Céléos (Crète) — Wikipédia
Dans la mythologie grecque, Céléos (en grec ancien Κελεóς) est un voleur crétois métamorphosé en Pic vert.
Légende
[modifier | modifier le code]Il est en Crète une grotte sacrée où la Titanide Rhéa a mis au monde le dieu Zeus et dont l'accès est défendu aux hommes comme aux dieux. Là résident les abeilles sacrées, nourrices de l'enfant divin. Chaque année, à un moment déterminé, le feu jaillit de la grotte et le sang de Zeus qui a coulé lors de l'accouchement se remet à bouillonner.
Aux côtés de ses compagnons Laïos, Cerbéros et Aeogolios, Céléos pénètre dans la grotte. Couverts de plaques en bronze pour se protéger des piqûres, les hommes dérobent une grande quantité de miel. Quand ils aperçoivent les langes de Zeus, leurs plaques de bronze se fendent d'elles-mêmes et Zeus fait entendre un coup de tonnerre. Il brandit le trait de foudre pour tuer les voleurs, mais Thémis et les Moires retiennent sa main, car il est interdit aux hommes de mourir dans le lieu sacré. Zeus les métamorphose alors en oiseaux, tous porteurs de présages, car ils ont vu le sang divin : Céléos est transformé en Pic vert (κελεóς en grec ancien).
Commentaire
[modifier | modifier le code]Le seul témoin existant de cette légende est Antoninus Liberalis dans le récit no 19 de ses Métamorphoses. Il mentionne comme source le livre II de l‘Ornithogonie de Boïos. L'épisode pourrait être illustré sur une amphore à figures noires de Vulci conservée au British Museum, qui représente quatre hommes nus assaillis par des abeilles[1],[2].
Une explication naturaliste de la légende la rapproche d'un épisode raconté par Claude Élien (préservant Anténor) dans son Histoire naturelle : par ordre divin, un essaim d'abeilles furieuses nommées χαλκοειδεῖϛ / kalkoeideĩs (« bronzées ») attaque la ville de Raukioi en Crète, forçant les habitants à s'enfuir et à fonder une seconde ville nommée Raukos. Toujours selon Anténor, il reste sur le mont mont Ida de Crète quelques-unes de ces abeilles féroces[3]. Diodore de Sicile indique qu'en souvenir de ses abeilles nourricières, Zeus, « pour perpétuer le souvenir de son séjour sur le mont Ida, changea leur couleur naturelle en une teinte jaune d'airain[4] », ce qui expliquerait l'adjectif « bronzées » utilisé par Anténor et les plaques de bronze portées par les voleurs de la légende. La présence d'un essaim agressif serait à l'origine de la transformation de la grotte en lieu sacré où l'on ne peut pas pénétrer[5].
Références
[modifier | modifier le code]- British Museum B177 = Corpus vasorum antiquorum, Great Britain, LONDON, British Museum iii, p. 6 et plaque 32, no 1a et 1c.
- Papathomópoulos 2002, p. 113.
- Claude Élien, Histoire des animaux, XVII, 35.
- Traduction Ferdinand Hoefer. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], 70, 5.
- Cook 1895, p. 2.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Arthur Bernard Cook, « The Bee in Greek mythology », The Journal of Hellenic Studies, vol. 15, , p. 1-24 (DOI 10.2307/624058)
- Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », (1re éd. 1951) (ISBN 2-13-050359-4), p. 83-84
- Manólis Papathomópoulos (traducteur et éditeur), Métamorphoses d'Antoninus Liberalis, Paris, Les Belles Lettres, (1re éd. 1968), no XIX et notes en p. 111-114