Mohamed Yusuf — Wikipédia

Mohamed Yusuf
Naissance
Girgiri (Nigeria)
Décès (à 39 ans)
Maiduguri (Nigeria)
Nationalité Nigériane

Mohamed Yusuf, né le dans le village de Girgiri, dans l'État de Yobe au nord-est du Nigeria[1] et mort le à Maiduguri, est un prédicateur islamiste nigérian. Il est le fondateur et chef spirituel de Boko Haram, actif dans les États au nord-est du Nigeria.

Jeunesse et formation

[modifier | modifier le code]

Issu de l'ethnie des Kanuris, il a suivi des études en théologie à Médine en Arabie saoudite[2].

Fondation de Boko Haram

[modifier | modifier le code]

En 2002, il fonde le mouvement Boko Haram dont l'idéologie s'inspire du wahhabisme, du salafisme et des taliban[3],[4]. Mohamed Yusuf réclame une application stricte de la charia, il rejette la modernité, la démocratie — assimilée à la corruption — et les idées de l'Occident. Il s'oppose aux autres prédicateurs, majoritairement quiétistes, et à Izala, un mouvement salafiste et néohanbaliste. À plusieurs reprises des membres d'Izala ou des confréries soufies Tidjaniyya et Qadiriyya sont assassinés par des adeptes de Boko Haram[5],[6],[7],[8],[9].

Démêlés avec les autorités

[modifier | modifier le code]

De 2003 à 2009, de violents heurts opposent les membres de son groupuscule aux forces de sécurité.

En 2006, selon le journal Libération, Mohamed Yusuf aurait été identifié comme le leader spirituel des Talibans nigérians et arrêté[10]. Il fait l'objet d'une enquête pour avoir participé à des activités supposées illégales, mais l'instruction est abandonnée[11]. Il est arrêté à plusieurs reprises, notamment le , pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public », mais relâché sur décision de la cour.

En 2008, son groupe attaque un poste de police à Maiduguri. 17 islamistes sont tués au cours de l'assaut. Mohamed Yusuf est arrêté le pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public » et est transféré à Abuja, centre du pouvoir judiciaire. Il est toutefois à nouveau relâché sur décision de la Cour.

2009 : le tournant

[modifier | modifier le code]

En 2009, il participe à un débat théologique avec plusieurs religieux de la ville de Bauchi où ses adversaires cherchent à le ridiculiser[12]. Il décide de monter une expédition armée en représailles mais ses hommes se heurtent aux forces de sécurité qui ont éventé l'action. Le gouvernement décide de mettre fin aux activités de la secte et l'affrontement se transforme en guerre ouverte. Le , il coordonne les attaques simultanées de son groupe contre les autorités dans quatre provinces au nord du pays. Le leader appelle à un changement de la « démocratie » et du « système d'éducation »[13]. De même, il n'hésite pas à menacer de mort les imams qu'il juge modérés.

Les combats durent cinq jours et entraînent la mort de plus de 700 personnes dont au moins 300 membres de la secte.

Mohamed Yusuf est capturé à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, par les autorités nigérianes dans la journée du . Il est exécuté par balles peu de temps après. Sa mort est confirmée par les autorités[14].

Selon la version officielle du gouvernement nigérian, Mohamed Yusuf aurait été abattu par ses geôliers alors qu'il tentait de s'évader. La véracité de cette version est mise en doute par des défenseurs des droits de l'homme qui estiment que Yusuf aurait été exécuté[15].

Mohamed Yusuf était marié à quatre femmes et était père de 12 enfants[16], dont l'aîné, Abou Mosab al-Barnaoui, devient chef de l'État islamique en Afrique de l'Ouest.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Boko Haram leader, Yusuf, killed Vanguard, 30 juillet 2009
  2. (fr) Nigeria : le chef de la secte islamiste Boko Haram, un ex-étudiant en Arabie saoudite "à vérifier" AFP, 1er août 2009
  3. Au Nigeria, l'armée est en passe de vaincre les combattants d'une secte islamiste Le Monde, 30 juillet 2009.
  4. Pierre Lepidi, Boko Haram, comprendre les origines du mal, Le Monde, 28 juin 2016.
  5. Alain Vicky, Aux origines de la secte Boko Haram, Le Monde diplomatique, avril 2012.
  6. Le déroulement de l'affrontement entre forces de l'ordre et "Talibans", Jeune Afrique, 29 juillet 2009.
  7. Arte : "la corruption fait le lit" de Boko Haram, selon le reporter Xavier Muntz, AFP, 25 juin 2016.
  8. Christian Seignobos, « Boko Haram : innovations guerrières depuis les monts Mandara », Afrique contemporaine, no 252,‎ , p. 146–169 (lire en ligne Inscription nécessaire, consulté le )
  9. Malika Groga-Bada, « Nigeria : Boko Haram, la secte des assassins », Jeune Afrique,‎
  10. Le mouvement taliban nigérian est endogène Libération, 29 juillet 2009
  11. (fr) Al-Qaïda et Boko Haram : même combat ? BBC Afrique.com, 6 août 2009
  12. (en) Abdulrazaque Bello-Barkindo, « The sect that shook up the north », Next,‎ (lire en ligne)
  13. Des affrontements avec des islamistes font des dizaines de morts au Nigeria Africatime, 28 juillet 2009
  14. « Nigeria : le chef des "talibans" tué, 600 morts en cinq jours » Tv5.org, 30 juillet 2009.
  15. (fr) « Le Nigeria compte ses morts après la bataille » L’Express, 2 août 2009.
  16. (fr) « La fin du chef des "taliban" du Nigeria » L’Express, 6 août 2009.

Liens externes

[modifier | modifier le code]