Megalolamna — Wikipédia

Megalolamna serotinus

Megalolamna

Dents de M. serotinus provenant de la formation de Dos Bocas (en), au sud-est de l'Équateur.

24–15 Ma

Cré

Pal

Eoc

Oli

Mio

Y

Q

Oligocène tardif au Miocène moyen^[1].

9 collections

Classification

Règne	Animalia
Embranchement	Chordata
Classe	Chondrichthyes
Ordre	Lamniformes
Famille	† Otodontidae

Genre

† Megalolamna
Shimada et al., 2016

Espèce

† Megalolamna serotinus
(Probst (de), 1879)

Synonymes

Liste

• Otodus serotinus Probst, 1879
• Lamna bassanii Alessandri (d), 1897
• Odontaspis taurus obliqua Caretto, 1972
• Megalolamna paradoxodon Shimada et al., 2016

Megalolamna est un genre fossile de grands requins lamniformes ayant vécu de l'Oligocène tardif au Miocène moyen. Les fossiles appartenant à ce genre sont connus des Amériques, de l'Europe et du Japon, et sont documentés dans la littérature scientifique depuis la fin du XIX^e siècle. C'est cependant en 2016 que les fossiles sont décrites comme appartenant à un même taxon distinct du nom de Megalolamna paradoxodon. Une étude publié en 2024 révèle cependant que le taxon fut déjà décrit de manière indirecte en 1879 sous le nom d’Otodus serotinus, l'unique espèce connu de ce genre étant alors renommé Megalolamna serotinus. Il fait partie des Otodontidae, une famille connu pour inclure le mégalodon, dont ce dernier fut d'ailleurs un contemporain.

Bien qu'ayant une longueur maximale estimé à 5,1 m, soit une mensuration similaire à celui du Grand requin blanc actuel, Megalolamna ne se serait nourrit qu'uniquement envers des proies de tailles moyennes. Les dents antérieurs de Megalolamna auraient eu pour fonctions de saisir la proie, avant de le couper via l'aide des dents latérales située au coin de la bouche. Les fossiles montre que le genre avait eu une répartition cosmopolite et qu'il habitait principalement dans les environnements peu profonds des zones tropicales aux zones de latitudes moyennes (en).

Durant le XX^e siècle et le XXI^e siècle, plusieurs dents de requins fossiles datant du Miocène inférieur sont découvertes dans les Amériques et au Japon. Dans la littérature scientifique, ces mêmes dents furent classés dans différents genres ou sont notés comme de positionnement génériques indéterminées, mais la totalités des auteurs les reconnaissaient comme provenant de l'ordre des Lamniformes. C'est sur la base de nombreux points communs les unifiants que le nouveau genre et espèce Megalolamna paradoxodon est décrite par Kensu Shimada est ses collègues en 2016 à partir de cinq dents fossiles isolés ayant été découvertes aux États-Unis, au Japon et au Pérou. Le nom générique Megalolamna dérive du mot en grec ancien μεγάλος / megálos, « grand », en combinaison de Lamna, genre type des Lamniformes. L'épithète spécifique parodoxodon vient quant à lui du latin paradoxum, « paradoxe », et du grec ancien ὀδούς / odoús, « dent », et fait référence à ce que les auteurs décrivent comme « son apparition paradoxale des dents »^[2]. Shimada explique plus en détail le sens étymologique de ce nom scientifique au sein d'un communiqué accompagnant la publication de la description officielle de l'animal. Le nom générique Megalolamna est nommé en raison de sa proximité phylogénétique avec d'autres requins aux grosses dents comme le mégalodon, mais sa combinaison avec Lamna fut choisi en raison de la ressemblance superficielle de ses dents avec ceux du Requin saumon. L'épithète spécifique fait référence à son grand écart temporelle encore non résolue avec Otodus^[3]. L'holotype désigné du genre consiste en une dent complète catalogué UCMP 112146, ayant été découverte dans le comté de Kern, en Californie^[2].

Plus tôt la même année, Jorge D. Carrillo-Briceño et ses collègues décrivent un ensemble de dents ayant été ayant été découverte dans la péninsule de Guajira, au nord de la Colombie. Parmi ces fossiles figurent une dent isolée auquel les auteurs attribuent à un genre indéterminée de requins lamniformes. Ils réfèrent aussi à ce même taxon indéterminée des dents découvertes en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Sardaigne, au Pérou, dans la Côte est des États-Unis et dans le Maryland, d'où ils sont notés comme très abondants^[4]. Dans les notes ajoutés à leur étude, Shimada est ses collègues attribuent la dent colombien au taxon alors érigée, et suggèrent aussi qu'il est probable que les dents découvertes dans les localités précédemment mentionnés élargirait alors le record géographique du taxon, bien qu'ils se montrent tout de même sceptiques à propos de l'abondance des fossiles au Maryland^[2].

En 2024, Jürgen Pollerspöck et Shimada décrivent plusieurs spécimens supplémentaires ayants été découvertes en Europe, plus précisément en Autriche, en France, en Allemagne et en Italie, tout en attribuant aussi des dents ayant été découvertes en Caroline du Sud, au Maryland, en Colombie, au Perou et en Équateur^{[N 1]}. La datation de la plupart des dents trouvées élargissent son ère de répartition de l'Oligocène supérieur au Miocène moyen. Les auteurs découvrent également que deux dents découvertes en Allemagne et en Italie ont déjà reçus leurs épithètes spécifiques respectifs dans deux ouvrages publiées lors de la fin du XIX^e siècle^[1]. La dent syntype allemande ayant été découverte à l'est de Baltringen (en), dans le land du Bade-Wurtemberg, fut le premier à être nommé, étant originellement décrit en 1879 par Josef Probst (de) sous le nom d’Otodus serotinus^[7]:155-156. La dent italienne découverte à Montferrat, dans le Piémont, est décrite en 1897 par Giulio de Alessandri (d) sous le nom de Lamna bassanii. Dans sa description, Alessandri nomme le taxon en l'honneur de Francesco Bassani (en), en raison de sa grande contribution à la connaissance de la paléontologie et de la stratigraphie italienne^[8]:38-39. Ces deux noms furent reconnues comme valides dans des travaux publiées après 1899 et ceux jusqu'en 2006, mais aucun chercheurs n'y s'est visiblement penché à propos d'une potentielle synonymie entre eux. L'épithète spécifique serotinus étant plus ancien que bassanii et parodoxodon, Pollerspöck et Shimada déplace alors ce nom dans le genre Megalolamna, le taxon étant alors renommé Megalolamna serotinus selon le principe de priorité. Les deux autres épithètes spécifiques érigées depuis sont alors mis en sa synonymie^[1].

La morphologie de Megalolamna étant totalement inconnu à l'exception de ses dents, la mensurations de ces dernières sont utilisées par Shimada et al. (2016) avec ceux de plusieurs autres requins lamniformes afin de calculer une estimation globale de sa longueur. Une gamme élargie donne une taille allant de 3,7 à 19,5 m de long. Cette gamme d'estimation est néanmoins considéré comme très exagéré étant donné qu'il est basée sur le Requin-renard commun, un squale dont la queue est aussi longue que son propre corps et ayant des dents comparativement plus petites. Une seconde gamme plus réduite donne entre 3,7 à 7,2 m, calculant une longueur moyenne de 5,1 m pour le plus grand spécimen connu^[2], soit une taille similaire à celui d'un Grand requin blanc moyen^[3].

Les dents de Megalolamna possèdent les traits de base d'un lamniforme, mais se distinguent principalement de par la présence d'une cuspide principale pointue parfois inclinée latéralement, de mini-cuspides latérales (petites cuspides émaillées qui apparaissent à la base de la couronne principale de la dent) à peux près égaux en taille et pointant vers le haut, et d'une racine fortement bilobée. Les cuspides et les mini-cuspides sont tout deux de forme triangulaire, et leur bords tranchants sont lisses et en formes de rasoirs^[2],[1]. La plus grande dent connu mesure 4,5 cm de hauteur^[2], tandis que la plus petite documentée mesure quant à elle 8,2 mm^[1]. Bien qu'il est très incertain de savoir si Megalolamna avait un ou plusieurs rangées de dents dans les mâchoires, ses dents montrent une série presque continue d'une dentition allant des dents hautes et symétriques aux dents courtes et inclinées, sans différences notables qui indiquerait leurs emplacement dans la mâchoire supérieure ou inférieure. Cette dentition indique par conséquent que l'animal devrait avoir une hétérodontie monognathe^[2], c'est à dire des dents mésiales (les plus en avants) et distales (les plus en arrières) de formes différentes le long des mâchoires supérieures ou inférieures^[9].

La dentition de Megalolamna est similaire à ceux de la plupart des autres grands requins lamniformes, et son régime alimentaire devrait être assez spécialisé, s'étant principalement nourri de poissons osseux. Cependant, là où les grands lamniformes ont une dentition de type saisissante et déchirante, les dents latérales de Megalolamna présentent une fonction coupante. Ainsi, l'animal saisissait probablement sa proie avec les dents antérieures, avant de le couper avec les dents latérales situés au coins de la bouche vers une proportion acceptable pour l'ingestion. La longueur corporelle estimé de l'animal indique aussi qu'il se nourrissait de poissons de tailles moyennes, allants de 0,5 à 1 m^[2].

Megalolamna fait partie de famille des Otodontidae, une lignée de requin lamniformes connu pour inclure notamment le mégalodon^[2],[3]. L'analyse phylogénétique de Shimada et al. (2016) le récupère en tant que taxon frère du genre type Otodus. Afin d'éviter de rendre le genre Otodus paraphylétique, les auteurs transférèrent l'intégralités des espèces anciennement classés dans le genre Carcharocles à ce dernier. Ils découvrent alors que les espèces du genre Otodus forment une séquence anagénétique qui représentent différentes chrono-espèces. Un cas similaire est aussi présent pour Cretalamna, car, étant généralement vue comme un taxon ancestral à Otodus, il est lui aussi vue comme paraphylétique. La découverte de Megalolamna, présentant des caractéristiques dentaires semblables aux deux genres, permet cependant à Cretalamna et à Otodus de rester monophylétiques. Pour des raisons de classifications, ils maintiennent Cretalamna comme distinct, mais en le séparant en deux lignées représentants les espèces datant du Crétacé et du Cénozoïque. Les auteurs notent néanmoins que le fait que Megalolamna et Otodus soient apparenté n'est pas exempt de problèmes, car y a un écart d'apparition d'environ 43 millions d'années chacun. Ce positionnement phylogénétique nécessite alors des recherches plus approfondies sur les requins du Paléogène ainsi que dans les synapomorphies définissables chez les différents genres d'otodontidés^[2].

Le cladogramme ci-dessous est basée d'après Shimada et al. (2016)^[2], avec le changement de l'épithète spécifique suivant Pollerspöck & Shimada (2024)^[1] :

La distribution des fossiles de Megalolamna prouve que le genre avait eu une répartition cosmopolite^[4]. Sa distribution occupait dans les marges est et ouest de l'océan Pacifique, dans la marge occidental de l'océan Atlantique, dans la mer des Caraïbes, dans la mer Méditerranée et l'ancienne mer Paratéthys. Cela montre que sur le plan latitudinal, Megalolamna occupait les zones tropicales aux zones de latitudes moyennes (en) dans les hémisphères nord et sud. Cette répartition géographique est assez similaire à celui de bon nombre de lamniformes actuels tel que le requin-lutin, le requin grande-gueule ou le requin noronhai. Sur la base de cette similitude, Pollerspöck & Shimada (2024) suggèrent qu'il possible que les fossiles de Megalolamna serait possiblement trouvable à l'avenir dans les côtes atlantiques de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, le long de l'océan Indien et en Océanie^[1]. Une grande majorité des formations géologiques d'où Megalolamna est documentée auraient été des environnements marines peu profondes^[2],[6],[1], bien que certains fossiles suggèrent aussi que l'animal aurait également vécu dans des eaux froides et subtropicales^[4].

• Requin
• Lamniformes
• Otodontidae

• Ressources relatives au vivant :
  • Paleobiology Database
  • Global Biodiversity Information Facility
  • The Taxonomicon
• (en) Brian Clark Howard, « Extinct Car-Size Shark Discovered » [archive du 1^er août 2024] [html], sur National Geographic, 4 octobre 2016

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