Cap (géographie) — Wikipédia

Le cap de Bonne-Espérance.

Un cap ou une pointe est une avancée des terres dans une étendue d'eau et constituant une proéminence du littoral.

Le relief inverse au cap, c'est-à-dire une avancée de l'eau — de mer le plus souvent[1] — à l'intérieur des terres, est la baie ou le golfe, mais aussi des cas particuliers de bras de mer comme la calanque, le fjord, le loch, la rade, la ria, l'aber, soit toutes les formes d'échancrure du littoral. Souvent, le relief du cap et son contre-relief de la baie se suivent de manière proche et alternent au long du littoral.

Le cap, généralement élevé et massif, est le plus souvent distingué de la pointe, moins élevée[2].

Étymologie

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Cap est un mot occitan signifiant « tête », « extrémité » [venu de l'ancien provençal au Xe siècle à partir du latin cǎpǔt (« tête »)[3],[4]]. Mots qui ont aussi donné « chef » (comme dans « couvre-chef ») et qu'on ne trouve plus dans le sens de "tête" que dans l'expression « de pied en cap » (des pieds à la tête)[4].

Au sens de « pointe de terre qui s’avance dans la mer », le mot « cap » est au XIVe siècle un nouvel emprunt à l'ancien provençal cette fois au sens d'« extrémité », d'où provient aussi l'emploi dès le XVIe siècle de « cap » dans le vocabulaire de la marine, puis plus tard de l'aviation, au sens de « direction de l'avant, de la tête, de la proue vers une pointe » (comme dans « mettre le cap sur... », « tenir son cap »)[4].

Les caps maritimes actuels se sont formés au cours de la stabilisation du niveau de la mer à la fin de la dernière glaciation. En effet, l'érosion provoquée par les vagues et les courants marins ont érodé les zones tendres des côtes et dégagé les zones plus résistantes qui ont alors formé des caps. D'autres caps sont composés de sédiments meubles, le plus souvent du sable ou des alluvions, qui sont déposés par les courants marins selon le même processus que pour les tombolos.

Exemples de caps

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Les caps les plus célèbres, historiquement et géographiquement, sont probablement les trois grands caps qui marquent le sud des trois continents des terres australes, (et qui ponctuent la circumnavigation des courses à voile autour du monde), à savoir (de plus en plus loin vers le sud) :

Bien qu'il soit situé sur une île (éponyme) de l'archipel de Terre de Feu, le cap Horn est considéré comme l’extrême pointe sud du continent américain. D'ailleurs, les côtes continentales d'Amérique du Sud, tout autant découpées que celles du chapelet d'îles de l'archipel, sont toutes proches, juste de l'autre côté du très étroit détroit de Magellan.

Il faut noter aussi que les deux premiers, quoique plus célèbres que leurs voisins, ne représentent pas (comme le fait le Horn) l'extrême pointe sud de leurs continents respectifs : la pointe sud de l'Afrique n'est pas le cap de Bonne-Espérance, mais le cap des Aiguilles, qui marque la "frontière" entre les océans Atlantique et Indien, et qui est situé à 149 km au sud-est du cap de Bonne-Espérance. Le cap Leeuwin quant à lui est à la pointe sud-ouest de l'Australie, mais la pointe la plus méridionale d'Australie est, au sud-est, South Point au bout de la péninsule Wilson dans l'État de Victoria.

Un cap significatif est aussi le cap Saint-Vincent (Cabo de São Vicente en portugais), en Algarve, qui représente la pointe extrême sud-ouest du Portugal et donc de tout le continent eurasiatique.

Un autre cap portugais est plus à l'ouest encore que lui mais pas au sud : c'est le Cabo da Roca, près de Lisbonne, point le plus occidental d'Europe continentale.

À l'opposé, à l'extrême pointe nord-ouest de la péninsule ibérique, en Galice, on trouve deux caps emblématiques et historiques : le cap Finisterre, au nom parlant de « fin de la terre » (du latin finis terrae, comme le département français du Finistère), et le cap Touriñan, qui est le point le plus occidental d'Espagne continentale, et le deuxième point le plus occidental d'Europe après le Cabo da Roca portugais. À ce titre, ces trois caps, avec le cap Saint-Vincent, voient les crépuscules les plus tardifs d'Europe.

Cette côte de la Province de La Corogne, souvent enveloppée de brouillard l'hiver, qui connaît un intense trafic maritime et dont la navigabilité est inconstante, a été le théâtre de nombreux naufrages dont celui du Capitan Monitor en 1870, qui emporta dans la mort 482 membres de son équipage ; ou celui du HMS Serpent (navire) (es), en 1890, où sont morts 172 marins anglais pourtant tout près de la côte, à quelques mètres du salut. Ainsi on compte pas moins de 3 000 naufrages inventoriés et documentés en Galice, soit la plus grande quantité au monde. Elle a vu aussi, du XVIe siècle au XIXe siècle, plusieurs batailles navales. C'est probablement pour ces raisons que cette côte a reçu le surnom éloquent de Côte de la Mort (es), a Costa da Morte en galicien[5].

Quelques-uns des caps notables de France métropolitaine sont par exemple, du nord au sud :

Notes et références

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  1. Nota bene : le littoral des lacs d'eau douce ou salée connaît aussi des accidents ou des reliefs comparables à ceux du cap ou de la baie maritimes ; mais pour qu'ils soient assez marqués, il faut que ces lacs soient suffisamment grands pour engendrer un régime de vagues et de courants analogues à l'état de la mer (mais à plus petite échelle) provoquant un système d'érosion du littoral.
  2. « Définitions des types d'entités », sur Commission de toponymie (consulté le )
  3. Félix Gaffiot, Dictionnaire latin-français, Hachette, 1934, rééd. 2000, 1840 p. (ISBN 978-2011667656 et 2011667658, lire en ligne), page 263.
  4. a b et c Emmanuèle Baumgartner & Philippe Ménard, Dictionnaire étymologique et historique de la langue française, Le Livre de Poche, , 848 p. (ISBN 978-2-253-16004-5 et 2253130184), page 124. Voir aussi : cap, dans le Wiktionnaire.
  5. Voir sur les deux sites suivants une explication de ce toponyme, avec des documents d'époque, notamment le journal de la région de La Corogne intitulé El Noroeste (« Le Nord-Ouest ») qui aurait inscrit, dans son numéro du 14 janvier 1904, la première occurrence de ce toponyme allusif aux tragédies : (es) « Leyenda del nombre a Costa da Morte » [« La légende du nom de "Côte de la Mort" »], sur costadamorte.blog, . Ainsi que : (es) « Costa da Morte, historia de un topónimo » [« "Côte de la Mort", histoire d'un toponyme »], sur cabocorrubedo.com, (consulté le ).
  6. Eugène Dauphin, « Coucher de soleil sur le cap Sicié », sur artnet.fr (consulté le ). Voir aussi la page consacrée à Eugène Baptiste Emile Dauphin (peintre français, 1857 – 1930) : [1].

Articles connexes

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Bibliographie

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