Enrico di Borgogna — Wikipédia

Enrico di Borgogna
Genre opéra semiseria
Nbre d'actes 2
Musique Gaetano Donizetti
Livret Bartolomeo Merelli
Langue
originale
Italien
Sources
littéraires
Der Graf von Burgund (1795)
d'August von Kotzebue
Dates de
composition
mai-septembre 1818
Création
Teatro San Luca, Venise
Drapeau du Royaume de Lombardie-Vénétie Royaume de Lombardie-Vénétie

Personnages

Airs

  • « Care aurette » (Enrico) – Acte I
  • « Mentre mi brilli intorno » (Enrico) – Acte II

Enrico di Borgogna (Henri de Bourgogne) est un opéra semiseria en deux actes, musique de Gaetano Donizetti, sur un livret de Bartolomeo Merelli, représenté pour la première fois au Teatro San Luca de Venise le . Il s'agit du premier opéra du compositeur à avoir été représenté.

Donizetti avait terminé ses études musicales et se retrouvait sans activité régulière dans sa ville natale de Bergame lorsqu'il reçut de l'imprésario Paolo Zancla la commande d'un opéra destiné à être représenté en au Teatro San Luca de Venise[1]. Le contrat entre le compositeur et l'imprésario est perdu, mais il a dû être conclu vers le mois de [2]. Le contrat entre l'imprésario et le librettiste, Bartolomeo Merelli, a été retrouvé[3] ; il est daté du et mentionne l'écriture d'un livret pour Donizetti sur la base d'une pièce d'August von Kotzebue[4].

La première représentation fut repoussée en raison de travaux de redécoration du théâtre. Au mois d'octobre, Donizetti rejoignit à Vérone la compagnie de Zancla, muni de la partition d’Enrico di Borgogna, pour commencer les répétitions. Il découvrit que l'imprésario avait remplacé la mezzo-soprano Costanza Petralia, pour qui il avait écrit le rôle d'Elisa, par une soprano débutante qui n'avait encore jamais chanté sur scène, Adelaide Catalani[5].

La première eut lieu à Venise le [6]. La prima donna s'évanouit de trac à l'acte I, ne put chanter une partie de l'acte II, et dut être remplacée pour le finale, ce qui n'empêcha pas le public d'apprécier la partition et d'applaudir le compositeur sur scène à la fin de l'opéra. Les deux autres représentations, les 15 et 16 novembre, furent semble-t-il moins catastrophiques, la signora Catalani étant parvenue à maîtriser son trac.

On a dit qu’Enrico di Borgogna avait été repris à Bergame au Teatro della Società durant le carnaval 1818-1819, mais William Ashbrook juge cela peu probable car une première représentation d'une œuvre d'un compositeur local aurait certainement laissé quelque trace dans les gazettes[7] ; s'il y eut une reprise, elle eut plus probablement lieu à Mantoue, où se trouvait alors la compagnie de Zancla, dont les chanteurs connaissaient l'œuvre et qui possédait les parties d'orchestre[8].

Distribution

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Rôle Type de voix Interprètes lors de la première
le
Enrico di Borgogna contralto Fanny Eckerlin (en)
Elisa soprano Adelaide Catalani
Pietro ténor Giuseppe Fosconi
Guido basse Giuseppe Spech
Brunone baryton Giuseppe Fioravanti
Gilberto basse Andrea Verni
Geltrude mezzo-soprano Adelaide Cassago
Nicola (ou Bruno) basse Pietro Verducci

Deux fils, l'un pauvre et vertueux, Enrico, et l'autre puissant et méchant, Guido, poursuivent la querelle qui a opposé leurs pères. En exil, Enrico apprend que le meurtrier de son père est mort et que le fils de l'usurpateur, Guido, a hérité de la couronne ducale de Bourgogne. Enrico entreprend de reconquérir ses droits et d'épouser sa bienaimée Elisa, que Guido projette également d'épouser. Enrico arrive à temps pour empêcher ce mariage. Il dirige un assaut victorieux contre le château et épouse Elisa.

Enrico di Borgogna n'est qualifié de semiseria que parce qu'il contient un rôle buffo, celui de Gilberto, d'ailleurs secondaire. Il s'agit en réalité d'un opera eroica fidèle aux conventions du genre puisque le rôle-titre est confié à un musico, c'est-à-dire un contralto chantant en travesti, le ténor recevant le rôle du père (adoptif en l'occurrence).

La cabalette d'entrée d'Enrico (Care aurette) contient déjà en substance la mélodie de l'air Al dolce guidami d’Anna Bolena. La partition comprend quelques ensembles déjà donizettiens comme le trio à la fin de la première scène, qu'Ashbrook estime le meilleur, le final de l'acte II lorsqu'Enrico interrompt la procession de mariage de Guido et Elena, avec un bref larghetto et un allegro plus long, et le sextuor de l'acte II, dont Ashbrook juge le largo « efficace » et la stretta, « banale »[9].

Selon William Ashbrook, l'opéra souffre d'un « livret qui oscille entre le boursouflé et le ridicule »[10]. La musique est plus développée que dans Il Pigmalione mais demeure conventionnelle et l'influence de Rossini est sensible notamment dans le rondo d'Enrico Mentre mi brilli intorno avec ses gruppetti symétriques de 16 notes conjointes. « Les mélodies vocales sont généralement fluides mais rarement distinguées, avec de fréquents passages coloratura (pour toutes les voix) qui sont destinées à produire des effets vocaux plutôt qu'à éclairer les caractères [...] La partition d’Enrico révèle un mélange de talent et d'inexpérience, mais l'intrigue est sans intérêt. »[11]

Discographie

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Notes et références

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  1. Le contact avait pu être établi soit par Simon Mayr via le librettiste Bartolomeo Merelli (hypothèse formulée par Philippe Thanh, Donizetti, Actes Sud, 2005, p. 21), soit via la soprano Giuseppina Ronzi de Begnis, que Zancla avait embauchée, ainsi que son mari, pour se produire à Bergame au Teatro della Società durant le carnaval 1817-1818, et avec qui Donizetti s'était lié d'amitié à cette occasion
  2. Selon une lettre de Merelli à Mayr du  : « Donizetti a dû recevoir le contrat de l'imprésario pour septembre, qui a été envoyé à Vérone. » (Bergame, Bibliothèque municipale, cité par Ashbrook, p. 15)
  3. par Luigi Pilon, qui l'a présenté au 1° convegno internazionale di studi donizettiani à Bergame en 1975 (Ashbrook, p. 598 notes 38 et 40)
  4. Dans le contrat, Merelli mentionne une pièce qu'il intitule Giovanni di Monfalcor, qui ne peut être que Johanna von Montfaucon (Vienne, 1799). Ultérieurement, il choisit une autre pièce de Kotzebue, Der Graf von Burgund (Vienne, 1795).
  5. également connue sous le prénom Adelina. Dans une lettre du 13 octobre 1818 à Mayr, Donizetti espère « la plus heureuse des issues » après ce changement et précise qu'il n'a « que quelques choses à réécrire pour cette soprano » (G. Zavadini, Donizetti: Vita – Musiche – Epistolario, Bergame, 1948, n° 7 p. 228 ; Ashbrook, p. 16).
  6. Deux comptes rendus en sont connus : l'un publié dans le Nuovo osservatore veneziano le 17 novembre et l'autre dans la Gazzetta privilegiata di Venezia le 19 novembre (V. Ashbrook, pp. 16-17).
  7. Celles-ci ne signalent que les reprises d’Aureliano in Palmira de Rossini et de Lodoiska de Mayr.
  8. Ashbrook, p. 17
  9. Ashbrook, p. 284
  10. Ashbrook, p. 284, qui cite à titre d'illustration le chœur introductif des bergers : Il sudor è grato ognor (la sueur est toujours agréable).
  11. ibidem

Liens externes

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