Siège de Rennes (1356-1357) — Wikipédia
- A. Portes Mordelaises
- B. Vieux Château
- C. Église Saint-Sauveur
- D. Emplacement approximatif du Pré Raoul
Date | - [1] |
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Lieu | Rennes |
Issue | Les Anglais rançonnent la ville. |
Royaume d'Angleterre | Bretons blésistes |
Henry de Grosmont | Guillaume de Penhoët Bertrand de Saint-Pern Bertrand Du Guesclin |
1 500 à 4 000 hommes[n. 1] | Faible garnison[1] |
Guerre de succession de Bretagne
Batailles
Coordonnées | 48° 06′ 51″ nord, 1° 40′ 51″ ouest | |
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Le siège de Rennes de 1356-1357 est un épisode de la guerre de succession de Bretagne.
Il s'agit du troisième siège de la ville durant cette guerre : d'avril à mi-mai 1341, Rennes est assiégée par Jean de Montfort, qui finit par s'en emparer. La ville est reprise l'année suivante par les troupes blésistes après quelques jours de siège[1]. Entre les deux événements, Rennes s'était tenue à l'écart des agitations, jusqu'à ce qu'après la bataille de Poitiers, Henry de Grosmont, duc de Lancastre, vienne en assiéger Rennes, espérant ainsi précipiter la fin de la guerre de Succession[2].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Plutôt que tenter de prendre la ville par force, et malgré sa grande supériorité numérique, Lancastre préfère établir un blocus visant à affamer les habitants[2]. À cette époque, les remparts n'ont pas encore été étendus aux faubourgs qui s'étaient développés hors de la zone de l'enceinte gallo-romaine, et c'est celle-ci (renouvelée au siècle précédent) qui est assiégée, les faubourgs quant à eux se retrouvant largement ruinés[3].
Après la Bataille de Poitiers en 1356 dans lequel Jean II le Bon est fait prisonnier, Guy XII de Laval se jette dans Rennes avec le vicomte Jean Ier de Rohan et d'autres seigneurs, pour défendre cette place assiégée par Henry de Grosmont[4]. Cette opération est sans doute effectuée pour Couanier de Launay[5] sur la demande de son oncle Pierre de Laval, alors évêque de Rennes.
La défense de Rennes est assurée par Guillaume de Penhoët, surnommé de Tors Boiteux, qui réside au château, assisté par Bertrand Ier de Saint-Pern, commandant dans la ville et parrain de Bertrand Du Guesclin[6].
Du fait de la méthode employée par les assiégeants, le siège traîne en longueur, sans action militaire d'éclat, et s'il est resté célèbre, c'est surtout pour les ruses déployées par les défenseurs.
Le « miracle » de l'église Saint-Sauveur
[modifier | modifier le code]En février 1357, des habitants de Rennes entendent des bruits souterrains qui leur font comprendre que Lancastre a ordonné le percement d'une galerie sous les remparts, espérant pouvoir faire discrètement déboucher des troupes au cœur de la ville. Penhoët, mis au courant, ordonne aux habitants des maisons proches des remparts de suspendre chez eux des bassines de cuivre contenant des boules métalliques, afin de déterminer l'emplacement exact de la galerie grâce aux vibrations causées par le travail de mine. Une fois l'emplacement déterminé, une contre-mine est creusée, et une troupe de soldats commandée par Saint-Pern massacre les sapeurs avant de mettre le feu aux poutres soutenant le boyau[7].
Alain Bouchart, dans ses Grandes Chroniques de Bretagne, place l'endroit de la contre-mine à l'intérieur de l'église Saint-Sauveur, juste sous le crucifix[8]. Une légende apparue plus tard, affirme que la statue d'une Vierge à l'Enfant située dans une chapelle de l'église se serait miraculeusement animée, montrant du doigt l'endroit où il fallait creuser[9]. Un culte est depuis rendu à cette statue, nommée Notre-Dame des Miracles et des Vertus.
Le troupeau de porcs
[modifier | modifier le code]Un épisode encore plus célèbre de ce siège est celui ayant trait au troupeau de porcs (2 000 à 4 000selon Michel de Mauny) que Lancastre, connaissant l'état de famine à l'intérieur des murs, fait paître devant les portes Mordelaises[n. 2] pour attirer les Rennais hors de la ville. Le capitaine de Penhoët s'illustre à nouveau en faisant suspendre à une poterne de la porte une truie dont les cris attirent les cochons, qui pénètrent dans la ville avant que les Anglais puissent réagir. Les bourgeois, éclatant de rire en haut des remparts, profitent de l'occasion pour se moquer de leurs assiégeants restés bouche bée devant la ruse : « Vous nous devez des gages, car nous sommes maintenant vos porchers ! »[10],[11],[12]
Du Guesclin entre en ville
[modifier | modifier le code]Peu après, un autre ravitaillement est apporté par Bertrand Du Guesclin, qui entre dans la ville avec de pleines charrettes de vivres, en détournant par la ruse l'attention du duc anglais, lui ayant fait croire à l'approche d'une troupe de mercenaires allemands[12]. Son arrivée galvanise les assiégés, et les semaines suivantes voient se produire une série de coups de main et de duels[13], Du Guesclin s'illustrant à nouveau durant l'un d'entre eux, contre l'Anglais Bramborc[3].
Issue
[modifier | modifier le code]Si pour Michel de Mauny, le siège est levé en février ou mars 1357 par des secours commandés par un certain Thibaud de Rochefort[10], les autres sources s'accordent à dire que la ville est rançonnée par Lancastre. Elles divergent cependant sur la conclusion à en tirer.
L’Histoire de Bretagne d'Henri Poisson et Jean-Pierre le Mat précise que le siège est levé à la suite d'un traité entre la France et l'Angleterre, mais n'indique ni date, ni le montant pris par le duc aux habitants[9]. Jean-Pierre Leguay précise quant à lui l'un et l'autre : le , le siège est levé au prix d'une rançon de 100 000 écus dont 20 000 comptant. Il indique également qu'il s'agit là d'un compromis entre Lancastre et les Rennais[13]. L’Histoire de Rennes parue en 2006 y voit en revanche une capitulation pure et simple, seule sa défense honorable lui épargnant un pillage en règle[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- 1 000 hommes d'armes et 500 archers d'après Jean Froissart, 4 000 d'après Cuvelier, chiffres rapportés par Michel de Mauny, dans L'ancien Comté de Rennes, p. 12.
- Michel de Mauny précise le lieu exact : le pré Raoul, devenu aujourd'hui la rue Nantaise (de Mauny 1974, p. 14)
Références
[modifier | modifier le code]- Jean-Pierre Leguay, Rennes aux XIVe et XVe siècles, dans Histoire de Rennes, éd. Privat, p. 134.
- Poisson et Le Mat 2000, p. 163
- Daniel Pichot, La naissance d'une capitale, in Histoire de Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 69.
- Dom Morice, Histoire de Bretagne. t. I, p. 287.
- Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval (818-1855), Imp. Godbert, , 608 p. [détail des éditions] (lire en ligne)
- de Mauny 1974, p. 12
- de Mauny 1974, p. 12-13
- de Mauny 1974, p. 13
- Poisson et Le Mat 2000, p. 164
- de Mauny 1974, p. 14
- Jean-Pierre Leguay, Rennes aux XIVe et XVe siècles, dans Histoire de Rennes, éd. Privat, p. 134-135
- Poisson et Le Mat 2000, p. 167
- Jean-Pierre Leguay, Rennes aux XIVe et XVe siècles, dans Histoire de Rennes, éd. Privat, p. 135.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Meyer (dir.), Histoire de Rennes, Toulouse, Privat, , 492 p. (ISBN 2-7089-4750-8)
- Michel de Mauny, L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes, Paris, Éditions Roudil, , 135 p.
- Henri Poisson et Jean-Pierre Le Mat, Histoire de Bretagne, Spézet, Coop Breizh, , 654 p. (ISBN 2-84346-091-3)
- Gauthier Aubert (dir. de coll.), Alain Croix, Michel Denis et Jean-Yves Veillard (illustr.) (préf. Edmond Hervé), Histoire de Rennes, Rennes, éd. Apogée / Presses universitaires de Rennes, coll. « Images et histoire », , 295 p. (ISBN 2-84398-237-5 et 2-7535-0333-8, BNF 40973280)