Monument aux femmes de réconfort de San Francisco — Wikipédia
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Créateur | Steven Whyte (en) |
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Le monument aux femmes de réconfort (officiellement en anglais : San Francisco Comfort Women Memorial, également connu comme la "Comfort Women" Column Of Strength Statue), est un monument en mémoire des « femmes de réconfort » — des esclaves sexuelles utilisées par l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale — situé dans le quartier asiatique de San Francisco, aux États-Unis.
Installé en 2017, il s'agit de la première sculpture placée dans une grande ville américaine pour commémorer les « femmes de réconfort ».
Localisation
[modifier | modifier le code]Le monument aux femmes de réconfort, œuvre du sculpteur Steven Whyte (en), est installé dans le parc Sainte Marie du quartier asiatique de San Francisco (partie Nord-Est de la ville), aux États-Unis[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le projet d'ériger, à San Francisco, une statue dédiée aux victimes de l'esclavage sexuel institué par l'Armée impériale japonaise de 1931 à 1942, est proposé en 2015 par une association locale : la Comfort Women Justice Coalition[2]. Il est accepté par la mairie de la ville le [3], puis, deux ans plus tard, concrétisé et rendu officiel par Ed Lee, maire de San Francisco de 2011 à [4],[5]. Parmi plus de trente propositions de mise en œuvre, celle de Steven Whyte, estimée à 205 000 dollars[6], a été retenue par la commission des arts de San Francisco[3],[7].
Description
[modifier | modifier le code]Le monument aux femmes de réconfort, premier monument commémoratif érigé dans une grande ville américaine pour honorer les « femmes de réconfort »[1], représente trois filles, âgées de douze à dix-huit ans[8], et une femme âgée, toutes de taille réaliste. Trois statues en bronze figurent les trois filles, debout sur un piédestal en acier[2] de forme cylindrique. Se tenant par les mains, en cercle, elles sont vêtues d'une tenue traditionnelle de leur pays d'origine (Chine, Corée et Philippines) et se tournent le dos[3],[9]. La quatrième statue, en bronze, posée sur le sol, figure une femme, le corps droit, les mains jointes et le visage tourné vers les trois jeunes femmes : Kim Hak-sun, la première femme à avoir livré un témoignage public sur le sort de nombreuses femmes durant la période d'occupation de la Corée par le Japon[4],[1]. L'ensemble symbolise les centaines de milliers de femmes qui ont été maintenues captives dans des bordels destinés aux soldats japonais[2]. Une inscription rappelle les faits historiques[10] :
« This monument bears witness to the suffering of hundreds of thousands of women and girls euphemistically called 'Comfort Women,' who were sexually enslaved by the Japanese Imperial Armed Forces in thirteen Asian-Pacific countries from 1931 to 1945[4],[2]. »
« Ce monument porte témoignage des souffrances de centaines de milliers de femmes et de filles, désignées par l'euphémisme « femmes de réconfort » et qui ont été réduites à l'état d'esclaves sexuelles par les forces armées impériales du Japon, dans treize pays de l'Asie-Pacifique, de 1931 à 1943. »
Controverse
[modifier | modifier le code]Au cours du développement du projet, ses promoteurs, la mairie de San Francisco et le maître d'œuvre Steven Whyte notamment, ont reçu — en majorité du Japon — des centaines de lettres et de messages de protestation affirmant que la vérité historique est représentée de manière biaisée et uniquement à charge contre le Japon[11],[6]. Près de deux cents citoyens japonais ont cependant signé une pétition favorable à l'initiative de la mairie[12].
Après que le mémorial a été officiellement reconnu monument municipal en novembre 2017, le Secrétaire général du Cabinet du Japon, Yoshihide Suga a publiquement exprimé ses regrets, soutenant qu’ériger de telles statues est contraire à la vision japonaise des atrocités commises en temps de guerre[1]. De son côté, le maire d'Osaka, Hirofumi Yoshimura, a protesté contre la mise en place du monument commémoratif et a menacé de mettre fin au jumelage entre sa ville et San Francisco, établi en 1957. La rupture est officialisée début [13],[10]. Déjà en 2013, le conseil municipal de San Francisco avait refusé une visite du maire d'Osaka, Tōru Hashimoto, qui avait déclaré que la prostitution forcée de femmes dans le but de satisfaire les besoins de soldats japonais avait été une nécessité[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Jacey Fortin, « ‘Comfort Women’ statue in San Francisco leads a japanese city to cut ties » [« La statue de San Francisco figurant des « femmes de réconfort » conduit une ville japonaise à rompre les liens »], The New York Times, (consulté le ).
- (en) Stacy Chen, « Mayors of San Francisco, Osaka battle over 'comfort women' statue and 'sister city' relationship », ABC News, (consulté le ).
- (en) Jun Nucum, « Memorial to WWII ‘comfort women’ unveiled in San Francisco » [« Mémorial dédié aux « femmes de réconfort » de la Seconde guerre mondiale dévoilé à San Francisco »], Philippine Daily Inquirer, (consulté le ).
- (en) BBC News, « San Francisco accepts 'comfort women' statue » [« San Francisco officialise la statue figurant des « femmes de réconfort » »], (consulté le ).
- (ja) Sankei Shinbun, « サンフランシスコ市長、慰安婦像の受け入れ署名 » [« Le maire de San Francisco officialise la statue représentant des « femmes de réconfort » »], (consulté le ).
- (en) Heather Knight, « Memorialize wartime sex slaves known as ‘comfort women,’ or just move on? » [« Commémorer les esclaves sexuelles de la période de guerre ou passer à autre chose ? »], San Francisco Chronicle, (consulté le ).
- (en) Keshia Badalge, « ‘Comfort women’ controversy crosses Pacific to California » [« La controverse au sujet des « femmes de réconfort » traverse l'océan Pacifique et s'installe en Californie »], Asia Times, (consulté le ).
- (en) Steven Whyte, Marie de San Francisco, « Comfort Women Memorial » [PDF], sur sfgov.org, (consulté le ).
- (en) Sally McGrane, « An Important Statue for “Comfort Women” in San Francisco » [« Une importante statue dédiée aux « femmes de réconfort », à San Francisco »], sur The New Yorker, (consulté le ).
- Eric de Salve, « San Francisco rend hommage aux «femmes de réconfort», Osaka rompt son jumelage », RFI, (consulté le ).
- (en) Adam Taylor, « Why Japan is losing its battle against statues of colonial-era ‘comfort women’ » [« Pourquoi le Japon est en train de perdre son combat contre les statues commémorant les « femmes de réconfort » de la période coloniale »], sur www.washingtonpost.com, (consulté le ).
- (en) Eric Johnston, « Osaka mayor to terminate six-decade ties as San Francisco designates 'comfort women' memorial city property », The Japan Times, (consulté le ).
- Philippe Mesmer, « L’hommage aux « femmes de réconfort » hérisse les nationalistes japonais », Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- (en) Toshiyuki Mano, « Osaka severs sister-city ties with San Francisco over 'comfort women' statue » [« Osaka met un terme à son jumelage avec San Francisco à cause d'une statue représentant des « femmes de réconfort » »], Mainichi Shinbun, (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) [vidéo] « First memorial in a major US city dedicated to Comfort Women », sur YouTube, , CGTN.
- (en) Dylan Z. Siegel, The Campaign to Overwrite the Comfort Women Past, Shingetsu News Agency (), analyse de la correspondance du maire d'Osaka au sujet du monument