Chatrichalerm Yukol — Wikipédia
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Père | Anusorn Mongkolkarn (en) |
Mère | Ubol Yugala-na-ayuthaya (d) |
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Le prince Chatrichalerm Yukol (en thaï : หม่อมเจ้า ชาตรีเฉลิม ยุคล[1],[2]), né le à Bangkok, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma thaïlandais[3]. Il est aussi désigné par le surnom Tan Mui (ท่านมุ้ย)[4] et est apparenté à la famille royale régnante, la dynastie Chakri[5].
Parmi les réalisateurs du renouveau du cinéma thaïlandais dans les années 1970 et 1980 (avec, entre autres, Euthana Mukdasanit, Permpol Choey-Aroon et Manop Udomdej), Chatrichalerm Yukol est sans doute le précurseur le plus prolifique et le plus complet. Membre de la famille royale, il profite de sa position pour traiter des sujets sociaux audacieux comme dans Docteur Karn en 1973, Hotel Angel (en) en 1974, Taxi Driver en 1977[6] et Gunman (en) en 1983[7].
Biographie[8]
[modifier | modifier le code]Années 60 : les études
[modifier | modifier le code]De 1957 à 1973, le cinéma et la littérature thaïlandais sont constitués essentiellement de « bluettes sirupeuses » qui échappent à la censure du régime autocratique et de films d'horreur qui flattent le goût du public[9]. Dans les années 60, le jeune Chatrichalerm Yukol quitte la Thaïlande pour aller étudier d'abord en Australie puis aux États-Unis à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il obtient une licence en géologie[10] option cinéma. Il rencontre Francis Ford Coppola[11] et Roman Polanski. Ensuite, il travaille comme assistant pour Merian C. Cooper, réalisateur (avec Ernest B. Schoedsack) de Chang (1927) et du célèbre King Kong (1933)[12].
Des années 70 aux années 90 : un cinéma social[13],[14]
[modifier | modifier le code]De retour en Thaïlande, Chatrichalerm Yukol tourne d'abord Out of the Darkness (en) (มันมากับความมืด / Mun ma gub kwam mud / It Comes Out of the Darkness) (1971), le premier film de science-fiction thaïlandais[15]. Puis, très vite, il réalise, profitant de la liberté et protection que lui assure le fait d'être membre de la famille royale[16], des films décrivant avec franchise la réalité sociale de la Thaïlande contemporaine[17],[18],[19] :
- La corruption générale : Docteur Karn (เขาชื่อกานต์ / Khao chue Karn / Son nom est Karn, 1973) est basé sur le roman du même nom de l'écrivaine Suwanni Sukhonta.
Ce film est considéré comme le premier film engagé de l'histoire du cinéma thaïlandais.
Il traite de la corruption des fonctionnaires à travers l'histoire des luttes et de l'assassinat d'un médecin de province[20].
Ce film a failli être censuré mais Chatrichalerm Yukol est allé rencontré en personne le dictateur militaire anti-communiste Thanom Kittikhachon (premier ministre thaïlandais de 1963 à 1973) et l'a convaincu de ne pas couper son film[21]. Le , la contestation sociale et étudiante fait chuter le régime après 3 jours de violence contre les étudiants. Thanom Kittikhachon démissionne et est contraint à l'exil.
- La prostitution : La madone des bordels (Hotel Angel (en) / Angel / เทพธิดาโรงแรม / Theptida rong ram, 1974)[22],[23],[24] ;
- Le divorce et la déception amoureuse : Le Dernier Amour (Last Love / ความรักครั้งสุดท้าย) (1975 ; remake en 2003)[25],[26] ;
- L'exode rural, les taudis et les arnaques de la ville : Taxi Driver (ทองพูน โคกโพ ราษฎรเต็มขั้น / Thongpoon khopko rasadorn temkan / Citizen 1 / Citizen Thongpon Khokpho / Citoyen à part entière, 1977)[27] ;
- La spéculation immobilière et les bidonvilles de Bangkok[28] : Somsee (ครูสมศรี / Kru Somsri / Teacher Somsi, 1986) ;
- La déforestation[29] et le trafic illégal du bois[30] : Le Gardien d'éléphants (คนเลี้ยงช้าง / Khon Liang Chang, 1987)[31] ;
- Les filières de la drogue : Powder Road (เฮโรอิน / Heroin, 1991)[32] ;
- Les trafics d'armes à la frontière Thaïlande-Birmanie : Gunman 2 (Salween / มือปืน 2 สาละวิน / Muepuen 2 Salawin, 1993)[33],[34] ;
- Les dérives d'une certaine jeunesse de Bangkok, la vie d'adolescentes rongées par la drogue[35],[36] : Daughter (เสียดาย / Sia Dai / Dommage, 1994)[37] ;
- Une affaire de sang contaminé : Daughter 2 (เสียดาย 2 / Sia Dai 2 / Dommage 2, 1996).
Depuis 2000 : un cinéma historique, royal et épique
[modifier | modifier le code]Le prince Chatrichalerm Yukol, dans ses derniers films, s'attache à des fresques historiques sur les rapports aux XVIe et XVIIe siècles entre la Thaïlande et son ennemi de toujours, la Birmanie :
- Suriyothai (2001)[38], film racontant la vaillance de la légendaire reine Suriyothai[39] (qui, comme le légendaire roi Arthur et ses chevaliers de la Table ronde, a une existence très mystérieuse et n'aurait peut-être même jamais existé selon des historiens) ;
- Les six films (deux triptyques) sur le roi Naresuan, le grand roi d'Ayuthia (de 2007 à 2015)[40].
Dans ces fresques historiques très maîtrisées, aux personnages complexes et aux décors somptueux, tournées avec des moyens considérables (les plus gros budgets de l'histoire du cinéma thaïlandais mais aussi les plus grands succès commerciaux locaux en salle de tous les temps[41]), Chatrichalerm témoigne surtout d'un réel plaisir de filmer et du souci de restituer aux thaïlandais leur histoire.
Filmographie
[modifier | modifier le code]- 1971 : Out of the Darkness (en) (มันมากับความมืด / Mun Ma Kub Kwam Mued)
- 1973 : Docteur Karn (เขาชื่อกานต์ / Khao Chue Karn)
- 1974 : The Colonel (ผมไม่อยากเป็นพันโท / Pom Mai Yak Pen Pan To / I Don't Want To Be a Lieutenant)
- 1974 : Hotel Angel (en) (เทพธิดาโรงแรม / Thep Thida Rong Raem / The Angel / La madone des bordels)
- 1974 : Last Love (ความรักครั้งสุดท้าย / Kuam Rak Krang Suthai)
- 1975 : The Violent Breed/ Angel Who Walks on the Ground (เทวดาเดินดิน / Thewada Doen Din / Grounded god / Earth Angel)[42]
- 1975 : Dangerous Modelling
- 1977 : Taxi Driver (ทองพูน โคกโพ ราษฎรเต็มขั้น / Citizen I / Citoyen à part entière)
- 1978 : Sister-In-Law (น้องเมีย)
- 1978 : Kama (กาม)
- 1980 : The Yellowing of the Sky (อุกาฟ้าเหลือง / The Yellow Sky / Before the Storm)
- 1981 : If You Still Love (ถ้าเธอยังมีรัก)
- 1983 : Gunman (en) (มือปืน / Meu peun / Le Tueur à gages)
- 1984 : Detective, Section 123
- 1985 : Freedom of Taxi Driver (อิสรภาพของ ทองพูน โคกโพ / Freedom of Citizen / Citizen II)
- 1986 : Somsee (ครูสมศรี / Kru Somsri / Teacher Somsi)
- 1987 : Le Gardien d'éléphants (คนเลี้ยงช้าง / Khon Liang Chang)
- 1990 : Song for Chao Phraya (น้องเมีย / Nawng Mia) [43]
- 1991 : Powder Road (เฮโรอิน / Heroin)[44]
- 1993 : Salween (มือปืน 2 / Gunman 2)
- 1994 : Daughter (เสียดาย / Sia Dai / Dommage)
- 1995 : Daughter 2 (เสียดาย 2 / Sia Dai 2 / What a Shame 2 / Dommage 2)
- 1998 : Box (Klong)
- 2001 : Suriyothai (สุริโยไท / Suriyothai)
- 2003 : Last Love (ความรักครั้งสุดท้าย / Kuam Rak Krang Suthai / remake de son film de 1974)
- 2007 : King Naresuan (les premier et deuxième des six films sur Naresuan)
- 2011 : King Naresuan 3 et 4
- 2014 : King Naresuan 5[45]
- 2015 : King Naresuan 6[46],[47]
- 2015 : Pantai Norasingha (พันท้ายนรสิงห์)
Influence
[modifier | modifier le code]« Celui qui leur (à Euthana Mukdasanit, Permpol Cheyaroon, Manop Udomdej...) avait ouvert la voie et continuait de marquer profondément le paysage du cinéma thaïlandais était M.C. Chatri Chalerm Yukol. Dans une longue suite de films dont il convient au moins de citer Thongpoon khopko rasadorn temkan (Thongpoun Khopko, citoyen à part entière, 1977) ou Muepuen (Le Tueur à gages, 1983), il a abordé l'essentiel des problèmes de la société thaïlandaise contemporaine[48]. »
— Gérard Fouquet, Profondeurs insoupçonnées (et remugles ?) des « eaux croupies » du cinéma thaïlandais
Notes et références
[modifier | modifier le code]Sa fille Patamanadda Yukol a assuré le montage de son film Suriyothai et sa série des six films King Naresuan ainsi que le montage de The Macabre Case of Prompiram de Manop Udomdej, de The Unseeable de Wisit Sasanatieng et de tous les films de Pen-ek Ratanaruang de Fun Bar Karaoke à Headshot[49].
- (fr + th) Gilles Delouche, Méthode de Thaï - Volume 2, L'Asiathèque - maison des langues du monde, (1re éd. 1991), 218 p. (ISBN 978-2-915255-67-6), Chapitre X page 188
- (fr + th) Wanee Pooput et Michèle Conjeaud (préf. Gilles Delouche), Pratique du thaï - Volume 2, L'Asiathèque - maison des langues du monde, , 252 p. (ISBN 978-2-36057-012-6), Conversation 11 - Aller au cinéma pages 253 à 256
- (th) « หม่อมเจ้าชาตรีเฉลิม ยุคล », sur thairath.co.th, Thai Rath (consulté le )
- (th) « “ท่านมุ้ย” ตามรอยองค์ภูมินทร์ ขวบปีแห่งแก่นแท้ของชีวิต », sur komchadluek.net,
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- Sous la direction d'Adrien Gombeau, Dictionnaire du cinéma asiatique, Paris, Nouveau monde (éditions), , 640 p. (ISBN 978-2-84736-359-3), p. 599-600
- Arnaud Dubus, Thaïlande : Histoire, Société, Culture, Paris, La Découverte, , 224 p. (ISBN 978-2-7071-5866-6), p. 204
- (en) « At the movies - Royal Filmmaker », sur nytimes.com, The New York Times,
- « Coppola sur la croisette », sur lesinrocks.com, Les Inrockuptibles,
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- (th) « "ดูหนังฟังเดชา" 6 ก.ค. นี้ », sur komchadluek.net,
- "Naresuan's like a visiting uncle can't get rid of", The Nation, 31 octobre 2014
- (en) Festival international du film fantastique de Puchon, « King Naresuan 6 », sur bifan.kr,
- "No, really, Naresuan 6 is supposed to be the end", The Nation, 20 novembre 2014
- Gérard Fouquet, « Présentation : profondeurs insoupçonnées (et remugles ?) des « eaux croupies » du cinéma thaïlandais », Aséanie, Sciences Humaines en Asie du Sud-Est, 12, , p. 153 (lire en ligne)
- « Dossier de presse Headshot 13 pages : Patamanadda Yukol, Monteuse page 8 » [PDF], sur medias.unifrance.org, (consulté le )
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Prince Chatrichalerm Yukol sur le site du Festival International des Cinémas d'Asie (Vesoul)
- YUKOL Chatri Chalerm sur Cinémasie