès du diocèse d'Orléans
[modifier | modifier le code]France Inter souligne en novembre 2024 l'inaction totale des évêques qui se sont succédé entre 1997 et 2018 ainsi que de leurs vicaires généraux, devenus eux-mêmes évêques par la suite. Dès 1997, une responsable d’aumônerie d’Orléans reçoit des signalements de parents sur le comportement d'Olivier de Scitivaux. Elle les transmet au vicaire général, François Maupu (1989-1997), qui lui demande de garder le silence et de se contenter de prévenir le prêtre des plaintes des familles. Olivier de Scitivaux est finalement déplacé, mais toujours au contact de jeunes. La responsable d'aumônerie continue par la suite pendant quinze ans à alerter les successeurs de l'évêque, Gérard Daucourt, ainsi que leurs vicaires généraux, Nicolas Souchu (2000 et 2008) et Jean-Marc Eychenne (2009-2014) qui ne signalent pas les faits à la justice. Nicolas Souchu est également prévenu en 2007 et 2012 par une religieuse en prévision d'un pèlerinage à Rome avec des collégiens, accompagné par Olivier de Scitivaux. Le vicaire général lui affirme qu’une enquête a été menée. En réalité, la justice n'est informée qu'en 2018[21].
Lors du procès de 2024, cités comme témoins, Gérard Daucourt affirme qu'il n'avait recueilli « ni plainte ni preuve ». De leur côté, les vicaires généraux, François Maupu et Nicolas Souchu, disent ne pas se souvenir des alertes concernant Olivier de Scitivaux. Après avoir quitté leurs postes de vicaires généraux, Nicolas Souchu et Jean-Marc Eychenne ont été depuis consacrés évêques, respectivement en 2009 et 2015[21].
Références
[modifier | modifier le code]- « Viols et agressions sur mineurs : 18 ans requis contre l'ancien prêtre d'Orléans », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- « Ces affaires qui ont secoué le clergé français. », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le ).
- Mathilde Lemaire, « « La honte doit changer de camp » : Paul accuse un prêtre d'Orléans d'agressions sexuelles et demande aux autres victimes de se manifester », France Info, (lire en ligne, consulté le ).
- « Église : L'ancien prêtre d'Orléans condamné à 17 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles. », BFMTV, (lire en ligne, consulté le ).
- « Pédocriminalité : message de Mgr Blaquart aux catholiques du Loiret. » [archive du ], sur Catholiques du Loiret, (consulté le ).
- « Un prêtre du diocèse d'Orléans mis en examen pour agressions sexuelles. », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- « Un prêtre du Loiret mis en examen et incarcéré pour viols sur mineur. », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- Anne Oger, « Pédophilie : un appel aux victimes après la remise en liberté du père Olivier de Scitivaux », France bleu, (lire en ligne, consulté le ).
- Antoine Denéchère, « « C'est une libération » : Quentin a porté plainte pour viols contre un prêtre du Loiret, il témoigne », France Bleu, (lire en ligne, consulté le ).
- « Pédophilie : six personnes supplémentaires accusent de viol un ancien prêtre », Europe 1, (lire en ligne, consulté le ).
- Anne Oger, « Pédophilie : de nouvelles plaintes contre le père Olivier de Scitivaux », France Bleu, (lire en ligne, consulté le ).
- « Loiret : Deux prêtres « exclus de l'état clérical » après des soupçons de pédophilie. », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le ).
- François Guéroult, « Abus sexuels et diocèse d'Orléans : Pierre de Castelet et Olivier de Scitivaux renoncent à leur état clérical. », France Bleu, (lire en ligne, consulté le ).
- Clémence Houdaille, « Abus sexuels : deux prêtres d’Orléans reconduits à l’état laïc. », La Croix, (lire en ligne, consulté le ).
- « Violences sexuelles dans l’Église : le père Olivier de Scitivaux renvoyé devant la cour d'assises pour viols et agressions sexuelles », France Info, (lire en ligne, consulté le ).
- « Orléans : un ancien prêtre jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs », La Croix, (lire en ligne, consulté le ).
- « Viols et agressions sexuelles: un ancien prêtre d'Orléans condamné à 17 ans de réclusion », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- « Pédocriminalité Viols et agressions sexuelles : l’ancien prêtre d’Orléans condamné à 17 ans de réclusion », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cour d'assises du Loiret : l'ancien prêtre Olivier de Scitivaux a fait appel de sa condamnation », La République du Centre, (lire en ligne, consulté le ).
- « Affaire De Scitivaux : l'ancien prêtre d'Orléans fait appel, une septième victime présumée sort du silence », France Bleu, (lire en ligne, consulté le ).
- « Abus sexuels dans l’Eglise : à Orléans, le silence de vicaires généraux pointé du doigt », Radio France, (lire en ligne)