Poêle (chauffage) — Wikipédia

Poêle
Un poêle De Dietrich à l'église de Fouday (Alsace).
Type
Appareil ménager, structure architecturale (en), chaufferette, cooker (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Utilisation
Usage

Un poêle ou poële (prononciation [pwal] ou [pwɛl]) est un appareil de chauffage comprenant une chambre de combustion pour du bois ou du charbon.

Généralement utilisé pour le chauffage direct par rayonnement thermique et/ou par convection, le poêle peut aussi permettre de produire de l'eau chaude. Par métonymie, le poêle désignait aussi la pièce chauffée d'une habitation[1].

Poêle à bois moderne dit « poêle bouilleur » (producteur d'eau chaude).

Employé depuis la nuit des temps, le bois est valorisé depuis plusieurs décennies dans des appareils de chauffage souvent confectionnés en acier ou en fonte. De nombreuses marques ont d'ailleurs basé leur notoriété sur ces matériaux. On peut citer l'entreprise Jøtul en Norvège ou les entreprises Invicta et Godin dans le nord de la France. Le poêle se retrouve sous plusieurs formes. Il peut être rustique ou classique mais on peut aussi le dénommer poêle à inertie lorsqu'il est très massif. Le poêle en acier est alors entouré de pierre ollaire (pierre volcanique) qui permet d'emmagasiner puis de restituer la chaleur produite de longues heures après la fin de la flambée. Un de ses ancêtres est sûrement l'hypocauste, le poêle russe ; plus récemment est apparu le poêle alsacien en faïence (Kachelofe). Les années 2010 voient le développement du poêle à granulés de bois, souvent fabriqué en acier ; un creuset (en fonte) reçoit des granulés de bois afin d'être brûlés pour y dégager de la chaleur.

En 1619, paraît le premier ouvrage complet sur les poêles publié par Franz Kessler (en)[2]. Son curieux travail indique dès cette époque tous les principes du chauffage usités en Allemagne et très peu perfectionnés par la suite jusqu'au XIXe siècle.

L'apparition au XIXe siècle des premiers poêles en fonte et leur diffusion à grande échelle contribue fortement à l'amélioration des conditions de vie des populations. Grâce à la production en série, qui en fait l'un des produits phares de l'industrialisation, il devient accessible au plus grand nombre et remplace rapidement le feu ouvert, offrant de meilleurs rendement, efficacité et autonomie, et diminuant le risque d'incendie. Le poêle, installé dans la pièce commune, est souvent le point de ralliement de la famille, contrairement au chauffage central qui plus tard renforcera l'individualisation. Bien qu'il demande de l'entretien et produise de la poussière, il améliore le confort par le chauffage continu, qui permet également de chauffer l'eau et les aliments, ainsi que les conditions sanitaires et de santé, dont l'effet est notamment de réduire la mortalité infantile. Les grandes entreprises industrielles (telle que Jøtul, Chaboche, Nestor Martin, Godin et bien d'autres), rivalisent d'innovations techniques et de qualités esthétiques, ce qui fait de certains poêles anciens des objets très recherchés de nos jours, témoins des débuts du design industriel. Bien avant le développement de l'électroménager, la réclame, au moyen d'affiches publicitaires, vante les mérites des différents modèles. Les défis actuels que représentent la raréfaction et la hausse des prix des énergies fossiles, ainsi que la pollution et la recherche d'un développement durable, incitent les industriels à rechercher de nouvelles solutions pour augmenter l'efficacité de leurs produits.

Plusieurs modèles sont développés en Suède, en Allemagne, Hollande et au Canada, où des organisations de constructeurs réalisent régulièrement des tests afin de faire évoluer l'efficacité du système. Les poêles modernes atteignent un rendement supérieur à 60 %.

Le chauffage au poêle à bois peut sembler plutôt écologique car il utilise la biomasse, mais la combustion du bois rejette dans l'atmosphère du CO2 et aussi des particules fines, du monoxyde de carbone et d'autres polluants atmosphériques[3],[4].

Le cycle est fermé, la biomasse étant un matériau renouvelable renouvelé par les combustions naturelles et artificielles mais :

  • les particules fines de type PM2.5 sont absorbées par différents processus dont la respiration de tous les êtres vivants sur terre[5].
  • Le monoxyde de carbone, généré par une combustion incomplète, est très dangereux pour l'homme et tous les êtres vivants sur terre[5]. Une combustion impropre est donc néfaste à l'environnement.

Les appareils de chauffage au bois ayant évolué depuis le début du XXIe siècle, il est très important, pour un enjeu sanitaire, d'inciter les ménages utilisant un vieil appareil de chauffage au bois à le renouveler par un appareil de nouvelle génération[6]. Un vieux foyer fermé d'avant 2002 émet jusqu'à 13 fois plus de particules fines qu'un appareil labellisé « Flamme Verte7 »[7].

Le calcul complet de l'impact écologique de l'utilisation du poêle à bois prend en compte la chaîne de production du bois de chauffage (abattage, fendage, acheminement, etc). Dans des conditions normales, seule la maison passive propose un bilan plus avantageux en 2020[8],[9].

L'augmentation du prix du pétrole le rend assez économique dans les pays fortement boisés si les coûts liés à son abattage et à sa distribution ne sont pas excessifs (débardage, stockage, séchage, etc.) et en prenant en compte son pouvoir calorifique fonction de la qualité du bois et de son taux d'humidité[10].

Pour l'allumage d'un poêle à bois, la meilleure méthode consiste à empiler le bois de manière que les morceaux les plus gros soient en bas, et le bois d'allumage en haut. De cette manière l'allumage du petit bois se fera proprement et va réchauffer l'air dans le conduit. Cela va entraîner un tirage qui va aider la combustion du bois plus gros situé en dessous. Le feu se propage du haut vers le bas tout en gardant une combustion optimale.

A l'inverse, allumer le feu par le bas fait que les grosses bûches du dessus brûlent mal et sont couvertes de suie avant de s’enflammer. Cette suie noire va aussi recouvrir l'intérieur du poêle (nettoyage des vitres à faire) et l'intérieur du conduit (ramonage à faire). Il est donc incohérent de continuer d'allumer son bois par le bas.

  • C'est un appareil de chauffage clos, dans lequel on enferme le combustible, avec évacuation des gaz par un tuyau, et qui chauffe la pièce par rayonnement de son enveloppe.
  • Les combustibles sont le bois, la houille, le lignite, les copeaux et les granulés de bois.
  • La combustion est réglée par une clé sur le conduit de fumée ou, mieux, en diminuant l'arrivée d'air par fermeture des arrivées d'air primaires ou secondaires de l'appareil.

Types de poêles

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Poêle domestique recouvert de faïence, Bulgarie.

Les poêles peuvent être caractérisés par :

  • le combustible utilisé : pellet, charbon, bois et tous autres combustibles, en particulier végétaux ;
  • les caractéristiques techniques : la puissance en kW et le rendement en %
  • le type de combustion :
    • poêles à combustion simple : peu optimisés, ils présentent des rendements faibles et s'utilisent comme chauffage d'appoint ,
    • poêles à double combustion : ou à post combustion qui associent à l'arrivée d'air primaire, une arrivée d'air secondaire permettant une bonne combustion des gaz quand le poêle monte en température, assurant ainsi de bons rendements (jusqu'à 80 %)
    • poêles à bois dit « turbo » : avec un système proche de la double combustion, utilisé par des appareils en général plus imposants, montant plus rapidement en température avec des rendements légèrement moins élevés.
  • les matériaux de construction du poêle : les poêles en fonte avec enveloppe métallique et foyer muni d'une grille sur un cendrier indépendant de l'enveloppe, ceux en acier, faïence, pierre, céramique ou terre cuite à chauffage plus lent mais plus stable dans le temps (principe du poêle de masse), tôle à intérieur recouvert de briques réfractaires. Certaines provenances de matériaux donnent leur nom au type de poêle, comme les bagnards en Valais (Suisse), construits en pierres de la vallée de Bagnes[11].
  • l'usage : certains poêles sont dits « bouilleurs » ou « hydro » car ils peuvent chauffer l'eau du chauffage central alors que d'autres disposent de four et de plaques chauffantes, on parle de cuisinière bois quand ils s'intègrent dans une cuisine
  • le style : les poêles traditionnels ou scandinaves, de forme rectangulaire, sur 4 pieds, taille basse, des poêles dits « modernes » avec des formes plus verticales et arrondies souvent adaptées à de bonnes performances et des poêles dits cheminée qui rappellent la forme rectangulaire d'une cheminée classique car leur vocation est de favoriser le spectacle des flammes.

Poêle à banc

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Certains poêles sont équipés de banquettes sur une de leurs faces, chauffées par le même foyer. On peut s'y assoir voire plus rarement y dormir. Une niche y est souvent ménagée, servant à chauffer des bouilloires ou des sacs de noyaux de cerises, que les habitants de la maison prenaient dans leur lit. Ils servaient aussi à sécher les fruits. Dans les fermes et habitations modestes, le four ou la cuisinière de cuisson, installés dans la cuisine, chauffaient aussi le banc adjacent au poêle dans la belle pièce dite la « Stube » en Alsace. Ce dispositif économe en combustible est appelé « Kunscht » au nord des Alpes (Suisse du nord-est, sud de la Forêt-Noire, sud de l'Alsace), ainsi nommé de « Holzsparkunst » ou art d'épargner le bois.

Les risques d'accidents (incendie, explosion, asphyxie) sont le plus souvent lié au non respect des notices d'utilisation, à l'absence de ramonage, à l'absence d'aération, etc. Les cas d'intoxication au monoxyde de carbone) sont encore courants, même dans les pays développés[12], dont la France[13].

Notes et références

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  1. « Poêle », Lexicographie, sur CNRTL (consulté le ).
  2. Franz Kessler. Espargne-bois, c'est-à-dire Nouvelle et par ci-devant non commune, ni mise en lumière, invention de certains et divers fourneaux artificiels, escrite premièrement en allemand par François Keslar, maintenant publiée en françois. J. T. de Bry, 1619
  3. Pollution : pourquoi le chauffage au bois est loin d'être écologique, franceinter.fr du 20 novembre 2018, consulté le 12 novembre 2019
  4. Chauffage au bois Gare à la pollution, quechoisir.org du 21 septembre 2019, consulté le 12 novembre 2019
  5. a et b Le chauffage au bois, une source de pollution non négligeable de l’air de nos maisons, lefigaro.fr du , consulté le
  6. Chauffage au bois - Compétitif mais parfois trop polluant, quechoisir.org du , consulté le
  7. « Pollution de l'air : le plaisir de la cheminée va-t-il faire long feu ? », sur France 3 Bretagne, (consulté le )
  8. Bertrand, « Analyse du cycle de vie des systèmes de chauffage au bois », sur EchhO, (consulté le )
  9. « Analyse du Cycle de Vie de solutions de chauffage et d'ECS pour des maisons individuelles RT 2012 », sur La librairie ADEME (consulté le )
  10. Comment faire un feu efficace dans son poêle à bois, ecoconso.be du 7 octobre 2017, consulté le
  11. Claude Kissling, « Fourneau de Bagnes » Accès libre, sur notrehistoire.ch, (consulté le ).
  12. Donati S.Y, Gainnier M & Chibane-Donati O (2005) Intoxication au monoxyde de carbone. EMC-Anesthésie-Réanimation, 2(1), 46-67 (résumé).
  13. Verrier, A., Delaunay, C., Coquet, S., Théaudin, K., Cabot, C., Girard, D., ... & de Bels, F. (2010). [Les intoxications au monoxyde de carbone survenues en France métropolitaine en 2007]. BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire), 1.

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Articles connexes

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Liens externes

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