Tour de Ganne — Wikipédia
Type | |
---|---|
Longueur | 15,3 m |
Largeur | 12,1 m |
Patrimonialité | Classé MH () |
Adresse |
---|
Coordonnées |
---|
La tour de Ganne, ou simplement tour Ganne, est une ancienne tour fortifiée située à Grez-sur-Loing, dans le département français de Seine-et-Marne. Elle constitue les vestiges du donjon de l'ancien château médiéval, auquel on attribue le nom de château de Grez-sur-Loing. La tour se situe sur la rive gauche du Loing, à proximité de celui-ci.
La tour est classée aux monuments historiques, depuis le [1].
Domonymie
[modifier | modifier le code]On retrouve plusieurs orthographes, dont Ganne, Gannes, Gal, ou Galles. Il s'agirait d'un surnom souvent attribué aux vieilles ruines de château[2]. Il proviendrait, en fait, du latin gannum, signifiant « ridicule »[3], ou ganea, signifiant « bouge ».
La tour portait déjà ce surnom à la Révolution lors de sa vente[4].
Historique
[modifier | modifier le code]Construction
[modifier | modifier le code]Le roi Louis VI le Gros annexe la vicomté de Gâtinais, à la suite de la révolte de Foulques de Gâtinais. Il étend ainsi le domaine royal.
Ce fief médiéval passa par mariage au XIVe siècle à la famille d'Aussy qui rendent plusieurs hommages aux rois de France, pour leur château de Grez-en-Gâtinais. Édifié dès le Moyen-Âge pour contrôler le passage sur le Loing, ayant un rôle défensif, le château contribue à la fortification des confins de l'Île-de-France (en Beauce et en Gâtinais récemment adjoints à la couronne de France) face à la Bourgogne et la Champagne[5],[6]. Il est mis en défense et restauré à la même époque que d'autres chateaux en gatinais. Yèvre le chatel devient Chatellenie Royale à la même époque ainsi que Moret. À l'époque médiévale, le château contribue à la protection du village en plus des quatre portes et du mur d’enceinte[7].
Exploitation
[modifier | modifier le code]La cour de France étant nomade, l'édifice abrite notamment Blanche de Castille, qui y séjourne de nombreuses fois tout comme à Moret-sur-Loing et à l'abbaye du Lys[8]. On atteste aussi les passages de Philippe IV le Bel et de Jean II le Bon[9]. Le château devient une résidence royale au XIIIe siècle et XIVe siècle, comme l'attestent les chartes et actes signés de ce lieu, apprécié des reines[1].
La majeure partie du château subit une destruction durant la guerre de Cent Ans en et . Il ne reste alors plus que le donjon[1].
On suppose que c'est dans ce donjon, que le , Louise de Savoie, mère de François Ier, décède de la peste qui sévissait alors à Fontainebleau alors qu'elle fuyait vers Romorantin[10],[4].
Démantèlement
[modifier | modifier le code]Le système de protection devenant déjà archaïque, la forteresse et les murailles sont supposément démantelées à partir du XVIIe siècle, sous le règne d'Henri IV ou à partir du XVIIIe siècle. Cela laisse ainsi la cité ouverte[11]. On peut apercevoir cet état sur une gravure de Cl. Chastillon, vers 1600, qui présente déjà une enceinte ruinée au pied du château[2].
À la Révolution, l'édifice, ayant appartenu au duc d'Orléans Philippe Egalité, est vendu comme bien national. De nos jours, les ruines restent entretenues dans un bon état de conservation[4].
Structure
[modifier | modifier le code]Le donjon, de forme quadrangulaire, mesure 15,30 mètres sur 12,10 mètres[2]. Tout comme à Moret-sur-Loing, le donjon présente des mêmes dispositions de deux contreforts plats qui encadrent chaque angle. À la suite des destructions, ne subsistent aujourd'hui parmi les ruines, que le côté nord-ouest, une grande partie du côté sud-ouest, une partie minime du côté sud-est[12]. Ainsi, on retrouve les angles nord, ouest et sud. On distingue aussi deux courts retours sur les murs manquants (côte nord-est et côté sud-est). Les murs du gros œuvre comportent une hauteur de deux étages et sont épais de 2,30 m. Ils sont composés de pierre calcaire à joints assez épais où figurent des trous de boulins ayant servi aux échafaudages lors de la construction. Les contreforts sont de pierre de taille assemblées à joints minces. Elles sont plus grosses et plus dures que ceux des murs[8].
Chaque face comporte deux ouvertures, rectangulaires à l’extérieur. On distingue une ouverture au seuil, près de l'angle nord, qui semblerait s'apparenter à une porte. Vers le contrefort de l'angle sud sont accrochées de pierres d'attente, dont on suppose une appartenance à une échauguette ou à des latrines, auxquelles on accède par l'angle du donjon[8].
On distingue l'amorce d'une tourelle extérieure adjointe au donjon sur le retour est de l'angle sud. Il pourrait s'agir de la tourelle d'accès[8]. Celle-ci aurait abrité un oratoire dirigé vers l'Orient, et supposerait l'existence d'un dôme disparu de nos jours[5].
Le donjon est une tour circulaire dont il reste de vestiges.
- Tourelle.
- Détail du chœur.
- Détail des fenêtres.
- Pierres d'attente.
Environs
[modifier | modifier le code]Un parc de 3 000 m2 entoure la tour et les ruines. Peints par de nombreux artistes au XIXe siècle, ces jardins ont été reconstitués tels qu'ils étaient quand Carl Larsson et Jean-Baptiste Camille Corot les ont peints[11]. On retrouve aussi les jardins de la tour de Ganne dans la peinture de Kuroda Seiki[13].
Également située non loin du pont sur le Loing qui enjambe le Loing, la tour renferme à ses pieds une borne royale fleurdelysée numérotée « 36 »[14]. Deux lavoirs restaurés datant du XIXe siècle sont en outre disposés en contrebas du parc, dont l'un d'eux figure sur une toile d'Asai Chū[11], ainsi qu'une grange donnée à la ville par une dénommée Guillerat[9].
- Vue sur les jardins.
- Pont et ruines vus depuis la rive droite du Loing.
- Borne routière.
Représentations culturelles
[modifier | modifier le code]Titre | Illustration | Type | Auteur | Date | Remarques |
---|---|---|---|---|---|
Vestiges d'Antiquité en la petite ville de Grestz | Gravure | Claude Chastillon | Vers 1600 | ||
Le Donjon vu du Loing | Gravure | C. Sauvageot | |||
Pont de Grez-sur-Loing | Peinture | Asai Chū | 1902 | Tour représentée au dernier plan, derrière les branches des arbres. |
Références
[modifier | modifier le code]- Notice no PA00087017, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Châtelain 1983, p. 105.
- (en) Lionel Carley, Frederick Delius : Music, Art and Literature : Music, Art and Literature, Routledge Revivals, , 337 p. (ISBN 978-0-429-84919-0, lire en ligne), p. 144
- Châtelain 1983, p. 108.
- « Tour de Ganne (Grez-sur-Loing, 12th century-14th century) », sur Structurae (consulté le )
- « La Tour de Ganne | Seine-et-Marne Attractivité », sur tourisme.seine-et-marne-attractivite.fr (consulté le )
- « Grez-sur-Loing | Seine-et-Marne Attractivité », sur tourisme.seine-et-marne-attractivite.fr (consulté le )
- Châtelain 1983, p. 106.
- « La ruelle de la Tour Ganne à #Grez-sur-Loing #77 #77880 », sur www.petit-patrimoine.com (consulté le )
- Georges Guiffrey, Cronique du roy Françoys, Paris (6 rue de Tournon), Librairie Renouard, , 493 p. (lire en ligne ), p. 93
- Jean-Luc Flohic, Le Patrimoine des communes de la Seine et Marne, t. 2, Paris, Éditions Flohic, , 1500 p. (ISBN 2-84234-100-7), Canton de Nemours - Grez-sur-Loing, « Tour Ganne », p. 1144
- Châtelain 1983, p. 107.
- « La Tour de Ganne et ses jardins. », sur Cirkwi (consulté le )
- « La ruelle de la Tour Ganne », sur ignrando.fr (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Châtelain 1983] André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Île-de-France, du XIe au XIIIe siècle, Nonette, Créer, , 507 p. (ISBN 978-2-902894-16-1, lire en ligne ), p. 105-108
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Pont de Grez-sur-Loing
- Église Notre-Dame-et-Saint-Laurent de Grez-sur-Loing
- Liste des châteaux de Seine-et-Marne
- Liste des monuments historiques de Seine-et-Marne (ouest)
- Château de la Bouleaunière
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives à l'architecture :