Sénons — Wikipédia
Sénons | |
Potin sénon | |
Période | Protohistoire, Antiquité |
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Ethnie | Celtes |
Langue(s) | Gaulois |
Religion | Celtique |
Villes principales | Agendicum |
Région actuelle | Yonne et Seine-et-Marne, (France) |
Frontière | Bituriges Cubes, Carnutes, Parisii, Meldes, Lingons |
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Les Sénons (Senones) étaient un des peuples gaulois. Ils occupaient la région du Sénonais au centre-est de la Gaule, s'étendant sur une partie des départements actuels de l'Yonne et de Seine-et-Marne. Ils donnèrent leur nom à la ville de Sens qui était leur capitale sous le nom d'Agedincum, ainsi qu'à la ville de Senigallia en Italie, témoignage par ce toponyme de l'invasion gauloise de l'Italie du Nord qui conduisit au sac de Rome en 390 av. J-C. Durant le Haut Empire, la cité des Sénons faisait partie de la province de Gaule lyonnaise.
Étymologie
[modifier | modifier le code]« Senon » en celtique signifie « ancien » et vient du mot gaulois senos qui a donné sen en brittonique et hen en breton moderne, avec le même sens. Se nommer « les Anciens » était une façon d'affirmer l'antériorité, une sorte de primature, leurs voisins les Rèmes s'appelant eux « les Premiers ». Le suffixe -on pour désigner une nation s'observe dans le nom de nombreuses cités (Santones, Ceutrones, Turones, etc.)[réf. nécessaire]
Territoire
[modifier | modifier le code]Leur territoire recouvrait partiellement plusieurs départements actuels. À l'époque romaine, il s'étendait essentiellement sur l’Yonne, et la moitié sud de la Seine-et-Marne. Il couvrait également une partie du Loiret, de l’Essonne, de la Marne et de l’Aube[1].
Pour la période gauloise, ce territoire comptait aussi la partie ouest de la Civitas des Tricasses. Les Parisii ont pu également être initialement un pagus des Sénons avant de prendre leur indépendance. Enfin, au IIIe siècle de notre ère, le sud du territoire sénon est érigé en cité indépendante, la Civitas Autessiodurum[1].
Politique
[modifier | modifier le code]D'après César, ils furent liés au peuple des Parisii, qui étaient leurs clients[2]. Ils sont souvent associés dans leurs luttes avec les Carnutes. Postérieurement, ils seront intégrés avec les Carnutes, les Parisii, les Meldes et les Tricasses dans la province de quatrième lyonnaise ou Sénonaise.[réf. nécessaire]
Selon César ils étaient « un des peuples gaulois les plus puissants et qui jouit parmi les autres d'une grande autorité »[3].
Frontières
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Oppida
[modifier | modifier le code]Les principaux Oppida sont :
- Agedincum : Sens
- Vellaunodunum[4] : possiblement BEAUNE LA ROLANDE LOIRET 45 (certainement une erreur et une confusion du panthéon gaulois entre vellanus et belanos par le scribe de César dans La Guerre des gaule ( vellaunodunum serait en fait Belanodunum) ?
- Metlosédum : Melun, oppidum situé sur une île de la Seine[5]
- Eburobriga (« Camp de Barcena ») : Mont-Avrollot[6]
Historique
[modifier | modifier le code]Migration en Italie
[modifier | modifier le code]Sous la conduite de Brennos, ils écrasent les légions romaines sur les bords de l'Allia le 18 juillet 390 av. J.-C. et prennent Rome trois jours plus tard[7]. Après avoir dévasté Rome, une partie des Sénons de Gaule s'installa durablement dans la marche d'Ancône (Italie) au IVe siècle av. J.-C.
On a retrouvé une de leurs nécropoles dans le village de Santa Paolina (Filottrano). La nécropole de 30 tombes contenait les restes de guerriers et de femmes. Les tombes des hommes ont livré l'armement des guerriers Sénons, notamment des cimiers — dont les romains étaient dépourvus. Toutes les tombes ont livré un service individuel de vaisselle en métal d'inspiration grecque et étrusque comparable à la vaisselle des tombes de Vix ou de Lavau : cratère pour le mélange de vin et d'eau, pichets, coupes, gobelets, etc[8].
Outre ce complexe funéraire, on a mis au jour à la fin du XIXe siècle, deux autres nécropoles outre-alpines attribuables à la civitas des sénons. Les nécropoles de Piobbico[n 1] et San Ginesio[n 2], également localisées dans la province italienne des Marches, confirment l'implantation des sénons dans l'ancienne région du Picenum. Toutefois, ces deux dernières ont des tailles plus modestes que la nécropole de Filottrano/Santa Paolina, indiquant ainsi une probable centralisation de pouvoir non loin de ce site[9].
Guerre des Gaules
[modifier | modifier le code]Après des années de lutte contre Rome, ils sont vaincus en -280 sur les rives du lac Vadimon en Italie du Nord et comme les autres peuples gaulois défaits au cours de la Conquête des gaules par César[7].
D'abord alliés à César, ils bannissent Cavarinos, que César avait installé sur le trône[10], puis organisent une coalition en -53.
En -52, conduits par le chef aulerque Camulogène, ils combattirent Labiénus le lieutenant de César lors de la bataille de Lutèce[11]. Ils auraient fourni 12 000 hommes à l'armée de secours d'Alésia[12].
Leur chef Drappès poursuit la lutte en -51 et mène une dernière bataille à proximité de l'oppidum cadurque d'Uxellodunum contre les troupes des lieutenants Fabius et Ribelus[7].
Après la conquête romaine
[modifier | modifier le code]Monnayage
[modifier | modifier le code]Les Sénons ont émis des monnaies de plusieurs natures : statères et quarts de statère en or ou électrum, deniers en argent, bronze et potin. Leur territoire comportant des bords de Seine, certaines monnaies ont une attribution incertaine : Rèmes/Sénons, Leuques/Sénons, Tricasses/Sénons, etc. Voir Monnaie gauloise.
- Statère globulaire à la croix (LT.)
anépigraphe. Sur l'avers, une croix. Au revers, lisse.
- Bronzes à l'oiseau classe II, SIINV (DT 2633)
Il existe des dizaines de variantes de bronzes à l'oiseau. Celui ci-contre montre :
Avers anépigraphe : tête de profil à droite, les cheveux divisés en grosses mèches stylisées triangulaires, ramenées en arrière, avec des mèches aux pointes bouletées à l’intérieur sur la joue ; S devant le nez et la bouche ; torque bouleté sous le menton. À droite, il y aurait un petit croissant ouvert.
Revers (SIINV) : oiseau (aigle, corbeau, corneille ?) de profil à gauche à queue d'aronde, surmonté d'ailes formées par des demi-cercles pointés. légende SIINV (Sénons), un pentagramme bouleté et une S, et deux annelets centrés derrière la queue de l’oiseau, pointés dans le prolongement du plumage de la queue ; une croisette aux extrémités bouletées accostée de quatre globules sous la queue ; un globule sous le bec de l’oiseau.
- Potin à la tête casquée, au bouquetin et à la rosace (LT.8124)
Le potin ci-contre, anépigraphe, montre :
Avers : tête de profil à gauche.
Revers : animal fantastique bifide de type licorne, trois globules en crinière, 5 globules forment une rosace sous les membres inférieurs. Il existe des variantes ou des potins avec différents nombres de globules.
Sénons notables
[modifier | modifier le code]- Brennos (Vae victis), chef des Gaulois qui pillèrent Rome pendant le sac de Rome de 390 av. J.-C. ;
- Acco, rendu responsable de la révolte des Sénons en 53 av. J.-C., il fut mis à mort par César[13]. Cette condamnation est l'un des facteurs qui causèrent la grande révolte de 52 av. J.-C. avec Vercingétorix ;
- Drappès, figure de proue de la révolte de 51 av. J.-C. avec le Cadurque Lucterios. Fait prisonnier, il cessa de s'alimenter[14] ;
- Moritasgos, roi des Sénons au Ier siècle av. J.-C. ;
- Cavarinos, roi des Sénons au Ier siècle av. J.-C., frère et successeur du précédent.
Les Sénons de Cisalpine
[modifier | modifier le code]Une partie des Sénons (Senoni ou Semnones est également le nom d'une nation des Suèves), dirigée par Brennos, avait immigré en Italie au IVe siècle av. J.-C., et se trouva en conflit avec la cité étrusque de Clusium – aujourd'hui Chiusi — ainsi qu'avec Rome, qu'ils saccagèrent avant de se fixer à Senigallia et sur un territoire qui allait de Forlì à Ancone. Plusieurs nécropoles sénones ont livré de riches tombes, à Filottrano ou Montefortino d'Arcevia par exemple, qui attestent la rapide acculturation de cette population celtique.
- Les peuples celtiques de Gaule cisalpine au début du IVe siècle av. J.-C.
- Les peuples du nord de l'Italie au tout début du IIIe siècle av. J.-C.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notes
- Nécropole de Piobbico : découverte en 1877-1878.
- Nécropole de San Ginesio : mise au jour en 1883.
- Références
- Debatty 2004.
- César, Guerre des Gaules, VI, 3.
- César, Guerre des Gaules, V, 54, 2. Cité dans Baray 2018.
- Vellaudunum : César, Guerre des Gaules, VII, 11.
- Metlosedum : César, Guerre des Gaules, VII, 58.
- Stephan Fichtl, La ville celtique, les oppida de 150 avant J.-C. à 15 après J.-C., Paris, Errance, coll. « Hespérides », (réimpr. 2005), 192 p. (ISBN 2-87772-307-0).
- Baray 2018.
- (it) « La civiltà e le tombe dei Galli Senoni di Santa Paolina »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur filottrano.com.
- Daniel Vitali, Les Celtes d'Italie, Paris, Collège de France / Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France » (no 189), , 80 p. (ISBN 978-2-213-63289-6), p. 34.
- César, Guerre des Gaules, V, 54.
- César, Guerre des Gaules, VII, 62.
- César, Guerre des Gaules, VII, 75
- César, Guerre des Gaules, VI, 44
- César, Guerre des Gaules VIII, 44
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Source antique
[modifier | modifier le code]- Jules César, De Bello Gallico (B.G.).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Baray 2018] Luc Baray, Les Sénons : archéologie et histoire d'un peuple gaulois (exposition, Palais synodal de Sens et Musée des beaux-arts et d'archéologie de Troyes, 19 mai - 29 octobre 2018), Gand, Snoeck, , 383 p. (ISBN 978-94-6161-476-6). .
- [Debatty 2004] Bertrand Debatty, « Les limites de la cité gallo-romaine des Sénons. Perception et réalité », Hypothèses, Travaux de l’École doctorale d'histoire, Paris, Publications de la Sorbonne, t. 1, no 8, , p. 85-94 (DOI 10.3917/hyp.041.0085, lire en ligne, consulté en ).
- [Kruta 1981] Venceslas Kruta, « Les Sénons de l'Adriatique d'après l'archéologie (prolégomènes) », Études celtiques, t. XVIII, , p. 7-38 (lire en ligne, consulté en ).
- [Kruta 2008] Venceslas Kruta, « Les Sénons dans les Marches aux IVe et IIIe siècles avant J.-C. État de la question », Études celtiques, t. XXXVI, , p. 7-20 (lire en ligne, consulté en ).