Pierre Joseph Billard — Wikipédia

Pierre Joseph Billard
Naissance
Paris
Décès (à 82 ans)
Ancien 2e arrondissement de Paris
Origine Drapeau de la France France
Arme Infanterie
Grade Lieutenant-général
Années de service 17871838
Distinctions Baron de l'Empire
Grand officier de la Légion d'honneur
Commandeur de l'Ordre de Léopold de Belgique
Commandeur de Saint-Louis

Pierre Joseph Billard, né le à Paris, mort le à Paris, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Débuts dans l’armée

[modifier | modifier le code]

Après avoir fait ses études au collège Mazarin, il entre comme aspirant volontaire, le , dans la marine royale, et fait, à bord de la gabarre la Guiane, du sloop l’Amitié et de la corvette l’Ariel, les campagnes de 1787-1788 et 1789.

À son retour en France, au mois de , il fait partie de la garde nationale de Paris jusqu’au , époque de sa nomination au grade de sous-lieutenant dans le 34e régiment d’infanterie, dont le 2e bataillon est incorporé, en l’an II, dans la 68e demi-brigade d’infanterie, devenue, en l’an IV, 15e demi-brigade de ligne. Lieutenant, le suivant, il fait les guerres de 1792 à l’an V, à l’armée du Nord, et assiste à la bataille de Jemmapes, au siège de Maestricht, aux affaires de Saint-Trond, de Tirlemont, et à la bataille de Nerwinden.

L’armée ayant été dissoute au camp sous Tournai, le bataillon auquel il appartient va tenir garnison à Lille, et fait ensuite partie du camp de la Madeleine, établi sous les murs de cette place. Il a alors le commandement d’une compagnie de tirailleurs aux avant-postes.

Au mois de germinal an II, l’armée se met en mouvement, et la 68e demi-brigade prend une part glorieuse aux affaires de Menin, de Courtrai, de Tourcoing, d’Ypres le , d’Hooglede le , de Bois-le-Duc et de Nimègue. Le 29 floréal an II (), à la bataille de Tourcoing, où il reprend deux pièces de canon que les Français ont abandonnées, et le 30 prairial suivant (), à Hooglede, il contribue à la défaite du régiment de dragons de Latour. Appelé à remplir les fonctions d’adjudant-major le 28 floréal an IV, et nommé capitaine de grenadiers le 5 frimaire an V, il passe, le 22 messidor, en qualité d’aide de camp auprès du général Schérer, devient chef de bataillon le 17 pluviôse an VII, et sert en Italie pendant une partie de cette dernière année.

Placé comme adjoint à l’état-major de la 17e division militaire (Paris), le 18 thermidor, il s’y trouve encore au mois de brumaire an VIII, et il se rend avec le général Antoine François Andréossy à Saint-Cloud. Sa conduite pendant les journées des 18 et 19, lui vaut un sabre de la manufacture de Versailles, que lui donne le premier consul.

Chargé de plusieurs missions importantes pour l’armée de l'Ouest, et particulièrement d’une reconnaissance des côtes de la Manche, il s’en acquitte avec un plein succès.

Le 13 floréal an XI, il est mis à la disposition du général Mortier, et reste à l’armée de Hanovre pendant une partie de l’an XI et en l’an XII. Aide de camp de cet officier général, alors commandant de l’artillerie consulaire, le 12 frimaire an XII, et créé membre et officier de la Légion d'honneur en prairial, il conserve ses fonctions auprès de son général lorsque celui-ci est élevé à la dignité de maréchal de l'Empire. Il l’accompagne au camp de Boulogne et à la Grande Armée pendant les campagnes de l’an XIV et de 1806 en Autriche.

Après la prise d’Ulm, il suit les opérations du corps du maréchal Mortier sur la rive gauche du Danube, et prend part à la bataille de Dürenstein le 20 brumaire an XIV ().

Campagne d’Italie

[modifier | modifier le code]

Nommé colonel le , il continue ses fonctions d’aide-de-camp jusqu’au , et va prendre le commandement du 29e régiment d’infanterie de ligne qui appartient à l’armée de Naples. C’est à la tête de ce corps qu’il concourt à l’expédition des Calabres en 1807 et 1808. Chargé de la prise de Crotone, il l’enlève en quarante-huit heures avec deux bataillons de son régiment et trois cents hommes de la garde civique[note 1].

Le , le 29e de ligne trouve encore l’occasion de se signaler à l’affaire de Mileto, et le général Reynier cite particulièrement dans son rapport le colonel Billard. Le 29e de ligne a, dans cette circonstance, vingt-et-un officiers et trois cent trente sous-officiers et soldats mis hors de combat. À la fin de 1808, il commande l’île de Procida, et pendant son séjour une escadre britannique, composée de cinq vaisseaux et de six frégates, se présente devant l’île. Un parlementaire vient sommer le colonel de rendre la place, mais celui-ci lui répond que les Français n’ont pas pour habitude de se rendre à une première invitation. L’officier britannique se retire, et, après quelques démonstrations sans résultat, l’escadre ennemie lève l’ancre et se dirige sur Ischia, où elle n’obtient pas plus de succès.

En 1809, il fait partie de l’armée sous les ordres du prince Eugène de Beauharnais, et se trouve au combat devant Caldiero, au passage de la Piave, à la bataille de Raab, et au combat du au soir, ou l’armée d'Italie éprouve un échec en voulant s’emparer du plateau de Wagram. Le 29e de ligne a, dans cette affaire, soixante-dix officiers tués ou blessés, et le colonel y perd un cheval tué sous lui[note 2].

L’Empereur, par décret du , lui accorde le titre de baron de l'Empire, avec une dotation de 6 000 francs de rente. Le prince place le 29e de ligne dans la division du général Barbou, qui, réunie au corps du général général Baraguay d'Hilliers, est chargée de pacifier le Tyrol. La prise de Hoffer, chef des insurgés, est le résultat des habiles dispositions du colonel Billard.

Au commencement de 1810, les Tyroliens s’étant soumis, le 29e se rend à Livourne, où il tient garnison jusqu’en 1811, époque à laquelle il est envoyé à Toulon. En arrivant dans cette place, il reçoit sa nomination au grade de général de brigade, auquel il a été promu le . Il demeure chargé du commandement du département du Var et spécialement des troupes en garnison à Toulon.

Campagne de Russie

[modifier | modifier le code]

Le , il reçoit l’ordre de se rendre à Wesel pour y prendre le commandement de la 3e brigade de la 12e division d’infanterie, faisant partie du 9e corps de la Grande Armée. C’est à la tête de ces troupes qu’il fait la campagne de Russie. Le 9e corps chargé de l’arrière-garde de l'armée, n’a jusqu’à son arrivée à Smolensk que des engagements de peu d’importance.

Cependant le duc de Bellune (maréchal Victor) a réuni à son commandement celui du corps du duc de Reggio (maréchal Oudinot), qui a été mis hors de combat, croit devoir faire une reconnaissance des forces de l’ennemi. C’était la première fois que le 9e corps se trouvait en ligne. Cette reconnaissance, par l’acharnement qui a lieu de part et d'autre, devient un véritable combat dans lequel le 9e corps, qui est en tête, perd du monde sans obtenir de résultat décisif. La brigade Billard qui tient la gauche, a ordre de se porter dans cette direction pour rétablir la communication de la route, ce qu’elle exécute en faisant 200 prisonniers[note 3]. Le 9e corps a reçu l’ordre quelque temps après de se tenir prêt à faire face à Wittgenstein et à Pavel Tchitchagov, et cependant de ne pas compromettre des troupes sur lesquelles l’Empereur compte pour protéger son mouvement rétrograde sur Smolensk, il lui devient impossible d’entreprendre quelque chose de sérieux et ainsi ce corps se fond sans avoir rendu les services qu’on pouvait attendre de lui. Les marches et les contre-marches, plus que les combats, l’ont réduit de moitié au moment où il est chargé du commandement de l’arrière-garde. La 42e division qui, en entrant en campagne, est forte de 12 500 hommes, en compte alors à peine 3 000.

Le , le général Billard, avec sa brigade, dont l’effectif ne dépasse pas 1 000 combattants, a mission de rejeter de l’autre côté de la Bérézina les troupes de Pavel Tchitchagov, qui se sont introduites dans Borissov passant un à un sur les débris du pont brûlé. Les dispositions qu’il prend ont tout le succès qu’on peut en espérer[note 4]. Cette division, après des efforts inouïs, exténuée par le froid, la fatigue et les privations, est obligée de mettre bas les armes. Le général Billard, conduit à Witepsk, ne rentre en France qu’au mois de .

Retour en France

[modifier | modifier le code]

Chevalier de Saint-Louis et commandeur de la Légion d'honneur, les 13 et suivant, il est mis en non-activité le 1er septembre, et nommé inspecteur d’infanterie adjoint dans la 6e division militaire le  ; il exerce encore ces fonctions lorsque Napoléon Ier revient de l’île d'Elbe.

Dès le , un décret lui donne le commandement d’une brigade à la 4e division du corps d’armée du comte Reille, mais il passe ensuite à la 1re brigade de la 8e division du 3e corps de l’armée du Nord, avec lequel il fait la campagne des Cent-Jours. Son cheval s’étant renversé sur lui, le , en combattant dans le village de Saint-Amand, il est obligé de se rendre à Paris pour y soigner sa santé, et est mis en non-activité vers la fin de l'année.

Inspecteur géréral des troupes d’infanterie

[modifier | modifier le code]

De 1816 à 1821, il exerce les fonctions d’inspecteur général des troupes d’infanterie dans différentes divisions militaires. Appelé à faire partie du comité consultatif d’inspection, il y montre les connaissances d’un officier habitué au maniement des troupes, et passe le au commandement de la 1re subdivision de la 5e division militaire.

Promu au grade de lieutenant-général et mis en disponibilité le , il remplit les fonctions d’inspecteur général d’infanterie dans les 2e et 16e divisions militaires le , commande la 1re division du camp de Saint-Omer en 1827, est en même temps chargé de l’inspection des troupes de cette division, et reçoit le la décoration de commandeur de Saint-Louis. Il continue ses fonctions d’inspecteur général pendant les années suivantes, devient gentilhomme honoraire de la chambre du roi, et est compris comme disponible dans le cadre d’activité de l’état-major général le .

Envoyé à Bruxelles, pour l’organisation et l’inspection des troupes de l’armée belge le suivant, il ne veut point accepter les offres que lui fait le roi Léopold de prendre du service en Belgique et rentre en France le . Chargé le , de l’inspection générale des troupes d’infanterie de la 13e division militaire, il passe au commandement de la 6e division militaire (Besançon) le . Grand officier de la Légion d'honneur le , et commandeur de l’Ordre de Léopold de Belgique le suivant, il est admis à la pension de retraite le , et se retire à Paris pour y résider.

Figure Blasonnement
Armes du baron Billard et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Paris))

Écartelé : au premier d'azur à l'étoile d'argent au deuxième de sable à trois fasces d'or ; au troisième de gueules au dextrochère, mouvant du chef d'or, tenant une lance du même, posée en barre ; au quatrième de sinople au lion d'argent, armé et lampassé d'or ; franc quartier des barons tirés de l'armée.[1]

Livrées : couleurs de l'écu, le verd en bordure seulement[1].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Quoique les approches de cette place fussent défendues par un grand nombre d’insurgés, et que la place elle-même renfermât une garnison de troupes régulières. L’occupation de Crotone est de la plus grande importance, tant à cause de son port que par la facilité qu’avaient de débarquer sur ce point tous les hommes qu’on envoyait de Sicile. Aussi le roi Joseph Bonaparte lui témoigne-t-il sa satisfaction par une lettre autographe rédigée dans les termes les plus honorables pour le 29e de ligne et pour son chef
  2. Le soir, le prince dit au colonel en le voyant : « On m’avait annoncé la triste nouvelle que votre régiment était entièrement détruit, et que vous étiez au nombre des blessés. — Non, répondit le colonel, et j’espère que demain les faibles débris du 29e et moi nous prendrons notre revanche. ». En effet, les deux divisions Jean-Baptiste Broussier et Lamarque se couvrent de gloire. Les colonels des 13e et 9e régiment sont tués, le colonel Billard a la moitié de son chapeau emporté par un boulet, et son cheval blessé sous lui. Le général commandant la brigade, mis hors de combat dès le commencement de l’action, a laissé le commandement au colonel Billard, qui l’a conservé pendant toute la journée
  3. . L’aide-de-camp russe Dmitri Petrovitch Boutourline a prétendu dans son ouvrage sur La guerre de 1812 (tome II, page 359) que, dans une des affaires qui eurent lieu, la brigade Billard, à l’approche de l’artillerie russe, n’attendit pas l’ennemi et se retira. C’est une erreur qu’il importe de rectifier. Le général Billard, commandant l’avant-garde, renforcé par les lanciers de Berg, n'est point attaqué et passe la nuit dans sa position, appuyé au village de Batoury. Il y a, à la vérité un bataillon de la brigade qui est fait prisonnier. Il a été envoyé le matin avec les lanciers de Berg pour faire une reconnaissance dont le résultat est la retraite des lanciers et la prise du bataillon. Le général Billard voyant revenir les lanciers, qui sont vivement pressés par une quantité innombrable de cosaques, se porte en avant et arrête la cavalerie ennemie. Il envoie demander au général Louis Partouneaux deux pièces de canon pour aller au secours du bataillon compromis, mais ces pièces n’arrivent pas à temps
  4. Un bataillon du 44e de ligne ayant chargé à la baïonnette tandis que le 126e se porte au point de retraite de l’ennemi, un grand nombre de Russes trouvent la mort ou se noient en voulant passer trop précipitamment le fleuve. Le général Billard, relevé par la brigade du général Marie Pierre Isidore de Blanmont, va rejoindre le général de division Louis Partouneaux, qui se trouve arrêté avec la 1re brigade par le corps du comte de Wittgenstein. Le général Partouneaux à la tête des troupes du général Billard, réduites à 430 combattants, prend une direction à droite dans l’intention de chercher un gué où il peut faire passer sa division. Il envoie des officiers pour prévenir les deux autres brigades de ce mouvement, mais cet avis ne parvint pas aux généraux Camus et Marie Pierre Isidore de Blanmont qui, ne recevant pas d'ordres, se retirent sur le plateau de Borissov, après avoir vainement essayé de se frayer un passage

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]