Bahira — Wikipédia
Activité |
---|
Bahira[1] (arabe : بَحِيرَى), parfois aussi appelé Serge[2], est un moine chrétien arabe ou syriaque qui aurait, selon les traditions musulmanes reconnu le rôle prophétique de Mahomet. Son nom vient de bekhira, l'« élu » en araméen[3].
Sa figure est utilisée, dans le sens contraire, par les musulmans et par les chrétiens dans leurs apologétiques.
Dans la tradition islamique
[modifier | modifier le code]Récit traditionnel
[modifier | modifier le code]D'après la tradition musulmane, alors que Mahomet était enfant (entre 9 et 12 ans selon les versions), celui-ci aurait accompagné son oncle Abû Tâlib[4] en Syrie à Bosra dans un trajet caravanier mecquois à des fins commerciales. À Bosra, le campement des voyageurs aurait été près de l'ermitage de Bahira[3]. Lorsque la caravane passa devant lui, il invita tous les commerçants à un repas. Ils acceptèrent l'invitation, mis à part Mahomet qui devait garder les chameaux mais Bahira insista pour qu'il se joigne à eux[5].
Après que celui-ci eut été cherché, Bahira le questionna et aurait découvert la « marque du prophète » entre les deux omoplates de Mahomet[3]. Bahira aurait reconnu cette marque, dite « Sceau de la prophétie », à partir de descriptions présentes dans des manuscrits anciens. Ceux-ci aurait évoqué la venue d'un nouveau prophète reconnaissable à certains signes, comme un nuage qui suivait Mahomet, lui faisant ombrage pendant toute la durée de la journée[3].
Selon Ibn Ishaq, Abou Taleb serait alors rapidement rentré à La Mecque. Selon d'autres récits comme At-Tirmidhî, Bahira aurait présenté Mahomet à tous les Quraychites présents comme étant un prophète et leur aurait décrit les signes[3]. Une tradition rapportée par Ibn Ishaq évoque une seconde rencontre de Mahomet avec un moine en Syrie avant son mariage avec Khadija, sans que le nom de celui-ci ne soit explicité[3].
Analyse
[modifier | modifier le code]La plus ancienne version de ce récit est celle d'Ibn Ishaq, mise par écrit par Ibn Hichâm au IXe siècle. Plusieurs recensions, comme celles de Ibn Sa'd al-Baghdadi et de Tabari, sont connues. Elles différent par des détails[3],[4]. Pour les auteurs musulmans, ce récit de la rencontre avec Bahira s'inscrit dans une série d'évènements qui se seraient passés pendant l'enfance de Mahomet et qui annonceraient sa mission prophétique et l'authenticité de sa mission. Cet épisode possède une place particulière dans le récit de la sîra, puisqu'il clôt le récit de l'enfance de Mahomet[3].
Au-delà de son rôle explicatif vis-à-vis des autres récits de l'enfance, cet épisode met en avant deux caractères importants pour l'apologétique musulmane : l'idée d'une annonce de la venue de Mahomet par Jésus et la doctrine de la falsification des écritures[6], qui aurait fait disparaitre le nom de Mahomet de celles-ci[3].
Si cette figure est reconnue comme historique par les historiens musulmans du IXe siècle, des objections ont été soulevées[4] et différents auteurs questionnent cette historicité[7]. Ainsi, on peut voir dans l'âge de Mahomet une possible influence de la vie de Jésus, 12 ans étant aussi l'âge du premier évènement d'ordre surnaturel, sa discussion avec les docteurs[4]. Pour Nöldeke, l'histoire de Bahira est une légende[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bahira » (voir la liste des auteurs).
Références
[modifier | modifier le code]- Il peut être orthographié ainsi: Baʿhîrâ (Chronique de Tabari, traduction de Zotenberg) page 244.
- Bignami Odier J. Levi Della Vida. Une version latine de l'Apocalypse syro-arabe de Serge-Bahira. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 62, 1950. pp. 125-148.
- C.A., "Bahira", Dictionnaire du Coran, Mohammad Ali Amir Moezzi, Paris, éditions Robert Laffont (2007), (ISBN 978-2-221-09956-8), extrait du livre, présentation du livre p. 105 et suiv.
- Abel, A. "Baḥīrā". Encyclopædia of Islam. Brill. Brill Online, 2007
- William Montgomery Watt, Muhammad: Prophet and Statesman', p. 1. Oxford University Press (1964).
- David Nirenberg : Antijudaïsme : Un pilier de la pensée occidentale, p 239, 2023, Éd. Labor et Fides, (ISBN 978-2830917994)
- Muntasir F. al-Hamad, John F. Healey, "Late Antique Near Eastern Context: Some Social and Religious aspects", The Oxford Handbook of Qur'anic Studies, 2020, p. 83
- "Waraka b. Nawfal", Encyclopedia of islam, vol 11, p. 143.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Carra de Vaux, La légende de Bahira, Revue de l'Orient chrétien, 1897, p. 439-454
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Dictionnaire du Coran, directeur de publication Mohammad Ali Amir-Moezzi, Paris, éditions Robert Laffont (2007), (ISBN 978-2-221-09956-8), extrait du livre, présentation du livre
- (en) Richard Gotthiel, A christian Bahira legend, en pdf.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]