La Chasse de Diane — Wikipédia
Artiste | |
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Date | Entre et |
Type | |
Matériau | |
Dimensions (H × L) | 225 × 320 cm |
No d’inventaire | 53 |
Localisation |
La Chasse de Diane ou bien encore Le Concours de tir à l'arc de Diane et de ses nymphes, Diane et ses Nymphes ou Le Triomphe de Diane[1],[2], est une peinture à l'huile sur toile réalisée en 1616-1617 par le peintre italien Le Dominiquin. Elle a été commandée par le cardinal Pietro Aldobrandini, mais lui a été volée par le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese[3]. L'œuvre est conservée à la Galerie Borghèse, à Rome[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le Dominiquin étudie l'art flamand auprès de Denis Calvaert[5], avant de s'installer à Rome où il travaille dans les équipes des Carracci, y compris aux fresques conçues par Annibale Carracci pour le palais Farnèse[6],[7] où il acquiert le surnom de Domenichino, signifiant petit Domenico[5]. Il devient ensuite l'assistant privilégié d'Annibale Carracci lui-même[6], avant de recevoir des commandes du cardinal Pietro Aldobrandini et du cardinal Scipione Caffarelli-Borghese[5].
Ce tableau est achevé après que le Dominiquin a réalisé une grande série de fresques entre 1612 et 1615 dans l'église Saint-Louis-des-Français de Rome, avec sur les murs latéraux et les panneaux de la voûte des scènes sur les Histoires de sainte Cécile. À ce stade, il développe son propre style, distinct de celui des Carrache[6].
Commission
[modifier | modifier le code]Le tableau est commandé à l'origine par le cardinal Pietro Aldobrandini et est destiné à compléter les peintures du Titien déjà en possession du cardinal[8]. Les peintures du Titien n'appartenaient pas à l'origine à Pietro Aldobrandini et n'avaient pas été commandées par lui[9].
Pietro Aldobrandini est le neveu du pape Clément VIII. Il utilise l’art comme un moyen d’échapper au quotidien de la vie de cardinal. Il est un collectionneur passionné de Titien et d'Annibale Carracci[9], ce qui explique son intérêt pour les œuvres du Dominiquin, qui est un élève des Carrache[6]. La collection d'œuvres du Titien d'Aldobrandini provient de biens confisqués après l'annexion de la famille d'Este à Rome ; elle comprend L'Offrande à Vénus et La Bacchanale des Andriens[9].
Entrée dans la collection Borghèse
[modifier | modifier le code]Après la mort de Clément VIII, Paul V Borghèse prend la tête de l'Église. Une fois la famille Borghese arrivée au pouvoir, celle de Clément VIII tombe en disgrâce[10]. le neveu de Paul V, Scipione Caffarelli, non content d'être le neveu du pape, est finalement adopté par celui-ci, devenant ainsi Scipione Borghese[11].
L'animosité entre Scipione Borghese et Pietro Aldobrandini provient du fait que Borghese est le successeur en tant que cardinal-neveu d'Aldobrandini. La famille Borghèse a également soutenu de nombreux artistes tout au long de son mandat. Scipione possède de nombreuses œuvres mythologiques, notamment des Muses de Giovanni Baglione qui complètent sa collection[12]. La majeure partie de la collection Borghèse est acquise de force auprès d'artistes et mécènes après qu'ils aient été exilés ou dépouillés de leur pouvoir et de leur richesse[10].
Bien que cette œuvre ait été commandée à l'origine par Pietro Aldobrandini, Scipione s'approche du peintre et l'exhorte à terminer la commande pour lui. Le Dominiquin, fidèle à la famille Aldobrandini, refuse : il est aussitôt emprisonné pendant quelques jours par les Borghèse, après quoi il termine les travaux, ne recevant que 40 écus (150 au total, en comptant également une Sibylle de Cumes)[4].
Sujet et description
[modifier | modifier le code]Cette peinture mythologique représente Diane, la déesse de la chasse, de la lune, de la virginité et des animaux sauvages[13], alors qu'elle encourage ses nymphes, qui sont ses disciples, alors qu'elles s'entraînent à la chasse à l'arc sur une colombe, tandis que d'autres profitent d'une baignade, espionnées par Actéon depuis un buisson, comme mentionné dans de nombreuses sources classiques telles que l'Énéide de Virgile, la Théogonie d'Hésiode ainsi que le poème épique d'Homère l'Iliade[14],[15],[16]. Dans les textes et les œuvres, Diane est souvent représentée comme une enfant plutôt que comme une femme adulte, tout comme ses nymphes, car la protection de Diane les empêche de vieillir.
Un lévrier aboie en direction de l'oiseau abattu et est retenu par l'une des nymphes. Au premier plan se trouvent deux nymphes à moitié immergées dans l'eau : l'une observe la colombe frappée par la foudre, tandis que l'autre regarde directement le spectateur. C'est ainsi que Le Dominiquin transporte le public dans le tableau, brisant la barrière entre le spectateur et le sujet. La nymphe sourit, comme si elle avait surpris le spectateur dans les buissons en train d'observer la scène, le comparant ainsi aux hommes du tableau[17],[13].
Diane est facilement identifiable grâce au diadème en forme de croissant de lune inversé sur sa tête. Habituellement, elle peut également être identifiée par son arc et son carquois de flèches[15].
Analyse
[modifier | modifier le code]Ce tableau montre la capacité du Dominiquin à peindre des paysages ainsi que sa connaissance et sa familiarité avec les styles artistiques de l'Antiquité[13]. Sur le côté droit du tableau se trouvent deux hommes qui espionnent les nymphes : ces personnages agissent comme des allégories et représentent la scopophilie, la luxure, le risque et, enfin, le danger dans lequel ils se mettent en raison de leurs propres actions. Ces personnages rappellent le chasseur Actéon, qui fut transformé en cerf, puis se fit mutiler par les chiens de Diane, après avoir vu celle-ci prendre un bain : en arrière-plan deux nymphes portent un faon comme trophée de chasse[3].
Le style du Dominiquin s'inspire largement de la nature, car il considère qu'elle constitue le fondement essentiel de toutes les œuvres d'art. De plus, il a étudié en profondeur les formes des sculptures antiques pour influencer sa manière de représenter la figure humaine. Cela explique également son souci du détail pour illustrer ces personnages dans les vêtements de l'époque à laquelle se situe le tableau, plutôt que les vêtements qu'il aurait vus à son époque[6]. Il pense que décrire des événements à grande échelle est la meilleure façon d'immerger le spectateur dans l'œuvre, plutôt que de simplement raconter l'essentiel de l'histoire[18]. La nature chaotique de la scène explique comment les hommes ont pu se faufiler pour espionner la déesse et ses disciples. Plusieurs genres de peinture sont abordés dans ce tableau : une scène historique, un paysage et une leçon enseignée. Les œuvres d'art du Dominiquin se marient bien avec celles de Titien[9].
Postérité
[modifier | modifier le code]La peinture fait partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[19].
Références
[modifier | modifier le code]- (en)/(it) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Archery Contest of Diana and her Nymphs » (voir la liste des auteurs) et en italien « Caccia di Diana (Domenichino) » (voir la liste des auteurs).
- « Diana's Hunt », Galleria Borghese.
- « Diana Hunting », ArtStor.
- Moreno et Stefani 2000, p. 377.
- (it) « La caccia di Diana », sur Galleria Borghese (consulté le ).
- (en) « Domenichino (Domenico Zampieri) », FAMSF Search the Collections, (consulté le ).
- « Domenichino (1581–1641) », Metropolitan Museum of Art.
- « Domenichino (Domenico Zampieri) », The J. Paul Getty Museum.
- Sutherland Harris 2008, p. 61.
- « Titian », www.mappingtitian.org (consulté le ).
- Hill 2001.
- « Galleria Borghese - Artworks », www.the-athenaeum.org (consulté le ).
- Askew 1978.
- « Domenichino's The Hunt of Diana a Painting about Spying and its Unfortunate Results », Roma Non Per Tutti.
- Virgil 1937.
- Hesiod 2009.
- Homer 1999.
- (it) « La Caccia di Diana | 17-30 Ott 2020 », sur Rome Art Week.
- « Domenichino (Domenico Zampieri) », The J. Paul Getty Museum.
- Paul Veyne, Mon musée imaginaire, ou les chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Paris, Albin Michel, , 504 p. (ISBN 9782226208194), p. 462-463.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Pamela Askew, « Ferdinando Gonzaga's Patronage of the Pictorial Arts: The Villa Favorita », The Art Bulletin, vol. 60, no 2, , p. 274–296 (ISSN 0004-3079, DOI 10.2307/3049783, JSTOR 3049783).
- (en) Hesiod, Theogony, Oxford University Press, (ISBN 978-0199538317).
- (en) Michael Hill, « The Patronage of a Disenfranchised Nephew: Cardinal Scipione Borghese and the Restoration of San Crisogono in Rome, 1618-1628 », Journal of the Society of Architectural Historians, vol. 60, no 4, , p. 432–449 (DOI 10.2307/991729, JSTOR 991729).
- (en) Homer, The Iliad, Penguin Classics, (ISBN 978-0147712554).
- (en) Heather Hyde Minor, « "Amore regolato": Papal Nephews and Their Palaces in Eighteenth-Century Rome », Journal of the Society of Architectural Historians, vol. 65, no 1, , p. 68–91 (DOI 10.2307/25068239, JSTOR 25068239).
- (it) Paolo Moreno et Chiara Stefani, Galleria Borghese, Milano, Touring Club, .
- (en) Ann Sutherland Harris, Seventeenth-century Art And Architecture, London, Laurence King, (ISBN 9781856695541).
- (en) Virgil, Aeneid, New York, Collier, .
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- La Chasse de Diane, site web de la Galerie Borghèse