Empire d'Oman — Wikipédia
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(328 ans)
Capitale | Rustaq (–) Mascate (–) Stone Town (–) |
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Langue(s) | Arabe (officielle) Langues régionales : Persan Swahili Baloutchi Malgache Anglais Français |
Religion | Ibadisme (officielle), sunnisme, chiisme, christianisme |
Population | |
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• 1870 | ~ 367 400[1] |
Siège de Mombasa | |
Guerre civile | |
Les Persans prennent Sohar | |
Début du règne de la dynastie Al Saïd | |
Traité avec la Grande-Bretagne | |
Division de l'Empire |
1692-1711 | Saif bin Sultan |
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1711-1718 | Sultan bin Saif II |
1718-1719 | Saif bin Sultan II |
1719-1720 | Muhanna bin Sultan |
1722-1723 | Ya'arab bin Bel'arab |
1724-1728 | Muhammad bin Nasir |
1742-1743 | Sultan bin Murshid |
1743-1749 | Bal'arab bin Himyar |
1744–1778 | Ahmed ibn Saïd |
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1778–1783 | Saïd ibn Ahmad |
1783–1793 | Hamad bin Said |
1792–1804 | Sultan bin Ahmed |
1805–1806 | Badr bin Seif |
1806–1856 | Saïd ben Sultan al-Busaïd |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
L'Empire d'Oman (en arabe : الْإِمْبَرَاطُورِيَّة الْعُمَانِيَّة) était un empire maritime, rivalisant avec le Portugal et la Grande-Bretagne pour le commerce et l'influence dans le golfe Persique et l'océan Indien. Après s'être imposé comme un acteur régional majeur au XVIIIe siècle, l'empire, à son apogée au XIXe siècle, a vu son influence ou son contrôle s'étendre à travers le détroit d'Ormuz jusqu'à l'Iran et au Pakistan actuels, et jusqu'au sud jusqu'au cap Delgado. Après la mort de Said bin Sultan en 1856, l'empire fut divisé entre ses fils en deux sultanats ː une partie africaine (le Sultanat de Zanzibar) dirigée par Majid bin Said et une partie moyen-orientale (le Sultanat de Mascate et Oman) dirigée par Thuwaini bin Said.
Histoire
[modifier | modifier le code]La transformation en puissance régionale
[modifier | modifier le code]Le port de Mascate, située dans un emplacement stratégique sur les routes commerciales, passe sous le contrôle de l'Empire portugais entre 1507 et 1650. Cependant, les Portugais ne réussissent pas à étendre leur contrôle à l'entièreté de l'Oman. Au milieu du XVIIe siècle, les tribus omanaises parviennent à mettre fin à la présence portugaise à Mascate[2].
En 1696, sous le règne de Saïf ben Sultan, une flotte omanaise attaque Mombasa, assiégeant le Fort Jésus portugais, dans lequel 2 500 civils s'étaient réfugiés. Le siège du fort prend fin après 33 mois lorsque la garnison, mourant de faim, se rend aux Omanais. En 1783, l’empire omanais s’étend à l’est jusqu’à Gwadar, dans l’actuel Pakistan[2]. de là, les Omanais maintiennent une pression sur et continuent d'attaquer les comptoirs portugais dans l'ouest de l'Inde[3], sans pour autant parvenir à en prendre aucune. Au nord, les Omanais se tournent vers le golfe Persique, prenant Bahreïn aux Perses et le conservant pendant plusieurs années[4]. L'expansion de la puissance et de l'influence omanaises vers le sud passe notamment par la colonisation à grande échelle de Zanzibar par des migrants omanais.
Dynastie Ya'roubide
[modifier | modifier le code]Les Ya'roubides (1624-1719) réussissent à construire un État puissant et bien organisé après que les Portugais eurent perturbé le commerce maritime arabe dans la région. L'empiétement portugais, qui avait plongé la région dans une crise économique, est remis en cause par les Omanais, qui parviennent à restaurer leur rôle traditionnel d'intermédiaires pour le commerce maritime local. Parallèlement à cela, des développements économiques et politiques importants ont lieu dans le pays[6].
Les techniques agricoles en Oman avaient connu une amélioration massive sous le règne de Saif bin Sultan, qui est resté dans les mémoires pour avoir fourni de l'eau aux terres intérieures d'Oman, ce tout en encourageant les Arabes omanais à quitter l'intérieur et à s'installer le long de la côte en plantant des palmiers dattiers dans la région côtière d'Al Batinah[7]. La ville d'Al Hamra, située à l'intérieur des terres, voit son système d'irrigation amélioré grâce à la construction d'un nouveau grand aflaj. Saif bin Sultan fait aussi construire de nouvelles écoles[8]. Il fait du château de Rustaq sa résidence, y adjoignant la tour à vent Burj al Riah[9].
Saif bin Sultan meurt le . Il est enterré au château de Rustaq dans un tombeau luxueux, détruit plus tard par un général wahhabite[10]. À sa mort, il possédait une grande richesse, comprenant 28 navires, 700 esclaves mâles, et un tiers des dattiers d'Oman. Son fils, le futur sultan ben Saif II (r. -), lui succède[7] ; ce dernier établit sa capitale à Al-Hazm, sur la route reliant Rustaq à la côte. Aujourd'hui un simple village, cette localité abrite encore les vestiges d'une grande forteresse qu'il fit construire vers et qui contient son tombeau[11].
L'alliance avec la Grande-Bretagne
[modifier | modifier le code]Le sultan ben Ahmad prend le contrôle du gouvernement après la mort de son neveu et renforce une flotte omanaise déjà puissante en y ajoutant de nombreuses canonières ainsi que des navires de commerce rapides. Conscient d'avoir besoin d'un allié puissant pour l'aider à reprendre le contrôle de Mombasa, à combattre le mouvement wahhabite qui s'étend à travers l'Arabie Saoudite actuelle, et à maintenir les tribus Qasimi de la ville perse de Lengeh hors du territoire omanais, il se tourne vers la Grande-Bretagne, qui à la fin du XVIIIe siècle était en guerre contre la France et savait que l'empereur français Napoléon Bonaparte envisageait de traverser la Perse et de capturer Mascate avant d'envahir l'Inde. En 1798, la Grande-Bretagne et Oman concluent un traité de commerce et de navigation[12].
Le sultan ben Ahmad s'engage envers les intérêts britanniques en Inde et exclut les Français de ses territoires. Il autorise la Compagnie britannique des Indes orientales à établir la première station commerciale dans le golfe Persique et un consul britannique est affecté à Mascate. Au-delà de la recherche d'un avantage stratégique contre les Français, les Britanniques avaient une autre raison de conclure un traité avec Oman : ils voulaient en effet faire pression sur le sultan pour qu'il mette fin à l'esclavage, qui avait été déclaré illégal en Angleterre en 1772. À cette époque, le commerce de l'Afrique vers Oman était encore dynamique et la position de Zanzibar en tant que centre commercial important s'était encore renforcée après que l'approvisionnement en ivoire du Mozambique vers l'Inde se soit effondré en raison de droits de douanes portugais excessifs.
Le Sultan Sayyid meurt en 1804 lors d'un engagement naval dans le Golfe Persique ; il est enterré à Lengeh[13].
Said bin Sultan de la dynastie al-Busaid
[modifier | modifier le code]Said ben Sultan est le fils du sultan ibn Ahmad, qui dirigea Oman de 1792 à 1804. Le sultan ibn Ahmad meurt en 1804 lors d'une expédition à Bassorah. Il nomme Mohammed bin Nasir bin Mohammed al-Jabry comme régent et tuteur de ses deux fils, Salim bin Sultan et Said bin Sultan[14]. Le frère du sultan, Qais bin Ahmad, dirigeant de Sohar, décide de tenter de s'emparer du pouvoir. Au début 1805, Qais et son frère Mohammed marchent vers le sud le long de la côte jusqu'à Matrah, qu'ils capturent facilement. Qais commence alors à assiéger Mascate. Mohammed ben Nasir tente alors de monnayer le départ de Qais, cependant sans succès[14].
Mohammed ben Nasir appelle alors un autre membre de la famille royale, Badr ben Saif, à l'aide[14]. Après une série d'engagements, Qais est contraint de se retirer à Sohar. Badr bin Saif devient alors le dirigeant effectif du pays[15]. Allié aux wahhabites, Badr ben Saif devient de plus en plus impopulaire[16]. Pour éliminer ses pupilles, Badr bin Saif nomme Salim bin Sultan gouverneur d'Al Maşna'ah et Said bin Sultan gouverneur de Barka[17].
En 1806, Saïd ben Sultan attire Badr ben Saif à Barka et l'y fait assassiner. Saïd est alors proclamé souverain d'Oman. Les versions des événements diffèrent, mais il semble clair que Saïd porta le premier coup et que ses partisans finirent le travail. Saïd est acclamé par le peuple pour avoir libéré Oman des Wahhabites, qui sont contraints de quitter le pays. Qais ben Ahmad apporte immédiatement son soutien à Saïd. Craignant la réaction des wahhabites, Saïd imputa le meurtre à Mohammed ben Nasir.
En 1832, Saïd ben Sultan transfère la capitale d'Oman à Zanzibar. À cette époque, la domination africaine de l'empire s'étendait le long de la côte swahili jusqu'à 19 kilomètres au sud de la rivière Ruvuma au Mozambique. Bien que la gouvernance principale de l'empire se soit concentrée le long du littoral, il a également établi un contrôle sur de nombreux États tributaires africains et désigné des gouverneurs pour les régions intérieures[18], faisant de l'État omanais un véritable empire colonial et transcontinental.
Les relations avec les États-Unis d'Amérique
[modifier | modifier le code]Le 21 septembre 1833, un traité d'amitié et de commerce est signé avec les États-Unis. Il s'agissait du deuxième traité commercial conclu entre les États-Unis et un État arabe (le Maroc étant le premier en 1820). Les États-Unis et Oman allaient tous deux en bénéficier, car les États-Unis – contrairement à la Grande-Bretagne et à la France – n’avaient aucune ambition territoriale au Moyen-Orient et s’intéressaient uniquement au commerce. Le 13 avril 1840, le navire Al-Sultanah accoste à New York, ce qui en fait le premier envoyé arabe à visiter le Nouveau Monde. Son équipage composé de cinquante-six marins arabes provoqua une vague d'enthousiasme parmi les Ne-Yorkais. Al-Sultanah transportait de l'ivoire, des tapis persans, des épices, du café et des dattes, ainsi que de somptueux cadeaux pour le président Martin Van Buren. La visite d'Al-Sultanah dure près de quatre mois.
Déclin
[modifier | modifier le code]En vertu du Traité d'amitié anglo-omanais de 1798, la Grande-Bretagne garantissait le règne du sultan. Lorsqu'une crise de succession survint en 1856, l'empire omanais fut divisé entre le sultanat d'Oman et Mascate et le sultanat de Zanzibar. Plus tard, en 1891, le premier devint un protectorat britannique où le sultan contrôlait la côte de Mascate tandis que l'Imam gouvernait l'intérieur depuis Nizwa[19] ; tandis que Zanzibar tombe aux mains des Britanniques à peu près au même moment.
Références
[modifier | modifier le code]- "Population: Oman", Maddison Project Database, version 2020. Bolt, Jutta and Jan Luiten van Zanden (2020), “Maddison style estimates of the evolution of the world economy. A new 2020 update ”. Archived from the original on 22 March 2022.
- (en) « A History of Oman », www.rafmuseum.org.uk (consulté le )
- Davies 1997, p. 51-52.
- Davies 1997, p. 52.
- « De Rode Leeuw »
- El-Ashban, « The Formation of the Omani Trading Empire under the Ya'aribah Dynasty (1624-1719) », Arab Studies Quarterly, vol. 1, no 4, , p. 354–371 (ISSN 0271-3519, JSTOR 41857520, lire en ligne)
- Thomas 2011, p. 222.
- Plekhanov 2004, p. 49.
- Ochs 1999, p. 258.
- Miles 1919, p. 225.
- JPM Guides 2000, p. 85.
- Miles 1919, p. 281.
- « The British Empire, Imperialism, Colonialism, Colonies », www.britishempire.co.uk (consulté le )
- Miles 1919, p. 304.
- Miles 1919, p. 305.
- Miles 1919, p. 307.
- Miles 1919, p. 308.
- Rippin 2013, p. 42–43.
- (en-GB) « History of Oman | Royal Air Force of Oman », RAF Museum (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Sanderson Beck, Middle East & Africa to 1875, (lire en ligne), « East Africa, Portuguese, and Arabs »
- Charles E. Davies, The Blood-red Arab Flag: An Investigation Into Qasimi Piracy, 1797–1820, University of Exeter Press, (ISBN 978-0-85989-509-5, lire en ligne)
- Hermann Frederick Eilts, « Ahmad bin Na'aman's mission to The United States in 1840: the voyage of Al-Sultanah to New York City », Essex Institute Historical Collections, Massachusetts, vol. 98, no 4, , p. 219–257 Cited in: J.E. Peterson, « America and Oman: The Context for Two Nearly Centuries of Relations »,
- JPM Guides, Gulf States, Hunter Publishing, Inc, (ISBN 978-2-88452-099-7, lire en ligne)
- Mandana Limbert, In the Time of Oil: Piety, Memory, and Social Life in an Omani Town, Stanford University Press, (ISBN 978-0-8047-7460-4, lire en ligne)
- Samuel Barrett Miles, The Countries and Tribes of the Persian Gulf, Garnet & Ithaca Press, (ISBN 978-1-873938-56-0, lire en ligne)
- Peter J. Ochs, Maverick Guide to Oman, Pelican Publishing, (ISBN 978-1-4556-0865-2, lire en ligne)
- Sergey Plekhanov, A Reformer on the Throne: Sultan Qaboos Bin Said Al Said, Trident Press Ltd, (ISBN 978-1-900724-70-8, lire en ligne), 49
- Stefan Siebert, Analysis of Arid Agricultural Systems Using Quantitative Image Analysis, Modeling and Geographical Information Systems, kassel university press GmbH, (ISBN 978-3-89958-192-8, lire en ligne)
- Gavin Thomas, The Rough Guide to Oman, Penguin, (ISBN 978-1-4053-8935-8, lire en ligne)
- S Laing, Unshook Till the End of Time: A history of relations between Britain and Oman, Gilgamesh,
- Andrew Rippin, The Islamic World, Taylor & Francis, (ISBN 9781136803437)