Talon haut — Wikipédia
Le talon haut est un type de talon, partie intégrante des bottes et chaussures, élevant significativement la hauteur du pied et dépassant alors celle des orteils. Le talon haut, en plus d'élever la taille de la personne qui le porte, donne généralement une illusion esthétique de jambes plus longues, plus fines et plus élancées. Le talon haut possède de nos jours une variété de styles, incluant notamment le talon aiguille.
D'après certains sites tels que ceux de Jimmy Choo et Gucci, un « talon bas » mesure moins de 6 centimètres (2,5 pouces), alors que les « talons moyens » mesurent 8,5 cm (2,5 et 3,5 po). Au-delà de 8 centimètres, le talon est considéré comme « talon haut ».
Bien que les talons hauts soient surtout portés par les femmes et adolescentes[1], il existe différents modèles de bottes et chaussures que les deux sexes peuvent habituellement porter, même parfois très hauts, incluant notamment les santiags. Au cours de l'Histoire, les talons hauts ont fait l'objet d'effets de mode, et ont été tour à tour des accessoires virils, féminins, ou liés à un statut social ou professionnel particulier. Ils sont aujourd'hui l'objet de controverses notamment en raison de leur impact sur la santé et de leur image négative véhiculée par le mouvement féministe.
Histoire
[modifier | modifier le code]La majeure partie du peuple durant l'Égypte antique marchait pieds nus, mais certaines figures murales datant de 3500 av. J.-C. décrivent une version très ancienne de chaussures portées par des personnes au plus haut statut. Ces chaussures étaient représentées par des pièces de cuir attachées ensemble par un lacet ressemblant au symbole d' Ânkh (♀), qui signifie vie. Mais il existe également quelques descriptions d'hommes et de femmes au plus haut statut portant des talons hauts, probablement pour des cérémonies. Les bouchers égyptiens portaient également des talons hauts, pour éviter le sang coulant des bêtes mortes.[réf. nécessaire] À l'époque de la Rome et la Grèce antiques, les sandales à plateforme appelées kothorni (plus tard connues sous le terme cothurnes durant la Renaissance), étaient des chaussures à hautes semelles à base de bois ou de liège particulièrement répandues parmi les acteurs de théâtre, et différenciaient leur statut par la hauteur de leurs semelles. Dans la Rome Antique, le commerce sexuel était légal et les prostituées étaient souvent identifiées grâce à la hauteur de leurs talons[2].
Durant le Moyen Âge, les hommes et les femmes du peuple portaient souvent des sabots, ou des soles en bois, précurseurs des talons hauts. À cette époque, les sabots étaient considérés comme chers et fragiles et devaient être gardés hors de contact de la boue et autres débris durant la marche[3].
Au XVe siècle, les chopines, type de chaussures à hautes semelles, ont été créées en Turquie et sont devenues populaires à travers l'Europe au milieu du XVIIe siècle. La taille des chopines pouvait varier entre 17, 20 (8, 9) et 70 centimètres (30 pouces), forçant parfois les femmes à utiliser une canne ou un domestique pour les aider à marcher. Comme les sabots, les chopines possédaient une grande taille, mais contrairement aux sabots, les chopines étaient exclusivement portées par les femmes. La semelle des chopines était souvent fabriquée à base de liège ou de bois.
En 1533, la mode des talons hauts revient en force chez les hommes, notamment les nobles, qui aimaient dominer la foule de leur hauteur. La femme d'Henri II, roi de France, Catherine de Médicis, engage un cordonnier pour lui fabriquer une paire de chaussures à talons hauts inspirée par la mode et par la hauteur. Ces chaussures étaient une adaptation à la fois des chopines et des sabots, façonnées pour protéger le pied de celle qui les porte de la saleté et de la boue ; mais contrairement aux chopines, le talon était plus haut que la hauteur des doigts de pieds et la « semelle » était conçue pour élever le milieu du pied. Ce type de chaussures élevées était déjà porté en tant que mode en Italie, seulement, les lois somptuaires à Venise bannissaient le port des chaussures à hautes semelles de style chopine au début des années 1430.
Au fil du XVIIe et du XVIIIe siècle, les hommes et les femmes continuent à porter des talons en signe de noblesse : l'escarpin est alors la chaussure la plus portée à la cour des rois de France. Lorsque la Révolution française approche, au plus tard du XVIIIe siècle, le port des talons décline en France en raison de sa comparaison avec la richesse et l'aristocratie. Durant le XIXe siècle, les sandales et chaussures ordinaires étaient portées par les deux sexes, mais la mode des talons refait surface au plus tard du XIXe siècle, cette fois-ci presque exclusivement réservée aux femmes.
Durant le XXe siècle, les escarpins à talons hauts se popularisent chez les femmes, avec toujours un important va-et-vient de la mode. L'escarpin féminin fait sa première apparition en France en 1947 lors d'un défilé de mode, grâce à Christian Dior[réf. souhaitée]. Ce type de chaussure devient dès lors un des attributs majeurs de la silhouette New Look, affirmant la féminité et perfectionnant les silhouettes sveltes des mannequins. Au début des années 1950, l'escarpin à talon aiguille connaît le succès en Italie[4]. Durant les années 1960, l'escarpin se voit accusé de tous les maux par les médecins à cause de ses effets néfastes sur le dos notamment. Ce type de chaussures est donc délaissé au profit de chaussures à talon plat, conseillées par les féministes. Les talons bas dominent la mode durant les années 1970-80, mais les talons hauts reviennent sur le marché durant les années 1980-90, avec notamment le talon aiguille.
Au XXIe siècle
[modifier | modifier le code]En 2005, 105 millions de paires d'escarpins se sont vendues dans le monde [5].
La chaussure à talon haut, dans laquelle le talon est plus élevé que les orteils, est le sujet d'un bon nombre d’interrogations. Des médecins se sont déjà penchés sur ses conséquences physiques et culturelles, positives ou négatives, chez les femmes aussi bien que dans la société tout entière[6].
Actuellement, les talons hauts sont surtout portés par les femmes, dont la taille varie de la talonnette (mesurant 4 cm) au talon aiguille (10 cm, voire plus). Les talons extrêmement hauts (13 cm ou plus) ne sont normalement portés que pour des raisons esthétiques[7]. Les chaussures à talons courts sont souvent portées pendant les heures de travail ou autres[évasif]. Les talons hauts apparaissent, au plus tard, comme controverse médicale[pas clair], à l'époque où certains podologues remarquent des problèmes de pieds chez leurs patients, dans lesquels étaient uniquement causés par le port des talons hauts[pas clair].
Types
[modifier | modifier le code]Les types de talons hauts incluent[8]:
- demi-talons: petit talon très court.
- Courte ou talonnette : un petit talon court dont la taille maximale est de 2 cm de diamètre avec moins de 0,4 cm de longueur au contact du sol.
- Talon abattu : talon évasé vers le haut, créant un profil en surplomb ;
- Talon aiguille : talon haut, de plus de 7 cm, et très effilé vers le bas. Il peut atteindre des hauteurs de 15 cm ;
- Talon baraquette : talon plat et débordant à gorge rectiligne ;
- Talon bas ou talon plat : talon de faible hauteur dont les faces supérieures et inférieures sont parallèles ;
- Talon bobine : talon haut creusé sur son pourtour et évasé vers le bas ;
- Talon bottier ou talon rainuré : talon haut et large fait de lamelles de cuir superposées ou donnant cet aspect ;
- Talon chiquet : talon très plat constitué d’une unique lamelle de cuir. Souvent ce type de talon est sur des ballerines par exemple ;
Chez les hommes
[modifier | modifier le code]Elizabeth Semmelhack, conservatrice au Bata Shoe Museum, retrace l'histoire du talon haut des chevaliers qui utilisaient les talons pour maintenir leurs pieds dans les étriers. Elle décrit que le talon le plus vieux qu'elle ait vu était une boule en céramique datant du IXe siècle en provenance de Perse[9].
En Europe de l'Ouest, depuis le XVIIIe siècle les chaussures masculines ont généralement des talons plus bas. Une exception notable est la santiag (botte américaine popularisée en Europe dans les années 1960), dont le talon est un peu plus élevé que la norme. Le talon bas cubain a été popularisé par la bottine Beatles, portée par le célèbre groupe anglais The Beatles, ce qui a permis une réintroduction du talon dans les bottes masculines[10]. Le talon est fait une brève réapparition durant les années 1970[11] sous l'effet des modes glam rock puis surtout disco (dans La Fièvre du samedi soir, le personnage qu'incarne John Travolta porte des talons cubains durant le générique du début). Les chanteurs Prince et Elton John portent eux aussi des talons. Des groupes tels que Kiss, Mötley Crüe et Sigue Sigue Sputnik ont porté des talons durant les années 1980. Plus récemment, des artistes portent des talons comme Justin Tranter, le chanteur de Semi Precious Weapons et Bill Kaulitz, le chanteur de Tokio Hotel.
Accessoires
[modifier | modifier le code]La pointe de certains types de talons peut endommager certains types de sol. Il existe des protections à inclure sur le talon lui-même pour éviter tout contact avec les sols fragiles (tels que le linoleum (rotogravure) ou les sols en bois) et ainsi de prévenir les rayures ou autres styles de trous. Ces types de protections sont communément utilisés pour les danses de salon ou autres danses susceptibles de rayer un sol quelconque. La pointe de certains talons est habituellement en plastique ou en métal (appelée bonbout) qui s'use avec le temps et peut facilement être remplacée.
Aspects sociologiques et médicaux
[modifier | modifier le code]Sociologie du talon haut
[modifier | modifier le code]Les raisons contre le port des talons hauts, souvent associées à la santé ou à la pratique, incluent :
- Des douleurs aux pieds[12]
- Des risques élevés de fractures et d'entorses
- Des risques de difformité au niveau du pied (Hallux valgus et orteils)
- Une démarche handicapante
- Un raccourcissement des pas
- Une incapacité de courir
- Des changements au niveau des articulations tibio-fémorales
- Des incidents et maladies dégénératifs très élevés chez les femmes qui portent fréquemment des talons hauts.
Les raisons pour le port des talons hauts, souvent associées à l'esthétisme, incluent :
- Une taille rehaussée
- Une posture plus élancée
- Une illusion de jambes plus longues
- Une illusion de pieds plus petits
- Une illusion de doigts de pied plus courts
- Une meilleure définition des muscles des pieds
- Une meilleure définition du muscle grand glutéal.
Effets néfastes
[modifier | modifier le code]En talons hauts, la partie supérieure du corps de la femme est projetée vers l'avant, ce qui a pour effet de modifier l'axe corporel. Pour compenser ce déséquilibre, les muscles du dos se rétractent et peuvent augmenter la lordose lombaire, la courbure naturelle du bas du dos, ce qui a pour effet de forcer l'organisme. Une équipe de médecins américains a également démontré que le port des talons hauts occasionne une nette augmentation des tensions articulaires au niveau du genou, pouvant ainsi favoriser le développement de l'arthrose au genou, une usure prématurée du cartilage. L'écart inter malléolaire, l'écart inter condylien, l'angle antérieur du pied et l'angle fémoro-patellaire augmentent alors que l'angle postérieur du pied diminue. Les talons hauts sont sources de gonarthrose, mais aussi de troubles des articulations de la cheville et du pied[13].
De plus, un autre groupe de scientifiques arrive à la conclusion que privilégier les talons à formes larges plutôt que les talons à forme pointue n'exerce aucun effet protecteur sur la déformation des genoux[6]. La forme du pied dépend du style de chaussure actuellement porté et peut compresser les doigts de pieds pouvant causer des cals, des ampoules, voire un hallux valgus et dans certaines conditions médicales, le névrome de Morton souvent permanent et qui requiert une opération chirurgicale pour alléger la douleur. Malgré les solutions médicales concernant le port des talons hauts, quelques podologues recommandent à certains de leurs patientes le port de talons bas ou de taille moyenne.
Effets positifs
[modifier | modifier le code]Une récente étude suggère que le port des talons peut rehausser le tonus du muscle pelvien[14]. Des solutions permettent de limiter dans le temps l'usage de talons trop hauts. De nouvelles solutions permettent de changer simplement la hauteur des talons en cours de journée[15].
Analyse féministe
[modifier | modifier le code]Les talons hauts ont parfois été la cible de critiques au centre de débats politiques plus larges depuis l'émergence du mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Le port de talons hauts y a été interprété comme une entrave à une bonne démarche (et à une course éventuelle), qui rend les femmes plus vulnérables aux agressions. Certaines féministes conseillent donc de s'abstenir de mettre des talons trop élevés[14].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Botte de ballet
- Chaussure à semelles compensées
- Fétichisme de la chaussure
- Fétichisme du pied
- Pieds bandés
- Talon
- Talon aiguille
- Concours créatif talon du cristal
- Maud Frizon
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le penchant pour les talons hauts est transmis de mère en fille 7sur7.be, 29 septembre 2011
- Nigel Guy, Encyclopédie de la Grèce Antique, Wilson,
- Swann 1984
- Histoire et évolution de la chaussure http://suite101.fr/article/histoire-et-evolution-de-la-chaussure-usages-et-anecdotes-a24992
- « Histoire de l’escarpin », sur Paperblog (consulté le ).
- « Effets néfastes du port des talons » (consulté le )
- Tendance : talons hauts et talons aiguilles strategie.fr, 26 novembre 2009
- (en) « Types de talons » (consulté le )
- (en) « La véritable origine des talons hauts » (consulté le )
- (en) Cameron Kippen, « Beatle Boots », sur Department of Podiatry (consulté le )
- (en) « Time article on men wearing heels in the 1970s » (consulté le )
- les talons aiguilles contre-indiqués nouvelobs.com 15 juin 2010
- (en) Fifamè Eudia Nadège Koussihouede, Jean-Marie Falola et El-Mansour Barres Fousseni, « Un essai contrôlé randomisé: effet du port de chaussures à talons hauts sur le squelette appendiculaire inferieur », Pan African Medical Journal, vol. 20, (ISSN 1937-8688, PMID 26113922, PMCID PMC4469508, DOI 10.11604/pamj.2015.20.191.4495, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Heights of madness » (consulté le )
- « Trois talons pour une chaussure », sur L'Express, (consulté le ).