Henri-Marie Bradet — Wikipédia
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Nom de naissance | Ulric Bradet |
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Henri-Marie Bradet, né Ulric Bradet le à Saint-Urbain de Charlevoix et mort le à Montréal, est un prêtre dominicain québécois, directeur et fondateur de la revue Maintenant.
Formation
[modifier | modifier le code]Fils d’Herménégilde Bradet, guide forestier, et de Marie-Louise Bouchard, Henri-Marie Bradet fait ses études primaires chez les Petites Sœurs Franciscaines à Saint-Urbain, au collège des Frères du Sacré-Cœur à Kénogami, et ses études classiques au Séminaire de Chicoutimi. Il entre chez les dominicains à Saint-Hyacinthe le puis, de 1937 à 1945, il étudie au collège des dominicains d’Ottawa. Il est ordonné prêtre le à Ottawa, et fait ses études théologiques de 1943 à 1945 à Ottawa. Il obtient ensuite un diplôme en littérature française à l’Université Laval, puis en technique oratoire à Washington University, D.C. Il est nommé vicaire (1946) puis curé (1948) à la paroisse Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Au début des années 1960, il fait un stage en Europe comme observateur des mouvements religieux puis, en 1961, il est assigné au couvent Saint-Albert-le-Grand, Chemin de la Côte-Sainte-Catherine à Montréal[1],[2].
Directeur-fondateur de Maintenant
[modifier | modifier le code]Dernier directeur de la Revue Dominicaine (1915-1961), publiée par les dominicains de la Province du Canada de 1915 à 1961 et qui cesse de paraître à la fin de 1961. Il devient en directeur-fondateur de Maintenant[3],[4], périodique créé par l’Ordre des Dominicains au Québec en 1962[5],[6] qui prend la relève de la Revue Dominicaine[7].
Maintenant figure aux premières lignes des débats idéologiques, culturels et politiques qui jalonnent la Révolution tranquille au Québec.
« L'affaire Bradet »
[modifier | modifier le code]Le père Bradet occupe cette fonction du au , alors qu’il en est destitué par le supérieur provincial de l’Ordre des dominicains, le père Thomas-M. Rondeau, o.p., sur la « pression » du général de l’Ordre à Rome, le père Aniceto Fernandez, o.p.
« Ce limogeage eut l’effet d’une bombe au Québec » et est devenu ce qu’on a appelé « l’affaire Bradet »[8],[9], et les médias et les milieux intellectuels du Québec expriment un désarroi, voire une incrédulité, face à ce congédiement surprise[10],[11],[12],[13],[14],[15],[16],[17],[18].
« Un des Pères douloureux de notre Révolution tranquille »
[modifier | modifier le code]Le père Benoît Lacroix, o.p., qui a bien connu Henri-M. Bradet comme étudiant au Studium d’Ottawa et comme premier directeur de la revue Maintenant, écrit, dans sa préface au livre « Mon ami Bradet »[19] :
« Des réponses, tout le monde en donne. Qui ne les connaît plus ou moins à l’avance ? Mais qui trouvera quelqu’un prêt à chercher avec moi et à interroger la vie, la mort, l’au-delà ? Exactement le même à Notre-Dame-de-Grâce et à Paris qu’à Ottawa et Québec, il écoute. Quand il est assigné à Maintenant les interrogateurs changent. Au lieu de ses paroissiens fortunés et accueillants tous rangés par rues et quartiers numérotés, voici la grande forêt québécoise qui s’ouvre au monde. Des jeunes, des moins jeunes, agnostiques, athées, prêtres en difficulté, couples, tous viennent se faire écouter. Si étonnant que cela paraisse, Bradet ne voulait pas ce genre d’action brutale à la ligne de feu. Mais une fois engagé, le voici qui crie, hurle et bouscule à son tour, casse les branches mortes, risque de scier même les vieux chênes. (…) Quoi qu'il en soit, le Québec change et le Père Bradet aime son pays. Québécois à cent pour cent, quoique peu politisé, les questions qui se posent à son Église écrasée d’habitudes acquises sont devenues des interrogations (…) »
De 1965 à 1966, le père Bradet vit à la Maison Montmorency (Kent House) à Courville[20], Québec, puis de 1967 à 1970 il est aumônier des étudiants canadiens à Paris où il habite à la Fraternité sacerdotale. Le , il reçoit le sacrement des malades à Paris et le , il arrive par avion à l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, accompagné du Père Patrice du Boullay, o.p., et médecin. Il meurt au même hôpital le . Ses funérailles ont lieu à l'église Notre-Dame-de-Grâce et l'inhumation au cimetière dominicain de Saint-Hyacinthe. En , dans son numéro 102, aux pages 7 à 10, Maintenant rend hommage à son fondateur[2].
Pour Benoît Lacroix, o.p., « le directeur-fondateur de Maintenant fut un des Pères douloureux de notre Révolution tranquille »[21].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Dominique Marquis, « La Revue dominicaine, 1915-1961 : un regard catholique sur une société en mutation », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 62, (lire en ligne, consulté le )
- Henri-Marie Bradet et al., Maintenant, vol. 1 numéro=1 (revue mensuelle de culture et d’actualité chrétiennes), Montréal : Ordre des dominicains Canada, , 44 p.La revue Maintenant est disponible à la Bibliothèque des sciences humaines et sociales de l’Université Laval - Notice 01-1218621 : http://ariane.ulaval.ca/cgi-bin/recherche.cgi?qu=01-1218621 - Notice 01-1218626 : Notes : - Microfilm. [Montréal] : Bibliothèque nationale du Québec, 19 bobines. 16 mm. - Etat de collection MF: no 1-141 1962-74. http://ariane.ulaval.ca/cgi-bin/recherche.cgi?qu=01-1218626
- Martin Roy, Une réforme dans la fidélité : La revue Maintenant (1962-1974) et la « mise à jour » du catholicisme québécois, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Cultures québécoises », , 321 p. (ISBN 978-2-7637-9767-0)
- Yolande Chéné, L’Affaire Bradet, Montréal : Les éditions du jour, , 117 p. (lire en ligne)
- Denyse Boucher St-Pierre (préf. Benoît Lacroix, o.p.), Mon ami Bradet : Grosse tête, Gros cœur, Montréal : Fides, coll. « Présence »,
- Maurice Blain, Maintenant vue de l’extérieur ou la fin d’une illusion, (lire en ligne), chap. 79, p. 4-6
- Hélène Pelletier-Baillargeon, « Démission d’un autre membre du comité de la revue Maintenant », Le Devoir, vol. 56, no 178, , p. 4Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Jules LeBlanc, « Démissions massives à la revue Maintenant », Le Devoir, vol. 56, no 167, , p. 3Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Jean Francœur, « L’Affaire Maintenant - La liberté d’expression dans l’Église, source de tension continuelle », Le Devoir, vol. 56, no 177, , p. 1Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Claude Ryan, « Nouveaux propos sur l’affaire Bradet », Le Devoir, vol. 56, no 174, , p. 4Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Thomas-M. Rondeau (o.p., prieur provincial), « Les Dominicains disent pourquoi le R. Père Bradet a été renvoyé », Le Devoir volume=56, no 170, , p. 3Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Jules LeBlanc, « Forcé de quitter Maintenant, le père Bradet déclare au Devoir : « C’est l’affrontement de la droite et de la gauche et c’est la droite qui a gagné » », Le Devoir, vol. 56, no 165, , p. 1Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Marcel Adam, « Le limogeage du père Bradet consterne et, plus encore, déçoit », La Presse, vol. 81, no 163, , p. 24Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Florian Bernaté, « Le Père Bradet suggère un socialisme humain comme remède à la violence dans le monde », La Presse, vol. 82, no 230, , p. 29Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- Marcel Adam, « Solidaire du Père Bradet, un membre de la première heure de l’équipe de Maintenant démissionne », La Presse, vol. 81, no 165, , p. 19Disponible sur microfilms à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
- André Beaulieu, Jean Hamelin et al., La presse québécoise, des origines à nos jours : 1955-1963, t. 9, Québec, Presses de l’Université Laval, , 428 p. (ISBN 2-7637-7157-2), p. 235-238
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Couvent Saint-Albert-le-Grand
- Boucher St-Pierre 1973, p. 15-17
- Bradet 1962
- Beaulieu et Hamelin 1989
- « Ordre des frères prêcheurs », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (Culture et Communications Québec) (consulté le )
- « Dominicains au Canada » (consulté le )
- Marquis 2009
- Chéné 1965
- Roy 2012, p. 42
- Blain 1965
- Pelletier-Baillargeon 1965
- LeBlanc 1965
- Francœur 1965
- Ryan 1965
- Rondeau 1965
- LeBlanc 1965
- Adam 2005
- Adam 2005
- Boucher St-Pierre 1973, p. 10-11
- Ancienne municipalité du Québec fusionnée à la ville de Beauport
- Boucher St-Pierre 1973, p. 14
Liens externes
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