Damergou — Wikipédia

Damergou
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Le Damergou est un plateau du Niger.

Géographie

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Le Damergou s'étend sur une partie des communes de Gangara, Olléléwa et Tanout dans la région de Zinder. Il est situé au nord du Sahel en bordure du désert du Ténéré[1]. C'est un plateau coupé par plusieurs vallées. Les principaux groupes ethniques du Damergou sont des membres du sous-groupe Kanouri Dagra et des Haoussas, tous deux sédentaires, des sous-groupes Peuls semi-nomades traditionnels tels que les Uda'en, Katchinanko'en et Tchilawa, des communautés traditionnellement nomades de Touareg et le sous-groupe Peul Wodaabes[2].

Le Damerguu et ses environs, section de carte de l'atlas manuel de Stieler (1891).
Paysage du Damergou près du village de Bourourou en 1899.

Du XVe au XIXe siècle, le Damergou est une zone migratoire sans administration politique unifiée, située entre le sultanat de l'Aïr au nord et l' empire du Bournou avec ses provinces de Zinder et Mounio (de) et les royaumes haoussa au sud. Au XVe siècle, les Touareg venus de l'Aïr supplantent les Proto-Haoussa qui étaient là depuis des siècles. Les Dagra étaient présents dès le XVIe siècle. D'autres Touareg de l'Aïr suivent. Vers la fin du XIXe siècle, un groupe de commerçants nord-africains arrive de Ghadamès[3]. La principale route du commerce transsaharien entre la Tripolitaine et les États haoussa, établie au XVe siècle, passe par le Damergou[4].

Les explorateurs européens de l'Afrique, Heinrich Barth, Adolf Overweg et James Richardson se rendent au Damergou au début de 1851. Barth rédige une description détaillée des conditions de l'époque. Les principaux centres politiques du Damergou sont Dan Kamsa (de), Farara (de), le sud de Koulan Karki, Olléléwa et Taghelel (de)[5]. Compte tenu des riches champs de maïs de Bani Walki (de) et du nord de Koulan Karki, qui peuvent faire vivre plus que la simple population locale, Barth juge la région comme « une zone susceptible de devenir de la plus haute importance dans l'histoire future de l'humanité »[6]. Jules Verne fait voler en ballon les héros de son roman Cinq Semaines en ballon, en 1863, au-dessus du Damergou.

Proche de Zinder, le Damergou est colonisé par la France au XIXe siècle. Il est alors essentiellement habité par des touareg. La France se désintéresse rapidement du territoire[7]. La mission Foureau-Lamy traverse la région en octobre 1899, s'arrêtant à Gangara et à Sabon Kafi (de)[8]. De 1901 à 1960, le Damergou fait ainsi partie de l'empire colonial français. Le premier poste français est créé par Henri Gaden, venu de Zinder[9], en mai 1901 dans le village de Guidjigaoua (de). En septembre 1901, ce poste est transféré à Djadjidouna (de) et à partir de 1915 le Damergou est administré depuis Tanout[10].

Des études géologiques y sont menées dans les années 1930[11],[12].

Notes et références

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  1. Yehoshua Rash, « Des colonisateurs sans enthousiasme : les premières années françaises au Damergou », Revue française d’histoire d'outre-mer, no 214,‎ , p. 7 (lire en ligne, consulté le )
  2. Badé Sambo, Historique de l’itinéraire de la mobilité du groupe d’éleveurs transhumants WodaaBe Suudu Suka’el de la commune de Tanout (Damergou), région de Zinder : Mémoire de D.E.A., Niamey, Université Abdou Moumouni de Niamey, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département de Géographie, , PDF (lire en ligne), p. 16
  3. Malam Issa Mahaman, « Migrations, identité et construction étatique au Sahel nigérien : l’expérience des populations du Damargu précolonial (République du Niger) », Afrika Zamani, nos 15–16,‎ , p. 64–65 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. Emmanuel Grégoire, Touaregs du Niger. Le destin d’un mythe, Paris, Karthala, (ISBN 978-2-8111-0352-1), p. 185
  5. (de) Heinrich Barth, Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika in den Jahren 1849 bis 1855, vol. I, Gotha, Justus Perthes, , p. 618–619
  6. Heinrich Barth, Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika in den Jahren 1849 bis 1855, vol. I, Gotha, Justus Perthes, , p. 607
  7. Yehoshua Rash, « Des colonisateurs sans enthousiasme : les premières années françaises au Damergou », Outre-Mers. Revue d'histoire, no 214,‎ , p. 5-69.
  8. Fernand Foureau, Documents scientifiques de la mission saharienne. Mission Foureau-Lamy d’Alger au Congo par le Tchad : II: Géologie. Pétrographie et paléontologie. Esquisse ethnographique. Notes sur la faune préhistorique. Aperçu commercial. Conclusions économiques, Paris, Masson, (lire en ligne), p. 652
  9. Yehoshua Rash, « Des colonisateurs sans enthousiasme : les années françaises au Damergou (suite et fin) », Revue française d’histoire d'outre-mer, no 215,‎ , p. 261 (lire en ligne, consulté le )
  10. Edmond Séré de Rivières, Histoire du Niger, Paris, Berger-Levrault, , p. 233
  11. L. Joleaud, « Crustacés décapodes du Crétacé de Tanout (Damergou Niger français) », Archives du Muséum national d'Histoire naturelle, vol. 6e série, nos 13/1,‎ , p. 99-110.
  12. Raymond Furon, Vue d'ensemble sur la géologie du Damergou (Niger français), .

Bibliographie

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  • (en) Stephen Baier, « Trans-Saharan trade and the Sahel: Damergu, 1870–1930 », The Journal of African History, vol. 18, no 1,‎ , p. 37–60
  • (nl) Hendrik Eduard Jan Jorritsma, Damergou. Een historische en sociaal-ekonomische studie van een landstreek in midden-Niger : Dissertation, Universität Utrecht,
  • Malam Issa Mahaman, « Migrations, identité et construction étatique au Sahel nigérien : l’expérience des populations du Damargu précolonial (République du Niger) », Afrika Zamani, nos 15–16,‎ , p. 63–98 (lire en ligne [PDF])
  • Yehoshua Rash, Les premières années françaises au Damergou. Des colonisateurs sans enthousiasme, Paris, Geuthner, coll. « Bibliothèque d’histoire d’outre-mer. Nouvelle série: Études » (no 3),
  • Alhassane Sallah, « L’élevage extensif dans le Damergou (Niger) », dans André Bourgeot, Horizons nomades en Afrique Sahélienne. Sociétés, développement et démocratie, Paris, Karthala, , 263–272 p. (ISBN 2-86537-900-0)

Liens externes

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