Châtaignier d'Amérique — Wikipédia

Castanea dentata

Le châtaignier d'Amérique (Castanea dentata) est une espèce de châtaignier de la famille des Fagaceae. Elle était particulièrement répandue dans les forêts de l'Est des États-Unis et du Sud-Est du Canada avant d'être ravagée par une maladie en provenance d'Asie.

Au nord, la zone d'expansion de l'arbre s'étend de l'État du Maine aux États-Unis jusqu'au Sud de la province de l'Ontario au Canada. Au sud, on le trouve présent au Mississippi jusqu'à la côte Atlantique en passant par les montagnes Appalaches et le Kentucky.

Description

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Jeune pousse dans son habitat naturel.
feuilles et graines (châtaignes et bogues) de châtaigner d'Amérique.

Ce châtaignier à feuilles caduques est une espèce à croissance rapide et à bois dur. Il atteint 30 à 45 mètres de haut pour un tronc de diamètre de 3 mètres. L'arbre ressemble fortement à d'autres châtaigniers comme le châtaignier d'Europe, le châtaignier chinois ou le châtaignier crénelé.

Ses feuilles font entre 14 et 20 centimètres de long pour 7 à 10 centimètres de large.

Les fruits, nommés châtaignes, sont protégés dans une bogue épineuse verte qui abrite en général trois châtaignes. Les fruits tombent en automne lorsque les bogues s'ouvrent. Les fruits sont très importants pour la faune locale. Ceux-ci sont en effet appréciés par le cerf de Virginie, le dindon sauvage et l'ours noir qui font des réserves de graisses pour passer l'hiver en les mangeant.

Cryphonectria parasitica, le chancre du châtaigner d'Amérique

L'arbre a souffert au début des années 1900 d'une maladie cryptogamique originaire d'Asie et introduite accidentellement en Amérique du Nord. Le champignon pathogène Cryphonectria parasitica est arrivé sur des châtaigniers asiatiques importés en 1904[1]. Alors que les châtaigniers asiatiques sont résistants à cette maladie, le châtaignier d'Amérique qui n'avait jamais été en contact avec la maladie fut durement touché. Chaque année, la maladie se propageait sur une distance de 80 km. Des milliards d'arbres furent tués en quelques décennies. Lorsque l'arbre est touché, il meurt mais de nouvelles pousses peuvent toutefois repartir des racines ce qui fait que l'espèce n'est pas encore totalement disparue. Mais ces nouvelles pousses n'atteignent en général pas plus de 6 mètres avant d'être à nouveau touchées par la maladie.

On estime que l'arbre, avant l'arrivée de la maladie, constituait 25 % des arbres présents dans les Appalaches pour une population totale proche de 3 milliards d'individus. Au début de XXIe siècle, on dénombrait moins de 100 arbres dont le diamètre dépassait les 60 cm dans sa zone d'expansion d'origine. Des plantations de cet arbre ont été faites à l'ouest du pays dans l'Oregon car la maladie n'a pas encore atteint cette zone.

Préservation

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pépinière de conservation du châtaigner d'Amérique, en pennsylvanie, États-unis.

Des organismes comme l'American Chestnut Cooperators Foundation essayent de rendre l'arbre résistant à la maladie en croisant des arbres qui semblent plus résistants que les autres. Des croisements se font également avec des châtaigniers asiatiques. Les arbres devraient ensuite être réintroduits dans les forêts qu'ils peuplaient dans le passé. En 2005, un arbre hybride possédant encore beaucoup de caractéristiques du châtaignier d'Amérique a été planté à proximité de la Maison-Blanche et il résiste pour le moment à la maladie[2].

Une autre approche consiste à modifier génétiquement les arbres pour les rendre résistants à l'acide oxalique (produit par le champignon) qui attaque l'arbre[3]. Des travaux en ce sens ont été menés par l'université de l'État de New York à Syracuse, par Bill Powell et Chuk Maynard, en utilisant des gènes provenant du blé et du châtaignier chinois. De nombreuses questions d'ordres éthique, réglementaire, matériel, économique et environnemental se posent pour passer du résultat en laboratoire à l'introduction du châtaignier génétiquement modifié dans les forêts d'Amérique du Nord. En effet, de nombreuses questions environnementales se posent sur les conséquences de la réintroduction d'une espèce de châtaignier génétiquement modifiée dans les forêts actuelles. Si les avancées scientifiques pour l'identification des gènes et leur transfert ont été soulignées par les intervenants, il reste des incertitudes quant aux effets d'une modification génétique sur un arbre, en particulier quant à la stabilité du génome des arbres ainsi modifiés (en particulier des gènes introduits qui n'ont pas évolué en même temps que les autres).

Dans l'optique d'une réintroduction, il y a peut-être également un risque de propagation massive de ces arbres en raison de l'avantage qui leur est donné sur les autres espèces par la résistance à la maladie. Il ne faut pas oublier que depuis la presque extinction du châtaignier américain, les écosystèmes ont peut-être changé, la forêt s'organisant autour d'autres espèces. Une étude attentive de l'équilibre écologique de ces forêts et des modifications potentielles engendrées par la réintroduction du châtaignier est peut-être nécessaire, avant d'envisager le développement à la hausse des populations en termes d'effectifs.

Néanmoins, il ne faut pas oublier l'importance de la présence du châtaignier, dans sa zone d'origine. D'après l'arboretum de Tervuren en Belgique: "Jusqu'au début du XXe siècle, le châtaignier américain a joué un rôle clé dans le développement des (futurs) États-Unis. Il faut dire que dans les régions situées à l’Est du Mississippi, un feuillu sur quatre était un châtaignier. Les peuplements de châtaigniers constituaient l’élément principal des vastes forêts couvrant la chaîne des Appalaches. Dans ces forêts primaires, ces arbres atteignaient des tailles impressionnantes. L’habitat de Castanea Dentata recouvrait une zone immense de Nouvelle-Angleterre jusqu’aux abords de la Louisiane (...). Aujourd’hui, les arbres rescapés sont des sujets isolés qui ont grandi dans des zones éloignées de l’habitat d’origine."[4] De nombreuses espèces dépendent toujours de cet arbre pour leur alimentation saisonnière ou plus rarement pour le gite ou encore pour l'entièreté des matières premières fournies dont le bois. L'homme, la faune ou encore les champignons mycorhiziens ont été affectés par son absence du paysage forestier[5],[6]. C'est l'homme qui a joué un rôle dans la quasi-disparition de l'espèce, en apportant une maladie venue d'Asie. L'expansion du développement des rares populations encore en place peut avoir un impact positif, pour la sylviculture et l'économie[6]. Pour l'environnement, le retour d'une précieuse espèce compagne qu'est le châtaignier, dont dépendent beaucoup d'autres espèces pour leur survie, est surtout intéressant pour la sauvegarde et le maintien de la biodiversité existante ou rare : l'homme, les animaux, les espèces "clés de voûte" que sont les mycorhizes pour la fertilité des sols et les populations (préférentiellement) phénotypiques indigènes de châtaignier d'Amérique du Nord[6],[7],[8].

Utilisation

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Le bois de l'arbre avait une grande valeur grâce à sa qualité. On l'utilisait pour en faire des meubles, des clôtures, des poteaux, des maisons, des granges, des berceaux comme des cercueils. Ce qui faisait dire aux Nord-Américains que le châtaignier les accompagnait tout au long de leur vie. Il était de plus riche en tanin.

Dans le passé, les châtaignes étaient vendues et consommées dans les rues des villes de la région. Aujourd'hui, les fruits commercialisés sont remplacés par des châtaignes du châtaignier d'Europe.

  • Fagus-castanea dentata Marshall
  • Castanea americana (Michx.) Raf.

Notes et références

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  1. (en) Gary J. Griffin, « Blight Control and Restoration of the American Chestnut », Journal of Forestry, vol. 98, no 2,‎ , p. 22–27 (ISSN 0022-1201, DOI 10.1093/jof/98.2.22, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « American Chestnut Foundation - President Bush Plants Chestnut Tree »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  3. La biotechnologie au secours d'une espèce de châtaignier quasiment disparue.
  4. « Castanea Dentata et Castanea Sativa, deux châtaigniers, deux destinées... », sur arboretum-tervuren.be.
  5. « Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le châtaignier d’Amérique Castanea dentata au Canada », (consulté le ).
  6. a b et c (en) « Synthesis of American chestnut (Castanea dentata) biological, ecological, and genetic attributes with application to forest restoration » (consulté le ).
  7. « Fiche de Gestion - Réseau Nature - Les boisements indigènes »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), (consulté le ).
  8. « Kit pédagogique sur la biodiversité », (consulté le ).

Liens externes

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