Dissociation (psychologie) — Wikipédia

Réflexions sur la dissociation chez les personnes qui dissocient.

En psychologie, la dissociation est une « séparation fonctionnelle entre des éléments psychiques ou mentaux qui sont habituellement réunis[1] ». Ainsi, la prise en compte de la réalité et du vécu est inhibée (pensée, jugement, sentiment), de façon temporaire ou durable, pour supporter un traumatisme psychique.

On oppose la dissociation à la psychose qui est une perte de contact avec la réalité, et on distingue plusieurs niveaux de dissociation :

Mais on distingue aussi différents types de dissociations, notamment relativement à :

  • la raison : « Le schizophrène voit ou sent des choses dans une zone psychique inaccessible à sa raison » ;
  • la mémoire, c'est l'amnésie post-traumatique ;
  • la personnalité, dans le cas du trouble dissociatif de l'identité.

Le DSM V ajoute encore la fugue dissociative et le trouble dissociatif non spécifié, mais il existe en fait une grande diversité de dissociations, qui forment un continuum[2], depuis le simple détachement de l'environnement immédiat à un refoulement des ressentis physiques et émotionnels[3]. Dans les cas les plus bénins, la dissociation peut être vue comme un mécanisme de défense qui apparaît en cherchant à maîtriser, minimiser ou supporter un stress, y compris l'ennui ou le conflit. À l'opposé dans ce continuum, on trouve la rêverie et enfin les états modifiés de conscience.

Certaines incapacités dissociatives impliquent l'amnésie, tandis que d'autres ne l'impliquent pas[4]. On distingue les cas de syndrome dissociatif (schizophrénie) et les troubles dissociatifs (amnésie, dépersonnalisation, déréalisation, trouble dissociatif de l'identité).

Étymologie

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« Dissociation » mentale, ou psychique, s'oppose étymologiquement à association (mentale ou psychique). L'association désigne la manière, en principe, harmonieuse et coordonnée avec laquelle le cerveau fonctionne et le psychisme s'organise. Les différents appareils psychiques se coordonnent et s'échangent les informations fondamentales pour assurer une présence congruente au monde. En cas de dissociation, il y a un manque de congruence des propos ou des attitudes. Le terme de « schizophrénie » (schizo : « séparation », et phrénie, phrên, -phrène, -phrénie : « esprit ») possède la même origine étymologique. Celui de dissociation a d'ailleurs été utilisé tout d'abord pour désigner les psychoses précoces, dites « schizophrénies »[5].

Dans les leçons 18 à 22 des Leçons sur les maladies du système nerveux, portant sur sept cas d'hystérie masculine, Jean-Martin Charcot (1825-1893) déclare que les symptômes hystériques sont dus à un « choc » traumatique provoquant une dissociation de la conscience, et dont le souvenir, du fait même, reste inconscient ou subconscient. Il pose là les bases de la théorie « traumatico-dissociative » des névroses, qui sera développée par Pierre Janet, Josef Breuer, Jean Leguirec et Sigmund Freud.

Le philosophe et psychiatre français Pierre Janet (1859–1947) est considéré être l'auteur du concept de la dissociation[6]. Contrairement à certaines conceptions de la dissociation, Janet ne croyait pas que celle-ci était un moyen de défense psychologique[7].

Différents types de dissociation mentale

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Aujourd'hui, on a identifié plusieurs pathologies dissociatives qui sont différentes de la schizophrénie.

Sur le plan fonctionnel, la dissociation est un processus mental complexe permettant à des individus de faire face à des situations douloureuses, traumatisantes ou incohérentes. Elle est caractérisée par une désintégration de l'ego. L'intégrité de l'ego peut être définie comme la capacité d'incorporer à la perception les évènements externes ou les expériences sociales et d'agir en conséquence. Une personne incapable de faire cela avec succès peut vivre des dérèglements émotionnels ainsi que l'écroulement potentiel de l'intégrité de l'ego. En d'autres termes, cet état de dérèglement émotionnel peut être si intense qu'il peut produire, dans les cas extrêmes, une « dissociation ».

La dissociation est un écroulement de l'ego si intense que la personnalité est considérée comme littéralement cassée en morceaux. La différence entre une fugue psychotique et la dissociation est que le psychotique « part » de la réalité alors que dans la dissociation, une partie de la personne essaye de se détacher d'une situation qu'elle ne peut pas gérer tandis qu'une autre partie reste connectée à la réalité. Alors que le psychotique rompt avec la réalité, une partie de la personne dissociée y reste connectée.

Des éléments qui constituent l'esprit, comme la conception que l'on a de son corps, de la réalité, de sa conscience, etc. sont, chez les personnes saines, connectés dans le cerveau, associés pour former sa personnalité. La dissociation est une perte de cette connexion pour un ou plusieurs des éléments constituant le « Moi ». Ces troubles comprennent par exemple la déréalisation, dissociant la réalité qu'on a du monde : la personne vivant ces troubles témoigne vivre comme dans un rêve, dans un monde dépourvu de sens voire inexistant. Se poser des questions métaphysiques, aussi intenses soient-elles, est plus ou moins normal et ne correspond pas à une dissociation. La dissociation arrive quand ces doutes deviennent réellement vécus par l'individu, de manière concrète.

La dépersonnalisation correspond à une dissociation non pas de la réalité, mais de son propre corps, l'individu ne se reconnait plus dans le miroir, son corps lui semble étranger. Parfois, la pensée peut être également dissociée, la personne ressent alors un énorme recul sur sa propre pensée. Parfois l’expérience d'une dissociation peut être recherché par les toxicomanes. Certaines molécules (hallucinogènes dissociatifs) permettent dans certaines conditions d'arriver à un état plus ou moins dissocié.

Une dissociation peut survenir quelques secondes après un très grand stress ou un état émotionnel très important. Le trouble apparaît quand la dissociation persiste. C'est alors une expérience extrêmement choquante pour l'individu, le traitement médicamenteux est largement envisageable pour ce type de pathologies. On recourt souvent a des anxiolytiques benzodiazépines pour lutter contre l'angoisse engendrée par l'état dissocié puis un traitement de fond pour combattre le trouble (antidépresseurs ISRS). Celui-ci est souvent très efficace quand il est associé à un retour de l'individu à ses activités et à sa vie sociale.

Causes potentielles de troubles dissociatifs de la personnalité

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Les troubles dissociatifs de la personnalité sont attribués à l'interaction de différents facteurs :

Les enfants ne naissent pas avec une personnalité unifiée[Information douteuse][réf. nécessaire]. Celle-ci se développe à partir de nombreuses sources et expériences. Chez les enfants subjugués[C'est-à-dire ?], son développement est entravé et de nombreuses parties de ce qui aurait dû être incorporé à une personnalité unifiée restent séparées. Des études[Lesquelles ?] faites en Amérique du Nord montrent que 97 à 98 % des adultes présentant des troubles dissociatifs de l'identité rapportent avoir été victimes d'abus dans leur enfance[réf. nécessaire].

Bien que ces données présentent les abus comme cause principale de la maladie, la cause peut être différente dans des cultures où les conséquences de guerres et d'épidémies jouent un plus grand rôle. De graves problèmes médicaux comme un deuil important et précoce (p.ex. la mort d'un parent) ou d'autres évènements générateurs de stress intense peuvent aussi entrer en ligne de compte.

Une amnésie de l'évènement traumatique est possible.

Beaucoup des symptômes de dissociation mentale peuvent aussi apparaître dans d'autres pathologies. Ces pathologies sont :

D'autres symptômes comprennent la dépersonnalisation, ou la déréalisation, une impression d'être irréel, détaché de soi, de se sentir comme un observateur de sa propre vie.

Tous ces symptômes ne sont que des indicateurs de possibilité de la maladie. Pour que le diagnostic soit établi, deux personnalités distinctes ou plus doivent exister.

Les personnes souffrant de troubles dissociatifs entendent souvent avoir fait des choses dont elles ne se souviennent pas mais qu'elles ont réellement faites.

Elles peuvent présenter des amnésies d’événements qui se sont produits entre le milieu de leur enfance et le début de leur adolescence. L'amnésie d'évènements antérieurs à ces périodes est considérée comme normale.

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dissociation (psychology) » (voir la liste des auteurs).
  1. https://cvpcontrelaviolencepsychologique.com/2014/09/25/etat-de-dissociation-definition/
  2. (en) Dell, P. F., & O'Neil, J. A. (2009). Preface. In P. F. Dell & J. A. O'Neil (Eds.), Dissociation and the dissociative disorders: DSM-V and beyond (pp. xix-xxi). New York: Routledge.
  3. Tomasella 2015, p. 193-196.
  4. (en) M. Van IJzendoorn MH et C Schuengel, « The measurement of dissociation in normal and clinical populations: meta-analytic validation of the dissociative experiences scale (DES) », Clinical Psychology Review, vol. 16, no 5,‎ , p. 365–382 (DOI 10.1016/0272-7358(96)00006-2, lire en ligne)
  5. Eugen Bleuler, Dementia praecox ou le groupe des schizophrénies (1911), EPEL-GREC, Paris, 1993
  6. (en) HF Ellenberger, The discovery of the unconscious : the history and evolution of dynamic psychiatry, New York, BasicBooks, (ISBN 0-465-01673-1)
  7. Pierre Janet, L'automatisme psychologique : essai de psychologie expérimentale sur les formes inférieures de l’activité humaine, Paris, Félix Alcan, 1889/2005, 496 p. (ISBN 978-2-7475-9048-8 et 2-7475-9048-8, lire en ligne)

Bibliographie

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  • Psychothérapie de la dissociation et du trauma, Joanna Smith, Dr Roland Coutanceau, coll. « Psychothérapies », Dunod, 2016.
  • Gérer la dissociation d'origine traumatique - Exercices pratiques pour patients et thérapeutes, collectif ( Suzette Boon, Kathy Steele, Onno Van der Hart, préface Muriel Salmona), coll. « Carrefour des psychothérapies », De Boeck, 2014. (ISBN 978-2-8041-8523-7)
  • Dissociation et mémoire traumatique, Kédia M, Vanderlinden J, Lopez G, Saillot I, Brown D, Paris, Dunod, 2012 (ISBN 2100547801)

Articles connexes

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