Franco-Argentins — Wikipédia

Franco-Argentins


Luis Federico LeloirBernardo HoussayHippolyte de Bouchard
Populations importantes par région
Population totale 8 000 000
17% de la population argentine
[1]
[source insuffisante]
Autres
Régions d’origine Drapeau de la France France
Drapeau de l'Argentine Argentine
Langues Espagnol rioplatense
Des minorités parlent français, occitan, basque, catalan, breton et alsacien
Religions Catholicisme principalement

Un Franco-Argentin est un citoyen argentin d'ascendance complète, partielle, ou majoritairement française. Les Franco-Argentins forment le troisième grand groupe d'ascendance devancé par les Italo-Argentins et les Hispano-Argentins.

Entre 1857 et 1946, 261 020 Français ont immigré en Argentine[2]. Selon un recensement en 2006, plus de 8 millions d'Argentins ont des origines françaises (17 % de la population totale)[3]

Alors que les Argentins d'origine française représentent un pourcentage important de la population argentine, ils sont moins visibles que les autres groupes ethniques de même taille. Cela est dû à leurs forte assimilation et à l'absence de colonies françaises importantes dans le pays.

Immigration française en Argentine

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Immigrants français à Bahia Blanca en 1940.

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, la plupart des immigrants français vers le Nouveau Monde se sont installés aux États-Unis et en Uruguay. Alors que les États-Unis ont reçu 195 971 immigrants français entre 1820 et 1855, seulement 13 922 Français, la plupart d'entre eux venant du Pays basque et Béarn, sont partis pour l'Uruguay entre 1833 et 1842.

Bien que faible, l'immigration française en Argentine avait commencé dès le XVIIIe siècle, car on trouve à Buenos-Aires quelques Français d'origine corrézienne[4].

Au début du XIXe siècle, l'immigration française en Argentine n'était pas importante. Principalement constituée d'exilés politiques et d'anciens officiers de l'armée impériale, cette immigration est devenu plus considérable vers 1825, atteignant jusqu'à 1500-2000 immigrants français par année[5]. En 1839, il a été estimé que 4000 Français vivaient dans la province de Buenos Aires, ce chiffre est passé à 12 000 en 1842[6].

Les immigrés français ont été parmi les premiers à arriver en Argentine encouragés par le nouvel ordre institutionnel[7]. De plus, l'Argentine est à cette époque en plein développement économique et accueille les réfugiés politiques de tout bord, sans distinction. De la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle, l'Argentine a reçu le deuxième plus grand nombre d'immigrants français au monde, juste derrière les États-Unis. Entre 1857 et 1946, 261 020 Français sont entrés dans le pays dont 37 % ont décidé de s'installer définitivement. L'immigration française en Argentine peut être divisée en trois périodes. La France a été la troisième source d'immigration en Argentine avant 1890, constituant plus de 10 % des immigrants, seulement dépassés par les Italiens et les Espagnols. De 1890 à 1914, l'immigration des Français, bien que réduite, est encore significative. Après la Première Guerre mondiale, le flux d'immigrants français était minime et ne s'est redéveloppée qu'après la Seconde Guerre mondiale pour finalement ralentir fortement dans les années 1950.

En 1861, 29 196 Français ont été recensés en Argentine, y compris les 14 180 vivant dans la ville de Buenos Aires, où ils représentaient la troisième communauté étrangères. L'immigration française a augmenté de façon spectaculaire dans la première moitié des années 1870 (avec un pic en 1873) et dans la seconde moitié des années 1890 (61 382 immigrés dans une période de trois ans). La dernière hausse des chiffres est due à une politique menée par le gouvernement argentin en vue de réduire l'importance croissante de l'immigration italienne. Pour ce faire 132 000 billets de voyage gratuits ont été distribués en Europe entre 1888 et 1890 et 45 000 Français ont pu les gagner. En 1887, il y avait 20 031 Français vivant à Buenos Aires soit 4,6 % des 433 421 habitants[8].

La période de plus grand afflux est comprise entre 1881 et 1890 avec un solde net de 69 303 Français[9]

% des Français en Argentine (recensement argentin de 1914)

Au tournant du XXe siècle, les chiffres ont commencé à diminuer, l'immigration française a diminué et les immigrants déjà établis ont fusionné au sein de la population. Il a été estimé que 100 000 Français vivaient en Argentine en 1912 soit 67 % des 149 400 Français vivant en Amérique latine[10].

La moitié des immigrants français, jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle provenaient du Midi de la France, en particulier du Pays basque, Béarn (les immigrés des Pyrénées-Atlantiques ont représenté plus de 20 % des immigrants français). D'autres groupes importants provenaient de la région parisienne et de la Savoie. Il a été estimé qu'au moins 70 % des immigrants français à Tandil venaient de la partie sud-ouest du pays. Les Basques ont commencé à s'installer en Argentine dans les années 1830, puis ils ont commencé à se diriger vers le Chili et les États-Unis dans les années 1870.

Selon le recensement national de 1895, 37,3 % des Français installés en Argentine vivaient dans la Province de Buenos Aires, 35,2 % dans la ville de Buenos Aires, 10,9 % à Santa Fe et 5,1 % dans la province d'Entre Ríos.

Les Franco-Argentins forment une grande partie de l'élite du pays. En 1959, il a été estimé que 7 % de la classe supérieure de Buenos Aires avait des origines françaises[11].

En 2014, 14 548 citoyens français vivaient en Argentine.

Les causes de l'immigration française vers l'Argentine sont multiples et principalement d'ordre politique, économique et social. Le bouleversement que la France a connu tout au long du XIXe siècle a contraint à l'exil de nombreux Français aux idées libérales et anticléricales qui ont trouvé refuge en Argentine. De plus, au cours du XIXe, de graves crises ont affecté le secteur agricole (disette, grêle, famine, oïdium, incendies, phylloxera…) provoquant un exode rural en masse[12].

Colonie française en Argentine

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Une chapelle à Villa Nogués.

En 1857, un immigrant de Béarn, Alexis Peyret, a fondé la première colonie agricole en province d'Entre Ríos, San José. En 1864, sur 380 familles vivant à San José, 125 étaient en provenance de Savoie[13].

La ville de Pigüé, fondée par des Français venant du Rouergue en 1884, est considéré comme un centre focal de la culture française en Argentine[14]. On estime que 30 % à 40 % des habitants actuels de Pigüé peuvent retracer leurs racines dans l'Aveyron ; des personnes ont gardé des liens avec leur terre d'origine, notamment via la langue occitane.

Selon un recensement de 1869, un quart des immigrants de la province de Mendoza venait de France. En 1895, ils représentaient 15 % des immigrants de la province, juste derrière les Italiens et les Espagnols (26,1 % et 17,3 % respectivement ). Les Français étaient particulièrement nombreux dans les départements producteurs de vin comme Maipu, Luján et dans la colonie française de San Rafael, fondée par l'ingénieur Julio Gerónimo Balloffet[15]

En 1904, le gouverneur de Tucumán a fondé une ville portant son nom, Villa Nougués. C'est une réplique de la commune de Boutx dans la Haute-Garonne, un village français où sa famille a ses racines[16].

La Banque centrale d'Argentine à Buenos Aires.

L'immigration française a laissé une marque significative en Argentine, avec une influence notable dans les arts, la culture, la science et la société du pays. En particulier, de nombreux bâtiments emblématiques dans des villes comme Buenos Aires, Rosario, et Córdoba ont été construits suivant le modèle architectural français. Le style Beaux-Arts et les styles néoclassiques notamment ont inspiré le Palais du Congrès de la Nation Argentine, la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires, ou encore la Banque centrale d'Argentine. L'architecte paysagiste français Charles Thays est notamment en grande partie responsable de la plantation de milliers d'arbres et de la création du jardin botanique de Buenos Aires, donnant à la ville une grande partie de ses parcs et places, parfois comparés à ceux de Paris. Durant le XXe siècle, l'influence française a été décisive dans les domaines éducatifs et culturels à Buenos Aires.

Des contributions importantes dans arts comprennent les œuvres d'Eugène Py, considéré comme le pionnier fondateur du cinéma argentin. Dans le domaine de la science, deux lauréats argentins du prix Nobel étaient d'origine française : Bernardo Houssay qui a reçu la moitié du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1947, et Luis Federico Leloir prix Nobel de chimie en 1970.

En 1851, le navigateur, explorateur et administrateur colonial français Louis Tardy de Montravel écrit que la ville de Buenos Aires « est marquée au cachet de la France » (voir la citation complète)[17].

Argentins d'origine française célèbres

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Plusieurs personnalités politiques argentines sont d'origine françaises, notamment Juan Martín de Pueyrredón, Carlos Pellegrini et Hipólito Yrigoyen qui furent tous les trois élus à la tête du pays.

Localités argentines avec des noms originaires de France

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Province de Buenos Aires

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Province de Córdoba

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Province de Corrientes

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  • Bonpland

Province d'Entre Ríos

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Province de La Pampa

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Province de Misiones

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Province de Santa Cruz

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Province de Santa Fe

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Province de Tucumán

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Immigration française en Argentine entre 1857 et 1897
Année Immigrants Français Immigrants total % d'immigrants Français
1857 276 4,951 5,6 %
1858 193 4,658 4,1 %
1859 251 4,735 5,3 %
1860 385 5,656 6,8 %
1861 148 6,301 2,3 %
1862 203 6,716 3 %
1863 397 10,408 3,8 %
1864 426 11,682 3,6 %
1865 513 11,797 4,3 %
1866 609 13,696 4,4 %
1867 991 13,225 7,5 %
1868 1,223 25,919 4,7 %
1869 1,465 28,958 5 %
1870 2,396 30,898 7,7 %
1871 1,988 14,621 13,6 %
1872 4,602 26,208 17,6 %
1873 7,431 48,382 15,4 %
1874 5,654 40,674 13,9 %
1875 2,633 18,532 14,2 %
1876 2,064 14,532 14,2 %
1877 1,996 14,675 13,6 %
1878 2,025 23,624 8,6 %
1879 2,149 32,717 6,6 %
1880 2,175 26,643 8,2 %
1881 3,612 31,431 11,5 %
1882 3,382 41,041 8,3 %
1883 4,286 52,472 8,2 %
1884 4,731 49,623 9,5 %
1885 4,752 80,618 5,9 %
1886 4,662 65,655 7,1 %
1887 7,036 98,898 7,1 %
1888 17,105 130,271 13,1 %
1889 27,173 218,744 12,4 %
1890 17,104 77,815 22 %
1891 2,915 28,266 10,3 %
1892 2,115 39,973 5,3 %
1893 2,612 52,067 5 %
1894 7,107 54,720 13 %
1895 2,448 61,226 4 %
1896 3,486 102,673 3,4 %
1897 2,835 72,978 3,9 %
Total 154,554 1,698,654 9,1 %
Immigration française en Argentine entre 1857 et 1909
Année Immigrants Français Immigrants total % immigrants Français
1857–1870 2,789 178,883 1,6 %
1871–1890 126,560 1,107,201 11,4 %
1891–1909 56,400 2,086,339 2,7 %
Total 185,749 3,372,423 5,5 %
Immigration française en Argentine entre 1857 et 1924
Entrées Départs Balance
226,894 120,258 106,623
Immigration française en Argentine entre 1915 et 1953
Année Immigrants français
1915–1920 9,800
1921–1930 13,000
1931–1935 5,200
1936–1939 7,800
1944–1948 2,700
1949–1953 3,300
L'immigration française en Argentine entre 1857 et 1946
Entrées Départs Balance
239,503 133,966 105,537
Immigration française en Argentine entre 1857 et 1976
Année Immigrants français
1857–1860 578
1861–1870 4,292
1871–1880 10,706
1881–1890 69,363
1891–1900 11,395
1901–1910 11,862
1911–1920 -1,352
1921–1930 739
1931–1940 626
1941–1950 5,538
1951–1960 934
1961–1970 1,266
1971–1976 85
Total 116,032
Immigration française en Argentine (2006-2014)[18]
Année Immigrants Français
2006 14,811
2007 14,283
2008 15,225
2009 14,857
2010 14,234
2011 14,390
2012 14,444
2013 14,577
2014[19] 14 548

Références

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  1. Les merveilleux francophiles argentins 1
  2. « Plus d'un siècle d'immigration internationale en Argentine » : « Entre 1857 et 1946, 261 020 Français sont entrés dans le pays, dont 37% ont décidé de s'installer définitivement (page 157). »
  3. « Canal Académie: Les merveilleux francophiles argentins » : « Il faut savoir qu’en 2006, 17% d’Argentins ont un ancêtre venu de France. Près de 6 millions d’Argentins ont donc des origines françaises. »
  4. Gabriel Costa(Coste) originaire de Collonges-la-Rouge en Corréze
  5. Gilles Mathieu, dans Une ambition sud-américaine. Politique culturelle de la France (1914-1940). L'Harmattan. 1991
  6. (en) Possible paradises: Basque emigration to Latin America (lire en ligne) :

    « In 1839, four thousand Frenchmen (mostly Basques) lived in the province of Buenos Aires. By 1842, the number had increased to twelve thousand. (page 273). »

  7. « Plus d'un siècle d'immigration internationale en Argentine(page 158). »
  8. (en) Historia social argentina en documentos (lire en ligne) :

    « (p. 48) Origen de los habitantes de Buenos Aires (1887) - Franceses: 20.031 (4.6%). »

  9. « Plus d'un siècle d'immigration internationale en Argentine(page 158). »
  10. (en) L'Amérique latine et l'Europe à l'heure de la mondialisation (lire en ligne) :

    « p. 194. Argentine : 100 000 (67%). »

  11. (en) Fazer a América (lire en ligne) :

    « A análise das famílias da elite portenha de origem francesa (7% da classe alta da cidade em 1959) confirma esta hipótese, ao provar que os imigrantes que deram lugar a essas famílias chegaram ao país entre 1840 e 1880 (page 144). »

  12. http://fabrice.hatem.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=273&Itemid=46
  13. La République Argentine par Charles Beck-Bernard, page 205. "Au 31 décembre 1863, la colonie de San-José comptait 2211 habitants, formant 380 familles, dont 190 sont suisses, 125 savoisiennes, 54 piémontaises et 11 allemandes."
  14. El mes de Francia en la ciudad de Pigüé
  15. « L’émigration française viticole à Mendoza, en Argentine à la fin du XIXe siècle » : « Des foyers de peuplement français se dessinent correspondant à des départements viticoles, comme Maipú, Luján (la majorité de la présence française se trouve dans le sud de la province, à San Rafael, une colonie française de peuplement). »
  16. (en) Pablo Etchevers, « Nougués Village, Tucumán », sur welcomeargentina.com (consulté le ).
  17. (en) Le Correspondant, volume 48 (lire en ligne) :

    « La ville de Buenos-Ayres, écrivait en 1851 M. Tardy de Montravel, est marquée au cachet de la France. Notre littérature et notre langue elle-même y sont plus répandues que nulle part ailleurs. (…) Et cette préférence ne vient pas d'un engouement capricieux et passager, il est le résultat d'une sympathie naturelle que rien n'a pu détruire chez l'Argentin, et d'une similitude parfaite entre son caractère et le nôtre. Même légèreté de caractère, même vivacité dans l'esprit et les mouvements, même bienveillance envers les étrangers, égale facilité à ce rayonnement d'expansion internationale. (p. 703) »

  18. Nombre de Français établis en dehors de France (années 2006 à 2013)
  19. La communauté française inscrite au registre des Français établis hors de France (2014).