Alexandra Kollontaï — Wikipédia

Alexandra Kollontaï
Александра Коллонтай
Illustration.
Fonctions
Ministre plénipotentiaire puis
ambassadrice de l'Union soviétique en Suède

(15 ans)
Prédécesseur Viktor Kopp (en)
Successeur Ilia Tchernichiov (ru)
Chargée d'affaires puis
ministre plénipotentiaire de
l'Union soviétique en Norvège

(2 ans, 8 mois et 25 jours)
Prédécesseur Aleksandr Makar (ru)
Successeur Aleksandr Bekzadian (en)

(1 an, 11 mois et 22 jours)
Prédécesseur Konstantin Goulkevitch (ru)
Successeur Aleksandr Makar (ru)
Ministre plénipotentiaire de
l'Union soviétique au Mexique

(10 mois et 1 jour)
Prédécesseur Stanisław Pestkowski (en)
Successeur Aleksandr Makar (ru)
Commissaire du peuple
à l'Assistance publique

(3 mois et 12 jours)
Prédécesseur Révolution d'Octobre
Successeur Aleksandr Vinokourov (ru)
Biographie
Nom de naissance Alexandra Mikhaïlovna Domontovitch
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Pétersbourg (Empire russe)
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Moscou (Union soviétique)
Sépulture Cimetière de Novodievitchi
Nationalité Russe (Empire)
(de 1872 à 1917)
Russe (République socialiste fédérative)
(de 1917 à 1922)
Soviétique
(de 1922 à 1952)
Parti politique POSDR (1898-1906)
Mencheviks (1906-1915)
PCR(b) (1915-1952)
Diplômée de Université de Zurich
Profession Femme politique
Révolutionnaire
Diplomate

Signature de Alexandra KollontaïАлександра Коллонтай

Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï (en russe : Александра Михайловна Коллонтай ; nom de naissance, Domontovitch, en russe : Домонто́вич), née le 19 mars 1872 ( dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg et morte le à Moscou, est une femme politique socialiste, communiste et militante féministe marxiste soviétique. Elle a été la première femme de l'histoire contemporaine à être nommée Commissaire du peuple, équivalent soviétique du rôle de ministre[1] et donc membre à part entière du Conseil du gouvernement (rebaptisé Conseil des commissaires du peuple dans la Russie révolutionnaire)[note 1]. Elle a également été l'une des premières femmes diplomates du XXe siècle et probablement la première à avoir été officiellement élevée au rang d'ambassadrice[2].

Enfance et études

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Alexandra Kollontaï, jeune.

Née Alexandra Domontovitch en 1872[3] à Saint-Pétersbourg, elle est la fille unique et cadette du général de l'armée tsariste Mikhaïl Domontovitch, d’origine ukrainienne, qui s'est illustré notamment pendant la guerre russo-turque de 1877-1878 et a été gouverneur de Tarnovo en Bulgarie en 1878-1879 et que sa mère, Alexandra Massalin-Mravinskaya, fille d'un négociant en bois finlandais, a épousé en secondes noces – la Finlande fait alors partie de l’Empire russe.

Grandissant dans son milieu familial de vieille aristocratie russe[3] libérale, Alexandra Domontovitch reçoit une éducation soignée et polyglotte. Outre le russe, de par les origines caréliennes de sa mère, elle acquiert déjà enfant la connaissance de la culture et de la langue finnoises, ce qui influencera sa carrière à partir de 1939. Elle apprend le français, l'allemand et l'anglais de ses professeurs et le pratique avec ses nurses et par la lecture. S'y ajoutera le norvégien en émigration, etc.

Elle a eu pour professeurs particuliers à domicile Viktor Petrovich Ostrogorsky, écrivain et professeur de littérature russe bien connu à l'époque et une certaine M. I. Strakhova, qui sympathisait avec les idées du Parti de la Volonté du Peuple, Narodnaya Volya en russe « Наро́дная во́ля ». En 1888, elle réussit les examens de l'équivalent du baccalauréat, qu'elle passe au 6e gymnase de Saint-Pétersbourg et entre aux Beaux-Arts.

Alexandra fait son entrée dans la haute société, notamment accompagnée par son cousin germain, le poète Igor Severyanin. La jeune fille fait preuve d'un caractère bien trempé. Toute sa famille la surnomme « Schourochka » ou « Schoura », surnom d'origine grecque et russe issu du diminutif d'Aleksandra et Aleksandr, siginifiant « défenseur de l'homme ».

Alexandra se distingue par sa rigueur à l'égard de ses semblables. Elle refuse d'épouser le général Ivan Tutolmin, adjudant de l'empereur Alexandre III, qui la demande en mariage dès le premier soir de leur connaissance et qui correspondait au profil susceptible d'attirer les faveurs du père de la jeune femme. L'un de ses partenaires de danse et fidèle chevalier, Ivan Dragomirov, fils d'un général célèbre, incapable de résister aux « cruautés » de cette jeune femme fatale, se tire une balle dans le cœur le 17 mai 1917 (4 mai dans le calendrier russe).

Dans sa jeunesse, Alexandra Domontovitch s'est opposée à la décision de ses parents de la marier à l'adjudant de l'empereur.

« Vue de l’extérieur, écrit-elle dans ses mémoires, mon enfance fut très heureuse. Mes parents appartenaient à la vieille noblesse russe. J’étais le seul enfant né du second mariage de ma mère […]. J’étais la plus jeune, la plus gâtée, la plus choyée des membres de la famille. Ceci fut peut-être la raison initiale de ma révolte contre tout ce qui m’entourait. On en faisait trop pour me rendre heureuse. Je n’avais de liberté de manœuvre ni dans mes jeux d’enfant, ni dans les désirs que je voulais exprimer. En même temps, je voulais être libre, être maîtresse de ma petite vie »[4].

Malgré la réprobation de son père, Alexandra épouse à l'âge de 20 ans un cousin de petite noblesse dont elle est éprise, alors jeune officier, ingénieur de formation, Vladimir Kollontaï[3], dont elle prendra le patronyme en 1893. À la veille du mariage, Ostrogorsky, son ancien professeur de littérature, qui était secrètement amoureux d'elle, tente lui aussi de se suicider, mais plus chanceux que Dragomirov, il est sauvé in extremis sous les yeux de Shurochka en pleurs.

Le couple vit à Saint-Pétersbourg. Son époux est donc noble, gentil, peu exigeant et amoureux d'elle. Le général Domontovitch leur allouait chaque mois une somme importante, ce qui permettait au jeune couple de vivre assez confortablement. Bientôt nait leur premier enfant, baptisé Mikhail en l'honneur de son grand-père[3].

L’un des camarades de son mari, Alexandre Satkevitch, devient son amant. Elle lui confie sa soif de réalisation de soi, il comprend qu'une femme dotée d'une énergie aussi irrépressible, ne pouvait tout simplement pas devenir une épouse comme les autres.

Alexandra Kollontaï rencontre Elena Dmitrievna Stasova, jeune fille dynamique issue d'une famille appartenant à l'élite intellectuelle de Russie. Le père d'Elena, l'un des plus grands avocats de Saint-Pétersbourg, est réputé pour sa défense dans des procès politiques très médiatisés. Ce dernier non seulement n'avait rien contre le fait que des immigrés marxistes illégaux se rassemblaient dans sa maison, mais il soutiendra sa fille dans ses engagements. En rejoignant leur cercle, Alexandra Kollontai se rend compte qu'elle a trouvé un sens à sa vie : un problème mondial, celui de débarrasser l'humanité de ses défauts sociaux grâce à un concept nouveau et stimulant, avec « syndicats », « Manifeste communiste », « révolution sociale », etc.

Évidemment, elle réalise que le mariage ne cadre pas avec ces projets grandioses. Du mieux qu'elle put, elle essaya d'expliquer à son mari qu'elle n'était capable d'être ni sa femme ni la maîtresse de leur maison et Vladimir fit semblant de comprendre. Ayant trouvé un appartement, Alexandra Kollontaï s'y installe en 1896, avec son fils et une nounou. Il lui semblait qu'il serait beaucoup plus facile de s'engager politiquement et écrire dans des conditions de liberté personnelle.

Mais les publications ne se sont pas bien déroulées[pas clair] et son fils exigeait constamment l'attention maternelle. Ses nouveaux amis marxistes la persuadent des opportunités infiniment plus grandes de développement personnel à l’étranger. En conséquence, Alexandra Kollontaï convainquit ses parents de la nécessité de poursuivre ses études et, à l'automne 1898, laissant son fils à leur charge, elle part étudier l'économie politique à l'université de Zurich, où elle suit les séminaires du professeur Herkner, alors économiste célèbre. Et bientôt des magazines très réputés commencèrent à publier ses articles.

Vers 1926, dans ses mémoires, elle affirmera que son grand-père maternel était fils d'un paysan finlandais devenu riche grâce au commerce du bois. Cependant, des archives ont démontré que ces racines paysannes relevaient de la reconstruction consciente d'une biographie « correcte » car le dit grand-père, Alexandre Fedorovitch Masalin, était un noble, conseiller collégial et propriétaire de près de mille hectares de terres[5].

Appréciant les congrès, Alexandra Kollontaï parcourt l'Europe, notamment la France, l'Allemagne et l'Italie et se fait une place dans l’élite socialiste, d'autant plus qu'elle devient une excellente oratrice. Elle se liera avec Lénine et Gueorgui Plekhanov, alors en exil en Suisse, ainsi qu'avec d'autres figures révolutionnaires, à l'instar de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Karl Kautsky à Berlin en Allemagne ou Paul Lafargue et son frère en France[3].

Premiers engagements politiques

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Alexandra Kollontaï adhère au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR en 1898.

En 1903 se produit la scission entre bolcheviks et mencheviks : rejetant dans un premier temps l'organisation militarisée[6] des bolcheviks, elle rejoint les mencheviks.

Alexandra Kollontaï revient en Russie pour participer à la révolution de 1905. Elle entame une liaison avec l’économiste agricole Piotr Maslov, qui s’oppose au programme de nationalisation des terres de Lénine. Apparemment, la Russie prend la voie de la démocratie puisque Nicolas II a octroyé une constitution garantissant les libertés fondamentales et une Douma élue. Mais la première Douma, dominée par les libéraux du Parti constitutionnel démocratique se révèle impuissante car le tsar, mal conseillé, refuse de nommer un gouvernement correspondant à cette majorité et en réponse, la chambre refuse toutes les mesures gouvernementales. Nicolas II dissout la chambre deux fois et fait modifier les règles électorales lors du coup de force du 3 juin 1907 pour enfin obtenir une majorité docile et neutraliser cette révolution et les perturbateurs marxistes.

En 1908, Alexandra Kollontaï s'exile en Allemagne et de là, elle se rend dans toute l'Europe occidentale, faisant connaissance avec les plus importantes figures du socialisme international, comme Karl Kautsky, Clara Zetkin, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.

En 1911, elle entame une relation amoureuse avec un compagnon d'exil, Alexandre Chliapnikov, futur membre du Comité exécutif central panrusse du Parti bolchevique, dont elle fait la connaissance lors des funérailles des Lafargues, qui se suicidèrent. Ils formaient un couple atypique : elle était une intellectuelle menchevique, d'origine noble, treize ans plus âgée que son amant, métallurgiste autodidacte de l'oblast de Vladimir, dans l'Anneau d'Or, devenu leader bolchevique d'une certaine importance. Si la liaison se termine en 1916, c'est pour devenir une amitié profonde, fondée sur une correspondance générale d'idéaux politiques, qui se poursuivra jusqu'au début des années 1930, en plein stalinisme[7].

Sensible elle aussi à la montée des tensions internationales, elle déclarait en 1912 :

« Le prolétariat russe, aux côtés de celui du monde entier, proteste contre toutes les guerres. C’est un fait bien connu que le prolétariat ne connaît aucune frontière nationale. Il ne reconnaît que deux "nations" dans le monde civilisé : les exploiteurs et les exploités[8]. »

Commissaire du peuple

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En 1914, la guerre éclate. Alexandra Kollontaï s'oppose à la Première Guerre mondiale par pacifisme et se réfugie quelque temps en Europe du Nord

À l’invitation de la fédération allemande du Parti socialiste américain en 1915, Alexandra Kollontaï se rend en tournée dans plus d’une centaine de villes des États-Unis et se fait propagandiste pacifiste. À la même époque, elle choisit le camp des bolcheviks et se rallie à Lénine, qui souhaite mener le prolétariat vers une révolution menée par une élite partisane disciplinée, en transformant la « guerre impérialiste » en guerre civile.

Début 1917, Alexandra Kollontaï est en Norvège[9]. Elle regagne la Russie dès mars, après la chute du tsar en février 1917 et participe à la révolution d'octobte 1917.

Elle devient commissaire du peuple à l’Assistance publique (qui correspond aux actuels ministères de la Santé) dans le gouvernement des soviets, de à , ce qui fait d'elle la première femme du monde moderne à avoir participé à un gouvernement.

Pendant la période révolutionnaire, elle épouse en secondes noces l'officier de marine bolchevique Pavel Dybenko, de dix-sept ans son cadet, tout en conservant le nom de famille de son premier époux[10].

Critiques du léninisme

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Alexandra Kollontaï est rapidement en désaccord avec la politique du parti bolchevik, d'abord avec l'étatisation de la production au lieu de la collectivisation, puis avec la réduction des libertés politiques, les conditions du traité de Brest-Litovsk et la répression contre les autres révolutionnaires[réf. nécessaire].

En 1918, elle fait partie de la tendance « communiste de gauche », qui publie la revue Kommunist.

En 1919, elle crée avec Inès Armand (1874-1920) le Jenotdel (en russe : Женотдел, abréviation de Женский отдел, département pour le travail parmi les femmes) section du parti chargé des affaires féminines ainsi que la revue La Communiste, qui en est l'organe.

Elle se rallie en janvier 1921 à une fraction du parti, « l'Opposition ouvrière », conduite par Alexandre Chliapnikov et par Sergheï Medvedev, qui réclame plus de démocratie, l'autonomie des syndicats et le contrôle ouvrier sur la production industrielle.

Toutefois, au cours du Xe Congrès du Parti communiste, qui a lieu en , le droit de fraction est supprimé et l'Opposition ouvrière est dissoute. Les principaux représentants du courant ne cessent pourtant pas leur activité politique. Au mois de juillet, Alexandra Kollontaï prend la parole, au nom des autres, devant le 3e congrès de l'Internationale communiste (Komintern) et attaque durement la Nouvelle politique économique (NEP) soutenue par Lénine, accusée de démoraliser la classe ouvrière en galvanisant parallèlement les paysans et la petite bourgeoisie, et de conduire à la restauration du capitalisme.

En février 1922, elle contresigne une lettre ouverte adressée à l'Internationale communiste par vingt-deux ex-représentants de la fraction, y compris Chliapnikov et Medvedev, et d'autres communistes d'extraction ouvrière, mais elle sera empêchée de prendre la parole devant le Comité exécutif de l'Internationale pour en exposer la teneur[11].

Au XIe congrès du parti russe, qui se déroule entre mars et avril de la même année, Kollontaï, Chliapnikov, Medvedev et deux autres signataires de l'appel sont accusés de fractionnisme et menacés d'expulsion. Toutefois, le congrès décide de permettre aux trois premiers de rester membres du Parti, à condition que leur conduite fractionniste ne se répète pas à l'avenir, tandis que les deux autres, Flor Anissimovitch Mitine (1882-1937) et Nikolaï Vladimirovitch Kuznetsov (1884-1937), sont expulsés avec effet immédiat[12]. Le discours que Kollontaï prononce alors devant le congrès pour se défendre sera le dernier acte significatif de sa vie politique en tant qu'opposante.

Carrière diplomatique de 1922 à 1945 : un exil de fait

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À la table de travail avec Marcel Body dans la légation soviétique à Oslo (1923).

Néanmoins appréciée car loyale, populaire et adroite, Alexandra Kollontaï est aussitôt envoyée à l'étranger :

Elle devient chargée d'affaires de la légation représentant les Soviets russes en Norvège[13]. Deux ans après, en 1924, elle est nommée ministre plénipotentiaire de l'Union soviétique en Norvège, ce qui revient à un exil de fait et lui interdit toute action dans la vie politique soviétique. Néanmoins, cela fait d'elle l'une des premières femmes diplomates (avec l'Arménienne Diana Abgar (1859-1937), la Hongroise Rózsa (Bédy-)Schwimmer (1877-1948)[note 2] et la Bulgare Nadejda Stanchova (bg) (1894-1957)[note 3].

Sa nomination fait sensation : c'était la première fois dans l'histoire qu'une femme était officiellement active en tant qu'« ambassadrice ».

En revanche, la presse russe conservatrice, en particulier la presse des « Russes blancs » l'attaque avec virulence et tente de faire d’elle une égérie sanglante des bolcheviques ou encore un monstre d'immoralité du fait de ses mariages et de ses amours libres. Alors qu'elle effectue un voyage aux États-Unis en qualité de représentante du Parti, ces journaux titrent : « La Kollontaïnette part pour l’étranger ; si ça pouvait être pour toujours ! »[14].

Qu'importe, Alexandra Kollontaï s'attèle à cette tâche, relativement nouvelle pour elle, et obtient le succès escompté : le 15 février 1924, la Norvège reconnaît de jure l'URSS et fin 1925 la normalité des relations commerciales entre l’Union soviétique et la Norvège, portant sur le maïs et le bois russes contre le hareng et le papier norvégiens, est rétablie.

Alexandra Kollontaï aurait également récupéré[réf. nécessaire] l'or que l'ancien chef du gouvernement provisoire de la Russie Aleksandr Kerenski (1881-1970) avait transféré en 1917 au grand-duché de Finlande[15]. Il est vrai qu'Aleksandr Kerenski avait mené des négociations avec le grand-duché, lui proposant des finances dans l'espoir de le voir prendre fait et cause pour la jeune république russe aux cotés de la France et l'Angleterre contre les prétentions des empires centraux, Autriche-Hongrie et Allemagne et de la Suède — mais pas avec le succès escompté : la Finlande ayant obtenu reconnaissance de son droit à l'autodétermination, profitant de la guerre civile russe, avait déclaré son indépendance en décembre 1917, ce que la jeune Union soviétique reconnut dès 1918.

En juillet 1926, Alexandra Kollontaï reçoit d'autres missions diplomatiques au Mexique (1926-1927) et à nouveau en Norvège (1927-1930). En 1930, elle est envoyée — encore en tant que « ministre plénipotentiaire » — en Suède, où elle demeure au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, et réside entre 1940 et 1944.

En 1936, Alexandra Kollontaï rencontra à Stockholm Marcel Body, qu'elle avait connu à Paris avant 1914. Elle lui confie l'existence de contacts secrets entre Hitler et Staline, lequel craint plus que tout une guerre avec le IIIe Reich et autorise Body à en informer Léon Blum, lequel refusa d'y croire.

Quoi qu'il en soit, en passant cette information, Alexandra Kollontaï prenait un risque énorme pour elle-même et sa famille. C'est pourquoi de retour à Moscou, elle est longuement interrogée par le chef du NKVD, Nicolai Iejov, sur ses relations avec Body mais elle parvient à écarter les soupçons pesant sur elle[16]. De plus, son éloignement, sa réputation comme ses succès diplomatiques, lui permettent d'échapper aux Grandes purges staliniennes et aux exécutions qui frapperont ses anciens camarades d'opposition ouvrière, dont son ex-mari, Pavel Dybenko, en 1937 et en épargneront d'autres comme l'ambassadeur à Londres Ivan Maïski : Staline jugeait nécessaire de garder ce type de personnalité pour atténuer des tensions trop vives avec les Occidentaux.

En juin 1940, elle rencontre l'ambassadeur de Belgique à Stockholm, le prince Réginald de Croÿ (1878-1961) et lui déclare : « L'intérêt évident des puissances européennes est de s'opposer à l'impérialisme allemand. Il est évident que le danger allemand est plus grand qu'on a cru »[17]. Elle mène les négociations en 1940 pour obtenir l'armistice entre l'URSS et la Finlande, et de nouveau en 1944, après la guerre d'Hiver.

Pendant la Grande Guerre patriotique, elle apprendra la mort de son fils.

En août 1942, elle est victime d'un AVC qui la paralyse du côté gauche et et la rend aphasique pendant plusieurs mois. Alexandra Kollontaï récupère ses facultés mais ne se déplacera plus qu'en chaise roulante[18].

En 1943, lorsque la légation soviétique à Stockholm est élevée au rang d'ambassade, elle aussi est officiellement promue ambassadrice[19].

En 1944, elle négocie les termes de l'armistice avec la Roumanie avec le diplomate roumain Neagu Djuvara[20].

En 1945, doyenne du corps diplomatique, personnalité en vue de la capitale suédoise, elle donne une réception de départ où se rend le Tout-Stockholm. Des hommes et femmes politiques scandinaves, dont le président finlandais et ancien ambassadeur à Moscou, Juho Kusti Paasikivi, proposeront sa candidature pour le prix Nobel de la paix, en 1946 et 1947[21].

Néanmoins, elle ne manque pas de dureté lorsqu'elle expose et défend les positions du gouvernement stalinien de son pays, dont elle se fait l'interprète scrupuleuse. À propos des prisonniers de guerre russes de la Seconde Guerre mondiale, elle affirme qu'ils sont considérés par principe comme des déserteurs par le gouvernement soviétique ou, au mieux, comme « des couards et des paniqueurs ». Nicolas Werth, historien français, qui les estime « victimes de deux dictatures »[22], rapporte ces propos[23] :

« L'URSS ne reconnaît pas l'existence de prisonniers de guerre soviétiques », déclara en décembre 1941 Aleksandra Kollontaï, la plus célèbre égérie bolchevique féministe, ambassadrice de l'URSS à Stockholm, alors que la Croix-Rouge internationale proposait sa médiation auprès des autorités allemandes pour tenter d'alléger le sort des captifs soviétiques. Elle ajoutait : « Ceux qui se rendent aux Allemands sont des déserteurs[24]. »

Alexandra Kollontaï renonce en mars 1945 à ses fonctions et termine sa carrière en animant des séminaires sur l'histoire des relations internationales et de la politique extérieure soviétique à l'Institut de préparation des travailleurs diplomatiques et consulaires, créé par Maxime Litvinov en [25]. Elle affirme ouvertement regretter l'époque de sa coopération avec Litvinov et son approche pragmatique de la diplomatie :

« Si, depuis la fin de la guerre, [...] nous avions mené une politique extérieure plus souple, « raisonnable », sans les efforts acharnés et maladroits des « juristes » pour compliquer les questions, nous aurions pu freiner [...] le processus d’hostilité et de réaction. L’objet de la diplomatie est précisément d’obtenir le maximum d’avantages pour son pays dans des circonstances défavorables. Depuis la fin 1945, notre diplomatie a suivi un autre chemin. L’ignorance de la psychologie des leaders des autres pays [...] voilà ce qui a suscité des difficultés inutiles là où elles auraient pu être évitées »[25].

Alexandra Kollontaï décède à Moscou, le 1952[26], cinq jours avant son 80e anniversaire, assistée de son petit-fils Volodia.

Elle est enterrée au cimetière de Novodevitchi lors d'une cérémonie durant laquelle sa carrière de diplomate est amplement louée, tandis que son rôle dans la révolution et le parti communiste est occulté[26].

Copenhague, 1910, VIIIe congrès de l'Internationale socialiste, au centre Alexandra Kollontaï avec Clara Zetkin.

Comme beaucoup de socialistes ou de communistes, Alexandra Kollontaï condamne le féminisme de son époque, le considérant comme « bourgeois », puisqu'il détourne la lutte des classes en affirmant qu'il n'y a pas qu'une domination économique, mais aussi une domination des sexes. Mais elle travaille cependant à l'émancipation des femmes dans le combat communiste ; elle déclare ainsi : « La dictature du prolétariat ne peut être réalisée et maintenue qu’avec la participation énergique et active des travailleuses[27]. ».

Elle participe à la première conférence de l'Internationale socialiste des femmes, le , à Stuttgart (Allemagne). En 1910, elle accompagne la femme politique allemande Clara Zetkin (qu'elle aide à créer la Journée internationale des femmes, le 8 mars) à la deuxième conférence qui se tient à Copenhague ; elle y représente les ouvrières du textile de Saint-Pétersbourg[14]. Elles y rencontrent Inès Armand et Rosa Luxemburg.

Lors de la conférence qui a lieu deux ans plus tard à Bâle, elle est qualifiée de « Jaurès en jupons »[28]. Elle est membre honoraire de la British Society for the Study of Sex Psychology[28]. Elle est membre en 1921-1922 du secrétariat international de l'Internationale communiste des femmes, en tant que secrétaire générale[réf. nécessaire].

L'action d'Alexandra Kollontaï, en tant que commissaire du peuple, et de ses consœurs leur permet le droit au divorce par consentement mutuel, l'accès à l'éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920[29] — il sera limité en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Elle sera au cœur de nombreuses polémiques sur la place des femmes dans la société soviétique.

Amour libre (amour-camaraderie)

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Clara Zetkin (à gauche) et Alexandra Kollontaï (à droite) au congrès du Komintern de 1921.

Elle pose la question de ce que seront les relations amoureuses dans une société libérée de la morale bourgeoise. Appliquant à l'amour le concept marxiste d'idéologie, elle considère qu'à chaque type d'organisation sociale (féodalisme, capitalisme, etc.) correspond un idéal amoureux, dont les caractéristiques permettent l'efficacité et le maintien de cette organisation. Pour elle, l'association entre sentiment amoureux et sexualité et le principe de fidélité au sein du couple marié sont des principes répondant aux besoins de la bourgeoisie dans une société libérale.

«  Le réformateur religieux Luther, et avec lui tous les penseurs et hommes d'action de la Renaissance et de la Réforme (XVe – XVIe siècles) mesuraient très bien la force sociale que renfermait le sentiment de l'amour. Sachant que pour la solidité de la famille – unité économique à la base du régime bourgeois – il fallait l'union intime de tous ses membres, les idéologues révolutionnaires de la bourgeoisie naissante proclamèrent un nouvel idéal moral de l'amour : l'amour qui unit les deux principes [sentiment amoureux et sexualité]. [...]

L'amour n'était légitime que dans le mariage ; ailleurs, il était considéré comme immoral. Un tel idéal était dicté par des considérations économiques : il s'agissait d'empêcher la dispersion du capital parmi les enfants collatéraux. Toute la morale bourgeoise avait pour fonction de contribuer à la concentration du capital[30]. »

Elle estime que le mariage et la fidélité, qu'elle appelle la « captivité amoureuse », sont amenés à disparaître, et théorise une nouvelle morale sentimentale, l'amour-camaraderie, préfigurant le concept moderne de polyamour et basé sur trois principes :

  • l'égalité des rapports mutuels.
  • l'absence de possessivité et la reconnaissance des droits individuels de chacun des membres du couple.
  • l'empathie et le souci de l'autre réciproque (qui n'est exigé, précise-t-elle, que de la femme vers l'homme dans la "civilisation bourgeoise"). Elle-même vit des relations amoureuses libres et multiples.

Elle est critiquée par Lénine comme par Trotski, plus prudes, qui estiment le couple fidèle comme la forme naturelle d'expression amoureuse. Au courant de ses nombreuses liaisons, Lénine qualifie la vision de Kollontaï de « décadente »[31]. En 1924, Clara Zetkin attribue à Lénine dans des entretiens posthumes « cette fameuse théorie, selon laquelle la satisfaction des besoins sexuels sera, dans la société communiste, aussi simple et sans plus d’importance que le fait de boire un verre d’eau »[32].

Prostitution (abolitionnisme)

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Alexandra Kollontaï milite pour l'abolition des lois réglementant ou interdisant la prostitution, dénonçant la réglementation comme la prohibition de la prostitution comme des « hypocrisies » qui frappent avant tout les prostituées les plus démunies. Le gouvernement dont elle fit partie mit fin aux réglementations de la prostitution qui existaient sous le régime tsariste.

«  Le scandale de cette réglementation, c’est qu’elle retombe entièrement sur les femmes des classes pauvres ; devant les prostituées riches, la police comme les règlements ne font qu’ôter poliment leur chapeau[30]. »

Tout en s'opposant farouchement à la prostitution, elle met celle-ci sur un pied d'égalité avec le mariage tel qu'il existe à son époque, préfigurant la notion d'échange économico-sexuel de l'ethnologue contemporaine Paola Tabet.

«  Dans la société bourgeoise, une femme est persécutée non pas quand elle ne travaille pas utilement pour la collectivité[note 4], ou parce qu'elle se vend pour des raisons vénales (deux tiers des femmes de la société bourgeoises se vendent à leur époux légitime), mais lorsque leurs relations sexuelles sont informelles et de courte durée. Le mariage dans la société bourgeoise se caractérise par la durée et la nature formelle de son enregistrement. L'héritage de la propriété est ainsi préservé. Les relations temporaires sans validation officielle sont considérées par les bigots et les hypocrites tenants de la morale bourgeoise comme étant honteuses. [...]

Pour nous, dans la république ouvrière, il n'est pas important qu'une femme se vende à un homme ou à plusieurs, qu'elle soit catégorisée comme une prostituée professionnelle vendant ses faveurs à une succession de clients ou comme une femme se vendant à son mari[33].  »

Tombe à Moscou.

Elle s'oppose également à la pénalisation des clients de la prostitution :

« Le problème suivant qu'il nous fallut résoudre fut de déterminer si la loi devait punir ou non les clients de prostituées. Certains membres de la commission furent pour, mais ils durent renoncer à l'idée, qui ne suit pas, logiquement, nos prémisses de base. Comment un client peut-il être défini ? Est-il quelqu'un qui achète les faveurs d'une femme ? Dans ce cas, les maris de nombreuses femmes légales seraient coupables. Qui décide qui est client et qui ne l'est pas[34] ?  »

Pour elle, la fin de la prostitution (« qui est une violence que s'inflige une femme à elle-même pour des raisons financières ») doit venir par l'égale participation des femmes et hommes au travail collectif et à l'égale distribution des ressources produites, mettant fin à toute nécessité, pour les femmes, de se vendre à des hommes en échange d'argent — c'est-à-dire mettant fin à la fois au mariage bourgeois et à la prostitution.

Décorations

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Décorations soviétiques

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Décorations étrangères

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Postérité

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Timbre soviétique de 1972.
Avenue nommée temporairement Alexandra Kollontaï à Genève (avenue de la Paix).

Alexandra Kollontaï est l'un des personnages centraux de La Mémoire des vaincus, roman de Michel Ragon, publié dans sa première édition en 1989.

Elle est une des nombreuses femmes de l'histoire citées dans le morceau Rimes féminines, de la chanteuse française Juliette[35].

Elle a inspiré la création d'une marque québécoise de vêtements « Kollontaï »[36],[37].

Le , une plaque est inaugurée devant son domicile moscovite pour le 145e anniversaire de sa naissance, par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov[38].

En 2019 à Genève, l'association l'Escouade dans le cadre du projet 100elles renomme temporairement l'avenue de la Paix à son nom[39],[40].

Commentaires

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«  Alexandra Kollontaï, controversée, flamboyante, aristocratique, et avant tout indépendante, a dominé la théorie et la pratique bolchevik sur la “question féminine” de 1906 à 1922. Inévitablement, c'est sur elle et sur ses idées que se penchent, à la fois ses contemporains et les historiens qui suivirent, dans l'étude des relations entre les femmes et l'État dans la révolution russe. [...] Toute cette attention a peut-être masqué le fait qu'Alexandra Kollontaï était hautement atypique en tant que femme bolchevik.  »

— Beryl Williams, Women in the Russian Revolution (1986)

  • « Lors des conflits et des grèves, la femme prolétaire, opprimée, timide et sans droits, d’un coup apprend à se tenir debout et droite […] La participation au mouvement ouvrier rapproche l’ouvrière de sa libération » ;
  • « Il ne peut y avoir d'activité en soi sans liberté de pensée et d'expression, pour qu'elle se manifeste non seulement dans l'initiative, l'action et le travail, mais aussi dans la pensée indépendante » (L'Opposition ouvrière, Les Itinéraires de citoyenneté, 1921) ;
  • « Pour supprimer la bureaucratie nichée dans les institutions soviétiques, nous devons d'abord nous débarrasser de la bureaucratie dans le parti lui-même » (L'Opposition ouvrière, Les Itinéraires de citoyenneté, 1921).
  • « J’ai toujours cru qu’inévitablement le temps viendrait où la femme sera jugée avec les mêmes critères moraux que ceux qu’on applique aux hommes. » (Autobiographie d'une femme sexuellement émancipée)

Notes et références

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  1. La « comtesse rouge » Sophie Panine, membre du Parti constitutionnel démocratique, avait auparavant travaillé dans le gouvernement provisoire de Kerenski, mais seulement avec le rang de ministre adjointe, d'abord de l'Assistance publique sous Dmitri Chakhovskoï (en), puis de l'Éducation sous Sergueï Oldenbourg ((en) N. C. Noonan, Encyclopedia of Russian women's movements, Greenwood Publishing Group, (lire en ligne), « Panina, Countess Sof'ia Vladimirovna (1871-1956) », p. 49-50).
  2. Pour être précis, ni l'une ni l'autre ne menèrent une carrière diplomatique, ayant tous deux occupé un seul poste et pendant très peu de temps.
  3. Fille de l'ancien Premier ministre bulgare Dimitar Stanchov, elle fut nommée en 1921 « première secrétaire » (et donc deuxième en rang) de la légation de son pays aux États-Unis, dans le cadre d'une véritable carrière diplomatique.
  4. La désertion du travail était une infraction gravement punie par le régime communiste. Pour Kollontaï, les prostituées professionnelles sont passibles de sanctions, non pas pour leur activité, mais pour désertion du travail si elles n'ont pas d'activité principale.

Références

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  1. Sophie Cœuré, « Alexandra Kollontaï, l'émancipation des femmes expliquée à Lénine », dans François Bonnet (dir.), Des vies en révolution : Ces destins saisis par Octobre-17, Paris, Don Quichotte, (ISBN 978-2-35949-652-9, lire en ligne) : « Quelques jours après le coup d'État d'octobre, elle devient commissaire du peuple à l'Assistance publique, première femme ministre de l'histoire ».
  2. Voir ci-dessous : La carrière diplomatique : un exil de fait
  3. a b c d et e Camille Paix, « Alexandra Kollontaï, l’impolie amoureuse », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. A. Kollontaï, autobiographie publiée en russe en 1926, sous le titre But et valeur de ma vie »
  5. cf article de Wikipedia en Russe dédié https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%9A%D0%BE%D0%BB%D0%BB%D0%BE%D0%BD%D1%82%D0%B0%D0%B9,_%D0%90%D0%BB%D0%B5%D0%BA%D1%81%D0%B0%D0%BD%D0%B4%D1%80%D0%B0_%D0%9C%D0%B8%D1%85%D0%B0%D0%B9%D0%BB%D0%BE%D0%B2%D0%BD%D0%B0
  6. Alexandra Kollontaï, But et valeur de ma vie, Из моей жизни и работы, 1926.
  7. (en) Barbara C. Allen, « ‘A Proletarian From a Novel’ : Politics, Identity, and Emotion in the Relationship between Alexander Shliapnikov and Alexandra Kollontai, 1911-1935 », The Soviet and Post-Soviet Review, vol. 35, no 2,‎ , p. 163-191 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  8. Le Prolétariat et la Guerre, 1912.
  9. cf Alexandra Kollontaï, But et valeur de ma vie, 1926. Extraits sur : https://www.marxists.org/francais/kollontai/works/1926/07/but.htm
  10. (en) Simon Karlinsky, « The Menshivic, Bolshevik, Stalinist feminist », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « Bolshevik leaders reacted to the difference in their ages like cackling village gossips »

    « Les dirigeants soviétiques ont réagi à leur différence d'âge comme des commères du village. »
  11. (en) Barbara C. Allen, « Early dissent within the party: Alexander Shliapnikov and the letter of the twenty-two », dans The NEP Era: Soviet Russia 1921-1928, vol. 1, Idyllwild, Charles Schlacks, (lire en ligne), p. 21-54 (citations p. 31)
  12. Allen (« Early dissent »), pp. 48-52.
  13. Ce n'était pas encore une ambassade à proprement parler cf Autobiografia, p. 63-64.
  14. a et b www.bakchich.info/Alexandra-Kollontai-la-mere-de,10209.html.
  15. Sous domination russe depuis 1809 seulement.
  16. Carrère d'Encausse 2021, p. 244-245.
  17. Maurice Schumann, Un certain 18 juin, Paris, Plon, , 307 p., p. 178.
  18. Carrère d'Encausse 2021, p. 258.
  19. Iring Fetscher, postface en Autobiografia, p. 92.
  20. Dan Giju, Neagu Djuvara - Curierul de la Stockholm (« Neagu Djuvara, le courrier de Stockholm »), interview de Djuvara sur le site du ministère roumain de la Défense, vu le 13 juin 2007. L'armistice sera signé à Moscou le 12 septembre 1944.
  21. (en) « Nomination archive: Alexandra Mikhaylovna Kollontay », sur The Nobel Prize (consulté le ).
  22. D'après Pavel Polian, Zhertvy dvukh diktatur (« Victimes de deux dictatures »), Moscou, Rosspen, 2002.
  23. Nicolas Werth, « Le martyre des prisonniers de guerre soviétiques », L'Histoire mensuel, no 480,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. Cité dans l'ouvrage de Christian Streit, Keine Kameraden. Die Wehrmacht und die sowjetischen Kriegsgefangenen, [1978], Bonn, J. H. W. Dietz Nachf, 1997, p. 236.
  25. a et b Sabine Dullin, « Une diplomatie plébéienne ? Profils et compétences des diplomates soviétiques 1936-1945 », Cahiers du monde russe, 2003/2, vol. 44, p. 437-464.
  26. a et b Carrère d'Encausse 2021, p. 268.
  27. Résolution sur le rôle des femmes travailleuses, .
  28. a et b http://itinerairesdecitoyennete.org/journees/8_mars/documents/alexandra%20kollontai.pdf
  29. Nicolas Werth, Essai sur l'histoire de l'Union soviétique 1914 - 1991, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 2019), 476 p. (ISBN 9782262078799), « 6 », p. 129 & suiv.
  30. a et b Place à l'Eros ailé ! (Lettre à la jeunesse laborieuse), Alexandra Kollontai, "La jeune Garde" no 3, mai 1923.
  31. (ru) Павел Романов, Советская социальная политика 1920-х - 1930-х годов. Идеология и повседневность, Москва, Вариант : ЦСПГИ,‎ , 430 p. (ISBN 978-5-903360-04-8), p. 205
  32. Sophie Cœuré, « Alexandra Kollontaï, révolutionnaire et féministe », La Vie des idées,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. « In bourgeois society a woman is condemned to persecution not when she does no work that is useful to the collective or because she sells herself for material gain (two-thirds of women in bourgeois society sell themselves to their legal husbands), but when her sexual relationships are informal and of short duration. Marriage in bourgeois society is characterised by its duration and by the official nature of its registration. Property inheritance is preserved in this way. Relationships that are of a temporary nature and lack official sanction are considered by the bigots and hypocritical upholders of bourgeois morality to be shameful. [...] To us in the workers’ republic it is not important whether a woman sells herself to one man or to many, whether she is classed as a professional prostitute selling her favours to a succession of clients or as a wife selling herself to her husband. », dans Prostitution and ways of fighting it, discours à la IIIe conférence Panrusse de chefs de Département régionaux des Femmes, 1921.
  34. « The next problem that had to be tackled was whether or not the law should punish the prostitute’s clients. There were some on the commission who were in favour of this, but they had to give up the idea, which did not follow on logically from our basic premises. How is a client to be defined? Is he someone who buys a woman’s favours? In that case the husbands of many legal wives will be guilty. Who is to decide who is a client and who is not?  », dans Prostitution and ways of fighting it, discours à la IIIe conférence Panrusse de chefs de Département Régionaux des Femmes, 1921.
  35. (fr-fr) Rimes féminines, consulté le
  36. « Kollontaï célèbre ses 10 ans au Salon des métiers d’art » sur le site voir.ca, 4 décembre 2008.
  37. (en) « Kollontaï - Créations mode pour femmes. Fait à Montréal depuis 1998. », sur Kollontaï (consulté le ).
  38. Sophie Cœuré, « Octobre 17. Alexandra Kollontaï, l’émancipation des femmes expliquée à Lénine », mediapart.fr, 17 juillet 2017.
  39. Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  40. « Alexandra KOLLONTAÏ », sur 100 Elles* (consulté le )

Bibliographie

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Autobiographie

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  • Alexandra Kollontaï (trad. du russe), Autobiographie d'une femme sexuellement émancipée, Paris, Éditions Gît-le-Cœur, , 39 p. (OCLC 462628779, BNF 35179101).
  • (en) Alexandra Kollontai (trad. du russe par Salvator Attansio), The Autobiography of a Sexually Emancipated Communist Woman, Herder and Herder, (lire en ligne).
  • (de) Alexandra Kollontaj (postface Iring Fetscher), Autobiographie einer sexuell emanzipierten Kommunistin, Munich, Rogner & Bernhard, .
  • (it) Aleksandra Kollontaj (postface Iring Fetscher), Autobiografia, Milan, Feltrinelli, .

Autres œuvres d'Alexandra Kollontaï

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  • L'Opposition ouvrière (trad. de Pierre Pascal, introduction de Jean-Marie Gélinet, postface d’Astrid Valh), Paris, Éditions du Seuil, 1974.
  • Ma vie, ses buts et ses mérites (trad. du russe par Christine Fauré, Nicolas Lazarevitch), in Mémoires de femmes (sous la direction de Louis Constant), mémoire du peuple, Paris, François Maspéro, 1979 (réédition numérique chez La Découverte)
  • Marxisme et révolution sexuelle (textes choisis et présentés par Judith Stora-Sandor, traduits par Claude Ligny), Paris, F. Maspero, 1973 ; Paris, La Découverte, 2001.
  • L'amour libre (trad. Arthur Hugonnot, préf. Sophie Cœuré), Forcalquier, Éditions Les Prouesses, 2022 (ISBN 978-2-493324-03-0).

Études portant sur elle (totalement ou en partie)

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  • Hélène Carrère d'Encausse, Alexandra Kollontaï : La Walkyrie de la Révolution, Paris, Fayard, , 295 p..
  • Arkadi Vaksberg, Alexandra Kollontaï, Paris, Fayard, 1996, 528 p.
  • Patricia Latour (textes choisis et présentés par), Alexandra Kollontaï, le féminisme, la révolution, l'amour et la liberté, Le Temps des cerises, 2017, 338 p.
  • Andreï Kozovoï, Égéries rouges. Douze femmes qui ont fait la révolution russe, Paris, Perrin, 2023, 288 p.
  • Jean-Jacques Marie, Les Femmes dans la révolution russe, Paris, Seuil, 2017, 384 p.
  • Georges Duby et Michelle Perrot, Histoire des femmes en Occident. 5. Le XXe siècle, Paris, Plon, 1992 (ISBN 2-259-02386-X)
  • Olga Bronnikova, Matthieu Renault, Kollontaï : Défaire la famille, refaire l'amour, Paris, La Fabrique, 2024, 296 p.

Articles à son propos

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Articles connexes

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