La Belladone de la tristesse — Wikipédia
Genres | Conte, drame, érotique |
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Réalisateur | |
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Scénariste | Yoshiyuki Fukada |
Studio d’animation | Mushi Production |
Compositeur | |
Durée | 89 min |
Sortie | au Japon |
La Belladone de la tristesse (哀しみのベラドンナ, Kanashimi no Beradonna ) ou Belladonna la sorcière[1] est un film d’animation japonais réalisé par Eiichi Yamamoto et produit par Mushi Production en 1973. Il s’agit d’une libre adaptation d’un essai de Jules Michelet intitulé La Sorcière (1862).
Le film est le dernier opus de la trilogie de films érotiques Animerama, produite par Mushi Production et Osamu Tezuka dans les années 1970.
Synopsis
[modifier | modifier le code]L’histoire s’inspire des légendes médiévales autour de la sorcellerie. Une paysanne nommée Jeanne est violée par son seigneur, n’ayant pu obtenir le droit de se marier avec son amour, Jean, faute d’argent. Tous deux sont chassés du château, mais leur amour n’est plus le même et Jean la dédaigne. Le diable séduit alors Jeanne et en fait une sorcière puissante et désirée.
Dimension artistique
[modifier | modifier le code]Le film est une œuvre très expérimentale et poétique. L’animation se base avant tout sur une alternance d’illustrations fixes et de plans animés qui se fondent les uns dans les autres[2], et dont l’aspect visuel est marqué par un dessin particulier. En effet, l’esthétisme des illustrations explore des styles artistiques différents des deux premiers Animerama, en s’inspirant de peintures, d’Art nouveau[3] et d’illustrations de tarot[4]. Les influences les plus notables sont Gustav Klimt, Odilon Redon, Alphonse Mucha, Egon Schiele et Felicien Rops[3]. L’aspect qui en ressort est sensuel, érotique, viscéral - sentiments renforcés par une musique psychédélique[5].
Production et diffusion
[modifier | modifier le code]Contrairement aux deux premiers Animerama, Osamu Tezuka n’a pas participé directement au film, préférant se consacrer à ses projets de mangas[3]. Son influence reste cependant notable dans le style et la narration, particulièrement pour la manière de mettre en scène les séquences érotiques[4].
La Belladone de la tristesse est diffusé le au Japon[6]. Si le film est salué par la critique, avec une nomination à l'Ours d'or au Festival de Berlin[6], il ne rencontre en revanche qu’un faible succès. Ce sera d’ailleurs le dernier film du studio Mushi Production avant sa faillite la même année. En 2004, le film est réédité pour une sortie en DVD au Japon, permettant une redécouverte de l’œuvre[7].
Le film est peu connu à l’étranger, bien qu’il ait été diffusé lors de plusieurs festivals (par exemple à la Biennale d’Orléans en 1995[8], au « Silent Movie Theatre » de Los Angeles[9] ou au Festival international du film de Locarno[10]). En France, le film est projeté en salle après sa sortie[1], puis de nouveau en septembre 2013 dans le cadre de L'Étrange festival de Paris au Forum des images[11], et diffusé sur Arte[12].
Restauré par le distributeur américain Cinelicious à partir de copies retrouvées dans les archives de Mushi Production, le film ressort en salles en .
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre français : La Belladone de la tristesse
- Titre français alternatif : Belladonna la sorcière[13]
- Titre original : 哀しみのベラドンナ (Kanashimi no Beradonna )
- D’après l’œuvre de : Jules Michelet
- Réalisateur : Eiichi Yamamoto
- Production: Mushi Production
- Scénariste : Eiichi Yamamoto et Yoshiyuki Fukada
- Musique : Masahiko Satō
- Directeur artistique : Kuni Fukai
- Directeur de l’animation : Gisaburō Sugii
- Directeur du son : Atsumi Tashiro
- Durée : 89 minutes[14]
- Dates de sortie :
Animateurs
[modifier | modifier le code]- Kamakiri Uno
- Seiichi Hayashi
- Chikao Katsui
- Hayao Nobe
- Hirochika Mitsunobu
- Kimoyu Fukata
- Osamu Dezaki
- Reiko Kitagawa
- Shinichi Tsuji
- Shiro Murata
- Shuichi Seki
- Tadakatsu Yoshida
- Tsuneo Maeda
- Yoshiyuki Hane
Source : Kanashimi no Belladonna sur Anime News Network[15]
Doublage (VO)
[modifier | modifier le code]- Aiko Nagayama : Jeanne
- Tatsuya Nakadai : le Diable
- Katsutaka Ito : Jean
- Tatsuya Tashiro : la sorcière
- Masaya Takahashi : le baron
- Shigaku Shimegi : la baronne
- Chinatsu Nakayama : le narrateur
- Masakane Yonekura : l’évêque
Source : Kanashimi no Beradonna sur Anime News Network[15]
Distinctions
[modifier | modifier le code]- En compétition à la Berlinale 1973[6]
- En compétition au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1975.
Accueil critique
[modifier | modifier le code]L'accueil critique est très positif : le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 4,6/5, et des critiques spectateurs à 3,9/5[16].
Les critiques suivantes ont été publiées à l'occasion de la ressortie du film en version restaurée en 2016.
Pour Marius Chapuis de Libération, La Belladone de la tristesse « émerveille par son audace visuelle. A elle seule, la scène de viol stupéfait par son insoutenable violence symbolique. [...] Belladonna s’épanouit dans un appétit des extrêmes, un mariage entre la modestie d’une animation recourant à l’image fixe et le flamboyant de l’expérimentation. Chargé de donner chair à cette fresque érotico-psyché-art nouveau, le peintre Kuni Fukai passe de l’aquarelle à la gouache, ajoute des collages. [...] Le mélange des techniques d’animation participe aussi de ce tumulte sensoriel où chaque plan devient une expédition. [...] Par sa radicalité, Belladonna échappe au monde de l’animation japonaise pour parler une langue finalement plus proche de celle de René Laloux et Roland Topor dans La Planète sauvage (également sorti en 1973). »[17].
Pour Jacky Goldberg des Inrockuptibles, Belladonna est une « adaptation flamboyante de La Sorcière de Michelet par un cinéaste d'animation japonais. Une perle rare seventies et une ode lyrique à l'émancipation. [...] La pauvreté apparente de l'animation (beaucoup de translations, de zooms avant ou arrière sur des planches fixes) n'empêche aucunement la beauté de se déployer dans d'extatiques volutes graphiques qui doivent autant à l'expressionnisme (Klimt, Schiele, Mucha) et à l'art nouveau qu’aux expérimentations sous psychotropes so seventies. [...] un pur produit de son époque libertaire, aussi bien formellement qu'idéologiquement, »[18].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- TV : La Belladone de la tristesse sur Arte, Animeland, 11 octobre 2013
- Article sur Pelleas.net, par Benjamin Ettinger.
- Anime special par Jasper Sharp, midnighteye.com.
- Belladonna sur tezukainenglish.com.
- Kanashimi no Belladonna sur AnimeKun.
- Kanashimi no Beradona sur l'IMDb.
- La Belladone de la tristesse, ShoShoSein.
- Kanashimi no Belladonna sur Animeka.
- Paprika, Belladonna of Sadness, Mind Game in LA, Anime News Network.
- Kanashimi no Belladonna diffusé au Festival de Locarno, dossier de presse, page 35.
- La belladone de la tristesse diffusé à l'Etrange festival
- « La Belladone de la tristesse »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur arte.tv, (consulté le ).
- La Revue du Cinéma : La Saison cinématographique 75 (Longs métrages sortis en France du 1 juillet 1974 au 30 juin 1975), UFOLEIS (no 299), , 432 p., p. 32
- (ja) La Belladone de la tristesse sur la Japanese Movie Database
- Kanashimi no Belladonna sur Anime News Network.
- « Belladonna », sur Allociné (consulté le ).
- Marius Chapuis, « «Belladonna», femme de l’enfer », sur Libération, (consulté le ).
- Jacky Goldberg, « Belladonna », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (ja) Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- (fr) « Belladonna », femme de l'enfer dans Libération