Tilly Bébé — Wikipédia

Mathilde Rupp
Tilly Bébé et ses lions (1907).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 53 ans)
VienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Mathilde RuppVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Tilly BébéVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
À partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Ambros Rieder (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Tilly Bébé ( - ) est le nom de scène de l'artiste de cirque autrichienne Mathilde Rupp. Elle est remarquée pour ses performances avec de grands prédateurs et est considérée comme une pionnière dans le domaine du domptage des lions. En plus des spectacles vivants, elle participe à la réalisation de films muets. Mathilde Rupp est née à Vienne et a d'abord suivi une formation de dactylographe. Contre la volonté de son père, elle quitte sa place, dans un cabinet d'avocats, pour travailler avec des serpents au vivarium de Vienne (de). Elle commence à jouer avec des hyènes, vers 1897, et son père accepte son choix de carrière, devenant son manager, deux ans plus tard. Tout au long de sa carrière, Bébé fait des apparitions dans de nombreuses capitales européennes, tant avec des lions qu'avec des ours polaires. Elle fait également une tournée en Amérique du Sud, dans les années 1920. Se produisant jusqu'à la cinquantaine, elle meurt à Vienne en 1932.

Mathilde Rupp naît le à Perchtoldsdorf, en Autriche-Hongrie[1]. Son père, Franz Xaver Rupp, est marchand de fruits et légumes et son grand-père est le professeur et compositeur Ambros Rieder (de). Elle grandit dans le bâtiment de l'école, sur la place de la ville, et sa mère meurt quand elle a neuf ans[2].

Mathilde Rupp suit d'abord une formation de dactylographe à l'Institut commercial de Vienne[1],[3]. Elle obtient un emploi dans un cabinet d'avocats mais elle part pour poursuivre une carrière dans le domaine des soins aux animaux[1]. Au début, son père s'oppose à ce choix de carrière, mais en 1899, il cède à ses souhaits, non seulement en donnant son accord mais en devenant son manager[4].

Affiche annonçant le spectacle de Tilly Bébé, à Graz (1902-1903).

Mathilde Rupp est d'abord engagée par le vivarium de Vienne, comme maître serpent, dans l'herpétarium. Désireuse d'élargir ses compétences, elle se forme, auprès de R. Falk, pour travailler avec les hyènes et commence à travailler, dans un cirque, vers 1897[1]. Sa première représentation, au vivarium, avec des hyènes, est suivie d'un spectacle à succès à Vienne au Varieté Ronacher (de), avec des lions[1],[5]. Les spectacles de cirque offrent à l'époque de nombreuses possibilités qui ne sont pas accessibles aux autres femmes et Mathilde Rupp en profite. Elle peut choisir son travail, devenir financièrement indépendante et voyager à l'étranger[6].

En raison de son affection pour ses lions, elle passe beaucoup de temps avec eux ; il est même rapporté qu'elle dort avec eux[7],[8],[9]. Son mode de vie non-conventionnel suscite une attention considérable et conduit à la perception qu'elle est amoureuse de ses animaux, remplaçant la vie à la maison avec un mari par celle avec ses animaux[10],[11]. Selon certains témoignages, elle refuse des prétendants en raison de son amour pour ses lions qui rivalisent pour ses caresses[12]. En raison de la connotation érotique de son spectacle, elle attire la presse partout où elle voyage et connaît le genre de célébrité que Mae West, aura une décennie plus tard[10].

En 1901, elle s'entraîne à Bonn, en Allemagne, au Tierpark, un parc animalier, avec Contessa X, le nom de scène de la fille de Joseph-Bertrand Abadie, qui non seulement lui apprend à travailler avec les lions mais, ayant l'intention de prendre sa retraite, vend à Rupp une partie de ses félins[1],[7]. C'est Contessa X qui donne à Rupp, le nom de scène de Tilly Bébé.

Tilly Bébé et ses lions (1905).

En raison de sa petite taille, Bébé se produit habillée en petite fille, utilisant son apparence de poupée pour contraster avec la férocité de ses lions. Maîtresse dans l'art d'attirer l'attention, elle utilise la presse pour mettre en valeur son personnage de scène, avec des histoires sur sa nature réservée et sa gentillesse envers les animaux[6],[13].

Il est fréquemment rapporté qu'elle est une adolescente et qu'elle est une figure de la société[8],[14] et qu'elle a subi des blessures[4],[9]. Le jour de Noël 1901, alors qu'elle se produit dans un cirque à Essen, Bébé libère un compagnon dompteur de lion, d'une attaque de lion, mais celui-ci meurt malgré son intervention. Cependant, Bébé est bientôt engagée dans un spectacle au Cirque Medrano à Paris[7], et, à la fin de l'année, elle est régulièrement présentée au Rembrandt-Theatre d'Amsterdam[4]. Au cirque belge Krembser, au point culminant de son spectacle, elle met sa tête dans la gueule d'un lion avant de le faire sortir, de l'enceinte, sur ses épaules[1],[15].

En 1908, elle commence à tourner dans des films muets. Le premier, Tilly Bébé, die berühmte Löwenbändigerin (en français : Tilly Bébé, la célèbre dompteuse de lions), met en scène Bébé, dans le rôle d'une jeune fille se blottissant contre ses félins géants avant d'ouvrir la gueule d'un lion afin qu'il montre ses dents. Le film est l'un des meilleurs exemples du genre exotique-érotique-évasion qui devient populaire à l'époque[10],[16]. Cette année-là, il est rapporté qu'elle est blessée par un lion qui avait posé ses pattes sur elle et était sur le point de lui mordre la gorge lors d'une représentation au Volksgarten Nymphenburg (de) à Munich. Elle le frappe sur le museau et s'éloigne, dégoulinante de sang. Il s'avére que ce n'était qu'un numéro, comme elle l'explique au public lorsqu'il est répété quelques jours plus tard : « Je ne pouvais pas lui laisser voir que j'avais peur de lui »[17].

Tilly Bébé et ses ours polaires (1913).

En 1913, elle commence à se produire, pendant les mois les plus froids, avec un groupe de 20 ours polaires[5],[18]. Lors d'un spectacle avec le cirque de Carl Hagenbeck, en Allemagne, elle s'occupe d'un groupe de 40 ours polaires[19].

Comme pour ses performances avec les lions, la presse rapporte que les ours polaires sont dociles sous ses soins. Elle se produit avec eux au Cirque Hagenbeek, à La Haye, en 1918[N 1],[1],[11],[20]. En 1923, Bébé part en tournée avec le cirque Sarrasani (en) qui se produit pendant deux ans dans toute l'Amérique du Sud[21]. À Buenos Aires, alors qu'un lion s'est échappé de sa cage, elle empêche qu'il soit abattu en l'attrapant par la crinière et en le renvoyant dans la cage[7].

Elle se produit jusqu'à la cinquantaine, n'ayant pas perdu beaucoup de son dynamisme. En 1928, elle travaille avec Wilhelm Hagenbeck en Saxe[22]. En 1930, il est rapporté que seules trois des femmes qui avaient travaillé auparavant dans des cirques avec des prédateurs étaient toujours employées - Bébé, Mabel Stark et une femme qui jouait le rôle de Miss Texas[N 2],[23].

Mort et héritage

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Tilly Bébé meurt dans la pauvreté[12],[24], à Vienne le [1]. Elle est reconnue comme une pionnière dans l'apprivoisement des lions et pour ses innovations dans le dressage docile des prédateurs[15]. Roman Proske publie, en 1956, Lions, Tigers, and Me, un mémoire sur ses années de dompteuse de lions, qui comprend des histoires sur Bébé et d'autres artistes de cirque avec lesquels elle a exercé[25].

Filmographie

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Notes et références

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  1. Plusieurs sources indiquent que Bébé a cessé de travailler pendant la guerre et a ensuite souffert d'une longue maladie jusqu'à sa mort. Ses productions cinématographiques et sa carrière ultérieure, documentées par de nombreux articles, montrent que ce ne fut pas le cas.
  2. Il ne s'agit pas de Herman Haupt, qui jouait, dans les années 1910, le rôle de la Texas Girl. Haupt a été tuée dans un accident avec ses lions en 1914-1915.

Références

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  1. a b c d e f g h et i Lang 1988, p. 329.
  2. Kraus 2013, p. 4-5. L'article note qu'il s'agit d'une réimpression d'un article de Die Presse du 26 mai 2012 ; cependant, dans un encadré de la page 5, on donne des informations qui ne figuraient pas dans l'article original. Il note également que Wikipedia.de a été utilisé comme source, mais comme ni son père, ni son grand-père, ni le fait que Rupp était orphelin n'apparaissent dans l'article de wp.de du 7 mai 2020, il n'en résulte pas que wp.en cite wp.de comme source.
  3. La Ilustración artística 1902.
  4. a b et c De Telegraaf 1902.
  5. a et b Illustrierte Kronen Zeitung 1913, p. 8.
  6. a et b Kraus 2012.
  7. a b c et d Thétard 1951, p. 331.
  8. a et b The Chicago Tribune 1903, p. 44.
  9. a et b The Spokane Press 1903, p. 4.
  10. a b et c Brandlmeier 1996, p. 103.
  11. a et b Tait 2016, p. 233.
  12. a et b Jamieson et Davidson 1980, p. 43.
  13. Sport und Salon et 1907 Sport und Salon 30 mars 1907.
  14. The Oakland Tribune 1911.
  15. a et b Killy et Vierhaus 2011, p. 502.
  16. Gruber 2016.
  17. Westliche Post 1908.
  18. Das interessante Blatt 1916, p. 26.
  19. Soule 1970, p. 48.
  20. Het Vaderland 1918.
  21. De Sumatra Post 1931.
  22. Thétard 1951, p. 333.
  23. Thétard 1951, p. 334-335.
  24. Tait 2016, p. 234.
  25. Friedman 1956, p. 2C.

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Thomas Brandlmeier, Early German Film Comedy, 1895-1917, Amsterdam, Amsterdam University Press, (ISBN 978-90-5356-172-0, lire en ligne), p. 103-113. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) David Jamieson et Sandy Davidson, The Colorful World of the Circus, Londres, Octopus Books, (OCLC 6618157, lire en ligne).
  • (en) Walther Killy et Rudolf Vierhaus, Dictionary of German Biography : Rupp, Mathilde: Stage Name Tilly Bébé, Circus and Variety Artist, vol. 8, Walter de Gruyter, , 780 p. (ISBN 978-3-11-096630-5, lire en ligne), p. 502.
  • (de) B. Lang, Rupp, Mathilde; Ps. Tilly Bébé (1879-1932), Artistin : Österreichisches Biographisches Lexikon 1815–1950, Vienne, Verlag d. Österreichische Akademie der Wissenschaften, , 478 p. (ISBN 978-3-7001-1483-3, lire en ligne [PDF]), p. 329. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Gardner Soule, Strange Things Animals Do : How Scientists Probe Their Secrets, New York, G. P. Putnam's Sons, (OCLC 93430, lire en ligne), p. 48.
  • (en) Peta Tait, Fighting Nature : Travelling Menageries, Animal Acts and War Shows, Sydney, Sydney University Press, , 302 p. (ISBN 978-1-74332-430-1, lire en ligne), p. 233. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (es) « Tilly Bébé - La domadora de leones », La Ilustración artística, vol. XXI, no 1092,‎ , p. 791 (lire en ligne, consulté le ).
  • (nl) « Tilly Bébé en hare Leeuwen », De Telegraaf, no 3701,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) « Miß Tilly Bébé », Illustrierte Kronen Zeitung, no 4921,‎ , p. 8 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) « A Girl Among Lions », The Chicago Tribune,‎ , p. 44 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) « Little Tilly Bebe Sleeps with Her Lions », The Spokane Press,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) Doris Kraus, « Zirkusfrauen': Babydoll im Löwenkäfig », Perchtoldsdorfer Rundschau,‎ , p. 4-5 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • (de) Doris Kraus, « "Zirkusfrauen": Babydoll im Löwenkäfig », Die Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Henry Thétard, « Les reines des fauves », Revue des deux mondes,‎ , p. 325-340 (ISSN 0035-1962, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • (de) « Verschiedenes », Sport und Salon, vol. 10, no 13,‎ , p. 16 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) « Mlle Tilly Bebe and Some of Her Pet Lions », The Oakland Tribune,‎ , p. 12 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) Gerhard Gruber, « Tilly Bébé, die berühmte Löwenbändigerin (1908) », Stummfilm Archiv [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) « Auslande », Westliche Post,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) « Theater und Varieté », Das interessante Blatt,‎ , p. 26 (lire en ligne, consulté le ).
  • (nl) « Uit Scheveningen: Circus Hagenbeek », Het Vaderland,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  • (nl) « Sarrasani komt naar Nederlands », De Sumatra Post, no 309,‎ , p. 10 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Robert Friedman, « Between Book Ends », The St. Louis Post-Dispatch,‎ , p. 2C (lire en ligne, consulté le ).

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Liens externes

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Source de la traduction

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