Barbe d'Héliopolis — Wikipédia

Barbe
Image illustrative de l’article Barbe d'Héliopolis
Sainte Barbe, par Giusto di Alemagna, 1430
Sainte auxiliatrice, mégalomartyre
Naissance v. 285 ?
Héliopolis près d'Euchaïte, dans le Diospont/Hélénopont (Asie Mineure)
Décès v. 305 ? 
Gérasion/Gérasios près d'Euchaïte ou bien Nicomédie (aujourd'hui Izmit en Turquie)
Vénérée à Cathédrale de Rieti, Cathédrale Saint-Vladimir (Kiev)
Vénérée par Église catholique (avant 1969), Église orthodoxe
Fête 4 décembre
Attributs Tour, palme du martyre, ciboire surmonté d'une hostie.
Sainte patronne Paternò en Italie, architectes, géologues, pompiers, mineurs, ingénieurs des mines, artilleurs, sapeurs, canonniers, artificiers, salpêtriers, chimistes, démineurs, génie militaire, artillerie, mathématiciens, pétroliers

Barbara (en grec ancien et en latin) ou Barbe en français (anciennement Barbare)[1] est une sainte supposée avoir subi le martyre au début du IVe siècle, durant la Grande persécution, soit dans la région d'Euchaita, soit (tradition plus récente et bien diffusée en Occident) à Nicomédie. Elle est depuis toujours fêtée le 4 décembre par l'Église catholique (même si sa fête a été supprimée du calendrier liturgique romain depuis la réforme de 1969) et par les Églises orthodoxes. Ces dernières ont donné à la sainte le titre de mégalomartyre[2],[3]. En Occident, Barbe fait partie du collège des quatorze saints auxiliateurs, défini au XIVe siècle.

Figure dépourvue d'historicité, absente de toutes les sources documentaires de l'Antiquité tardive et reléguée par l'hagiologie moderne dans la catégorie des fictions romanesques ou des héroïnes de contes à substrat mythologique[4], Barbara n'en fut pas moins largement vénérée, surtout à partir du VIIIe siècle, tant en Orient qu'en Occident. Bien que les martyrologes et les calendriers anciens (par exemple le Martyrologe Syriaque de 411) ne parlent pas d'elle, Barbara fut vraisemblablement l'objet d'un culte local, peut-être dès la fin du IVe siècle, dans la région d'Euchaita[5], du moins si l'on en croit la Vie et Passion grecque BHG 213 qui mentionne, en rapport avec l'histoire de la sainte, plusieurs lieux vénérés et même un pèlerinage.

Barbara devint en tout cas la protagoniste d'une pieuse légende grecque — traduite ensuite en latin (BHL 913-915 etc.), en syriaque (BHO 133-134) et en arménien (BHO 132) —, dont la forme la plus ancienne (précisément BHG 213) pourrait remonter au commencement du Ve siècle[6]. Ce conte semble bien avoir pour modèle le roman grec postbiblique Joseph et Aséneth (BHG 177)[7], peut-être par l'intermédiaire de la Vie et Passion de sainte Christine de Tyr (BHG 302)[8]. Cette reconstitution très plausible succède, sans peut-être l'oblitérer totalement, à une interprétation beaucoup plus ancienne, proposée déjà par le Bollandiste Daniel Papebroch (que suivit son confrère Hippolyte Delehaye)[9] et amplement développée en 1892 par Albrecht Wirth dans un essai intitulé Danaé dans les légendes chrétiennes[10] : sainte Barbara (ainsi que sainte Christine de Tyr et sainte Irène alias Pénélope [BHG 953]) seraient des avatars chrétiens de la Danaé mythologique, cette princesse argienne enfermée dans une chambre souterraine (ou une tour) en bronze par son père le roi Acrisios[11].

À l'histoire de sa vie et de son martyre, s'ajoutèrent au fil du temps celle des translations de ses reliques et celle de ses miracles posthumes, l'une et l'autre très riches. Au Moyen Âge, l'Église soucieuse d'instruire et d'édifier le peuple chrétien, s'adresse non plus seulement à l'esprit, mais aux yeux et à l'oreille. Toute une iconographie de la sainte se développa donc dans les arts les plus divers, et la représentation des mystères mit en scène la vie de sainte Barbe d'une manière plus sensible et plus accessible. La Contre-Réforme s'efforça d'assagir une légende débridée mais utile au salut des pécheurs qui imploraient l'intercession de la sainte au moment de leur mort. Dès lors, on ne représenta plus que les scènes de son martyre, seules capables d'inspirer la foi[12].

Le récit hagiographique

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Selon l'état le plus ancien de sa légende, unique source antique la concernant, Barbara aurait vécu près d'Euchaita ou Euchaïte, dans le Diospont appelé plus tard Hélénopont (province du nord-est de l'Asie Mineure), et aurait été martyrisée fort jeune au temps de l'empereur Maximien.

Voici le résumé de la légende primitive, représentée par la Vie et Passion grecque BHG 213 (début du Ve siècle ?)[13]. Sous le règne de Maximien[14], alors que Marcien est gouverneur, éclate une grande persécution contre les chrétiens. Dans la chôra orientale (non localisée et peut-être imaginaire) d'Héliopolis[15] — à ne pas confondre avec Héliopolis-Baalbek, en Coelé-Syrie, aujourd'hui au Liban —, dans une bourgade appelée Gélasion ou Gélasios, à douze stades (soit 22, 2 km)[16] d'Euchaita, vivait un très riche païen du nom de Dioscore (Διόσκορος). Celui-ci a pour enfant unique Barbara (Βαρβάρα), jeune fille d'une beauté extraordinaire. Il fait bâtir une tour pour y mettre sa fille à l'abri des regards. Des prétendants s'étant, malgré tout, déclarés, Dioscore interroge Barbara sur ses intentions : elle répond qu'elle préfère la mort au mariage. Puis le père part pour un long voyage. Barbara fait percer une troisième fenêtre dans son appartement de la tour et laisse dans le marbre d'une piscine l'empreinte de la sainte Croix et de son pied, encore visible aujourd'hui. Elle crache sur les idoles paternelles. Dioscore enfin revient de voyage, demande à sa fille pourquoi elle a fait faire une troisième fenêtre : elle lui répond que celle-ci représente la troisième personne de la Trinité, et qu'elle est chrétienne. Furieux, le père saisit son épée pour l'égorger ; mais aussitôt la roche s'ouvre, l'accueille et se referme. Dioscore se lance à sa recherche dans la montagne. Deux bergers l'ont vue passer : l'un des deux indique sa cachette. Ses moutons se changent alors en scarabées (ceux qu'on voit autour des saintes reliques), et lui-même devient un rocher bien connu des pèlerins. Dioscore trouve sa fille, la fouette violemment et, la saisissant par les cheveux, la traîne vers la plaine. Il l'enferme dans une cellule sous bonne garde et avise le gouverneur Marcien, lequel ordonne qu'on lui amène la jeune fille. Le père, accompagné du greffier Géronce, la livre à Marcien et réclame les plus grands supplices. Barbara répond avec fermeté aux questions du gouverneur et vitupère le culte des idoles. Elle est déshabillée, rouée de coups et jetée en prison. Le Seigneur lui apparaît au milieu de la nuit, la réconforte, referme ses plaies et lui rend sa beauté. Le lendemain, à la vue de ce miracle, la pieuse Julienne, qui l'avait accompagnée, demande à partager son sort. Barbara et Julienne sont torturées ; on leur coupe les seins. Julienne est décapitée, et Barbara est promenée nue dans tout le pays, mais en vain, puisque Dieu la couvre d'une robe blanche envoyée du ciel. Barbara parvient à Gélasion, où le juge charge Dioscore d'exécuter la sentence capitale. Le père et la fille gagnent la montagne. Barbara prie ; Jésus lui répond et lui annonce ses miracles posthumes. Enfin son père lui tranche le cou. Il périt bientôt à son tour, consumé par le feu du ciel avec Marcien, sans laisser la moindre cendre.

Débuts du culte en aire grecque (IVe siècle-xie siècle)

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Les premiers temps du culte rendu à Barbara dans le monde grec sont passablement obscurs sur tous les plans : localisation du berceau, période et forme. Des trois toponymes Héliopolis, Gelasion (ou Gelasios ?) et Euchaita, seul le troisième, nous l'avons dit, est clair et situe les faits dans l'Hélénopont, au nord-est de l'Asie Mineure. C'est là que le culte prit naissance et que fut, certainement, édifié le martyrium auquel le texte primitif fait vaguement allusion (mention des saintes reliques)[17]. La Passion BHG 213 mentionne également des realia (lieux, sites ou curiosités : plaque de marbre marquée d'une croix, anfractuosité, rocher) liés à l'histoire de la sainte et suggérant un parcours cultuel et des lieux de vénération, bref un pèlerinage[18].

Dater la Passion BHG 213 n'est pas aisé : si l'on suit la datation haute (« vers 400 ») proposée par M. Van Esbroeck[19], il faut alors supposer que le culte et le pèlerinage se sont établis dans un laps de temps assez court, environ dans les trois quarts de siècle qui suivirent le décès d'une hypothétique et obscure martyre de la Grande persécution pour laquelle on aurait fabriqué une belle légende. Cela certes n'a rien d'impossible. Mais il faut noter que la fin de cette période de gestation coïncide avec le développement spectaculaire d'un autre culte dans le même secteur, celui de Théodore le Conscrit (le dracontoctone) avec sa vaste basilique à Euchaita et son pèlerinage, l'un et l'autre attestés pendant de longs siècles par les auteurs byzantins[20].

Cette rude concurrence pourrait être la cause du déplacement du culte de Barbara vers l'ouest, dans deux grandes cités : Nicomédie et Constantinople. Dans la première, prestigieuse métropole de la Bithynie, la sainte en vint à passer pour une enfant du pays, ou du moins pour une martyre mise à mort dans la ville : cette modification de la légende primitive est observable dans les traductions latines (BHL 913, 914 etc.) de la Passion, et et l'on trouve quelques traces locales, mais très tardives (XVIIIe siècle), d'une tradition situant la tombe de la sainte dans cette ville[21]. Le culte de Barbara à Constantinople est un peu mieux documenté. Le Synaxaire de Sirmond (vers 960 ?) mentionne l'existence d'un martyrium de la sainte dans le quartier dit Ta Basiliskou (au sud de la ville et à l'ouest du palais impérial)[22] ; on se sait à peu près rien de cet édifice, sinon qu'il se trouvait non loin de la Porte Sainte-Barbe[23] (devenu Topkapı à l'époque ottomane)[24]. Le quartier de cette église et de cette porte aurait même été appelé « Barbara » (ἡ Βαρβάρα) selon le témoignage de Georges Pachymère[25].

Les empereurs byzantins vénéraient particulièrement ses reliques. Selon l'hagiographe dominicain Pierre Calo († 1348), c'est Justinien Ier († 565) qui fit transférer la sainte dépouille de Nicomédie à Constantinople[26]. L'Office romain de sainte Barbara publié sous le pontificat de Benoît XIV remplaça le nom de « Justinien » par celui de « Justin » (= Justin II, 565-578)[27]. Selon une tradition qui remonte au diplomate et archevêque vénitien Fantino Dandolo (1379-1459)[28], une partie de ces reliques constantinopolitaines, offerte par Basile II à sa parente Maria Argyropoulina pour son mariage avec le Vénitien Giovanni Orseolo, fils du doge Pietro Orseolo, fut emportée à Venise par les mariés en 1003 et déposée dans la basilique Saint-Marc[29]. Après la mort du couple, victime de la peste en 1007, Orso, évêque de Torcello, et l'abbesse du monastère Saint-Jean-l'Évangéliste de Torcello, respectivement frère et soeur de Giovanni Orseolo, auraient transféré ces reliques dans l'église du susdit monastère sur l'île de Torcello[30].

Une tradition ukrainienne qui ne remonte pas au-delà du XVIe siècle et dont Alexandre Kazhdan a montré la fragilité[31], veut que les reliques (entre autres) de sainte Barbe aient été apportées à Kiev pour le mariage de Vladimir II Monomaque avec une fille d'Alexis Ier Comnène qui aurait porté le nom de Barbara, et qui les aurait déposées au monastère de Saint-Michel-aux-Coupoles-d'Or[32] ; les reliques n'en sont pas moins visibles encore aujourd'hui à Kiev dans la cathédrale Saint-Vladimir.

En Cappadoce, une chapelle ou église Sainte-Barbe, de dédicace indubitable, existe encore dans la vallée de Soğanli et a été datée de 1006 ou 1021[33] ; une église Sainte-Barbe au décor aniconique se trouve également à Göreme (Κόραμα) et a été datée des environs de l'an 1100.

Sainte Barbe est généralement représentée en jeune fille, avec la palme du martyre ; elle peut porter une couronne et un livre. Une tour à trois fenêtres (en référence à son adoration de la Trinité) et un éclair constituent d'autres de ses attributs. Elle peut également porter une plume de paon, symbole d'éternité, ou fouler aux pieds son père, qui est aussi son persécuteur.

Sainte Barbe est aussi représentée avec un ciboire surmonté d'une hostie, un rocher qui s'entrouvre pour la mettre à l'abri et un canon[34].

Sainte Barbe est souvent associée à trois autres saintes ayant fait vœu de chasteté : Catherine d'Alexandrie, Marguerite d'Antioche et Geneviève de Paris. C'est le cas pour l'autel des Vierges de l'église Notre-Dame de Croaz Batz de Roscoff (Finistère), comportant une statue de sainte Barbe flanquée de celles de sainte Catherine et de sainte Geneviève.

Iconographie

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Sainte Barbe décapitée par Dioscore, par Jörg Ratgeb (1510), église Saint-Jean de Schwaigern.

Son iconographie illustre les scènes les plus populaires de sa tradition :

  • son emprisonnement par son père dans une tour ;
  • sa fuite à travers un rocher qui s’entrouvre pour lui laisser le passage ;
  • le châtiment du berger qui avait dénoncé sa retraite ;
  • son martyre.

Enluminures

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Une vignette du bréviaire d’Éléonore du Portugal (vers 1500-1510), œuvre du Maître de l'ancien livre de prières de Maximilien Ier, représente sainte Barbe assise, un livre ouvert sur ses genoux.

Icônes, peintures

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Peintures murales

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  • L’église romane de Savigny (Manche) a été enrichie au XIVe siècle d’un cycle de sainte Barbe sous forme de peintures murales occupant le plein des arcades du XIIe siècle.
  • L'histoire de sainte Barbe est peinte dans une des lunettes de la salle des saints des appartements Borgia, au Vatican. Cette fresque est de Pinturicchio (XVe siècle).
  • L'église Sainte-Catherine de Forêt-Village (commune de Trooz en Belgique) est ornée de peintures à la détrempe racontant le martyre de sainte Barbe (1540-1560 – école du Condroz).

Les statues de sainte Barbe sont nombreuses dans les églises et les chapelles :

  • statue de sainte Barbe dans l'église Saint-Pierre de Plouyé (Finistère) ;
  • Sainte Barbe de l'église Saint-Roch de Paris ;
  • Sainte Barbe, œuvre en pierre datée du XVIe siècle, chapelle nord de l’église Notre-Dame de Savigny (Manche) ;
  • statue de la sainte dans l'église de Pruillé-le-Chétif (Sarthe) datant du XVIIIe siècle ;
  • statue de la sainte avec sa tour, église de Ploudiry (Finistère) ;
  • statue de la sainte avec sa tour et tenant une palme, bois doré, 1re moitié du XVIIe siècle dans l'église Saint-Martin de Hermalle-sous-Huy ;
  • statue en pierre polychrome avec sa tour, palme du martyre et tenant de l'autre main deux livres, XVIe siècle, première chapelle dite « chapelle Sainte-Barbe » en entrant par le portail occidental de l'église Saint-Jean-Baptiste de Chaource ;
  • plusieurs sculptures dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon, datant du XVIe siècle ;
  • sculpture de la sainte avec sa tour dans le réfectoire baroque du Musée des Beaux-Arts de Lyon.
  • statue de sainte Barbe en plâtre dans l'église Notre-Dame et Saint-Étienne de Romorantin-Lanthenay avec sa tour et tenant une palme

Art contemporain

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Traditions liées à sainte Barbe

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Le culte de sainte Barbe, dont la fête est le 4 décembre, se popularise à partir du XIIIe siècle en Occident. Cette sainte micrasiatique est particulièrement honorée en Normandie et en Bretagne et dans les bassins miniers.

La mort de son père, foudroyé juste après l'avoir exécutée, explique que la sainte est associée à la foudre, et par extension au feu et aux explosions. D'aucuns peuvent adresser leurs prières à sainte Barbe pour être protégés de la foudre, mais elle est aussi la patronne, le modèle et la protectrice des architectes, des géologues, des géomètres, des mathématiciens, des sapeur-pompiers, des mineurs (et par extension actuellement, des ingénieurs des Mines), carriers et ardoisiers, des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des artificiers, des salpêtriers, des chimistes, des ingénieurs de combat, des métallurgistes, des démineurs et autres corporations liées au feu, les pétroliers militaires, les foreurs et les personnels de l'industrie des turbines à gaz, les carillonneurs, les égoutiers. Sainte Barbe est aussi la patronne de l'École polytechnique[37] et des écoles des Mines. Dans les Forces armées canadiennes, sainte Barbe, sous le nom de Santa Barbara, est la patronne du génie militaire et de l'artillerie. « Surnommée la sainte aux cent patronages, Barbe tient une place très particulière parmi eux[38] ».

Pie XII la déclare patronne de la marine italienne de combat par un bref du 4 décembre 1951[39].

En particulier, le fort patronage que lui attribuaient les mineurs de fond s’est progressivement transmis aux ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains (tunnels, cavernes, etc.) avec la disparition progressive de l’industrie minière occidentale. De nos jours, une sainte Barbe trône toujours à l’entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier[40]. Dans le tunnel de Cointe à Liège (Belgique), lors de la finition des travaux, a été aménagée une potale en métal vitrée abritant la statue de la sainte qui était censée protéger les ouvriers durant le chantier[41],[42].

Traditions nationales ou régionales

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Provence (France)

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Il est de coutume en Provence, le 4 décembre, de mettre des grains de blé qu'on appelle de ce fait « blé de la Sainte-Barbe » dans trois coupelles dont on humecte le fond. Les grains germent et, à force d'arrosage, les pousses croissent jusqu'à la veille de Noël.

Asturies (Espagne)

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Sainte Barbe (Santa Barbara) est la sainte patronne des mineurs de charbon des Asturies. Une chanson lui est dédiée, connue également sous le titre : « En el Pozo Maria Luisa ». Chanson de lutte syndicale, elle fut longtemps chantée par les opposants au régime du général Franco et demeure aujourd'hui une pièce maîtresse du chansonnier anarcho-syndicaliste[43] asturien tout en étant devenue plus généralement un hymne des districts miniers des Asturies.

Europe centrale

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Le 4 décembre, de la vallée du Rhin (Alsace incluse) jusqu'à la mer Noire en passant par l'Allemagne du Sud, dans l'ancienne monarchie austro-hongroise et les principautés danubiennes, on coupait des branches d’arbres fruitiers (en particulier le cerisier) qui étaient placées dans un vase rempli d’eau. À partir de là, il fallait quotidiennement couper un petit bout du pied de la tige et renouveler l’eau. Si on observe bien ces recommandations, les branches fleurissent vers Noël et une belle floraison est signe d’abondance[44].

Sicile (Italie)

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La fête de Santa Barbara est la principale fête religieuse de Paternò (province de Catane), dont Barbe est la patronne. Elle a lieu chaque année les 3, 4, 5 et 11 décembre, et les 27 mai et 27 juillet. Le 4 décembre est la date du martyre de la sainte, le 27 mai celle de la fête du patronage de Santa Barbara, au cours de laquelle est rappelé le miracle de l'arrêt de l'éruption de l'Etna en 1780, et les festivités du 27 juillet commémorent la translation des reliques de la sainte à Paternò en 1576. La fête de Santa Barbara est l'une des plus belles fêtes catholiques d'Italie.

Sainte Barbe est assimilée à Shangô dans la Santeria cubaine.

Le 4 décembre, au Liban (même si l'Héliopolis de la légende grecque est située en Asie Mineure, du côté d' Euchaïte et n'a donc rien à voir avec l'Héliopolis-Baalbek libanaise), on commémore la fuite de sainte Barbe (appelée Barbara) de la tour où elle était emprisonnée. D'après la croyance locale, sa fuite n’aurait guère réussi sans l’aide de ses amies qui lui donnèrent l’idée de se déguiser. D'où la tradition libanaise qui veut que la veille de la fête de la Sainte-Barbe, soit le 3 décembre, les enfants se déguisent avec toutes sortes de costumes et de masques et vont cogner aux portes du voisinage[45].

Traditions corporatistes

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Représentation naïve à Biver (Bouches-du-Rhône).

Sainte Barbe est la patronne des artilleurs[46]. Elle est fêtée dans les écoles d'artillerie et dans les garnisons[47]. La devise des artilleurs est Et par sainte Barbe, vive la bombarde !.

Contrairement à une idée reçue, la sainte-barbe, dans un vaisseau, n'est pas la soute aux munitions ou la réserve de poudre à canon, mais l'emplacement (bien distinct de ladite soute) qui contient les ustensiles d'artillerie[48]. Sainte Barbe étant la patronne des artilleurs, il était naturel, pour placer ce lieu sous sa garde, de le nommer d'après elle, d'autant que la présence d'une image ou statuette de la sainte, à fonction à la fois dévotionnelle et apotropaïque, devait souvent matérialiser cette protection.

À l’entrée d’une mine de sel, à Wieliczka (Pologne).

Une statue de sainte Barbe était fréquemment présente dans les galeries des mines. Célébrée dans les bassins miniers de Lorraine où sont organisés défilés, messes solennelles et repas festifs, la fête de la Sainte-Barbe est également l'occasion, pour les élèves-ingénieurs des écoles de l'IMT comme Mines Paris Tech ou Mines Albi, de rendre hommage à leur sainte patronne. Au sein de l'École des Mines de Saint-Étienne, les élèves-ingénieurs consacrent une attention particulière à cette célébration : la journée se distingue par des défilés mettant en avant l'héritage minier emblématique de la région, ainsi qu'un spetacle pyrotechnique au puits Couriot, traditionnellement accompagné d'un banquet festif.

Sapeurs-pompiers

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Au sein des corps de sapeurs-pompiers, la fête de la Sainte-Barbe est souvent associée à un défilé et à un repas ou un bal dans de nombreuses villes de France. Cette fête traditionnelle se réfère à la sainte réputée protectrice des sapeurs-pompiers. À noter que dans d'autre pays, en particulier en Allemagne et en Autriche, c'est Florian de Lorch qui est fêté par les pompiers le 4 mai.

Lieux et monuments nommés d'après sainte Barbe

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États-Unis

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Eglise Sainte Barbe de Crusnes (Meurthe-et-Moselle)
  • Chapelle de Sainte-Barbe à la Forteresse de Peniche (prison politique au XXe siècle) à la ville de Peniche.
  • Chapelle de Sainte-Barbe à Roriz concelho de Penalva do Castelo
  • Chapelle de Sainte-Barbe à Picões

Notes et références

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Références

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  1. Livre d’heures en français selon l’usage de Paris. (ed.1460-1470) folio 117 recto
  2. Nominis : Sainte Barbe.
  3. Forum orthodoxe.com : saints pour le 4 décembre du calendrier ecclésiastique.
  4. Hippolyte Delehaye, Les légendes hagiographiques. 3e édition revue. Bruxelles, 1927, p. 28-24.
  5. Voir Pierre Maraval, Lieux saints et pèlerinages d'Orient. Histoire et géographie, des origines à la conquête arabe. Paris, Cerf, 1985, p. 377, qui mentionne le sanctuaire hélénopontique de « Gelasia » (sic pour Gelasion). Ce culte local fut probablement éclipsé, à Euchaita même, par celui de l'illustre enfant du pays Théodore le Conscrit, dont le magnifique martyrium, décrit par Grégoire de Nysse, attirait des foules de fidèles.
  6. Michel Van Esbroeck, dans Analecta Bollandiana, 86 (1968), « Bulletin des publications hagiographiques », p. 409-410.
  7. Voir Marc Philonenko, Joseph et Aséneth. Introduction, texte critique, traduction et notes. Leiden, Brill, 1968 (= Studia post-biblica, 13), p. 111-112.
  8. Telle est l'hypothèse de Christoph Burchard, Untersuchungen zu Joseph und Aseneth (...). Tübingen, 1965, p. 137, n. 8.
  9. Hippolyte Delehaye, Les légendes hagiographiques. 3e édition revue. Bruxelles, 1927, p. 33.
  10. Albrecht Wirth, Danae in christlichen Legenden. Prague & Vienne, H. Tempsky, 1892.
  11. Voir Pascal Boulhol, « Légendes des saintes à la tour », dans Ὁ Λὐχνος/ Connaissance Hellénique, 132 (juillet 2012), p. 89-100, spéc. p. 92-93.
  12. Françoise Baligand, Catherine Carpentier-Bogaert, Sainte Barbe. Légende et traditions, Centre historique minier, , p. 19.
  13. Texte grec édité par Joseph Viteau, Passions des saintes Écaterine, Pierre d'Alexandrie, Barbara et Anysia. Paris, ÉEile Bouillon, 1897, p. 89-99. Le résumé reproduit à quelques détails près celui qui a été donné par P. Boulhol, « Légendes des saintes à la tour » (2012), p. 91.
  14. Sauf si le nom Maximien renvoie en réalité à Galère (Gaius Galerius Valerius Maximianus), le choix de Maximien Hercule, tétrarque, qui ne résidait pas à Nicomédie et ne dirigea donc pas la persécution dans la partie orientale, est étrange, mais assez fréquent dans les Passions grecques fabuleuses.
  15. « Héliopolis » et Gélasion/Gélasios, dans notre récit, sont proches d'Euchaita : ils sont donc situés dans la province alors appelée Diospont (Διόσποντος) et qui prit, à partir de Constantin Ier, le nom d'Hélénopont, en l'honneur de la mère de l'empereur, sainte Hélène.
  16. En prenant pour unité, compte tenu de la date du texte, le « stade de huit-au-mille », qui équivaut à 185 mètres.
  17. Passion BHG 213, Viteau p. 93.
  18. Viteau, p. 91 et 93.
  19. Voir supra, note 6.
  20. Voir P. Maraval, Lieux saints et pèlerinages d'Orient (1985), p. 376.
  21. Pascal Boulhol, « L'apport de l'hagiographie à la connaissance de la Nicomédie chrétienne (toponymie et monuments) », dans Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, tome 106/2 (1994), p. 921-992, spéc. p. 933, n° 39 et p. 975, note 236.
  22. Synaxarium ecclesiae Constantinopolitanae, éd. H. Delehaye (1902), col. 277-278, spéc. 278, 26-28
  23. Sur cette porte, voir Raymond Janin, Constantinople byzantine. Développement urbain et répertotre topographique.... Paris, Institut Français d'Études Byzantines, 1964, p. 294.
  24. Raymond Janin, « Topographie de Constantinople byzantine. Le port Sophien et les quartiers environnants », dans Études byzantines, 1 (1943), p. 116-151, spéc. p. 133-134
  25. Raymond Janin, « Les églises byzantines Saint-Nicolas à Constantinople », dans Revue des études byzantines, 168 (1932), p. 403-418, spéc. p. 413
  26. Translatio Constantinopolim et inde Venetias et Torcellum (BHL 922), éd. Flaminius Cornelius, Ecclesiae Venetae (...) decas secunda et tertia, Venise, 1749, p. 180 : Deinde corpus beatae Barbarae in Constantinopolim est delatum tempore Iustiniani imperatoris et in ecclesia Sancti Saluatoris quae Graece dicitur loco pastu collocatum.
  27. Benedicti XIV (...) opera omnia. Venise, 1738, p. 105 : Corpus huius beatissimae uirginis Iustinus imperator Nicomediam auferens Constantinopolim primum transportauit.
  28. BHL 923, édité par Cornelius Flaminius, Ecclesiae Torcellanae (...) pars prima. Venise, 1749, p. 116 : Quod uenerandum corpus sanctae Barbarae Venetias est translatum anno ab Incarnatione Domini 1003...
  29. Voir Raymond Janin, Géographie ecclésiastique de l'empire byzantin. Première partie. Le siège de Constantinople et le patriarcat oecuménique. Tome II. Les églises et les monastères des grands centres byzantins. Tome III. Les églises et les monastères. Paris, 1953, p. 61, ou éd. de 1969, p. 56.
  30. BHL 923, édité par Cornelius Flaminius, Ecclesiae Torcellanae (...) pars prima. Venise, 1749, p. 116-117.
  31. Alexander Kazhdan, « Rus'-Byzantine Princely Marriages in the Eleventh and Twelfth Centuries », dans Harvard Ukrainian Studies, 12-13 (1988-1989), p. 414-421.
  32. Voir Jannic Durand, « Reliquaires de princesses byzantines », dans Élisabeth Malamut & Andréas Nicolaïdès (éd.), Impératrices, princesses, aristocrates et saintes souveraines. Aix-en-Provence, Publications universitaires de Provence, 2014, p. 231-248.
  33. Guillaume de Jerphagnon, Une nouvelle province de l'art byzantin : les églises rupestres de Cappadoce. Volume II. Paris, P. Geuthner, 1936, p. 307-322 ; Catherine Jolivet-Lévy, Les églises byzantines de Cappadoce. Le programme iconographique de l'abside et de ses abords. Paris, CNRS Éditions, 1991, p. 258-259.
  34. Raymond G.W. Mahieu, Mineurs au Borinage, mineurs d'ici et d'ailleurs, Belgique, p. 26..
  35. Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Sainte Barbe
  36. Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).
  37. Sainte Barbe, sur le site officiel de l'École polytechnique.
  38. Marie-Hélène Colin, Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs, 127e congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, éd. CHTS, , p. 291.
  39. (it) Ministère italien de la défense
  40. François Martin et Alain Guillaume, Sainte-Barbe, une icône fédératrice pour les travaux souterrains, Association Sainte-Barbe des Mines, 5 p. (lire en ligne [PDF])
  41. Roland Marganne, « Le plus long tunnel ferroviaire de Belgique est percé : Soumagne et les entrailles du Pays de Herve », Correspondance, Association liégeoise des amateurs de chemins de fer,‎ , p. 6 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  42. Michel Elsdorf, Liège insolite : Endroits, événements et autres bizarreries liégeoises, Noir Dessin Production, , 148 p..
  43. Archivio Libertario, « En el Pozo María Luisa - Santa Bárbara Bendita », (consulté le )
  44. (de) J. E. Stadler : Vollständiges Heiligen-Lexikon, 5 vol., Augsburg 1858-1882, vol. I, p. 380-383.
  45. « La Sainte Barbe au Liban : Des traditions perpétuelles ou en perdition ? », Libnanews,‎ (lire en ligne, consulté le )
  46. l-artillerie-fete-la-sainte-barbe
  47. Les artilleurs fêtent depuis plusieurs siècles Sainte-Barbe
  48. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, tome IV. Paris, 1875, p. 1805. Cf. la définition fort voisine donnée deux siècles plus tôt par M. Desroches (Officier des Vaisseaux du Roy) dans son Dictionnaire des termes propres de marine. Paris, Amable Auroy, MDCLXXVIIIVII, p. 472 : « Sainte-Barbe. C'est le poste & la chambre du maître Canonier, & le lieu où il tient partie de ce qui concerne les ustanciles de son artillerie ».
  49. DH Les Sports+, « Des images insolites », sur www.dhnet.be, (consulté le )
  50. Voir sur stebarbe.com.
  51. « Facebook », sur www.facebook.com (consulté le )

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Bibliographie

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  • Paul de Lapparent, Sainte Barbe (Sainte Barbe dans l'art), collection L'art et les saints, Éditions H. Laurens, Paris, 1926.
  • Baudouin de Gaiffier, « La Légende latine de sainte Barbe par Jean de Wackerzeele », Analecta Bollandiana, vol. 77,‎ , p. 5-42
  • Baudouin de Gaiffier, « Recherches sur l'iconographie de sainte Barbe », Centre international d'études romanes, fasc. 3,‎ , p. 3-13
  • Françoise Baligand, Catherine Carpentier-Bogaert, Sainte Barbe. Légende et traditions, Centre historique minier, , 165 p.

Liens externes

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