Isabelle Bogelot — Wikipédia

Isabelle Bogelot
Isabelle Bogelot, dans l'Almanach féministe, 1898.
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Isabelle Amélie CottiauxVoir et modifier les données sur Wikidata
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signature d'Isabelle Bogelot
Signature

Isabelle Bogelot, née le à Paris, décédée le à Boulogne-Billancourt, est une philanthrope et féministe française, à l'origine du Conseil national des femmes françaises.

Née Isabelle Amélie Cottiaux, elle est la fille d'Antoine André Cottiaux, négociant en coton né à Paris, et de Marie Anne Thérèse Cottiaux, originaire de Cambrai. Orpheline très jeune - son père meurt lorsqu'elle a 2 ans, et sa mère à ses 4 ans, elle est recueillie par la famille de Maria Deraismes et sa sœur Anna Féresse-Deraismes[1]. Elle ne cessera de leur rendre hommage, pour lui avoir ouvert l'esprit sur les questions féminines et sociales[2].

Le , elle épouse Gustave Bogelot, avocat à la Cour d'appel de Paris[3]. Le couple a au moins deux enfants[4]. C’est le début d’une longue collaboration, semblable à celle du couple Jules et Julie Siegfried. Son mari, qui consacre plusieurs ouvrages à la question des prisons, est très engagé dans les œuvres philanthropiques : il est secrétaire de la Société générale des prisons, vice-président de la Commission de l’hospice de Boulogne-sur-Seine pendant plus de 20 ans, membre du Conseil d’administration de l’Œuvre de Saint Lazare à partir de 1890, et à ce titre rapporteur de l’œuvre dans différents congrès. Lorsqu’il meurt en 1902, Isabelle Bogelot confie qu’ils ne faisaient « rien sans réfléchir ensemble[5] ».

De la philanthropie...

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Bien que sensibilisée aux questions féminines dans la famille de Maria Deraismes, puis aux questions sociales par son mari, Isabelle Bogelot ne considère avoir eu une « révélation philanthropique » qu’en 1876, lorsque son mari lui apporte un bulletin de l’Œuvre des libérées de Saint-Lazare[6]. Elle prend alors conscience qu’il était de son devoir – selon ses propres mots – de se consacrer à ces questions[7]. Deux jours après, elle se rend à une réunion de l'œuvre et fait la connaissance d'Émilie de Morsier et de Sarah Monod, directrice des Diaconesses de Reuilly.

L’Œuvre des libérées de Saint-Lazare[8], créée en 1870 par Pauline Grandpré[9], s’attache à venir en aide aux femmes et enfants libérés de prisons, afin de les préserver d’une possible rechute : « aider la femme dans le présent, songer à son avenir en l’instruisant, lui fournir un gagne-pain et relever sa dignité par le travail »[10].

Deux ans après, elle est adjointe de Caroline de Barrau[11], puis directrice générale de l'œuvre en 1887. À partir de 1883, des asiles temporaires sont créés afin d'accueillir les femmes et leurs enfants à la sortie de prison. L'œuvre est reconnue d'utilité publique le .

La guerre franco-prussienne la pousse à s'intéresser aux œuvres de secours aux blessés militaires. En 1886, elle obtient le second prix du diplôme d’infirmière mis en place par l’Union des femmes de France[12], puis le diplôme d’ambulancière l’année suivante.

Elle fonde par ailleurs avec Maria Martin et Émilie de Morsier la Ligue féminine pour la paix et l'union des peuples.

... au féminisme

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Le rôle d'Isabelle Bogelot au sein de l'Œuvre des libérées de Saint-Lazare la propulse sur la scène internationale[13], où elle représente l'association :

Isabelle Bogelot est également incontournable sur la scène féministe française. En 1889 se déroule à Paris, en marge de l'Exposition universelle, le premier congrès des œuvres et institutions féminines, qu'elle organise avec Émilie de Morsier. Sarah Monod fait également partie du comité du congrès présidé par Jules Simon. Pour ne pas laisser retomber l'élan, elles créent la conférence de Versailles, destinée à réunir chaque année « toutes les femmes s'intéressant à la philanthropie ». Le rendez-vous est international, accueillant des femmes de toute l'Europe, des États-Unis mais aussi du continent africain. Les rapports consacrés à la législation, l'hygiène, l'éducation ou l'assistance, sont publiés dans la revue La Femme[14].

Trait d'union entre féministes françaises et américaines, Isabelle Bogelot, soutenue par la présidente du Conseil international des femmes May Wright Sewall , réunit un comité d'initiative afin de former la section française de l'association internationale : le Conseil national des femmes françaises, avec Sarah Monod comme présidente, et Isabelle Bogelot comme présidente d'honneur. En 1906, la section Assistance présidée par Eugénie Weill[15] remporte l'un des premiers combats du Conseil national : Isabelle Bogelot devient la première femme nommée au Conseil supérieur de l'Assistance et de l'Hygiène publique.

Distinctions

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Le , elle reçoit les palmes d'officier d'académie pour la création des asiles temporaires. Elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur le [16].

Notes et références

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  1. Journal La Française, 3 octobre 1936.
  2. Discours prononcé lors de la dernière séance du Congrès des œuvres et institutions féminines le 23 juin 1900, in Isabelle Bogelot, Trente ans de solidarité, 1877-1906, Paris, Imprimerie de Maulde, Doumenc et Cie, 1908.
  3. Acte de mariage, Paris, 18e arrondissement.
  4. Isabelle Bogelot dédie son ouvrage Trente ans de solidarité à ses enfants. Son décès en 1923 est déclaré par son fils Paul Bogelot, né en 1866.
  5. Allocution au Conseil d’administration de l’Œuvre des libérées de Saint-Lazare, avril 1902, Isabelle Bogelot, op.cit..
  6. D'après l’article que lui consacre Jane Misme dans Minerva le 16 novembre 1930, Isabelle Bogelot, quoique très liée au monde protestant - l'œuvre des libérées de Saint-Lazare est une œuvre philanthropique protestant - n'était pas de confession protestante.
  7. Allocution prononcée à la société de l’Adelphie, janvier 1901, Isabelle Bogelot, op.cit.
  8. Sont enfermés à la prison de Saint Lazare « les femmes prévenues, les condamnées, les fillettes en correction, les enfants trouvés sur la voie publique et les femmes arrêtées par la police des mœurs », mémoire présenté au Conseil d’État pour expliquer la demande de changement de titre de l’œuvre, 18 décembre 1891, Isabelle Bogelot, op. cit.
  9. Elle fonde l’œuvre à l’initiative de son oncle qui est l’aumônier protestant de la prison.
  10. Article sur l’œuvre, La Fraternité, 29 mars 1885, cité dans Isabelle Bogelot, op.cit.
  11. Caroline de Barrau (1828-1888), née Coulomb, sœur aînée de Marie d'Abbadie d'Arrast, philanthrope, abolitionniste et féministe, elle s’intéresse notamment aux questions de l’éducation des femmes.
  12. diplôme d’infirmière mis en place par l’Union des femmes de France, puis le diplôme d’ambulancière l’année suivante.
  13. Dossier de Légion d'honneur, numérisé sur Archives nationales
  14. Disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f/date
  15. Isabelle Bogelot est par ailleurs présidente d’honneur de la Société amicale de bienfaisance d’Eugénie Weill.
  16. Dossier de Légion d'honneur, numérisé sur Archives nationales.

Bibliographie

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  • Laurence Klejman, Florence Rochefort, L'égalité en marche. Le féminisme sous la IIIe République, Paris, Des femmes, 1989 (ISBN 2-7210-0382-8)
  • Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle : les protestantes françaises, 1810-1960, Paris, les Éditions de Paris, 2003 (ISBN 978-2846210317)
  • Christine Bard, Les femmes dans la société française, Paris, Armand Colin, 2001

Articles connexes

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Liens externes

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