Danzón — Wikipédia
Le danzón est un genre musical ayant émergé à Matanzas, Cuba, créé en 1879 par le musicien Miguel Faílde. C'est une forme de contradanza - habanera, plus spontanée et sur laquelle les musiciens improvisent. Ce genre musical, très prisé à Cuba entre 1880 et 1920, s’inscrit chronologiquement entre la contradanza, héritière du quadrille, et le son cubain, qui donnera plus tard la salsa. Après la révolution cubaine de 1959, le style a entamé son déclin à Cuba[1].
Le danzón est déclaré patrimoine culturel de Cuba en 2013. Il s'est répandu en République dominicaine et au Mexique, où il est encore pratiqué avec passion[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]Origines et débuts
[modifier | modifier le code]Au XIXe siècle à Cuba, la contradanza est devenue la criolla et plus tard la « danse cubaine », qui séduit la bourgeoisie havanaise[3]. En 1842 apparaissent les premières contredanses chantées, qui deviendront plus tard les fameuses habaneras[4]. Le premier danzón connu, intitulé Las Alturas de Simpson, a été entendu pour la première fois le 1er janvier 1879 au Liceo de Matanzas. Elle était interprétée par un « orchestre typique » de vent, qui avait un cornet, un trombone à piston, une figue, deux clarinettes en do, deux violons, une contrebasse, deux timbales et un güiro créole. Cet orchestre était dirigé par la jeune cornettiste Lambert Capucine [5], qui en était l'auteur[6]. Cette pièce est écrite dans une mesure 2x4, il se caractérise par une introduction de huit mesures, une première partie avec une clarinette seule, retour à l'introduction et fermeture par une répétition de la première partie ; C'est une version du quadrille français avec des influences musicales cubaines. Un succès immédiat. Pour tous les compositeurs de l’île, le genre reste une figure imposée[7].
D'abord joué par les tipicas, orchestres incluant instruments à vent, cuivres, cordes, güiro et timbales, ceux-ci seront remplacés dans les années 1920 par les charangas, orchestres incluant piano, violons, violoncelles, güiro, clarinette, flûte, contrebasse et timbales.
En 1910, le clarinettiste et chef d'orchestre José Urfé compose Bombín de Barreto, un danzón auquel il incorpore un nouveau rythme (nuevo rítmo) dérivé du son cubain, qui servira de base au mambo en 1937.
Le danzónete est un genre hybride qui intègre notamment l'interprétation vocale[8].
Période contemporaine
[modifier | modifier le code]De grands compositeurs — George Gershwin, Leonard Bernstein — ont intégré le danzón dans leurs œuvres, alors qu'aujourd'hui, le compositeur mexicain Arturo Márquez, est célèbre pour ses danzónes notamment le Danzón nº 2 (1994) joué dans toute l'Amérique latine et dans le monde.
Les Mexicains raniment une tradition sur le point de disparaître à Cuba[1]. En effet, le Mexique a reçu de Cuba et de quelques autres nations des Caraïbes différents courants musicaux, surtout depuis la fin du XVIIIe siècle et jusqu'au XXe siècle.
Le danzón est issu d'une fusion de rythmes haïtiens, comme la contradanza anglaise adoptée en France au XVIIe siècle, et de cubains d'ascendance africaine[4], Aujourd'hui, les gens dansent encore le danzón au Mexique, en particulier sur les places principales de Veracruz, Oaxaca et Mexico, et dans les festivals annuels à travers le Mexique[9]. La danse a connu un deuxième renouveau dans les années 1990, en particulier parmi les personnes âgées de ce pays[4].
Parmi les interprètes les plus connus figurent : L'Orchestre Belisario López[10], Arcaño y sus Maravillas[11], Acerina y su danzonera[12] et Toña la Negra[13]. Cette danse est devenue très populaire dans le monde entier grâce au film Danzón de 1991 de la réalisatrice mexicaine María Novaro[14].
L’orchestre Failde est nommé aux Latin Grammy Awards de 2020[15], dans la catégorie Meilleur Album Tropical Traditionnel avec Failde con tumbao, une production de l’Egrem, à Matanzas, la ville des ponts et le berceau du danzón et aussi aux écoles d’art cubaines qui perpétue le style, ayant comme directeur Ethiel Failde[16]. L'album Joyas inéditas, enregistré en février 2021, comprend les danzónes sauvés El Naranjero, Cuba Libre, A La Habana me Voy et Nievecita composés par Miguel Failde lui-même[8]. L'enregistrement des partitions est important pour que la société contemporaine et les générations futures « aient une référence pour ce qui était leur identité », a déclaré la musicologue María Victoria Oliver[17].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Les Mexicains ont ranimé le danzon, une tradition sur le point de disparaître à Cuba ! », sur La Prensa Francesa, (consulté le )
- (es) Editorial Demos et Ap, « La Jornada - Danzones perdidos por un siglo vuelven a la vida en Cuba », sur www.jornada.com.mx (consulté le ).
- Isabelle Leymarie, La musique sud-américaine. Rythmes et danses d'un continent, Gallimard, coll. « découvertes Gallimard » (ISBN 2-07-053391-3), p. 40-41.
- (en) « The origins of danzón and its tradition in Mexico », sur Mexicanist, (consulté le ).
- « EcoleDirecte », sur www.ecoledirecte.com (consulté le )
- Last Night in Orient- LNO, « Las Alturas de Simpson · La Orquesta Folklórica Nacional Cubana (La Charanga Típica Nacional de Concierta) », sur Last Night in Orient (consulté le )
- « Ethiel Failde : pour l’amour du danzon », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le "Danzón", musique cubaine du XIXe siècle remise au goût du jour », sur Africanews, (consulté le ).
- (en) « Young Mexicans embrace the seductive charms of the dance that Cuba forgot », sur the Guardian, (consulté le )
- « Lopez, belisario, orquesta », sur www.montunocubano.com (consulté le )
- (es) « Orquesta Arcaño y sus Maravillas - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le )
- (es) Dirección General de Comunicación Social, Secretaría de Cultura, « Sala de prensa - Cultura en los estados - Secretaría de Cultura », sur www.cultura.gob.mx (consulté le )
- (es) « Toña la Negra », sur www.ecured.cu (consulté le ).
- (es) « Danzón - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le ).
- (en) « Old Danzon Gets Cool Makeover With Latin Grammy-Nominated Orquesta Failde », sur Billboard (consulté le )
- « Un pari sur nos essences | Lettres de Cuba », sur www.lettresdecuba.cult.cu (consulté le )
- (en) « 150 Years on, Cuba's Danzón Musical Genre is Still Alive and Some are Rediscovered », sur News18, (consulté le ).
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :