Miao (ethnie) — Wikipédia
Les Miao (chinois : 苗族 ; pinyin : ; litt. « peuple Miao ») sont un des 56 groupes ethniques officiellement reconnus par la république populaire de Chine, également appelés Méo (苗) au Viêt Nam au moins depuis le XIXe siècle[1]), notamment sous l'Indochine française[2] ou Hmong au Laos.
Débats ethnographiques
[modifier | modifier le code]Pour Jacques Lemoine, ce n'est pas un groupe ethnique formant un seul et même peuple, mais un ensemble de peuples linguistiquement et culturellement plus ou moins apparentés, dont les quatre groupes officiellement reconnus sont les Hmong, les Hmu, les Kho Xiong et les A hmao. Ils ont été regroupés sous la même dénomination Miao par le régime communiste, lors de la mise en œuvre du programme de recensement des minorités, lancée dans les années 1950. Ont été également classés sous la catégorie Miao des peuples distincts comme les Ghung Hmung ou anciennement Gejia qui contestent leur rattachement au groupe, des locuteurs Chinois ou les Yao de l'île de Hainan[3],[4].
Démographie
[modifier | modifier le code]Les Miao sont le sixième groupe ethnique en nombre de personnes parmi les 56 « nationalités » de Chine. Le recensement chinois de 1990 a estimé leur nombre à plus de sept millions, et celui de 2000 à près de neuf millions[5]. Ce terme y regroupe différents groupes parlant différentes langues et ne pouvant pas forcément se comprendre entre eux.
Année | Population Miao | Part dans la population chinoise |
---|---|---|
1953 | 2 511 339 | 0,43 |
1964 | 2 782 088 | 0,40 |
1982 | 5 017 260 | 0,50 |
1990 | 7 383 622 | 0,65 |
2000 | 8 940 116 | 0,71 |
2010 | 9 426 007 | 0,71 |
Les Miao représentent 12 % de la population de la province du Guizhou. Mais on les retrouve également dans les provinces de Hubei, Hunan (notamment, préfecture autonome tujia et miao de Xiangxi), Sichuan et Yunnan, Guangdong ainsi que dans la région autonome zhuang du Guangxi (environ 460 000), soit 7 des 18 divisions administratives provinciales de la Chine. On en trouve également sur l'île et province de Hainan (principalement Xian autonome li et miao de Baoting et Xian autonome li et miao de Qiongzhong), dans des régions où ils sont souvent mêlés à la minorité Li.
La notion de zomia permet de mieux appréhender une partie des conflits, pré-coloniaux, coloniaux et post-coloniaux, d'antagonismes et de complémentarités entre des zones (basses terres) sous contrôle gouvernemental à économie de riziculture irriguée et zones (hautes terres) hors contrôle gouvernemental : Zomia (2009).
Culture
[modifier | modifier le code]Langue
[modifier | modifier le code]Les différentes langues hmong appartiennent à la famille linguistique hmong-mien (ou « langues miao-yao » (苗瑶语) selon l'appellation chinoise)[6],[7],[8]. Les langues hmong sont parlées par les différentes ethnies de la nationalité Miao.
Les locuteurs des langues bunu sont classés en Chine dans le groupe des nationalités Yao mais ne sont plus clairement définis aujourd'hui par les linguistes. D'après des analyses récentes, il pourrait s'agir d'un troisième groupe linguistique au sein des langues hmong-mien/miao-yao[9].
Aujourd'hui, deux théories s'opposent concernant les langues Homong-mien, la première les place dans la famille des langues sino-tibétaines l'autre dans une famille regroupant, langues hmong-mien, Langues taï-kadaï, indonésien, au sein des langues austro-tai[10].
Artisanat
[modifier | modifier le code]Parmi les artisanats des Miao, on peut noter le façonnage de l'argent, qui sert notamment aux parures des femmes. Il y a également, une tradition picturale importante.
Personnalités miao
[modifier | modifier le code]- Dong Dangan (zh) (东丹甘, , né en 1935), compositeur et joueur de sheng chinois ;
- Song Zuying (宋祖英, , née en 1966), chanteuse chinoise ;
- Brenda Song (宋布兰, , née en 1988), actrice américaine thaï-hmong;
- Vang Pao (王宝, , 1931-2011), major général de l'Armée royale lao et chef de guerre historique hmong laotien, ayant combattu aux côtés de la France, notamment sous le régime de Vichy, et des États-Unis, connu pour sa cruauté envers son propre peuple ;
- Wang Zhiming (王志明, , 1907-1973), martyr chrétien chinois de la révolution culturelle ;
- Leiayouduo (zh) (雷阿幼朵, , né en 1980), chanteur chinois ;
- Wang Zhaowen (zh) (王朝文, , né en 1930), homme politique chinois, préfet de Guizhou ;
- Xiong Chaozhong (熊朝忠, , né en 1982), boxeur chinois ;
- Chen Qiufa (zh) (陈求发, , né en 1954), secrétaire du parti communiste chinois ;
- Mee Moua (en) (马咪, , Romanized Popular Alphabet (en) : Qaav Ruom, née en 1969), médecin et femme politique américaine d'origine hmong laotienne ;
- Chih-yu Shih (zh) (石之瑜, , né en 1958), professeur de science politique chinois de Taïwan ;
- Bi Gan (毕赣, , né en 1989), réalisateur chinois ;
- Chen Chen (zh) ((陈忱, , 1615 - 1670 (Dynasties Ming et Qing), écrivain chinois du Jiangxi.
- Touby Lyfoung (1917-1979), personnalité hmong du Laos, proche du Régime de Vichy et du Roi du Laos, y participe au trafic d'opium pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Faydang Lobliayao, homme politique hmong laotien du début du XXe siècle et membre du Pathet Lao.
- Sunisa Lee, gymnaste Médaille d'or aux jeux olympiques de Tokyo.
- Bee Vang, acteur américain.
- Ahney Her, actrice américaine.
- Doua Moua, acteur américain.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean Bonet, Dictionnaire Annamite-Français : Langue officielle et langue vulgaire, (lire en ligne), p. 412
- Jean Michaud et Christian Culas, « Les Hmong de la péninsule indochinoise : migrations et histoire », Autrepart, , p. 79-104 (ISSN 1278-3986, lire en ligne [PDF])
- (en) Jacques Lemoine, « What is the actual number of the (H)mong in the world », Hmong Studies Journal, (lire en ligne [PDF])
- (en) Jacques Lemoine, « To Tell the Truth », Hmong Studies Journal, (lire en ligne [PDF])
- 8 940 116 exactement : (en + zh) China Statistical Yearbook 2003, p. 48
- Wang 1986.
- (zh) (en) « 《藏缅语区语言学》目录 », sur stedt.berkeley.edu
- (zh) 石德富, « 苗瑶语研究回顾:从模糊走向量化 », sur CSSN.cn,
- voir l'article
- (zh) 陈其光 et 李永燧, « 汉语苗瑶语同源例证 », 《民族语文》, no 2, (présentation en ligne) (Illustration par l'exemple des origines communes des langues han et des langues hmong-mien)
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Thomas Amis Lyman, Grammar of Mong Njua (Green Miao) : a descriptive linguistic study, (OCLC 647049838)
- (zh) 王辅世, « 苗瑶语的系属问题初探 », 民族语文, no 1, (lire en ligne)
- Marie-Claire Quiquemelle, « Tissus et broderies Miao de la province du Guizhou en Chine », Arts asiatiques, t. 59, , p. 101-125 (DOI 10.3406/arasi.2004.1517, lire en ligne)
- (en) Nicholas Tapp, Jean Michaud, Christian Culas et Gar Yia Lee (dir.), Hmong/Miao in Asia, Chiang Mai, Silkworm Press, (ISBN 978-974-9575-01-7, OCLC 254121820)
- (en) W R Geddes, Migrants of the mountains : the cultural ecology of the Blue Miao (Hmong Njua) of Thailand, Oxford, Clarendon Press, (ISBN 978-0-19-823187-5)
- (en) Thomas Amis Lyman, « The Mong (Green Miao) and ther language: A brief compendium », Journal of the Siam Society, Bangkok, Chulalongkorn University, Bangkok, vol. 78.1, (lire en ligne)
- (en) Douglas P Olney, A bibliography of the Hmong (Miao) of Southeast Asia and the Hmong refugees in the United States, Minneapolis, Minn., Southeast Asian Refugee Studies Project, Center for Urban and Regional Affairs, University of Minnesota, coll. « Southeast Asian Refugee Studies occasional papers » (no 1), (OCLC 10048397)
- (en) Mark Bender et Dan Jin, Butterfly mother : Miao (Hmong) creation epics from Guizhou, China, Indianapolis, Hackett, (ISBN 978-0-87220-849-0, OCLC 605933084)
- Jean-Pierre Willem, Les naufragés de la liberté : le dernier exode des Méos, Paris, S.O.S., (BNF 34666995)