Corps intermédiaires — Wikipédia
Les corps intermédiaires, héritiers des corps de l'Ancien Régime[1], sont des groupes sociaux, situés à un niveau intermédiaire entre l’individu et l’État, indépendants et autonomes, constitués naturellement ou par accord délibéré en vue d’atteindre un objectif collectif. ; par exemple : partis politiques, entreprises et syndicats, divisions administratives du territoire, chambres de commerce et d'industrie, associations, voire groupes de pression, etc.
Présentation
[modifier | modifier le code]Pour qualifier les corps intermédiaires, on peut reprendre une formule de Pierre Rosanvallon et parler d'« institutions de l'interaction » [2].
Le professeur de science politique Yves Mény regroupe les corps intermédiaires en trois catégories :
- les organisations politico-sociales : partis politiques, syndicats, patronat, etc.
- les organisations professionnelles sectorielles : chambres de commerce, chambres d'agriculture, ordre des avocats, Conseil supérieur du notariat, etc.
- les associations loi de 1901
Les journalistes, qui servent d'intermédiaire entre la société civile et le pouvoir politique, peuvent également être considérés comme un groupe intermédiaire[3].
Montesquieu englobe même dans cette définition les ordres, comme la noblesse et le clergé, et les collectivités territoriales[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]L'un des principaux traits de la culture révolutionnaire française a été le rejet des corps intermédiaires. La loi Le Chapelier () a supprimé les corporations, car elles risquaient d'introduire un intérêt intermédiaire entre celui de l'individu et celui de l'État. C'est ce qui a fait dire à l'auteur de la loi à l'été 1791 :
« Il n’y a plus de corporation dans l’État ; il n’y a plus que l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation. »
La Révolution a procédé non seulement du rejet de la société d’ordre mais aussi du rejet de la société de corps, introduisant un face-à-face de l’individu et de l’État[4].
La loi Le Chapelier a été abrogée par le vote de la loi Waldeck-Rousseau (), qui a autorisé les syndicats.
Aujourd'hui
[modifier | modifier le code]Le mouvement fédéraliste La Fédération cherche à promouvoir les corps intermédiaires afin d'appliquer le principe de subsidiarité de façon horizontale, par la répartition des fonctions entre les corps intermédiaires de la société : institutions politiques, entreprises, syndicats, familles, associations, Églises, etc.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Encyclopédie Universalis, consulté le 29 avril 2012.
- Druelle-Korn Clotilde, « Diktat des « corps intermédiaires » ? », Le Monde du 19 mars 2012.
- Ilan Caro, « Qui sont ces « corps intermédiaires » attaqués par Sarkozy ? », francetv.fr, publié le 20 février 2012, consulté le 29 avril 2012.
- Pierre Rosanvallon, « Histoire moderne et contemporaine du politique », cours au Collège de France, Les corps intermédiaires dans la démocratie