Déboulonnage — Wikipédia
Un déboulonnage est une opération au cours de laquelle une statue située dans l'espace public en est retirée du fait de l'intervention d'un groupe aux yeux duquel la personnalité représentée en sculpture ne mérite pas l'honneur d'un tel monument, ou ne le mérite plus. C'est un exemple de dé-commémoration.
Il prend souvent la forme d'un renversement qui voit une statue se tenant jusqu'alors debout, basculée vers le sol depuis son éventuel piédestal, sans aucun ménagement particulier, le plus généralement à la faveur de la traction sur une ou plusieurs cordes, par les participants à un mouvement sociopolitique condamnant le pouvoir ou la moralité du sujet de l'œuvre en question.
Forme de vandalisme iconoclaste jouant de la violence symbolique pour marquer de façon spectaculaire un changement de régime, le déboulonnage fait partie du répertoire d'actions des révolutionnaires. Selon Matthew Parris, la foule qui déboulonne une statue n'efface pas l’histoire, mais au contraire elle l’écrit[1].
Quelques déboulonnages célèbres
[modifier | modifier le code]- 1871 : colonne Vendôme et statue de Napoléon, pendant la Commune de Paris, France.
- 1970 : statue d'Adolphe Thiers à Nancy, France.
- 2003 : statue de Sadam Hussein à Bagdad, Irak.
- 2011 : Monument à l'Humanité (en), de Mehmet Aksoy (en), à Kars, symbolisant l'amitié turco-arménienne, détruit à la demande du Premier ministre Erdogan[2].
- 2015 : statue de Cecil Rhodes sur le campus du Cap en Afrique du Sud, dans le cadre de la campagne Rhodes Must Fall.
- 2015 : statue de Lénine à Kramatorsk, Ukraine.
- 2020 : statues de Victor Schoelcher, Joséphine de Beauharnais et Pierre Belain D'Esnambuc en Martinique.
- 2020 : statue d'Edward Colston à Bristol, Royaume-Uni.
- 2020 : statue de Christophe Colomb à Saint Paul, États-Unis.
Références
[modifier | modifier le code]- Matthew Parris, « Tant mieux si les statues des esclavagistes tombent ! », sur Courrier international, (consulté le )
- Ragip Duran, « L’amitié turco-arménienne en morceaux », sur Libération (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Derek Moss, « Un rituel de déboulonnage de statue » in La Revue nouvelle, no 7, .
- (en) Alex von Tunzelmann, Fallen Idols: Twelve Statues That Made History, Headline, 2021.
- (en) Matthew Fraser, Monumental Fury: The History of Iconoclasm and the Future of Our Past, Prometheus, 2022.
- Jacqueline Lalouette, Les statues de la discorde, Paris, Passés composés, , 239 p. (ISBN 978-2-3793-3640-9).
- Bertrand Tillier, La disgrâce des statues : Essai sur les conflits de mémoire, de la Révolution française à Black Lives Matter, Paris, Éditions Payot & Rivages, coll. « Histoire Payot », , 288 p. (ISBN 978-2-228-93162-5).
- Françoise Vergès, De la violence coloniale dans l'espace public, Shed Publishing, , 192 p. (ISBN 2957749807)
- Sarah Gensburger et Jenny Wüstenberg (dir.), Dé-commémoration : Quand le monde déboulonne des statues et renomme des rues, Fayard, , 448 p. (EAN 9782213722054, présentation en ligne)