Parodie — Wikipédia

Benzino Napoleoni et Adenoïd Hynkel, parodies de Mussolini et Hitler, dans Le Dictateur (1940) de Charlie Chaplin.

La parodie peut être une forme d'humour qui utilise le cadre, les personnages, le style et le fonctionnement d'une œuvre ou d'une institution pour s'en moquer[1]. Mais le mot n'a pas toujours eu ce sens. En musique par exemple, il s'agit simplement de réemploi : on adapte alors un nouveau texte sur une musique existante ou bien on adapte une musique préexistante pour la replacer dans un nouveau contexte. Généralement, la caricature en est complètement absente.

Dans les parodies établies sur l'idée de caricature, elle se fonde entre autres sur l'inversion et l'exagération des caractéristiques appartenant au sujet parodié.

Selon Dominique Maingueneau[2], la parodie constitue une « stratégie de réinvestissement d'un texte ou d'un genre de discours dans d'autres » : il s'agit d'une stratégie de « subversion », visant à disqualifier l'auteur du texte ou du genre source, tandis que la stratégie opposée (la « captation », imitation positive) permet de « transférer sur le discours réinvestisseur l'autorité attachée au genre source ».

Les différents types

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Une parodie peut viser un genre en général, ou une œuvre en particulier. Dans le second cas, le nom est souvent une référence explicite à l'œuvre parodiée, par exemple Barry Trotter.

Une autre distinction est celle du message envers l'œuvre parodiée. Une parodie peut être destinée à ceux qui aiment l'œuvre d'origine, ou au contraire la critiquer, et viser le public qui ne l'aime pas.

On parle d'auto-parodie quand les auteurs de la parodie sont ceux de l'œuvre parodiée. Les producteurs de Heroes avaient diffusé sur internet la parodie Zeroes pour faire la promotion de la série[3].

En France, toute exploitation d’œuvres sans l’autorisation de son auteur constitue un acte de contrefaçon. Toutefois l’article L 122-5 du Code de la Propriété intellectuelle aménage certaines exceptions au droit d'auteur : il en est ainsi notamment de la parodie, le pastiche et la caricature, compte tenu des lois du genre[4].

C'est une exception par rapport au droit général[5], qui donne une telle propriété sur les œuvres qu'il est interdit d'écrire une suite à l'œuvre de quelqu'un d'autre.

En principe, une parodie doit se démarquer par son aspect comique ou sa raillerie. La parodie peut même constituer une critique de certains aspects de l'œuvre d'origine. Au contraire une parodie impossible à distinguer de l'œuvre d'origine constituerait une atteinte aux droits d'auteur.

L'existence d'une auto-parodie n'interdit pas la production de parodies par des tiers.

Toutefois certaines limites existent : une parodie peut porter un message politique, mais dans le cas de certains messages particulièrement controversés, les auteurs d'origine peuvent protester contre l'association de leur œuvre avec ces idées (par exemple si le message est considéré comme xénophobe par l'auteur ou ses ayants droit)[6].

De même la justice française a condamné une parodie de L'Aigle noir car la critique ne portait pas sur la chanson elle-même, mais sur les origines de la chanteuse[7].

À la télévision

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Certains films peuvent également leur rendre hommage ou non.

En littérature

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Au départ, pendant comique de la tragédie, ensuite, ouvrage qui ridiculise un modèle sérieux connu, un courant littéraire déterminé ou une certaine manière d’écrire, en accentuant leurs caractéristiques thématiques ou formelles. Il peut avoir des visées comiques, mais la plupart du temps, il se charge d’une dimension polémique parce qu’il marque une rupture avec des ouvrages et des courants qui sont ressentis comme dépassés.

Exemple : Le Don Quichotte parodie les romans de la chevalerie, et les Gargantua et Pantagruel de Rabelais, le scolastique.

Dans la presse écrite et en ligne

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En chansons

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Souvent, l'habitude dans les parodies est de reprendre une chanson à succès du moment et d'en changer les paroles pour un sujet d'actualité.

  • Max Boublil parodie la musique en général.
  • Fatal Bazooka, personnage de rappeur incarné par Michaël Youn, parodie le rap en général, et en particulier le rap « bling-bling » et sexiste à l'américaine.
  • Ultra Vomit est un groupe de métal parodiant certains tubes, chansons et artistes dans une version souvent très brutale contrastant avec l'humour des paroles.
  • Le festival Roblès, duo composé de Pascal Gigot et Bruno Roblès, a parodié de nombreuses chansons et publicités dans son émission matinale sur NRJ, au début des années 1990.
  • L'animateur de radio Sébastien Cauet a réalisé quelques parodies de chansons (dont Zidane il va marquer et Zidane il a frappé, après la finale de la Coupe du Monde 2006)
  • Le groupe de grindcore Anal Cunt a parodié certaines chansons à plusieurs reprises, dans un but tout à fait dérisoire, comme Down de 311, renommée 311 Sucks, ou encore We Just Disagree de Dave Mason.

Le phénomène internet du lip dub désigne une vidéo réalisée en plan-séquence et en playback par des particuliers et vise à parodier une chanson souvent très connue.

Références

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  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « parodie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Dominique Maingueneau, L'Analyse du discours. Introduction aux lectures de l'archive, Paris, Hachette, 1991. Mentionné dans le Dictionnaire d'analyse du discours, dir. P. Charaudeau & D. Maingueneau, Seuil, 2002.
  3. (en) « NBC Admits to Being Behind Zeroes Parodies », sur heroestheseries.com
  4. Maître Eolas, « Les droits d'auteur pour les nuls », sur maitre-eolas.fr,
  5. Blandine Poidevin, « La parodie, exception au droit d'auteur », sur jurisexpert.net,
  6. Marc Rees, « La justice européenne définit la parodie et ses limites », sur nextinpact.com,
  7. Caroline Mécary, « Aigle noir/ rat noir : 2/0 ; Dieudonné condamné : TGI de Paris 15 janvier 2015 », sur huffingtonpost.fr,
  8. Voir également E. Ilvonen, dans Parodies de thèmes pieux dans la poésie française du Moyen Âge, H. Champion, 1914, p.2 -3.
  9. (en) « Resident Débile » [vidéo], sur The Movie Database (consulté le ).
  10. Présentation de Résident débile, sur le site horreur.net.
  11. « La légende des sexes : poèmes hystériques ; L'hymne des noyés », sur Gallica, (consulté le ).
  12. La Der des étoiles, sur le site booknode.com.

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Articles connexes

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Liens externes

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