Pierre-Michel Pango — Wikipédia

Pierre-Michel Pango
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
AbidjanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Œuvres principales

Pierre-Michel Pango, né le à Dabou et mort le à Abidjan, est un prêtre catholique et compositeur de musique lyrique ivoirien.

Il est le compositeur de la musique de L'Abidjanaise, l'hymne national de la Côte d'Ivoire.

Pierre-Michel Pango est le fils de René Guillaume Pango, un notable du clan de la maison princière des Boulolo de Vista et du clan Tchintissi du peuple Vili en république du Congo[1]. En 1899, Guillaume Pango, né à Loango, fait partie des premiers pensionnaires du grand séminaire de Libreville, tenu par les missionnaires spiritains[2].

Anne-Marie Ehouman Benindji, sa mère de la famille Ézohilé, une des sept grandes familles N’zima-Kôtôkô d'ascendance princière, est originaire d'Assinie-Mafia[3],[4].

Pierre-Michel Pango est le cinquième de sa fratrie de neuf enfants composée de Fabien (membre fondateur du scoutisme de Côte d'Ivoire), Théophile (décédé à l'âge de 2 ans), Cécile, Jean-Joseph, Pierre-Michel, Paul-Antoine (directeur de l'école des infirmiers et dirigeant sportif), Jean-Baptiste (compagnon de l'aventure 1946, décédé avant l'âge de 30 ans) et Véronique (assistante sociale et couturière).

Son grand-frère Jean-Joseph est également musicien, directeur de l'orchestre national, et membre du Conseil économique et social. Sa grande sœur, Marie Cécile Pango, est inspectrice de l’enseignement primaire à Béoumi.

Par ailleurs, la famille Pango comprend en son sein plusieurs musiciens et professeurs de musique, dont son neveu Philippe Auguste Pango, Ph.D.[5], directeur général du VITIB (Village des Technologies de l'Information et de la Biotechnologie) de Grand-Bassam[6].

Vie sacerdotale

[modifier | modifier le code]

Maître de chœur au Petit séminaire de Bingerville, il anime la chorale pour des concerts de Noël.

Sa famille catholique pratiquante lui permet d'opter très tôt pour la vie sacerdotale. Il fait ses études primaires et secondaires au petit séminaire Saint-Augustin de Bingerville (la deuxième capitale de la Côte d’Ivoire, de 1900 à 1934). Il entreprend ensuite des études de philosophie scholastique (pendant deux ans) et de théologie (pendant quatre ans), au grand séminaire Saint-Gall de Ouidah (Dahomey)[4].

En la cathédrale Saint-Paul d'Abidjan, Pierre-Michel Pango est ordonné prêtre de l'Archidiocèse d'Abidjan le par Jean-Baptiste Boivin, l’abbé Léon Gnandouillet. Quelques semaines plus tard, le nouveau prêtre célèbre la messe d’action de grâce, dans le Central Boxing Club de Treichville transformé, pour l’occasion, en un lieu de culte ; l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Treichville, sa paroisse d’origine, n'étant pas adaptée pour cette grandiose occasion[4].

Il a été curé de plusieurs paroisses dont la paroisse Saint-Antoine de Padoue de Moossou, vicaire à la paroisse Notre-Dame de l'Immaculée Conception de Dabou[note 1], Saint Louis d'Adiaké, Sainte Jeanne d'Arc de Treichville, la paroisse Saint-Joseph l’Artisan d'Attécoubé.

À Anono, il fonde l'ensemble vocal dénommé Uvacci : Union vocale artistique et culturelle de Côte d’Ivoire. Puis, curé de la paroisse de l'Immaculée conception de Lokodjro, il y créé la chorale Vox Magna (Grande voix d'Abidjan).

Depuis le début de sa prêtrise, l'abbé Pierre-Michel a développé l'accompagnement des enfants et des jeunes. En 1977, il fonde ainsi l'école primaire Les Patronages, édifice qu'il a bâti sis au quartier France[7]. Il est également directeur-fondateur du « Pensionnat des Jeunes Mgr René Kouassi »

Mort le , à Abidjan, sa sépulture se trouve dans le caveau des Prêtres, au no 8 de la rue Acajou, au cimetière de Williamsville dans la commune d'Adjamé. Lors de son inhumation, le , un dernier hommage lui a été rendu par la fanfare d'Anono en jouant L'Abidjanaise[8].

L'Abidjanaise

[modifier | modifier le code]

La messe des Lagunes

[modifier | modifier le code]

Le , à Grand-Bassam, à l'occasion d'une messe en l'honneur des vingt-cinq ans de sacerdoce de René Kouassi[note 2], premier prêtre ivoirien, l'abbé Pierre-Michel Pango anime la messe en qualité de chef de chœur, interprétée par l'union des deux chorales des paroisses Sainte Jeanne d’Arc et Notre-Dame du Perpétuel Secours, toutes les deux de Treichville. Le jeune prêtre de 23 ans, précurseur des avancées du Concile Vatican II sous le Pape Jean XXIII, y introduit des instruments de musique traditionnels du terroir N’zema-Apollonien[9]. Il compose et fait exécuter une nouvelle messe intitulée « Messe des Lagunes » en lieu et place des chants grégoriens de la « Messe des Anges », trouvant son inspiration de ses nombreuses visites auprès de sa sœur en poste à Béoumi, en pays Baoulé.

Félix Houphouët-Boigny, député de la Côte d'Ivoire, ministre d'État français dans le gouvernement de la cinquième République dirigé par Michel Debré, depuis le , Premier ministre de la Côte d’Ivoire à partir du , assiste à cette cérémonie. Avant de prendre congé de ses hôtes, il tient à féliciter personnellement le jeune prêtre[8].

La réhabilitation

[modifier | modifier le code]

Lors des célébrations du 20e anniversaire du décès de l'abbé Pierre Michel Pango entre le et le , le ministre de la Promotion de la jeunesse, des sports et des loisirs, Alain Lobognon, fait commandeurs de l’ordre national ivoirien, Coty et l'abbé Pango[10] à titre posthume.

Le ministre affirme dans son allocution que :

« Les écritures et la musique de L’Abidjanaise sont respectivement l’œuvre des prêtres Pierre-Marie Coty et Pierre Michel Pango. Des contemporains sont encore là, ils peuvent témoigner... cette distinction s'inscrit dans la vision du Président Alassane Ouattara de magnifier l'excellence. L'abbé Pierre Michel Pango (musique) et Monseigneur Pierre Marie Coty (parole) appartiennent à la nation. Ils font partie désormais du patrimoine national...Après l’hommage, il va falloir revoir le contenu de nos livres pour reconnaître que ce sont ces deux prêtres qui ont composé L'Abidjanaise. »

— Alain Lobognon, [11]

Ce à quoi Pierre Marie Coty, évêque émérite du diocèse de Daloa répond :

« Mon cœur me charge de dire au Président de la République Alassane Ouattara que nous sommes reconnaissants de cet acte qu’il vient de poser. Ce geste efface 53 années d’oubli ou d'indifférence. »

— Pierre Marie Coty, [11]

Œuvres discographiques

[modifier | modifier le code]

L'abbé Pierre-Michel Pango est le compositeur des œuvres suivantes :

  • Honneur à l'Abidjanaise[12]
  • Ô toi, noble Abidjan[13]
  • L'Abidjanaise[14] avec les paroles de l'abbé Pierre-Marie Coty amendées par Mathieu Ekra[15].
  • La Messe des lagunes, Format: mini 33 tours; Label: Francivoire, Abidjan[16],[17]
Face A : Kyrie - Gloria (début);
Face B : Gloria (fin) - Sanctus - Agnus Dei;
  • La Messe Goly, composée en souvenir de son séjour à Béoumi, en pays Kôdê où l’on pratique la danse du masque Goly, héritée de l'ethnie Wan[8].
  • Assinie[18], en hommage à cette localité balnéaire, paradisiaque, du sud de la Côte d’Ivoire, village maternel disparu sous les eaux[3].

Distinction

[modifier | modifier le code]
Distinctions de Pierre-Michel Pango

Commandeur de l'ordre national ivoirien

Officier de l'ordre du Mérite sportif de la Côte d'Ivoire

Officier de l'ordre du Mérite culturel de la Côte d'Ivoire

Chevalier de l'ordre du Mérite national ivoirien

Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres de la Côte d'Ivoire

Dans le prolongement de la célébration des 20 ans de sa disparition, l'abbé Pierre Michel Pango, à titre posthume, en compagnie de Pierre Marie Coty, a été élevé au rang de commandeur de l'ordre national[19] le .

Noms de rues

[modifier | modifier le code]

Toujours dans le cadre de la même commémoration, l’avenue 14 (située entre la rue 5 et la rue 12) de la commune de Treichville porte désormais son nom. Il s’agit de la voie qui passe devant l’église catholique Sainte Jeanne d’Arc, dans laquelle, il fut le premier prêtre[20].

La Fondation Pierre-Michel Pango (PMP), dirigée par sa nièce Blanche Maty Pango, a pour objectif de mieux faire connaître les œuvres de cette illustre personnalité de l'Église catholique, qui a donné son temps et son amour aux enfants défavorisés ainsi qu'à la musique.

Son arrière-petite-fille Manuella Pango, porte-parole de la famille, souhaiterait que la Fondation transfère les reliques de l'abbé Pierre-Marie à Grand-Bassam et que l'école Les Patronages de Grand Bassam, qu’il a construite, devienne un mausolée»[21].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Une des premières missions catholiques de Côte d'Ivoire ouverte en 1896 par le père Alexandre Hamard, deuxième préfet apostolique de Côte d’Ivoire après la mort de Mathieu Rey. L'Abbé Pango y exercera, pour son deuxième poste d’affectation, comme Vicaire. C’est dans cette paroisse de Dabou qu’il a composé l’hymne national de la Côte d’Ivoire baptisé « l’Abidjanaise ». ».
  2. « L’abbé René Kouassi, originaire du village d’Ably, dans la région de Toumodi, en pays Baoulé fut ordonné prêtre le 1er mai 1934, en l’église Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Dabou, par Mgr Jules Moury ».

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Mapako-Hervé Gnali et André Portella, « Maison princière de Boulolo - Branche collatérale de la dynastie de Bouvandji originaire du Cabinda », Document ronéotypé,‎ , p. 3-4
  2. Michel Assoumou Nsi, L'Église catholique au Gabon : de l’entreprise missionnaire à la mise en place d'une église locale 1844-1982, Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, coll. « Presses Universitaires d'Études sur l'Afrique / Sciences humaines et sociales », , 515 p., p. 236
  3. a et b Jean-Antoine Doudou, « Exposition photos : La vie de l'Abbé Pango sur les cimaises », sur Abidjan.net, (consulté le ).
  4. a b et c René Babi, « Hommage aux véritables auteurs de L’Abidjanaise… de René Babi (Suite 04) : Chapitre I : Prélude à la création de l’Abidjanaise - Qui est l’abbé Pierre-Michel Pango ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Attoungblan.net, (consulté le ), p. 27-49.
  5. « Philippe A. Pango, Ph.D , [email protected] Littérature, Musique, Management d’entreprise, Famille », sur philippepango.com (consulté le ).
  6. « Chambre de Commerce Européenne en Côte d'Ivoire | Visite sur le site du Village des Technologies de l'Information et de la Biotechnologie (VITIB) », sur eurochamci.com (consulté le ).
  7. Groupe scolaire les patronages, « Groupe scolaire Les Patronages », sur ecolci.net (consulté le ).
  8. a b et c René Babi, « Hommage aux véritables auteurs de L'Abbidjanaise de René Babi (Suite 03) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Attoungblan.net, (consulté le ), p. 27-49.
  9. « Pango: un témoignage personnel sur l'Abidjanaise », sur youtube.com (consulté le ).
  10. « Communiqué du Conseil des ministres du 18 octobre 2013 », sur rti.ci, (consulté le ).
  11. a et b Me Yaya Koné, « Voici la vraie histoire de l'Abidjanaise, bravo au ministre Alain Lobognon qui a décidé de célébrer ces gloires oubliées par la Côte d'Ivoire », sur lebanco.net, (consulté le ).
  12. Honneur à l'Abidjanaise : Choeur à cinq voix mixtes. Paroles de Nguessan Bohourou Bertin. Musique de l'abbé Pierre-Michel Pango., A. Leduc, (lire en ligne)
  13. Pierre-Michel Pango, O toi, noble Abidjan : (Pour cinq voix mixtes, sans accompagnement.). Paroles et musique de Pierre-Michel Pango., Paris, A. Leduc, (lire en ligne)
  14. (en) « Pierre-Michel Pango », sur Discogs (consulté le ).
  15. Pierre-Michel Pango; P M Coty, L'Abidjanaise : Hymne national original de la Côte d'ivoire. Version pour choeur à sept voix mixtes. Paroles des abbés P.M. Coty et P.M. Pango. Musique de l'abbé P.M. Pango., A. Leduc, (lire en ligne)
  16. « Pango Pierre-Michel ( Abbé ) messe des lagunes : kyrie + 3, Mini 33T en vente sur groovecollector.com », sur fr.groovecollector.com (consulté le ).
  17. Pierre-Michel Pango, Messe des lagunes : Pour choeur mixte a capella ou avec accompagnement de : 1 g. flûte, 2 cors ou trompettes si bémol, caisse claire et caisse roulante ou tambour. Première messe africaine composée à l'occasion du jubilé sacerdotal du premier prêtre de la Côte d'Ivoire ... (Partition musicale - autographié ; In-fol), Paris, A. Leduc, , 8 p. (OCLC 659311620, lire en ligne)
  18. Pierre-Michel Pango, Assinie : Chœur à quatre voix mixtes. Paroles et musique de l'Abbé Pierre-Michel Pango., A. Leduc, (lire en ligne)
  19. « L'Abidjanaise: Mgr Coty et l’Abbé Pango faits commandeur de l’ordre national »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur fratmat.info, 2013-1106 (consulté le ).
  20. « Patrimoine national: La mémoire de Michel Pango, co auteur de L'Abidjanaise honorée à Treichville », sur fratmat.info, (consulté le ).
  21. « Côte d’Ivoire/ Hommage à Pierre Michel Pango : Les souvenirs d’un homme dévoué – woroba-ci.com », sur woroba-ci.com, (consulté le ).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • René Babi, Hommage aux véritables auteurs de l'Abidjanaise : hymne national de la Côte d'Ivoire, biographie, , Abidjan, Éditions Balafons, 135 p., préface de prof. Zacharie Séry Bailly (ISBN 9782370640079)

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]