Campagne de Crimée (1941-1942) — Wikipédia

Campagne de Crimée
Description de cette image, également commentée ci-après
Le commissaire politique soviétique Aleksei Gordeyevich Yeryomenko menant les soldats du 220e régiment d'infanterie à l'assaut, Ukraine, 12 juillet 1942.
Informations générales
Date du 24 septembre 1941 au 4 juillet 1942
Lieu Union soviétique, Crimée
Issue Victoire allemande en 1942, l'Allemagne nazie dispose d’une solide tête de pont et d’un port en Ukraine
Belligérants
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Drapeau de la Roumanie Royaume de Roumanie
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Commandants
Erich von Manstein
Wolfram von Richthofen
Dmitri Timofeïevitch Kozlov
Vassili Ivanovitch Petrov
Forces en présence
350 000 soldats
45 000 soldats roumains
150 chars
2 045 canons
600 avions
250 000 soldats
260 chars
600 canons
Pertes
30 300 morts et blessés 250 000 morts, blessés, disparu ou évacués
260 chars

Seconde Guerre mondiale

Batailles


Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Coordonnées 44° 56′ 00″ nord, 34° 06′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Campagne de Crimée
Géolocalisation sur la carte : Crimée
(Voir situation sur carte : Crimée)
Campagne de Crimée

La campagne de Crimée, pendant la Seconde Guerre mondiale, est une campagne militaire qui eut lieu du [1] au , date à laquelle la Crimée est entièrement conquise par les Allemands et leurs alliés. Ces derniers luttèrent, pour atteindre leurs objectifs, contre l'armée soviétique. S'inscrivant dans l'invasion de l'URSS, déclenchée par l'opération Barbarossa, la campagne de Crimée est relativement indépendante de celle-ci du fait de l'isolement géographique de la presqu'île. Les combats se découpent en trois grandes phases : de septembre à , l'offensive des germano-roumains leur permet de s'emparer de la totalité de la Crimée à l'exception notable du port fortifié de Sébastopol, considéré comme la forteresse la mieux défendue de toute l'URSS[2]. Fin décembre et début janvier, la contre-offensive des Soviétiques avec de multiples débarquements repousse les Allemands de la péninsule de Kertch et desserre leur étreinte sur Sébastopol, mais n'aboutit qu'à des combats statiques au printemps 1942 sans parvenir à libérer la presqu'île de l'invasion. Finalement, les Allemands et les Roumains reprennent l'offensive en mai et , et chassent les Soviétiques de la péninsule de Kertch et de Sébastopol.

Allemands et Roumains éliminent ainsi la menace aérienne que faisait porter la Crimée sur les champs pétrolifères de Ploiești. Désormais les Allemands disposent par le détroit de Kertch d'une nouvelle voie d'accès vers le Caucase, dont la conquête est l'objectif de Fall Blau, la grande campagne d'été allemande démarrée quelques jours plus tôt.

Forces en présence

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Maquette du canon Dora.

L’armée allemande du général von Manstein est la 11e armée allemande, plus de 150 000 soldats allemands dont 45 000 soldats roumains et 150 chars[3] en . Le corps de montagne roumain appartenant à la 3e Armée roumaine possédait un grand nombre de pièces d’artillerie de gros calibre. L’artillerie de l’armée allemande en Crimée était aussi très puissante comprenant entre autres les deux canons « Karl » de 60 cm et le canon géant Dora de 80 cm. Au cours de l’opération Störfang, von Richthofen aligna plus de 600 avions, et von Manstein plus de 2 000 pièces d’artillerie, de DCA et de canons antichar. L’Armée rouge du fort de Sébastopol est commandée par le major-général Petrov. Ses effectifs sont d’environ 180 000 soldats, 260 chars soviétiques partagés avec le Front de Crimée. Les Soviétiques alignent plus de 650 pièces d’artillerie, qui sera utilisée lors du siège de Sébastopol, mais disposent seulement d’une cinquantaine d’avions obsolètes. Les troupes soviétiques du Front de Crimée étaient commandées par le lieutenant-général Kozlov et alignaient 3 armées soviétiques : la 51e armée au nord, au sud, la 44e armée et la 47e armée en réserve.

L'accès à la Crimée par la terre est difficile; la péninsule n'est en effet reliée à l'Ukraine que par trois isthmes étroits, le plus large étant celui de Perekop, après lequel il faut traverser un autre isthme, celui d'Ichoun. Les deux autres bras de terre sont trop étroits et ne peuvent être franchis. Les Allemands sont cependant bien aidés par le fait que les Soviétiques n'ont érigés aucune défenses formidables. A l'isthme de Perekop, où les Allemands comptent traverser, les Soviétiques n'opposent que 14 casemates dont 2 inachevées. Si la majorité de la Crimée est sans relief, les abords de Sébastopol sont plus montagneux. En novembre, alors que le sort de Sébastopol semblait réglé, les Soviétiques, exploitant le terrain, parviendront à empêcher les Allemands de s'emparer de la ville par un coup de main[4].

Premier contact

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Le Front de l'Est
Carte du front sud en devant la Crimée.

La 11e Armée du Heeresgruppe Sud attaqua la région en septembre 1941[5], mais les Allemands ne parvinrent pas à prendre la ville de Sébastopol, bien que toute la Crimée fut sous leur contrôle. Von Manstein avait l'intention de prendre la ville avant l'hiver, il préleva ainsi des unités de la presqu'île du Kertch, affaiblissant ainsi cette zone[6]. Les Soviétiques profitèrent de cette situation pour lancer une contre-offensive en décembre 1941 après que des renforts soviétiques soient arrivés au cours de ce mois par la mer d'Azov. Jusqu'en , les Allemands les continrent dans la presqu’île de Kertch. Von Manstein prépara une offensive visant à chasser les Russes de la Crimée, et ensuite s’emparer de Sébastopol. Sa date de début fut fixée au [7].

L’offensive de la 11e Armée

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Un Iliouchine Il-2 russe volant au-dessus des lignes allemandes près de Kertch, mai 1942.
Panzer IV et fantassins allemands en Crimée, mai 1942.
Von Manstein (à droite) et Hans Speidel (à gauche) au second semestre 1943 en Crimée.

L’opération Trappenjagd débute avec un bombardement d’artillerie le , une opération amphibie de la 132e division d’infanterie allemande, et des attaques de Stuka de la Luftflotte 4 de Wolfram von Richthofen[8]. Les différents Korps de la 11e armée foncent vers les positions soviétiques et les prennent à revers. Les armées soviétiques, surprises de plein fouet par l’attaque, se replient vers l’est. Le , les Soviétiques résistent héroïquement face au XXX Arméekorps, et la mauvaise météo ne permet pas l'envoi des Stukas. Mais les Allemands continuent à repousser, principalement la 44e armée soviétique, toujours vers l’est. Néanmoins, la 47e armée soviétique lance une contre-offensive et encercle huit divisions allemandes. Les Allemands prennent la presqu’île de Kertch le et poussent les Soviétiques jusqu’à la mer en s'emparant de leurs aérodromes. Ceux-ci tentent en vain une contre-offensive, puis essaient d’embarquer à bord de la flotte soviétique de la mer d'Azov : seuls 10 000 soldats réussiront à s’échapper de cette façon, car l’Armée rouge subira plusieurs attaques de la Luftwaffe. L’opération Trappenjagd se termine le par la victoire de von Manstein. 50 000 soldats soviétiques ont été tués, 110 000 faits prisonniers et 258 chars détruits pour 9 000 pertes côté allemand. Cependant, des groupes de survivants soviétiques (entre 10 000 et 15 000 soldats), retranchés dans les catacombes de Kertch, refusent de déposer les armes et mènent une guérilla héroïque pendant plusieurs mois contre l'occupant allemand. Ce n'est que le que la péninsule de Kertch est entièrement sous contrôle allemand.

L’encerclement de Sébastopol

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Les effectifs soviétiques doublèrent, passèrent de 50 000 à 106 000 hommes[9]. Von Manstein aligna plus de 200 000 soldats allemands[9]. L’attaque de Sébastopol, l'opération Störfang, débuta par des pilonnages massifs d’artillerie de toute la 11e Armée et de toute la Luftflotte 4. Les bombardiers allemands déversèrent plus de 6 000 tonnes de bombes sur la ville le . Le bombardement terminé, les différents corps de la 11e Armée lancent leur offensive le . Le 17, les Allemands s’emparent de plusieurs forts soviétiques, le corps de montagne roumain remporte succès sur succès et progresse vers l’ouest. Le , les Allemands sont à bout de souffle mais les Soviétiques sont complètement désorganisés. Toutefois, l’Armée du Littoral résiste toujours plus face aux Allemands. Manstein procède alors à une opération audacieuse : infiltrer deux divisions allemandes dans le dos du dispositif soviétique. Son opération est un succès et les Allemands établissent de solides têtes de pont en moins de dix minutes. Le XXX Arméekorps perce la ligne du Sapoun le , la garnison soviétique n’a plus d’autre choix que d’évacuer la ville avec l'aide de la flotte de la mer Noire. Le 1er juillet, date de sa promotion, von Manstein ordonne l’assaut final, il est élevé à la dignité de generalfeldmarschall[2].

Réflexion sur la campagne

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Bien que la campagne de Crimée soit un succès majeur pour les Allemands, la prise de Sébastopol est très tardive par rapport aux directives initiales de Barbarossa. Cette victoire est aussi passagère, car la défaite totale des armées allemandes lors de l’opération Bagration les obligea à évacuer l’Ukraine et la Crimée en 1944[10].

La 11e armée allemande était très bien équipée, surtout en équipements de siège, dont le plus gros canon de la Wehrmacht, le canon Dora.

Décoration

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Une décoration militaire allemande fut attribuée par Hitler uniquement aux soldats allemands ayant participé à la campagne de Crimée : la Plaque de bras Crimée.

Libération de la Crimée

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Avancées soviétiques du au 31 décembre 1944

Prémices : l'Opération Kertch–Eltigen

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En , après que les forces de l'Axe eurent été défaites sur la péninsule de Taman (tête de pont de Kouban), l'Armée rouge (27 000 hommes de la 18e armée, de la 56e armée, de la flotte de la mer Noire et de la flottille d'Azov appartenant au 4e front ukrainien) lance une opération amphibie et débarque sur la presque-île de Kertch dans le but de reprendre position dans le sud-est de l'Ukraine et de forcer les Allemands à se retirer de Crimée. Deux têtes de pont sont établies par les Soviétiques mais seule la tête de pont nord à Ieni-Kale a pu être un succès, tandis que la tête de pont du sud à Eltiguen s'est effondrée à la suite d'une contre-attaque allemande.

Par la suite, l'Armée rouge exploite la tête de pont de Ieni-Kale afin de lancer ses opérations ultérieures en Crimée en .
Au , les Soviétiques avaient fait débarquer 75 000 hommes, 582 canons, 187 mortiers, 128 chars, 764 camions et plus de 9 000 tonnes de munitions et d'équipement à Ieni-Kale pour consolider leurs positions et avancer en direction de Kertch.

Reprise de la Crimée

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Elle sera libérée par le quatrième front ukrainien lors des contre-offensives soviétiques du au .

Notes et références

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  1. Erich von Manstein, le stratège de Hitler, p. 225
  2. a et b Erich von Manstein, le stratège de Hitler, p. 249
  3. Axe & Alliés no 39, page 62, l'Axe à l'assaut de la Crimée
  4. Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Barbarossa, la guerre absolue, p. 666-667
  5. Erich von Manstein, le stratège de Hitler, p. 223
  6. Sur les rives de la mer Noire - Journal Les Actualités Mondiales
  7. Axe & Alliés no 39, page 60, la situation en Crimée début mai 1942
  8. Axe & Alliés no 39, page 63
  9. a et b Erich von Manstein, le stratège de Hitler, p. 246
  10. Axe & Alliés no 39, page 69, conclusion de la campagne

Articles connexes

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