Bozo (peuple) — Wikipédia

Bozos
Description de cette image, également commentée ci-après
Fillette bozo à Ségou

Populations importantes par région
Autres
Langues Bozo
Religions Islam, animisme
Ethnies liées Dogons

Les Bozo sont un peuple d’Afrique de l'Ouest, vivant principalement au Mali, le long du fleuve Niger et de son affluent le Bani, notamment dans le delta intérieur du Niger. Avant tout pêcheurs, ils sont considérés comme « les maîtres du fleuve »[1].

Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs formes[2] :

Boso ou Bozo : mot d'origine bambara ayant parfois des connotations péjoratives.

Tye ou Tige : nom du groupe ethnique en tyeyaxo, le parler bozo de la zone de Dia et de Diafarabé.

Sorko, Sorogo ou Sarkawa : nom employé principalement par les bozo parlant le jenaama, la variété bozo aux alentours de Mopti et de Djenné en particulier. L'origine des sorko n'est pas parfaitement claire, mais ils se sont assimilés au peuple bozo.

Han : nom du groupe ethnique en kélenga, le parler bozo des alentours de Ké-Macina.

Kélenga : nom des bozo vivant entre Markala et Ké-Macina et parlant le kélenga.

Langues et dialectes

[modifier | modifier le code]

Leur langue est le bozo, un continuum de langues mandées comportant plusieurs dialectes.

Les Bozos ont appartenu à l’empire du Ghana et se sont installés sur les rivages du Niger au Xe siècle.

L’empire du Mali (XIIIe au XVe siècles), soucieux de contrôler les voies fluviales et de disposer de bateliers expérimentés, tenta de soumettre ces peuples de l’eau, et y arriva partiellement[3].

La plupart des Bozo du Mali se disent originaires de Dia, ville située au centre du Mali et considérée par beaucoup d'historiens comme la plus vieille ville habitée du pays.

Les Bozos sont principalement de confession musulmane, mais gardent une très forte tradition animiste. L’animal-totem des Bozos est le taureau. Son corps représente le fleuve et les cornes représentent les pirogues.

Mode de vie

[modifier | modifier le code]

Les Bozos sont un peuple qui reste de nos jours encore semi-nomade, déplaçant leurs habitations, selon les saisons et le niveau de l'eau, en amont ou en aval du fleuve pour certaines familles. Ils vivent souvent sur des îles temporaires créées par les joncs, voire les créent partiellement en asséchant les berges d'un îlot. Contraints de se sédentariser sous le règne de Cheikhou Amadou (1810-1844), le fondateur de l'empire du Macina, ils demeurent des nomades et retrouvent leurs paillotes pour quelques mois de pêche après la saison des pluies.

Les Bozos sont liés avec l’ethnie dogon par la parenté à plaisanterie. Dogons et Bozos se moquent réciproquement, mais parallèlement se doivent assistance, et pratiquent traditionnellement un intense commerce par troc de leurs spécialités respectives (poissons bozos contre oignons et outils forgés dogons). Les dogons sont les esclaves des bozos (exemple de plaisanterie). Ils ont aussi l'interdiction de fréquenter les Khassonkés sous peine de mourir.[réf. nécessaire][4]

Il existe plusieurs sous-groupes chez les Bozo, dont les Sorogo, les Fuono-Sorogo, les Tié, les Kélinga[3].

Pêcheur bozo sur le Niger près de Gao, au Mali.

Les Bozos sont avant tout un peuple de pêcheurs et passent une grande partie de la journée sur leur pirogue à pratiquer la pêche.

Les Bozos sont à l’origine de la création de la plupart des villes situées au bord du fleuve Niger telles que Djenné, MoptiLeur peu d'intérêt pour le pouvoir et l'absence de griot en leur sein ont fait que ces villes ont été administrées par les autres ethnies, comme Bamako[réf. nécessaire][5],[6].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Didier Bergounhoux et Rinaldo Depagne, Mali. Les maîtres du fleuve, Éditions du Garde-Temps, Paris, 2005, 80 p. (ISBN 2913545386)
  2. Source RAMEAU, BnF [1] ainsi que Lars Sundström, Ecology and symbiosis: Niger water folk, Studia Ethnographica Upsaliensia XXXV, UPPSALA, 1972, p.48.
  3. a et b Eveline Baumann, « Produire et consommer en milieu pêcheur du Delta Central du Niger », Rapport d'étape pour l'atelier du projet "études halieutiques" du Delta central du Niger,‎ (lire en ligne)
  4. Denis Douyon, « Le regard d’un ethnologue malien sur les archives du Fonds Marcel-Griaule », Ateliers d'anthropologie. Revue éditée par le Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, no 32,‎ (ISSN 1245-1436, DOI 10.4000/ateliers.3062, lire en ligne, consulté le )
  5. Bakary FOMBA, « Mali : les Bozos, un « peuple de l’eau » », sur Benbere, (consulté le )
  6. Bakary Kamian, « Une ville de la République du Soudan : San », Les Cahiers d'Outre-Mer, vol. 12, no 47,‎ , p. 225–250 (DOI 10.3406/caoum.1959.2125, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
Une fille du Bozo à Bamako, mali.
  • (en) Mary Jo Arnoldi, Bamana and Bozo puppetry of the Segou region youth societies : from the collection of Joan and Charles Bird, Dept. of Creative Arts at Purdue University, West Lafayette, (Ind.), 1976?, 24 p. (catalogue)
  • (en) Renata Anna Walicka Zeh, Building practice and cultural space amongst the Bambara, Senufo and Bozo of Mali : an ethnoarchaeological study, University of london, 2000, 284 p. (thèse)
  • Myeru Baa, La geste de Fanta Maa : archétype du chasseur dans la culture des Bozo (récits de Myeru Baa et Mahamadu Lamini Sunbunu traduits et édités par Shekh Tijaan Hayidara), CELHTO, Niamey, 1987, 201 p.
  • Laurent Boudier, Bernard Dulon et Pierre Robin, Bozo : masque et marionnettes du Mali, Collection Pierre Robin (exposition du 8 février au 31 mars 2007, Galerie Libéral Bruant), Ed. Héritage Architectural, Paris, 2007, 80 p. (ISBN 2-915096-11-2)
  • Jean-Pierre Chauveau, Eyolf Jul-Larsen et Christian Chaboud (dir.), Les pêches piroguières en Afrique de l'Ouest : dynamiques institutionnelles : pouvoirs, mobilités, marchés, Karthala/IRD, Paris ; Christian-Michelsen Institute, Bergen, 2000, 383 p.
  • Jacques Daget et M. Konipo, « La pince-amulette chez les bozo », Notes africaines, 1951, no 51, p. 80-81
  • Germaine Dieterlen et Ziedonis Ligers, « Les tengere. Instruments de musique bozo », Objets et mondes, Paris, automne 1967, tome VII, fasc. 3.
  • Giles Coulon et Marie-Laure de Noray, Delta, Vivre et travailler dans le delta intérieur du Niger au Mali, Éditions Donniya/IRD, 2000
  • Claude Fay, « Sacrifices, prix du sang, "eau du maître" : fondation des territoires de pêche dans le delta central du Niger (Mali) », in Cahiers des sciences humaines, 1989, no 25 (1-2), p. 159-176
  • Marcel Griaule et Germaine Dieterlen, « L'agriculture rituelle des Bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, t. 19, 1949, p. 209-222
  • Marcel Griaule et Ziedonis Ligers, « Le bulu, jeu bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, t. 25, fasc. 1 & 2, 1955, p. 35-37
  • Moussa Konate, La Malédiction du Lamantin,édition Fayard, 2009
  • Marcel Griaule, « Note sur le couteau de circoncision Bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, 1956, t. XXVI, fasc. 1-2, p. 7-8
  • Ziedonis Ligers, Les Sorko (Bozo), maîtres du Niger : étude ethnographique, Librairie des Cinq continents, Paris, 1964, (4 volumes : 1. La cueillette. La chasse ; 2. La pêche ; 3. L'habitat. Architecture et mobilier ; 4. La navigation)
  • J. Ortoli, « Une race de pêcheurs : les Bozo du Niger », Bulletin de Recherches Soudanaises, 1936, no 4.
  • (it) Sebastiano Pedrocco, I Bozo pescatori del delta del medio Niger e il Saho modello spaziale della memoria, Universita degli ca' Foscari di Venezia, 2002, 151 p. (thèse)
  • Jean Rouch, « Banghawi, chasse à l'hippopotame au harpon par les pêcheurs sorko du Moyen-Niger », Bulletin de l'Institut fondamental d'Afrique noire, 10, 1948, p. 361-377
  • Lars Sundström, Ecology and symbiosis: Niger water folk, Studia Ethnographica Upsaliensia XXXV, UPPSALA, 1972.

Filmographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Bozo daily life, Julien Bryan and the International Film Foundation, New York, 1967, 16'

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :