Joseph Saurin — Wikipédia

Joseph Saurin, né à Courthézon (Vaucluse) le [1] et mort à Paris le , est un mathématicien et pasteur protestant français, converti au catholicisme en 1690. Il est le frère puiné du théologien protestant Élie Saurin et le père de l'auteur dramatique Bernard-Joseph Saurin.

Fils de Pierre Saurin, pasteur protestant à Courthézon au moment de sa naissance, et de son épouse Suzanne Matté, Joseph Saurin fut éduqué et formé par son père ; celui-ci lui enseigna la théologie réformée et l'hébreu[2]. Il devint lui-même pasteur en 1684 et prêcha dans le Dauphiné.

Sa liberté de parole ne tarda pas à lui attirer des ennuis. Il alla exercer son ministère en Suisse en 1683, d'abord à Bercher, puis à Yverdon. Là, en 1685, il refusa de signer le Consensus helvétique en dépit de fortes pressions exercées sur lui ; la révocation de l'édit de Nantes date de la même année. Il quitta la Suisse par suite de querelles religieuses ou, selon certains, afin d'éviter une condamnation pour vol. Revenu en France, il s'installa à Paris et, sous l'influence de Bossuet, se convertit au catholicisme en 1690[3].

Louis XIV lui accorda alors une pension de 1 500 livres, qu'il consacra à l'étude des mathématiques. Il entreprit de les enseigner et se lia avec Guillaume de L'Hôpital, Nicolas Malebranche et Pierre Varignon. De 1702 à 1703, il participa à la rédaction du Journal des savants. En 1702, il engagea une controverse avec Michel Rolle au sujet du calcul différentiel, qui l'intéressait particulièrement. Il en appela à l'Académie des sciences : celle-ci ne voulut pas se prononcer contre Rolle, qui en était membre, mais elle accueillit Saurin en son sein quelques années plus tard, comme élève géomètre, le , puis pensionnaire géomètre, le . Selon Fontenelle, Saurin était partisan de la théorie des tourbillons, qu'il soutint contre Huygens.

Ami d'Antoine Houdar de La Motte, Antoine Danchet, Nicolas Boindin, familier du café de la veuve Laurent rue Dauphine, il fut accusé par Jean-Baptiste Rousseau d'être l'auteur de poèmes injurieux et blasphématoires. Cette accusation parut d'autant plus plausible que Saurin avait montré beaucoup d'aigreur et de méchanceté dans la querelle qui l'opposait, avec ses amis, à Rousseau, et il fut arrêté le et passa quelques mois en prison. Mais il put démontrer que les témoins produits contre lui avaient été subornés et fut blanchi par une sentence du Châtelet du , confirmée par un arrêt du Parlement de Paris du , qui condamna en outre Rousseau à lui verser une somme de 4 000 livres[4].

Il se retira alors et passa le reste de sa vie à s'occuper de mathématiques. Il écrivit sur un problème posé par Jacques Bernoulli de détermination de la courbe décrite par un corps pesant pour aller, en tombant obliquement, d'un point à un autre donnés le plus vite possible[5] et sur la théorie des oscillations du pendule de Christian Huygens[6].

  • Pierre Saurin, pasteur protestant
  • « Éloge de Bossuet », dans Recueil des oraisons funèbres, prononcées par messire Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Meaux. Nouvelle édition, revûe avec soin & considérablement augmentée, Paris, Desaint & Saillant, 1762[7]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Actes paroissiaux et d'état civil de Courthézon » (consulté le )
  2. Fontenelle
  3. (de) Andreas Räss et Ferdinand Janner, Die Convertiten seit der Reformation nach ihrem Leben und aus ihren Schriften dargestellt, vol. 8, p. 452, Herder'sche Buchhandlung, 1868.
  4. Voir : Voltaire, Vie de Jean-Baptiste Rousseau
  5. Sur les Courbes de la plus viste descente., dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1709, par la Compagnie des libraires, Paris, 1733, p. 68-80 (lire en ligne)
  6. Examen d'une difficulté considérable proposée par M. Hughens contre le système cartésien sur la cause de la pesanteur, dans Mémoires de l'Académie royale des sciences - Année 1709, par la Compagnie des libraires, Paris, 1733, p. 131-148 (lire en ligne)
  7. SUDOC : Recueil des oraisons funebres, prononcées par messire Jacques Benigne Bossuet, évêque de Meaux. Nouvelle édition, revûe avec soin & considérablement augmentée

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Bernard de Casaban, « Joseph Saurin, membre de l'Académie royale des sciences », dans Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 6e série, t. II 1968, p. 187–310 — Aussi publié en monographie
  • Bernard Le Bouyer de Fontenelle, Éloge de M. Saurin, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année, 1737, Imprimerie royale, Paris, 1740, p. 110-120 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 2, 1699-1710, par la Compagnie des libraires, Paris, 1729, p. 567-568 (lire en ligne)
  • Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 3, 1711-1720, par la Compagnie des libraires, Paris, 1731, p. 330 (lire en ligne)
  • Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 4, 1721-1730, par la Compagnie des libraires, Paris, 1734, p. 312-313 (lire en ligne)

Article connexe

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]