Démographie de la Crimée — Wikipédia

La démographie de la Crimée désigne l'ensemble des données et études concernant la population de la Crimée à toutes les époques.

Premiers peuplements

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Antiquité et Moyen Âge

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Les Grecs ont établi des colonies en Crimée dès le VIe siècle av. J.-C.

Au Moyen Âge, la Crimée est tour à tour dominée par les Goths, les Khazars, les Byzantins (qui n'occupent que le sud de la péninsule), les Petchénègues, les Russes, les Coumans, les Mongols de la Horde d'or, et les Tatars qui fondent au XVe siècle un État : le khanat de Crimée. La région est alors majoritairement peuplée de Goths, de Grecs pontiques, d'Arméniens, de Juifs krymtchaks, et de marchands génois. Par la suite, les Tatars deviennent majoritaires en Crimée.

Remplacement de population à partir de la fin du XVIIIe siècle

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Du XVIIIe siècle au XXe siècle, les Tatars (en vert clair) perdent peu à peu leur statut de population majoritaire, jusqu’à ne devenir qu’une simple minorité.

Les Tatars de Crimée restent majoritaires tant que le khanat subsiste. En 1782 toutefois, la noblesse criméenne se révolte contre le khan Chahin Giray (Şahin Giray) qui fait appel aux Russes. Catherine II en profite pour annexer le pays. Il en résulte l’émigration de 300 000 Tatars vers la Turquie[Ro 1]. Allemande d’origine, Catherine II favorise une immigration allemande en Crimée qui se maintiendra jusqu’à la seconde guerre mondiale (cf. Allemands de Crimée). Après la guerre de Crimée en 1854-1855, 142 000 autres Tatars émigrent[Ro 1], puis environ 300 000 pour la période 1855-1866[R 1]. Largement majoritaires au XVIIIe siècle, les Tatars ne représentent plus que 35,11% d’une population bigarrée lors du recensement de l'Empire russe de 1897[D 1].

Le déclin des Tatars se poursuit au XXe siècle, tandis qu’on observe parallèlement l’apparition d’une minorité russe en Crimée. Après la seconde guerre mondiale, le , l’URSS décide de déporter la majeure partie des Tatars, suspectés de collaboration avec les nazis, en Asie et en Sibérie : la population chute à quelques milliers. Réhabilités en 1967, quelques-uns d’entre eux retournent en Crimée, mais en nombre limité[Ro 1]. Les criméens d’origine allemande sont eux-aussi contraints à émigrer. La seconde moitié du XXe siècle voit alors la population russe devenir de plus en plus majoritaire en Crimée.

À partir des années 1990 toutefois, et pour des raisons à la fois politiques et économiques[Ro 1], le retour des Tatars en Crimée se fait plus prononcé : de 38 000 en 1989, ils sont 80 000 en 1990, 150 000 en 1992, près de 200 000 en 1998[Ro 1]. Ils restent toutefois une minorité puisque le dernier recensement, effectué en 2012, dénombre 12,2% de Tatars contre 65,3% de Russes en Crimée.

Données démographiques durant l’occupation ottomane

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Registres de recensement de l’Empire Ottoman

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De précieuses indications démographiques sont données par les registres Tapu ve Tahrir 214 et 370 des archives de la présidence du conseil (Basbakanlik arsinki).

Voir : Gilles Veinstein et Mihnea Berindei, « La présence ottomane au sud de la Crimée et en mer d'Azov dans la première moitié du XVIe siècle », Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 20, no 3,‎ , pp. 389-465 (lire en ligne, consulté le ).

Évolution des groupes ethniques depuis le recensement de 1897

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L’évolution des populations ethniques composant la Crimée peut être précisément suivie. On peut en effet dénombrer dix remembrements en Crimée depuis 1897 :

Groupe ethnique Empire russe URSS Ukraine
Recensement de 1897[D 1] 1926[D 2] 1939[D 3] 1959[D 4] 1970[D 5],[Ro 2] 1979[D 6] 1989[D 7],[Ro 2] 2001[R 2] 2014[R 3],[R 4],[R 5]
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %
Russes 180 963 33,11 301 398 42,2 558 481 49,6 858 273 71,4 1 220 484 67,3 1 460 980 66,9 1 629 542 67,0 1 450 400 60,4 1 492 000 65,3
Ukrainiens 64 703 11,84 77 405 10,6 154 123 13,7 267 659 22,3 480 733 26,5 547 336 25,1 625 919 25,8 576 600 24,0 344 500 15,7
Tatars de Crimée 194 294 35,55 179 094 25,1 218 879 19,4 5 422 0,2 38 365 1,6 258 700 10,8 246 073 12,2
Biélorusses 2 058 0,38 3 842 0,5 6 726 0,6 21 672 1,8 39 793 2,2 45 000 (e) 2,1 50 045 2,1 35 000 1,5 21 700 0,9
Arméniens 8 317 1,52 10 713 1,5 12 923 1,1 3 091 0,2 2 794 0,1 10 000 0,4 11 000 0,5
Juifs 24 168 4,42 45 926 6,4 65 452 5,8 26 374 2,2 25 614 1,4 17 371 0,7 5 500 0,2
Autres 72 089 13,19
Population totale 546 592 713 823 1 126 429 1 201 517 1 813 502 2 184 000 2 430 495 2 401 200 2 284 400

Notes et références

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Références

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  • (ru) « Demoscope.ru », Демоскоп (consulté le )
  • (en) Piotr Eberhardt (trad. Jan Owsinsky), Ethnic Groups and Population Changes in Twentieth Century Eastern Europe : History, Data and Analysis, Londres, New York, Routledge, (1re éd. 2003) (lire en ligne)
  1. a b c d et e Note 28 page 263.
  2. a et b Tableau 4.51 page 248, « Changes in the Ethnic Structure of the District of Crimea, Ukrainian SSR, 1970-1989 ».
    Données issues de : Natsional’nyi sostav naseleniia SSSR, Moscow, Finansy i statistika 1991.
  • Autres références
  1. (en) Alan W. Fisher, « Emigration of Muslims from the Russian Empire in the Years After the Crimean War », Jahrbücher für Geschichte Osteuropas. Neue Folge., vol. 35, no 3,‎ , pp. 356-371 (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) All-Ukrainian population census 2001, State Statistics Committee of Ukraine.
  3. « Отдых в Крыму », sur krymedia.ru via Wikiwix (consulté le ).
  4. « Катастрофический фактор », sur kasparov.ru (consulté le ).
  5. « eurasianstudies.wordpress.com/… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Liens externes

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