Tannaïm — Wikipédia
Les tannaïm (judéo-araméen : תנאים, singulier Tanna, « répétiteur ») sont, au sens large, les Sages dont les opinions sont rapportées dans la Mishna et, au sens restreint ceux qui l'ont codifiée.
Leur ère, dite « tannaïtique » ou « mishnaïque », s'étend donc, selon la définition, de la période du Second Temple (approximativement 520 avant notre ère), ou des débuts de notre ère à 200, date à laquelle la Mishna est clôturée dans l'académie de Juda Hanassi.
Elle comprend (ou fait suite à) l'ère des Zougot (les « paires ») et de la Grande Assemblée, et précède la période des Amoraïm (docteurs du Talmud).
Rôle des tannaïm
[modifier | modifier le code]Le terme araméen de tanna (au pluriel tannaïm) est dérivé de shanah (שנה), dont dérive aussi Mishna. Il signifie « répéter [les opinions de ses maîtres et prédécesseurs] » dans le sens de « perpétuer ». Dans le judaïsme, l'aspect de répétition fidèle garantit la valeur de l'opinion : d'aucuns, comme don Isaac Abravanel, n'hésitent pas à pourfendre les opinions de Sages lorsqu'ils ne les tiennent pas d'un maître, considérant que cela ne relève que de la spéculation humaine, et non de l'esprit divin. Ce titre de « répétiteurs » par lesquels ils se désignaient est donc la marque d'une grande modestie, car ils étaient en fait des « normateurs », innovant en matière de conduite à tenir (halakha) et d'interprétation pour les générations futures, comparant diverses opinions, et choisissant celle qui serait à la fois la plus viable et la plus fidèle aux enseignements de la Loi écrite.
L'ère des Tannaïm est habituellement divisée en 5 périodes, suivant les générations. On recense à peu près 120 Tannaïm connus.
Les Tannaim vécurent dans plusieurs centres sur la terre d'Israël. Le centre spirituel du Judaïsme était à l'époque Jérusalem, mais après la destruction de la ville et du Second Temple, il fut, selon la tradition, déplacé à Yavné par Rabban Yohanan ben Zakkaï (premier Sage à porter le titre de Rabban', et l'un des plus grands Sages d'Israël par ailleurs). Il y eut également d'autres centres à Lod, à Bnei Brak, et Ousha.
Les Tannaïm exerçaient souvent des professions modestes (sandaliers, bûcherons, brûleurs de charbon, etc.), outre leur rôle d'enseignants, législateurs et représentants de leur peuple auprès des ambassades romaines.
L'origine des Tannaïm
[modifier | modifier le code]On distinguait deux écoles :
- l'école de Hillel, tenante d'une certaine souplesse de peur de décourager certains devant l'astringence de la discipline requise pour exécuter la Loi.
- l'école de Shammaï, beaucoup plus littéraliste et rigoureuse, que certains identifient avec le groupe des zélotes.
Selon le Talmud, aboutissement après plusieurs siècles du travail entrepris par les Tannaïm : « Ceci et cela sont les paroles du Dieu vivant, mais la halakha a été fixée selon l'école de Hillel. »
Les Tannaïm sont des personnages historiques, certains étant mentionnés dans d'autres sources que celles attenant au Judaïsme. Cependant, ce qu'on en connaît est très souvent tiré du Talmud, mélangé à des allégories, voire des récits miraculeux. Après l'ère de la Mishna, le terme Tannaïm désignera des « répétiteurs » au sens propre du terme, dont la fonction ne sera plus d'innover mais de rapporter les enseignements. Ces érudits ne comprenaient pas toujours les enseignements qu'ils rapportaient.
Génération ayant vécu au cours du second Temple
[modifier | modifier le code]- 1re génération : Simon le Juste et Rabbi Dossa ben Harkinas.
- 2e génération : Antigone de Sokho.
- 3e génération : Yossé ben Yoezer et Yosse ben Yohanan.
- 4e génération : Yehoshoua ben Perahya et Nitaï HaArbeli.
- 5e génération : Juda ben Tabaï et Shimon ben Sheta'h.
- 6e génération : Akabya ben Mahalalel, Shemaya et Abtalion.
- 7e génération : Hillel et Shammaï ; Rabbi Yohanan ben Bagbag ; Rabbi Nehounia ben Haqana ; Rabban Gamliel l'ancien ; Rabban Shimon ben Gamaliel l'ancien.
Générations pendant et suivant la destruction du Temple
[modifier | modifier le code]- 1re génération : Rabbi Eliezer ben Jacob, Rabbi Tsaddok, Rabban Yohanan ben Zakkaï, Rabbi Elazar Hamodaï, Rabban Shimon ben Gamaliel II, Rabbi Hanania ozer haKohen, Rabbi Hanina ben Dossa, Rabbi Hanina ben Teradion, Rabbi Hanina ben Hakhinaï et Samuel le Petit.
- 2e génération : Rabbi Tarfon, Rabbi Akiva, Rabbi Elazar ben Azaria, Rabbi Ishmaël, Rabbi Yohanan ben Beroka, Rabbi Ishmaël son fils, Elisha ben Avouya, Rabbi Elazar ben Hisma, Rabbi Juda ben Teïma, Rabbi Elazar de Bartota et Rabbi Matia ben Harash.
- 3e génération : Rabbi Meïr, Rabbi Juda (bar Ilaï), Rabbi Yosse le Galiléen, Rabbi Yohanan le sandalier, Rabbi Elazar ben Chamoua, Shimon ben Azaï, Shimon ben Zoma, Rabbi Eliezer ben Jacob.
- 4e génération : Rabbi Juda Hanassi, Rabban Gamaliel son fils, Rabbi Shimon bar Yohaï, Rabbi Shimon ben Eleazar, Rabbi Ishmaël ben R' Yosse, Rabbi Yonathan.
Abba Saül, Rabbi Eliezer ben Hyrcanos et Rabbi Yehoshoua ben Hanania, disciples de Rabban Yohanan ben Zakkaï ne sont pas cités ci-dessus.