La Zone d'intérêt (roman) — Wikipédia

La Zone d'intérêt
Auteur Martin Amis
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Fiction historique
Version originale
Langue Anglais
Titre The Zone of Interest
Éditeur Jonathan Cape
Date de parution
Nombre de pages 304
ISBN 978-0-385-35349-6
Version française
Traducteur Bernard Turle
Éditeur Calmann-Lévy
Collection Romans étrangers
Lieu de parution Paris
Date de parution
Nombre de pages 400
ISBN 978-2-7021-5727-5

La Zone d'intérêt (The Zone of Interest) est le quatorzième roman britannique de l'écrivain Martin Amis, publié le chez Jonathan Cape. En France, il est paru le chez Calmann-Lévy.

L'histoire se déroule à Auschwitz, où un officier nazi est tombé amoureux de la femme du commandant du camp, et alterne les points de vue de trois narrateurs : Le premier, Angelus Thomsen, est officier ; vient ensuite Paul Doll, le commandant ; et enfin Szmul Zacharias, un Sonderkommando juif.

L'histoire s'ouvre sur la première vision qu'a Thomsen d'Hannah Doll, épouse de Paul Doll, le commandant du camp en août 1942 (une version romancée de Rudolf Höss). Thomsen est immédiatement intrigué et initie quelques rencontres avec Hannah. Leur relation devient plus intime avec le temps, cependant elle demeure insatisfaite. Malgré leurs tentatives de discrétion, Paul Doll émet peu à peu des soupçons quant aux deux personnages. Il charge alors un des prisonniers du camp de suivre Hannah. Celui-ci l'informe effectivement qu'ils ont bien procédé à deux échanges de lettres. Après avoir espionné Hannah dans la salle de bain (fidèle à son habitude), Paul, excité, l'observe discrètement lire la lettre de son amant, puis il détruit la lettre. À partir de ce moment-là, sa femme devient de plus en plus méprisante à son égard, le narguant vicieusement en privé et l'embarrassant en public. Paul décide d'assigner Szmul, membre de longue date du Sonderkommando, au meurtre de sa femme. Il le fait en menaçant de capturer la femme de Szmul, Shulamith. Le meurtre devrait avoir lieu le 30 avril 1943, à la Nuit de Walpurgis.

Le récit procède ensuite à une ellipse de quelques années, jusqu'aux conséquences de l'histoire. En septembre 1948, Thomsen tente de retrouver Hannah, disparue. Il la retrouve à Rosenheim, où elle a rencontré son mari. On lui raconte ce qui s'est passé à la Nuit de Walpurgis : au moment où Szmul était censé assassiner Hannah, il a pointé l'arme sur lui-même et lui a révélé la vérité. Paul Doll lui a ensuite tiré dessus avant qu'il ne puisse se suicider. Thomsen demande à Hannah s'ils peuvent encore se rencontrer. Elle lui raconte que dans le camp de concentration, il était pour elle une figure de sanité d'esprit et de décence. Dans la sphère privée, elle ne voyait en lui plus qu'un rappel de la folie de sa vie passée. Thomsen se retire et finit par la quitter par désespoir.

Sujets abordés et structure

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Six chapitres et un épilogue constituent le roman. Chacun des six chapitres comporte trois sections : la première est racontée par Thomsen, la seconde par Paul Doll et la troisième par Szmul. Thomsen est le narrateur de chacune des trois sections de l'épilogue nommé Aftermath. Ces trois parties sont consacrées à une femme, respectivement Esther, puis Gerda Bormann et enfin Hannah Doll.

Les styles et les manières des trois narrateurs diffèrent considérablement. Thomsen est le protagoniste du roman, la plupart du temps indifférent aux crimes du camp jusqu'à ce qu'il tombe amoureux d'Hannah Doll. Sa narration est la plus raisonnable des trois. Le style de Paul Doll est plus excentrique et délirant que celui de Thomsen. Il se consacre avec zèle à l’effort de génocide nazi et fait preuve d’une indifférence terrifiante face aux horreurs des camps de concentration. Son instabilité croissante est amplifiée lorsque, au cours de ses ruminations, il insiste sur le fait qu'il est un homme parfaitement normal, agissant comme n'importe quel autre homme. Alors que la défaite allemande devient imminente et affecte le moral de tous ceux qui l'entourent, Doll fait une évaluation absurdement détachée des conséquences de la guerre. Des trois, Szmul est le plus obscur, et sa narration sert de petit épilogue à chaque chapitre. Son ton est sépulcral et la plupart de ses pensées consistent en une réflexion incrédule sur ses actions.

Accueil critique

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Les critiques ont été majoritairement positives[1],[2],[3],[4]. Certaines sont allées jusqu'à le qualifier de "meilleur roman d'Amis en 25 ans", surpassant le très acclamé London Fields[1],[2] Joyce Carol Oates, écrivant pour The New Yorker, a ainsi décrit le roman comme « un recueil d'épiphanies, d'anecdotes consternées et d'histoire radicalement condensée », avec Amis « à son meilleur en tant que vivisectionniste satirique avec un œil froid et un scalpel inébranlable ». "[3]. Un critique du Washington Post a fait l'éloge du talent singulier d'Amis pour les mots et a salué la narration du personnage Paul Doll comme "une performance comique magistrale"[5].

Une critique à l'égard du roman mentionnait notamment son intrigue décevante à certains égards[6] et la trame de l'érotisme hors-propos[7].

Prix littéraire

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Adaptation cinématographique

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Jonathan Glazer a adapté le livre en un long métrage homonyme. La première de La zone d'intérêt a eu lieu en 2023. Le film a par la suite remporté des prix dans de nombreux festivals, dont le Grand Prix de Cannes, et a été nommé pour cinq Oscars, dont celui du meilleur film[9].

Notes et références

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  1. a et b (en) Alex Preston, « The Zone of Interest review – Martin Amis's impressive holocaust novel », sur The Guardian, (consulté le ).
  2. a et b (en) Wynn Wheldon, « The Zone of Interest is grubby, creepy – and Martin Amis's best for 25 years », sur The Spectator, (consulté le ).
  3. a et b (en) Joyce Carol Oates, « The Death Factory », sur The New Yorker, (consulté le ).
  4. (en) Anthony Marra, « The Zone of Interest, by Martin Amis: review », sur SFGate, (consulté le ).
  5. (en) Tova Reich, « Book review: 'The Zone of Interest,' by Martin Amis », sur The Washington Post, (consulté le ).
  6. (en) Katy Guest, « The Zone Of Interest by Martin Amis - book review » [archive du ], sur The Independent, (consulté le ).
  7. (en) David Herman, « The Zone of Interest: Atrocity and eroticism », sur The Jewish Chronicle Online, (consulté le ).
  8. (en) « 2015 Shortlist announced », sur Walter Scott Prize, (consulté le ).
  9. (en) Jada Yuan, « Haunting Holocaust movie ‘The Zone of Interest’ keeps gaining momentum », sur The Washington Post, (consulté le ).

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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