Château de Ventadour (Ardèche) — Wikipédia

Château de Ventadour
Image illustrative de l’article Château de Ventadour (Ardèche)
Les ruines du château de Ventadour.
Période ou style Château fort
Début construction XIe siècle
Fin construction XVIe siècle
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1937)
Coordonnées 44° 40′ 12″ nord, 4° 17′ 13″ est
Pays Drapeau de la France France
Département Ardèche
Commune Meyras
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Château de Ventadour
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Château de Ventadour
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Château de Ventadour

Le château de Meyras appelé château de Ventadour depuis le XIXe siècle[note 1], est un ancien château fort fondé au XIe siècle, et remanié aux XVe et XVIe siècles, qui se dresse sur la commune française de Meyras dans le département de l'Ardèche, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Endommagé au cours de la guerre de Cent Ans puis remanié, le château joua un rôle pendant les guerres de Religion, puis fut progressivement abandonné au XVIIe siècle. Vers 1700 il semble être démantelé avant de tomber en ruine et depuis 1968 une association travaille à sa restitution complète[1].

Le château est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [2].

Localisation

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Le château est situé au sud-est du territoire communal de Meyras, dans le département français de l'Ardèche. Il se dresse au-dessus de la confluence entre la Fontaulière et l'Ardèche, et à proximité de la confluence avec le Lignon, permettant d'accéder à Jaujac, sur un éperon rocheux, à 373 mètres d'altitude.

Le château, entre Rhône et Massif Central, près des sources de Neyrac où au Moyen Âge l'on soignait la lèpre, contrôlait les routes permettant d'accéder au Puy, par le col du Pal ou celui de la Chavade.

La découverte d'une borne milliaire en 1857 au bord de la rivière à Pont de Labeaume tend à faire penser que la route passait rive droite de l'Ardèche à ce niveau. Il n'en est rien, la borne a certainement été déplacée ou charriée par une crue, la route romaine est rive gauche, venant de Vals par Sétias et redescendant au niveau de Nieigles. D'autres historiens pensent qu'il y avait une deuxième route en bordure de rivière.[réf. nécessaire].

La première route suivait donc la rive gauche de l'Ardèche en venant d'Aubenas, passait au pied de Nieigles, face au château, franchissait la Fontaulière de rive gauche à droite soit au Gua (gué), soit sur un pont de bois à Veyrières (devenu en pierre en 1740) pour filer sur Meyras, Armanier et Montpezat et le col du Pal (la D 536 n'existe pas encore).

La seconde, toujours partant d'Aubenas, suivait la rive droite de l'Ardèche jusqu'au lieu dit « La Garde », soit 2 km avant Pont de Labeaume, et bifurquait par le Coulet pour rejoindre les ponts du Réjus et du Barutel afin de remonter ensuite sur Meyras puis Thueyts et le col de la Chavade (La N 102 n'existe pas encore).

Le château a été répertorié par plusieurs historiens[Qui ?] comme "château péager". Une étude (toujours en cours) place au pied de la forteresse dès le Moyen Âge un pont dit « du Pourtalou » sur la Fontaulière, légèrement en amont du confluent Fontaulière-Ardèche. Ce pont, encore mentionné aux 16 et 17e siècles, détruit (crue?) puis reconstruit au moins une fois en 1762, décrit par plusieurs chroniqueurs comme un pont à péage, reliait la route rive gauche des rivières au château par un chemin, dit du Pourtalou, serpentant sur la face nord de l'éperon rocheux. Des restes de calade, des marques d'occupation et de construction, des vestiges de soutènements, parsèment ce versant du site qui n'a pas encore fait l'objet de relevés.

Ainsi, le voyageur de la rive gauche n'aurait eu d'autre solution, pour relier au plus court Meyras, que de passer à Ventadour et y acquitter ses droits de passage. Le château était ensuite relié à Meyras par deux chemins principaux, un au sud par « les Portes » et « le Meynades », et un au nord par « le Pradel » et « Sabastier » (noms modernes). Ces chemins prenaient naissance aux deux grandes portes de l'enceinte extérieure de 350 mètres délimitant une basse cour. Un chemin piétonnier plus direct, dont subsistent quelques portions visibles sur la colline, partait d'une poterne à l'ouest surmontée d'un petit poste de guet. L'exact trajet médiéval de ce petit chemin est toujours en étude, car il aboutit actuellement dans les faubourgs de Meyras, sur une route créée fin 19e-début 20e siècle, qui ne figure pas sur le cadastre napoléonien.

Le château de Ventadour a été construit au XIe siècle alors que le fief de Meyras appartenait aux Solignac. Il est à noter que son nom original est "château de Meyras". On trouve la première fois le nom de "château de Ventadour" sur le titre d'un tableau de 1818, puis sur la matrice cadastrale de Meyras vers 1830.

En 1185 Pons III de Montlaur (à Coucouron, Mayres), baron d'Aubenas, épouse Miracle de Solignac et son frère Béraud II de Solignac (mort en 1234), baron de Solignac-sur-Loire et seigneur de Meyras, leur abandonne en 1195 le fief de Meyras. Il est dit également dans d'autres sources que ce serait Béraud 1er qui aurait vendu en 1195 le fief à Montlaur pour trente marcs (il n'est pas précisé marc d'or ou d'argent). De ce mariage est né Héracle II de Montlaur. Son petit-fils, Pons VI de Montlaur, n'ayant eu aucune descendance de ses deux mariages, lègue par testament en 1272 le château de Meyras[note 2], à son neveu Guigues IV de la Roche (vers 1245-1327), fils de sa sœur, Jordane de Montlaur (vers 1245-1279), veuve de Guigues III de (la) Roche-en-Régnier (vers 1195-après 1239)[3].

Le château est acquis par héritage par la famille de Lévis à la fin du XIVe siècle. Philippe II de Lévis (1321-vers 1382), vicomte de Lautrec, s'est marié en 1336 avec Jaujague de la Roche-en-Régnier, dame de Bellegarde, de Broussan et de Jonquières-Saint-Vincent, fille de Guigues V de la Roche-en-Régnier. Philippe III de Lévis s'est marié en 1372 avec Éléonore de Thoire-Villars (veuve d’Édouard de Beaujeu), dame de Miribel en Forez, d'Annonay, de Buis et de Bussy-en-Beaujolais. Son fils Philippe IV de Lévis s'est marié en 1395 avec Antoinette d'Anduze, (vicomtesse de Rémond ?), dame de La Voulte, de Pierregourde, de Chomeirac et de Rochemaure. Son petit-fils, Louis de Lévis, baron de la Roche-en-Régnier (avec Jaujac, les Boutières et Meyras) et baron d'Annonay, épouse en 1472 Blanche de Ventadour, héritière du château de Ventadour, en Corrèze. Cette branche de la famille de Lévis prend le nom de Lévis-Ventadour. Louis de Lévis meurt en 1521. Le château revient à son fils, Gilbert Ier de Lévis-Ventadour. Il a épousé Jacqueline du Mas qui a possédé le château des Éperviers, à Saint-Cirgues-en-Montagne[note 3].

Après la mort de Gilbert Ier de Lévis, en 1529, Jacqueline du Mas a passé son veuvage au château de Ventadour. Le château ne sera plus habité par la suite par les propriétaires successifs. Leur fils, Gilbert II, a suivi François Ier et Henri II dans les résidences royales d'Amboise et de Fontainebleau, et s'est installé au château de La Voulte qu'il a fait agrandir. Il y a accueilli une réunion des États particuliers du Vivarais, en 1532. Il meurt en 1547. Gilbert III de Lévis-Ventadour a épousé en 1553 Catherine de Montmorency, fille du connétable Anne de Montmorency. Il est devenu duc de Ventadour en 1578, pair de France en 1589. Il meurt au château de La Voulte en 1597. Pendant les guerres de Religion il a été proche des Montmorency, catholiques modérés et adversaires des Guise. François de Langlade a été bailli du duc de Ventadour pour son château de Meyras-Ventadour[note 4], et, huguenot, il a acheté le château de Hautségur, autrefois appelé Rochegude ou Rochesure, à Meyras[note 5]. Le fils de Gilbert III, Anne de Lévis, s'est marié en 1593 avec sa cousine germaine, Marguerite de Montmorency (1572-1660). Anne de Lévis-Ventadour est mort en 1622. Le château de Ventadour a été le douaire de Marguerite de Montmorency. Gilbert de Vincentis a eu la garde du château qu'il a dû défendre en 1622 contre un coup de main de son beau-frère, le capitaine Barbier, qui est mort dans l'attaque. Gilbert de Vincentis est mort au château en 1623. Annet de Vincentis lui a succédé dans la garde du château mais ne l'habite plus. Le château avait été démantelé préventivement après l'édit de Nantes[4].

Après la mort de Marguerite de Montmorency, son fils, Henri de Lévis vend le à Claude-François de Saint-Vidal, seigneur de Choisinet, les terres et seigneuries de Jaujac et de Meyras pour 135 873 livres. Claude de Choisinet meurt en 1672. Son fils, Christophe de Choisinet, en hérite mais meurt sans enfants en 1728. Sa seconde épouse, Marie-Félicie de Launay, hérite du château. Elle décède en 1759 en laissant tous ses biens à son frère, Jules de Launay, auquel succède Emmanuel de Launay, comte d'Antraigues.

Les Choisinet et les Launay n'ont pas habité au château. L'abandon du château a dû commencer au XVIIIe siècle. Un inventaire fait en 1673 montre qu'il est déjà délabré à cette époque. En 1794, le château est vendu comme bien d'émigré à André Soboul de Pont-de-Labeaume, fermier du comte d'Antraigues, et Bernard Dusserre.

À la Révolution, il fut décrit ainsi : « Cette vieille masure de château n’a point porté depuis sa destruction, arrivée depuis plus d’un siècle, de revenu ».

Ruines du château de Ventadour à Meyras.

En 1811, Bernard Dusserre, devenu seul propriétaire, vend le château à Louis-Hippolyte des Arcis, qui le revend en 1845 à Salomon Croizier. Le marquis Sosthène de Chanaleilles, lointain descendant des Langlade, a racheté le château en 1860 et y a entrepris des travaux de restauration jusqu'en 1882 mais les a arrêté devant leur ampleur. Les factures de ces travaux sont en cours de dépouillement et d'analyse. Le château est passé à sa fille, Marie-Isabelle, mariée à Albéric de Marcieu. Le château est resté dans la famille de Marcieu jusqu'à sa vente par la veuve d'Amédée de Marcieu à Pierre Pottier, en 1968.

Le château de Ventadour fut largement utilisé après la Révolution française comme carrière de pierres[5][source insuffisante]. Un tableau de Jules Thibon intitulé Les ruines du château de Ventadour qui date de 1860 et se trouve dans une collection particulière décrit son état au XIXe siècle. Un autre tableau plus ancien le représente en arrière-plan, il s'agit d'une œuvre de Adrien Joly de la Vaubignon destinée à Louis XVIII et exposée au musée de Guéret. Elle date de 1818, elle est peut-être exploitable pour visualiser l'édifice en 1818, bien que romancée.

Depuis 1969, le château fait l'objet d'une restauration par Pierre et Françoise Pottier[5][source insuffisante] et un grand nombre de bénévoles se succèdent au fil des ans. Le plan du château est basé sur le modèle des châteaux savoyards (carré savoyard), le donjon étant attaché à la muraille. On peut y voir un donjon carré, des tours, deux pigeonniers et une porte fortifiée. Le château est restauré dans le cadre de chantiers Rempart. En 1997, la direction régionale des Affaires culturelles a arrêté ses subventions en considérant qu'il ne s'agissait plus d'une restauration mais d'une reconstruction du château.

Description

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Le château avec ses créneaux et ses tours compactes comprend trois enceintes[6].

D’après les travaux de recherche effectués et la notice sur le château écrite par Georges Grégoire, la construction la plus ancienne est le donjon carré.

La recherche de l'évolution architecturale du château n'est toujours pas achevée : cette évolution s'étant échelonnée sur au moins cinq siècles, les constructions sont imbriquées et très certainement des modifications ont eu lieu dans « le même siècle ».

Outre l'ouvrage de Georges Grégoire, il existe un livre (hélas en diffusion très limitée, mais consultable à la BNF) qui décrit très bien le château à son apogée, au XVIIe siècle. Il s'agit de Le Château de Meyras, dit de Ventadour - Dessins, plans et interprétation des inventaires de Philippe Denis (1979). Il n'est pas parfait car de nouveaux dégagements ont été effectués depuis sa parution, mais a le mérite d'être le plus complet.

La fortification la plus intérieure était accessible par l’intermédiaire d’un pont-levis, la fortification sud avec une seule entrée et la troisième qui entourait complètement le château comportait trois portes, peut-être une quatrième au nord si le « chemin du Pourtalou » est retrouvé et son tracé avéré. La tour carrée de son angle nord-ouest est constituée de salles voûtées. La tour carrée de l’angle sud-ouest, surmontée de deux échauguettes, daterait de travaux du XIVe siècle[5][source insuffisante].

Un article a été écrit sur les ruines au XIXe siècle, d'après plusieurs lithographies et tableaux, dont celui de La Vaubignon. Il est consultable au musée de Guéret où se trouve le tableau.

Sur la page Facebook intitulée « chantier de jeunes du château de Ventadour », d'ancien bénévoles du chantier, historiens amateurs, publient des articles destinés à éclairer son histoire, aussi bien architecturale, que l'environnement médiéval.

Notes et références

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  1. Du nom de son ultime occupante avant sa ruine.
  2. Le château de Meyras ne s'est appelé château de Ventadour qu'au XIXe siècle. Il existait aussi deux autres châteaux à Meyras, ceux de la Croisette et de Hautségur.
  3. Gilbert III de Lévis a vendu le château des Éperviers, le , à noble François III de Langlade, seigneur de Laval et de Sanilhac, habitant à Jaujac, fils de François II de Langlade, notaire royal à Jaujac.
  4. Le , par acte reçu par Teyssier, notaire à Meyras, le duc de Ventadour donne le donjon du château de Ventadour à noble François de Langlade, seigneur de Laval, et noble Pierre du Mas, « pour le garder, tenir et conserver sous l'obéissance du roi et la sienne », avec promesse par eux de remettre le château au duc sur sa réquisition (Histoire & généalogie de la famille Langlade des Éperviers et de ses alliances (lire en ligne)).
  5. Ce château était habité par Jean de Langlade (mort en 1624), seigneur de Laval et des Éperviers, dès 1591 (Château de Hautségur : historique (lire en ligne)). Son petit-fils, Scipion de Langlade, chef de la rébellion huguenote de Meyras, a été assassiné par François Teyssier, de Meyras, entre 1635 et 1637. En 1626, son château de La Croisette (ou La Croizette) situé dans la Grand’ Rue de Meyras a été détruit « jusque dans ses fondements » par les catholiques qui n'attaquent pas le château gardé par un nouveau converti.

Références

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  1. Guide du patrimoine en France : 2500 monuments et sites ouverts au public, Éditions du patrimoine - Centre des monuments nationaux, , 957 p. (ISBN 978-2-7577-0695-4), p. 27.
  2. « Château de Ventadour (restes) », notice no PA00116731, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Généalogie de la maison de Montlaur : Branche cadette dite du Vivarais.
  4. Josyane et Alain Cassaigne, 500 châteaux de France : Un patrimoine d'exception, Éditions de La Martinière, , 395 p. (ISBN 978-2-7324-4549-6), p. 26.
  5. a b et c Patrimoine d'Ardèche : château de Meyras dit château de Ventadour.
  6. Cassaigne, 2012, p. 26.

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Bibliographie

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  • Vicomte L. de Montravel, Monographie des paroisses du diocèse de Viviers - Meyras, p. 83-91, dans Revue historique, archéologique, littéraire et pittoresque du Vivarais illustrée, (lire en ligne)
  • Serge Dahoui, Ventadour, Impremta de Montserrat, 1973
  • Georges Grégoire, Le Château de Meyras dit de Ventadour, Humbert et fils, Largentière, 1976
  • Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 752
  • Michel Riou, Ardèche, Terre de châteaux, La Fontaine de Siloé, Montmélian, 2004 (ISBN 2-84206-214-0) (aperçu)
  • Philippe Denis, Le Château de Meyras dit de Ventadour (Ardèche). Dessins, plans, interprétation des inventaires, édité à compte d'auteur
  • Jean-Luc Bourbon, Recueil d'essais sur le château de Meyras, dit de Ventadour, écrits de 2009 à 2017 (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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