Aryen d'honneur — Wikipédia

Des jeunes Japonaises montent un spectacle pour les jeunesses hitlériennes en .

Aryen (ou Aryenne) d'honneur (ou honoraire) (en allemand : Ehrenarier) est une expression du langage courant, sans existence officielle, employée dans l'Allemagne nazie pour désigner des Mischlinge (c'est-à-dire des personnes ayant une ascendance juive) qui, en raison de leur position ou de leur mérite au sein du Troisième Reich, étaient considérés comme aryens. Ils étaient ainsi épargnés des discriminations antisémites prévues dans les lois de Nuremberg.

L'expression a également existé dans plusieurs pays sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment la Yougoslavie et la France.

Les « Aryens d'honneur » n'avaient pas besoin de dérogation pour obtenir une amélioration de leur statut[1].

Pendant l'occupation allemande de la Yougoslavie, Ante Pavelić, chef de l'État indépendant de Croatie, crée dans son pays un statut d'Aryen d'honneur dont bénéficient diverses personnalités bien vues par son régime (parmi lesquels sa propre épouse)[2].

Dans le protectorat de Bohême-Moravie, le gouvernement avait prévu en dans son projet sur le statut juridique des Juifs d’exempter des Juifs de certaines restrictions en raison de mérites individuels et de les déclarer « Aryens d'honneur ». Cependant, le protecteur du Reich Konstantin von Neurath refusa cette proposition[3].

Personnes à qui le qualificatif a été attribué

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Ce qualificatif a été attribué à :

Dans la France occupée, l'expression ne figure pas explicitement dans le statut des Juifs mais il se peut qu'elle ait été appliquée aux bénéficiaires de l'article 8[réf. nécessaire], qui prévoyait que « par décret individuel pris en Conseil d'État et dûment motivé, les juifs qui, dans les domaines littéraire, scientifique, artistique, ont rendu des services exceptionnels à l'État français, pourront être relevés des interdictions prévues par la présente loi. Ces décrets et les motifs qui les justifient seront publiés au Journal officiel »[6] voire à des personnes juives ayant bénéficié d'une application souple de ce statut.

Le philosophe Henri Bergson fit l'objet de multiples interventions pour être dispensé du recensement qui allait conduire les Juifs à porter l'étoile jaune. Malgré cela, il se présenta au commissariat de police pour se faire enregistrer[7]. Le qualificatif lui est quelquefois appliqué[8].

Le philosophe Vladimir Jankélévitch l'a refusé[9].

L'historien Pascal Ory a qualifié d'« Aryen d'honneur », en utilisant des guillemets, Joseph Joanovici, dit « Joano le Ferrailleur », qui amassa une immense fortune en revendant les biens confisqués aux Juifs[10].

Lisette de Brinon aurait également été qualifiée ainsi[11].

L'entrepreneur de travaux publics Georges Haymann a reçu des Allemands un laissez-passer en 1940 qui indique : « Les papiers de Haymann, Georges, Marius ont été examinés par la Kommandantur. Il n'est pas soldat et peut vaquer à sa profession civile. Sa voiture Peugeot porte le no 24247 - L.P. 2 »[12]. Afin de le garder, les Allemands lui donnent le titre d'« Aryen d'honneur » en exigeant de lui qu'il reste à Nevers afin de travailler à la reconstruction des ponts et passerelles bombardés sur la Loire. En , Haymann abandonne ce statut pour entrer dans la clandestinité[12].

Bibliographie

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  • (de) Wilhelm Stuckart et Hans Globke, Kommentare zur deutschen Rassengesetzgebung, t. 1, Munich et Berlin, .
  • (de) Gerhard Fieberg, Im Namen des deutschen Volkes : Justiz und Nationalsozialismus (catalogue de l'exposition du Bundesministerium der Justiz à Karlsruhe en ), Cologne, Verlag Wissenschaft und Politik, , 461 p. (ISBN 3-8046-8731-8), tableaux de la p. 115.
  • (de) Maria von der Heydt, « „Wer fährt denn gerne mit dem Judenstern in der Straßenbahn?“ : Die Ambivalenz des „geltungsjüdischen“ Alltags zwischen und  », dans Doris Bergen (dir.), Andrea Löw (dir.) et Anna Hájková (dir.), Alltag im Holocaust : Jüdisches Leben im Großdeutschen Reich , Munich, Oldenbourg, coll. « Schriftenreihe der Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte » (no 106), , VI-265 p. (ISBN 978-3-486-70948-3 et 978-3-486-73567-3), p. 65–79 [lire sur Google Livres] [lire sur Academia].
  • Henri de Montfort, « Le premier Aryen d'honneur créé par Hitler », Ici Paris, vol. 5, no 20,‎ , p. 3 (lire en ligne).

Notes et références

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  1. (de) « Den Begriff „Ehrenarier" gab es offiziell nicht, nur in der Umgangssprache. Er bedeutete wohl, daß ein jüdischer Mischling auf Grund seiner Stellung und Verdienste im Reich wie ein Arier angesehen wurde und keinerlei Anstalten machen mußte, eine Besserstellung oder Gleichstellung durch Hitler zu erreichen. » in John Steiner et Jobst Freiherr von Cornberg, « Willkür in der Willkür : Befreiungen von den antisemitischen Nürnberger Gesetzen », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 46, no 2,‎ , p. 143–187 (162) (JSTOR 30185607, lire en ligne).
  2. Laurence Rees (trad. de l'anglais par Christophe Jaquet), Holocauste : Une nouvelle histoire [« The Holocaust: A New History »], Paris, Albin Michel, , 634 p. (ISBN 978-2-226-39611-2 et 978-2-226-42703-8), p. 301–302 [lire en ligne].
  3. (de) Andrea Löw (dir.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland (Quellensammlung), vol. 3 : Deutsches Reich und Protektorat Böhmen und Mähren, September 1939 – September 1941, Munich, Oldenbourg, , 796 p. (ISBN 978-3-486-58524-7 et 978-3-486-71666-5), « Einleitung », p. 24 [lire en ligne] et dokument no 296.
  4. Roger Faligot et Rémi Kauffer, Le Croissant et la croix gammée : les secrets de l'alliance entre l'Islam et le nazisme d'Hitler à nos jours, Paris, Albin Michel, , 308 p. (ISBN 2-226-03955-4), p. 19–33, 40–47, 172–179.
  5. François Clarac et Jean-Pierre Ternaux, « Les prix Nobel », dans Encyclopédie historique des neurosciences : Du neurone à l'émergence de la pensée, Bruxelles, De Boeck, coll. « Neurosciences & Cognition », , XXIV-1009 p. (ISBN 978-2-8041-5898-9, 978-2-8041-7869-7 et 978-2-8073-4591-1, DOI 10.3917/dbu.clara.2008.01), p. 963–969 [lire en ligne (page consultée le 9 juillet 2023)].
  6. Loi du portant statut des juifs. Journal officiel de la République française, no 266, , p. 5323, sur Gallica [lire sur Wikisource].
  7. Léon Poliakov, L'Étoile jaune, Paris, Grancher, (1re éd. 1949), 197 p. (ISBN 2-7339-0642-9), p. 54 [lire en ligne].
  8. Frédéric Worms (interviewé), Florent Guénard (intervieweur) et Thierry Pech (intervieweur), « Actualités de Bergson », La Vie des idées,  ; dans le cadre de la publication aux Presses universitaires de France de la nouvelle édition critique des œuvres complètes de Bergson, dirigée par Frédéric Worms.
  9. Michel Onfray, « La première vie de Jankélévitch », Contre-histoire de la philosophie - La résistance au nihilisme, sur radiofrance.fr, France Culture, .
  10. Pascal Ory, « Joano le Ferrailleur », L'Histoire, no 341,‎ (lire en ligne Accès payant).
  11. Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Paris, Gallimard, , 288 p. (ISBN 2-07-074554-6), p. 269–270.
  12. a et b « Autorisation de circuler, Nevers, Nièvre, France, 1940.07.27 », inv. 2003.07.004, sur mahj.org, Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, (consulté le ).

Articles connexes

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