Le Chant des canuts — Wikipédia

Le Chant des Canuts ou Les Canuts est une chanson française écrite par Aristide Bruant en 1894[1] en hommage aux travailleurs de la soie de Lyon, à l'origine de plusieurs insurrections dans la première moitié du XIXe siècle (1831, 1834 et 1848).

Le texte de Bruant s'inspire de celui de La Chanson du linceul, adaptation en français par Maurice Vaucaire (1863-1918) d'une chanson allemande inspirée du poème Les Tisserands de Silésie de Heinrich Heine.

En 1893, La Chanson du linceul est chantée à Paris comme élément de la pièce de théâtre Les Tisserands (Die Weber) de Gerhart Hauptmann (1862-1946), mise en scène par André Antoine au Théâtre-Libre, dans une traduction de Jean Thorel[2]. Cette pièce met en scène un groupe de tisserands ruraux allemands lors d'un soulèvement survenu en 1844 en Silésie (alors province du royaume de Prusse).

Le Chant des Canuts est interprété par Bruant lors de l'Exposition universelle de Lyon en 1894.

Un chant de lutte célèbre

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Le Chant des canuts est devenu un chant de lutte très connu, comme Le Temps des cerises ou Bella ciao. En 1955, dans le disque Chansons populaires de France, Yves Montand modifie la fin de troisième strophe, « la révolte » remplaçant « la tempête » et « nous n'irons plus nus » remplaçant « nous sommes tout nus ». Cette modification, qui donne une tournure encore plus révolutionnaire au chant, est reprise par les interprètes ultérieurs.

Dans les années d'après la Seconde Guerre mondiale, en plus d'Yves Montand, il est chanté par Leny Escudero, Marc Ogeret, Francesca Solleville et plus récemment par Éric la Blanche.

Le et le 6 mars 2022, Jean-Luc Mélenchon, candidat à l'élection présidentielle, entonne quelques couplets du chant pour conclure deux meetings à Lyon[3].

  • Les Canuts, d'Aristide Bruant (entre parenthèses : modifications d'Yves Montand)

Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d'or
Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d'or
Nous en tissons pour vous, grands de l'église
Et nous, pauvres canuts, n'avons pas de chemise

C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus

Pour gouverner, il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir
Pour gouverner, il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir
Nous en tissons pour vous grands de la terre
Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous enterre

C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus

Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira.
Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira.
Nous tisserons le linceul du vieux monde,
Car on entend déjà la tempête (révolte) qui gronde

C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus (n'irons plus nus).

À Lyon, une statue de Georges Salendre (1890-1985) représentant des amoureux entonnant Le Chant des canuts a longtemps été présente dans un square[pas clair] près de la mairie du 4e arrondissement de Lyon (sise 133, boulevard de la Croix-Rousse, c'est-à-dire dans l'ancien quartier des canuts). Elle se trouve aujourd'hui non loin de là, place des Tapis (depuis ).

Notes et références

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  1. *Jean-Louis Robert, Le Monde, .
    *Robert Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au front populaire, éditions Hier et Demain, 1978, Paris, p.164-165. Le Chant du linceul, goualante des tisserands, publié en juillet 1893 dans Le Père peinard, chanson inspiratrice de Bruant, est reproduite. Robert Brécy précise que le texte initial de Bruant, loin d'être révolutionnaire, n'utilise pas le futur final, mais garde le présent "nous sommes" dans le dernier vers...
  2. François Genton, « Lyoner Canuts und schlesische Weber. Noch einmal Heine und die Folgen », Hartmut Melenk et Klaus Bushoff (dir.), 1848 - Literatur, Kunst, Freiheit im europäischen Rahmen, Freiburg en Breisgau, Filibach, 1998, pp. 119-135.
  3. « A Lyon et à Aubervilliers, Mélenchon s’en prend à Macron et « aux champignons hallucinogènes » », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )

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Articles connexes

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