Marie-Adélaïde de Bourbon — Wikipédia

Marie-Adélaïde de Bourbon
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de la duchesse d'Orléans d'après Élisabeth Vigée Le Brun, XVIIIe siècle.
Biographie
Titulature Princesse du sang
Duchesse de Chartres
Duchesse d'Orléans
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon
Surnom Mademoiselle d'Ivry
Mademoiselle de Penthièvre
Naissance
Hôtel de Toulouse (Royaume de France)
Décès (à 68 ans)
Château d'Ivry (Royaume de France)
Sépulture Chapelle royale de Dreux
Père Louis de Bourbon
Mère Marie-Thérèse-Félicité d'Este
Conjoint Louis-Philippe d'Orléans
Enfants Louis-Philippe Ier Roi des Français
Antoine d’Orléans
Adélaïde d’Orléans
Louis-Charles d'Orléans
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Marie-Adélaïde de Bourbon

Description de cette image, également commentée ci-après

Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, dite Mademoiselle d'Ivry puis Mademoiselle de Penthièvre, est née à l'hôtel de Toulouse le et est morte au château d'Ivry le . Fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon et de Marie-Thérèse-Félicité d'Este, elle fut duchesse de Chartres puis duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis-Philippe d'Orléans, futur « Philippe-Égalité ». Elle est également la mère du futur roi des Français, Louis-Philippe Ier.

Louise-Marie-Adélaïde est la fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, et de son épouse Marie-Thérèse-Félicité d'Este, princesse de Modène. Son père étant le fils du comte de Toulouse, Louis-Alexandre de Bourbon, elle est un membre d'une branche légitimée de la maison de Bourbon. Sa mère étant morte en couches, elle est rapidement confiée aux bénédictines de la réputée abbaye royale de Montmartre où elle reste pensionnaire pendant 14 ans[1].

La mort de son frère, Louis-Alexandre de Bourbon, survenue en mai 1768, fait de la jeune fille la dernière descendante du comte de Toulouse, bâtard légitimé du roi Louis XIV, et fait d'elle la plus riche héritière de France. Âgée de 15 ans, elle est présentée à la cour le de la même année. Pendant qu'elle s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est alors la plus riche héritière du royaume. Sa fortune en intéresse grandement certains.

Ainsi, son héritage suscite l'intérêt de Louis-Philippe d'Orléans, prince du sang, qui propose alors son fils, Philippe d'Orléans, ancien compagnon de débauche de son défunt frère. Au mépris des convenances, il ne craint pas de demander sa main. Le duc de Penthièvre accepte ce très grand honneur qui fait de sa fille une princesse du sang. En 1785, la mort de son beau-père fait d'elle la nouvelle duchesse d'Orléans, succédant donc à Louise-Henriette de Bourbon-Conti.

L'important héritage de Mademoiselle de Penthièvre ne laisse donc pas Louis-Philippe d'Orléans, duc de Chartres, indifférent. Àgé de vingt ans, il est le chef de la bande cadette de la famille. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour son parti, cette alliance est une mésalliance. Elle est néanmoins consacrée au château de Versailles le . Elle est dotée par son père des duchés de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois et de Carignan.

Louis-Philippe d'Orléans et Marie-Adélaïde de Bourbon auront six enfants :

  1. Une fille anonyme (mort-née le ) ;
  2. Louis-Philippe Ier, duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de « Louis-Philippe Ier » ;
  3. Antoine d'Orléans, duc de Montpensier ;
  4. Adélaïde d'Orléans, dite « Mademoiselle de Chartres », « Mademoiselle d'Orléans », puis « Mademoiselle » et « Madame Adélaïde » ;
  5. Françoise-Caroline-Auguste d'Orléans (-), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
  6. Louis-Charles d'Orléans, comte de Beaujolais.

Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maitresse la comtesse de Genlis, dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants[2]. Ainsi, pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de la comtesse sur ses enfants, qui adopteront alors une attitude révolutionnaire heurtant les convictions profondément royalistes de leur mère[3].

Le Duc de Chartres et sa famille d'après Charles Lepeintre, 1776.

Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe, le futur roi des Français, a été remise en doute par Victor Hugo dans Le roi s'amuse quand il fait dire à Triboulet : « Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ». Louis-Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première. Sous l'Ancien-Régime, la duchesse d'Orléans protège Élisabeth Vigée Le Brun et présente Rose Bertin, dont elle est cliente, à Marie-Antoinette.

Retrait en Normandie

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En , accompagnée de sa fidèle dame d'honneur, la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire alors en Normandie auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils du roi Louis XIV. Le lendemain de la fuite de Varennes, la duchesse et son père sont détenus au château d'Eu mais la mesure est levée au bout de dix-neuf jours[4]. Ils résideront ensuite au château d'Anet puis au château de Bizy. La duchesse se sépare officiellement de son époux, le duc Philippe d'Orléans, le .

Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de la princesse de Lamballe, belle-sœur et belle-fille de la fille et du père, victime des massacres de Septembre. Le duc de Penthièvre la considérait comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI l'a scandalisé. Il ne se remettra jamais de l'exécution du souverain, le matin du . Le duc meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.

Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre et sa fille, Louise-Adelaïde, représentés dans un jardin par Jean-Baptiste Charpentier le Vieux, 1768.

Après la désertion du général Dumouriez, qui entraîne dans sa fuite le jeune Louis-Philippe, les membres de la famille d'Orléans sont arrêtés. Antoine d'Orléans et Louis-Charles d'Orléans sont emprisonnés à Marseille avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence au château de Bizy. Le duc d'Orléans est guillotiné le . Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est alors emprisonnée au palais du Luxembourg. La ci-devant duchesse impressionne ses geôliers par sa piété et son courage.

Libérée en 1794 après la chute de Robespierre, elle trouve refuge dans la pension de Jacques Belhomme, elle y rencontre le conventionnel Jacques-Marie Rouzet, qui devient son amant. En 1796, ses fils sont libérés mais ils doivent s'expatrier aux États-Unis, elle ne les reverra plus. Sa fille Adélaïde trouve asile en Allemagne auprès de sa grand-tante maternelle, la princesse de Conti. À Paris, Jean-Marie Rouzet est devenu un membre du Conseil des Cinq-Cents, chambre basse, et Marie-Adélaïde vit ainsi dans une certaine aisance.

Exil en Espagne

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Après le coup d'État du 18 fructidor an V (), un décret oblige tous les membres de la famille de Bourbon à quitter le pays. Marie-Adélaïde se réfugie en Espagne avec sa belle-sœur, Bathilde d'Orléans, qui est duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à Sarrià, puis à Figueras où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps. C'est en exil qu'elle apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie. Finalement, la guerre d'indépendance espagnole oblige la fille du feu duc de Penthièvre et Rouzet à fuir aux Îles Baléares, un archipel, en .

Après une séparation de seize ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d'épouser Marie-Amélie de Bourbon-Siciles. Marie-Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à Palerme, où le mariage est célébré le . Mais après un séjour commun de deux ans, la relation entre la mère et le fils est devenue orageuse. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour Minorque, à Mahon.

Retour en France et décès

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Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon en 1776 par Charles Lepeintre, 1776.

À la suite de la chute de l'Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le . Ils ne sont alors pas inquiétés pendant les Cent-Jours. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle chapelle royale de Dreux du château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses six enfants après avoir dû céder le château de Rambouillet à la reine en 1783.

Louis-Philippe agrandira la nécropole en creusant des cryptes. Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est ainsi inhumée dans la chapelle royale de Dreux. Elle ne verra alors pas l'avènement comme roi des Français de son fils Louis-Philippe, en . La Révolution française et le premier Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans.

Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de Lamballe est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, est fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération. Héritière d'une immense fortune, elle tentera sous la Restauration d'en reconstituer une part, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.

  •  : Mademoiselle d'Ivry ;
  •  : Mademoiselle de Penthièvre ;
  •  : La duchesse de Chartres, princesse du sang de France ;
  •  : La duchesse d'Orléans, princesse du sang de France ;
  •  : Madame Louise-Marie-Adélaïde d'Orléans ;
  •  : Louise-Marie-Adélaïde, princesse française ;
  •  : Citoyenne Louise-Marie-Adélaide Égalité ;
  •  : Veuve Louise-Marie-Adélaïde Égalité ;
  •  : La duchesse douairière d'Orléans.

Filmographie

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Références

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  1. H. M. Delsart, La dernière abbesse de Montmartre: Marie-Louise de Montmorency-Laval, 1723-1794, Paris, 1921, p. 25. Numérisé sur gallica.
  2. Stéphanie-Félicité du Crest de Saint Aubin, comtesse de Genlis, fut à la fois la maîtresse du duc d'Orléans Philippe-Égalité et gouvernante des enfants d'Orléans. Elle a trente-six ans en 1792, lorsqu'elle fut chargée de l'éducation des princes. Dans ses Mémoires, le roi Louis-Philippe détaille longuement l'éducation spartiate que lui, ses frères et sa sœur reçurent de Mme de Genlis.
  3. Decker 2001, p. 136-146.
  4. Decker 2001, p. 150.

Pour approfondir

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Bibliographie

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  • E. Delille, Journal de la vie de S.A.S. la duchesse d'Orléans, Paris, 1822 (ouvrage écrit par son secrétaire particulier) en ligne [1]
  • André de Maricourt, Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse d'Orléans, Paris, Emile Paul, 1913-1914, 2 volumes. 1e volume: La jeunesse, le duc de Penthièvre, le Palais-Royal, la séparation (1753-1791), 1913; 2nd volume: La duchesse d'Orleans, mere du roi Louis-Philippe (1791-1821), 1914.
  • Michel de Decker, La Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe, Paris, Pygmalion, (1re éd. 1981) (ISBN 2-85704-693-6).

Articles connexes

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Liens externes

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