Anti-écologisme — Wikipédia

L'anti-écologisme (ou anti-environnementalisme) est une tendance libérale qui, sans avoir une volonté de nuire à l'environnement[1], s'oppose aux politiques prônant une réglementation environnementale stricte. Elle repose notamment sur une volonté de convaincre le public que ces politiques ont un impact négatif sur la société[2] ou du moins de diminuer leur préoccupation sur les questions environnementales[source insuffisante], et de persuader les politiciens de ne pas augmenter les réglementations environnementales[2]. La préoccupation essentielle des tenants de cette mouvance est la crainte de la décroissance[réf. souhaitée].

Certains tenants de cette doctrine considèrent que les humains n'ont pas besoin d'interférer avec les processus naturels de la Terre (notamment parce qu'ils soutiennent que les écosystèmes ne sont pas aussi fragiles que prétendu par les écologistes, et qu'ils peuvent se restaurer naturellement) et que, par conséquent, aucune réglementation environnementale n'est nécessaire[3].

Anti-écologisme au XXIe siècle

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Stephen Harper, premier ministre canadien de 2006 à 2015 critique l'ancienne politique environnementale du Canada pour les restrictions élevées qu'elle imposait à l'industrie, alors qu'il cherchait à industrialiser le pays. En mai 2011, Harper et le Parti conservateur du Canada remportent les élections fédérales canadiennes avec un gouvernement majoritaire, ce qui leur permet d'apporter des changements significatifs à la politique environnementale du Canada. Un projet de loi est adopté en mai 2012, intitulé « Loi sur l'emploi, la croissance et la prospérité à long terme (en) »[4]. Le gouvernement Harper s'est concentré sur la croissance économique, comme l'industrie pétrolière en Alberta. Le nord de l'Alberta possède du pétrole dans ses sables bitumineux et son extraction est considérée par les écologistes comme une destruction de l'environnement et une source d'émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement Harper s'est concentré sur l'expansion de l'économie au détriment des intérêts écologiques[5].

En 2013 les groupes environnementaux sont jugés « extrémistes » par le gouvernement Harper, qui les a inscrits sur la liste de la stratégie antiterroriste en tant que menace pour la sécurité nationale[4]. Dans les années qui suivent, l'administration Harper fait en sorte qu'il soit difficile pour les groupes environnementaux basés à l'étranger d'entraver la croissance économique du Canada, et les organismes de bienfaisance environnementaux font l'objet d'audits fréquents de la part du gouvernement fédéral, entrainant une baisse de leur productivité et le risque de perdre leur statut d'organisme de bienfaisance[6].

Le gouvernement de Harper, bien qu'il se soit engagé à réduire les émissions à long terme, a désapprouvé la limitation des émissions de pétrole et de gaz à mesure que le prix du pétrole augmentait[7], en cohérence avec la décision de Harper de retirer le Canada du Protocole de Kyoto en 2011[6] La principale raison invoquée par Harper était que le Canada ne parvenait pas à atteindre les objectifs du protocole[6].

États-Unis

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Avec l'arrivée de l'administration de Donald Trump au pouvoir de 2017 en 2021, celui-ci a ouvertement fait part de son intention de modifier ou de se retirer complètement de nombreux accords sur le changement climatique et l'environnement auxquels les États-Unis participent, comme l'Accord de Paris[8]. Trump a déclaré que « l'accord de Paris sapera l'économie (des États-Unis) “ et ” placera (les États-Unis) dans une situation désavantageuse permanente »[9]. L'administration de Trump a également demandé à l'Agence de protection de l'environnement de supprimer la page sur le changement climatique de son site internet[10].

La journaliste Élisabeth Schneiter, dans une tribune de Reporterre, souligne l'importance des pensées de Luc Ferry sur l'anti-écologisme en France, en induisant suspicions sur les réflexions sur la nature s'opposant à sa vision[11]. Celui-ci dénonce une « écologie de la peur » et défend la croissance face aux marchés chinois ou indiens[11]. Élisabeth Schneiter condamne également l'initiative de « l’anti écologiste notoire » Claude Allègre, de créer en 2010 la "fondation pour l'écologie productive" avec Alstom (alors impliquée dans les centrales thermiques, Limagrain (agroalimentaire spécialisée dans les OGM), PSA Peugeot et Schlumberger (entreprise pétrolière)[11]. Le professeur en science politique, Patrick Troude-Chastenet, parle lui d'écolophobie et en critique la position idéologique[12] et le chercheur Daniel Boy considère qu'il s'agit « d'un vieux réflexe » français[13].

Si l'extrême-droite française, en particulier le Rassemblement national est souvent décrite comme incompatible avec l'écologie[14],[15], voire anti-écologique[16],[17], la droite Républicaine de Laurent Wauquiez bénéfice aussi des mêmes qualificatifs de la part des journalistes[18]. Selon sociologue et politicologue, Erwan Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite, ces discours politiques se veulent un rapprochement vers la ruralité et « contre les écolos des villes », en particulier sur les questions agricoles[19].

Pour les partis écologistes, la progressions des idées anti-écologistes provient des discours culpabilisants rejetant sur leurs partis la hausse du chomage ou la crise agricole[20].

En 2020, divers acteurs du monde associatif et chercheurs regroupés au sein d'un observatoire des libertés associatives publient un rapport listant les entraves (disqualification, entraves matérielles, judiciaires ou administratives, policières ou physiques) à leurs activités[21], en particulier dans le domaine environnemental[22]. Les parlementaires LREM précisent ne pas partager la situation « d’une oppression ou d’un manque de liberté associative », contrairement aux parlementaires de gauche[22]. Le philosophe Philippe Descola dénonce de son côté une « répression de l’appareil de l’État » contre les mouvements écologistes militants et altermondialistes[23]. Les gouvernements du premier quinquennat d'Emmanuel Macron sont fortement critiqués par les associations de conservation de la nature pour le manque d'actions en faveur de l'environnement, en fort décalage avec leurs annonces et discours. Lors de sa démission en 2018, le ministre de l'environnement Nicolas Hulot, dénonce la présence importante des lobby[24]. En lien avec la crise agricole qui secoue le pays au début de l'année 2024, une quarantaine d'attaques contre le personnel et les locaux de l'Office français de la biodiversité ont été comptabilisés [25].

Fin 2024 près de 50 plaintes ont été déposées par des agents de l'Office français de la biodiversité pour des actes d'intimidations, dont le sabotage d'un véhicule personnel du chef du service départemental de Tarn-et-Garonne[26].

Au sujet de l'agriculture

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Au début des années 2020, la journaliste Morgan Large[27], tout comme la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier[28], subissent des intimidations de la part d'acteurs du secteur agricole soutenant une agriculture intensive[29]. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique souligne la forte présence des lobby du secteur agricole, avec une prédominance de la FNSEA[30] (prônant une augmentation de la production, un refus de l'interdiction de certains pesticides, etc[31]), qui serait presque dans une situation de « cogestion avec le ministère de l'agriculture »[32]. Selon le journal le Monde, l'agro-industrie, en Bretagne en particulier, fait peser des « pressions, intimidations, entraves, harcèlement, sabotages, etc. » sur les agriculteurs qui souhaitent travailler hors de ce cadre[33].

Suite aux heurts avec le monde agricole début 2024, le gouvernement Attal place l'Office français de la biodiversité sous tutelle, selon le journal Médiapart, en réponse aux demandes de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles[34].

Selon sociologue et politicologue, Erwan Lecoeur, « le monde agricole est plutôt à droite, et dans une droite traditionnelle », en particulier sur les questions agricoles[19]. La montée de la coordination rurale dans les années 2022[19], anti-écolo[35], est associée à un rapprochement des partis d'extrême droite anti-Union européenne, anti-normes[19],[36]. Et selon le politologue Eddy Fougier, le Rassemblement national développe un « un anti-écologisme primaire » pour attirer des agriculteurs contrarié par les mesures limitant le stockage de l'eau et les mouvements d'oppositions liés[37].

Au sujet de la chasse

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Le président de la Fédération nationale des chasseurs considère que les élus souhaitant interdire la chasse le dimanche veulent régenter les vies des chasseurs et enlever leurs « libertés individuelles »[38]. Les associations de protection de la nature notent au début du XXIe siècle une augmentation de la violence envers leurs militants et les riverains anti-chasse de la part de chasseurs, avec un sentiment « que le sujet n’est pas très pris au sérieux par la justice »[39]. L'ancien ministre de l'environnement Nicolas Hulot dénonce la forte présence du lobbyiste pro-chasse Thierry Coste auprès d'Emmanuel Macron[24], qui était également proche de Nicolas Sarkozy et de François Hollande[24].

Pour le journal Charlie Hebdo considère l'équipe du président de la région des Hauts-de-France « passionnément anti-écologiste », et en forte promiscuité avec le monde de la chasse, suspectant un refus de subvention à une association ornithologique régionale[40].

Au sujet de la pêche

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À la suite d'une décision du Conseil d'État de fermer des zones de pêche pour limiter la prise accessoire de dauphins, des militants de l'association Sea Shepherd sont agressés par des pêcheurs[41]. En lien avec ce sujet, ainsi que le projet de plan d'action de la Commission européenne de limiter le chalutage dans les aires marines protégées, les locaux du site brestois de l'Office français de la biodiversité (dédié aux sujets marins) sont criblés de projectiles et incendiés[42],[43]. L'affaire est classée sans suites[26]. Le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, est accusé par ses opposants d'avoir fait peur inutilement aux professionnels du secteurs qui ont mené ces actions, en prétendant les défendre et en se présentant « en vainqueur » contre un texte qui n'avait de toute façon rien de contraignant[44].

Références

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  1. Yves-Marie Péréon, L’« anti-environnementalisme », nouveau thème des conservateurs américains, Ifri, , 37 p. (lire en ligne)
  2. a et b (en) Sharon Beder, « Anti-Environmentalism/ Green Backlash », dans John Barry et E. Gene Frankland (eds.), International Encyclopedia of Environmental Politics, Londres, Routledge, (lire en ligne)
  3. (en) Julian Baggini, The Big Questions: Ethics, Londres, Quercus Editions Ltd., , p. 122–130
  4. a et b MacNeil Robert, « Canadian Environmental Policy under Conservative Majority Rule », Environmental Politics, vol. 23,‎ , p. 174-178 (DOI 10. 1080/09644016.2013.854968, S2CID 154925495)
  5. Andrew Biro, « Perspectives environnementales au Canada », Environmental Politics, vol. 19, no 2,‎ , p. 303-309 (DOI 10. 1080/09644010903576934, Bibcode 2010EnvPo..19..303B, S2CID 153767253)
  6. a b et c Monte Hummel, « Environmental and Conservation Movements », dans The Canadian Encyclopedia] (lire en ligne) (consulté le )
  7. Josh Wingrove, « Support for Harper's Environmental Record Increasing, Poll Shows », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Justin Worland, « Donald Trump's Victory Could Mean Disaster for the Planet », Time,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Barnini Chakraborty, « Accord de Paris sur le changement climatique : US withdraws as Trump calls it 'unfair' », Fox News,‎ (lire en ligne)
  10. Valerie Volcovici, « Donald Trump's Administration Orders EPA to Pull Climate Change Page Off Website », Global News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. a b et c Élisabeth Schneiter, Luc Ferry ressasse l’anti-écologisme, reporterre.net, 19 novembre 2011
  12. https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2023-1-page-129.html
  13. https://www.20minutes.fr/politique/1256543-20131128-20131128-crise-europe-ecologie-les-verts-quatre-points
  14. https://www.actu-environnement.com/ae/news/rassemblement-national-incompatible-ecologie-44369.php4
  15. https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/28/le-rn-et-l-ecologie-sont-incompatibles_6245018_3232.html
  16. https://www.alternatives-economiques.fr/rn-lecologie-vernis-local-une-profonde-regression/00111538
  17. https://www.humanite.fr/environnement/ecologie/climat-lanti-ecologisme-ligne-de-conduite-du-rn-au-parlement-europeen
  18. https://atlantico.fr/article/decryptage/comment-lutter-contre-la-pression-des-ecologistes-sans-affaiblir-la-protection-de-l-environnement-petites-questions-sur-la-methode-wauquiez-carl-enckell-fabien-bougle
  19. a b c et d https://www.francetvinfo.fr/economie/crise/blocus-des-agriculteurs/colere-des-agriculteurs-marine-le-pen-essaie-de-se-positionner-comme-anti-ecologiste-et-proche-de-la-ruralite-contre-l-es-ecolos-des-villes-analyse-un-sociologue_6393589.html
  20. https://www.sudouest.fr/international/europe/election-europeenne-pour-marie-toussaint-le-discours-anti-ecologiste-finit-par-s-imprimer-dans-la-tete-des-citoyens-19546674.php
  21. « Observatoire des libertés associatives - L.A. Coalition », sur www.lacoalition.fr (consulté le )
  22. a et b Reporterre, « Poursuites judiciaires, intimidations… le gouvernement harcèle les associations écolos », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
  23. Reporterre, « Philippe Descola : « Darmanin fait de la vieille politique au service du vieux monde » », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
  24. a b et c « La démission de Nicolas Hulot : « Je ne veux plus me mentir » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/depuis-le-debut-de-la-crise-agricole-une-quarantaine-d-attaques-ont-vise-les-agents-et-les-locaux-de-l-ofb-2301378.html
  26. a et b https://www.lecanardenchaine.fr/environnement/49101-priere-de-la-fermer
  27. Ludovic Séré, « La voiture de la journaliste Morgan Large à nouveau sabotée : «Un mode d’action de plus en plus décomplexé» », sur Libération (consulté le )
  28. Andy Smith, « Derrière les menaces à Marine Tondelier, l’inquiétante radicalisation des agriculteurs irrigants », sur Libération (consulté le )
  29. Reporterre, « Passages à tabac, intimidations... Les écologistes pris pour cible », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
  30. Ivan Logvenoff, « DÉCRYPTAGE. Quelle est l’importance des lobbies agricoles en France ? », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  31. « « Le lobby agricole s’arc-boute sur le vieux monde » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Lobbying et agriculture : qui sont les acteurs les plus influents | Agra Presse », sur www.agra.fr (consulté le )
  33. « Dans les champs bretons, l’industrie agroalimentaire et la culture de la peur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/020224/ecologie-surfant-sur-la-crise-agricole-la-fnsea-fait-feu-sur-les-organes-de-controle
  35. https://www.mediapart.fr/journal/politique/280124/anti-ecolo-anti-fnsea-la-coordination-rurale-le-syndicat-qui-attise-la-colere-agricole
  36. https://fr.boell.org/fr/2024/05/27/la-france-du-periurbain-et-des-ruralites-est-elle-forcement-anti-ecologiste
  37. https://www.lafranceagricole.fr/syndicats/article/843743/il-y-a-tous-les-elements-pour-une-vague-le-pen-dans-une-partie-du-monde-agricole
  38. « Le président de la Fédération nationale des chasseurs trouve "extrêmement choquant" de vouloir interdire la chasse le dimanche », sur Franceinfo, (consulté le )
  39. Reporterre, « Intimidations, agressions… Quand les chasseurs font leur loi », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
  40. https://charliehebdo.fr/2021/07/politique/xavier-bertrand-roi-boeufs-chasseurs/
  41. « Des militants de Sea Shepherd agressés par un groupe de pêcheurs en Vendée », sur France 3 Pays de la Loire (consulté le )
  42. « Brest - Incendie de l’OFB à Brest : « Une erreur de casting » pour les conseillers départementaux écologistes brestois », sur Le Telegramme, (consulté le )
  43. Frédérique Guiziou, « Ce que l’on sait après l’incendie qui a ravagé l’immeuble de l’OFB à Brest », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  44. « Chalutage dans les aires marines protégées : l’attitude du gouvernement français crée une polémique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )