Vêtement de ski — Wikipédia
Les vêtements de ski constituent l'ensemble des vêtements portés pour la pratique du ski et certaines activités de montagne qu'ils soient techniques ou sportswear. La tenue de ski a évolué au fil du temps et en fonction des impératifs des différentes disciplines. Elle a également connu des modes au fil des décennies des XIXe siècle jusqu'au XXIe siècle.
Historique
[modifier | modifier le code]L'origine du vêtement de ski émane de l'expérience de l'alpinisme. Le vêtement de ville est adapté aux conditions climatiques même si les femmes pratiquent l'alpinisme avec manteau, chapeau, corset et crinoline[1]. L'alpinisme se pratique en jupe boutonnée avec une culotte en dessous ; il faudra des décennies pour que le pantalon soit adopté par les femmes[2].
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sont créés partout en Europe[n 1] des bataillons de troupes alpines dont les équipements sont en adéquation avec leurs contraintes[3]. Vers cette époque, les premiers privilégiés qui fréquentent Saint-Moritz ou Chamonix skient en lainages, jupe ou costume, parfois d'équitation ou de chasse[4], parfois juste une superposition en plusieurs couches de leurs tenues de golf et de tennis[5]. Par la suite, ces clients fortunés commandent à leur couturier des tenues en drap de laine, peau et fourrure[6]. Pour les femmes, la veste et la « culotte », sorte de pantalon large ou bouffant, se voient adoptés vers le début du XXe siècle[7].
Les sports d'hiver se développent réellement à la sortie de la Première Guerre mondiale pour une clientèle favorisée qui fréquente Megève ou d'autres stations huppées[8]. Ces villages de montagne sont lieu de chic pour se montrer[9]. En quelques décennies, les activités hivernales[10] ont obtenues leurs équipements adaptés[4],[11] et les premières boutiques de vêtements de sports apparaissent, avec des collections spécifiques aux activités hivernales[12].
Durant l'Entre-deux-guerres, la Fédération française de ski est créée en 1924 et la même année ont lieu à Chamonix les premiers Jeux olympiques ; la sportivité s'impose face à la dimension purement touristique du ski et les vêtements deviennent plus similaires entre les hommes et les femmes, acquérant une uniformité peu à peu[12]. Vers les années 1930, pour le ski, la luge ou le patinage, la ligne est élégante et fuselée[13][n 2]. Un fuseau est créé à Megève par AAllard et popularisé par Emile Allais. C'est le premier vêtement réellement technique pour le ski. Il cohabite puis remplace le large « pantalon norvégien » qui prend l'eau. Le jersey a été adopté au cours des décennies précédentes, pour ses vertus thermiques, ainsi que le chandail en maille tricotée[14]. À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, le ski reste réservé à une clientèle privilégiée qui fréquente les 142 stations que compte alors la France, même si les Congés payés de 1936 tentent de démocratiser la pratique du ski[12].
Collaborations
[modifier | modifier le code]La montagne reste un sujet de collaborations fréquentes entre la mode et le sport. Après la Seconde Guerre mondiale, Emilio Pucci crée la tenue de ski « idéale » pour ses amis : « un anorak avec un capuchon et un pantalon resserré au-dessus des chaussures[6]. » Celle-ci est prise en photo à Zermatt par Toni Frissell ; Diana Vreeland décide de la publier dans Harper's Bazaar, faisant le succès pour ce créateur de mode[15],[6]. L'entreprise allemande Bogner (de), fondée en 1932, habille James Bond pour quatre films ainsi que de nombreuses personnalités de premier plan, à la ville comme au ski[16]. Durant les années 1990 dans la foulée du streetwear, les doudounes sont portées par les rappeurs[17]. Jean-Charles de Castelbajac a une longue histoire de partenariat avec les équipementiers comme Kappa, Le Coq Sportif, mais surtout Rossignol depuis 2002[18],[6]. À partir du milieu des années 2000, Moncler, marque fondée dans les années 1950, signe plusieurs alliances avec des créateurs de mode pour des lignes spécifiques ou des collections capsules : Thom Browne, Chitose Abe, le couturier Giambattista Valli ou la marque Balenciaga signent des doudounes[19],[20] souvent éloignées du domaine technique du ski[17]. Fusalp, autre entreprise française de la même époque oubliée par la suite, est rachetée puis ouvre sa première boutique à Paris[19],[6]. Elle est suivie dans la capitale par Rossignol qui inaugure un magasin éphémère rue de la Paix[21]. Dans les années 2010, Hermès crée une collection « Sports d'hiver »[22]. En , Fendi lance la ligne chic et technique « Fendi Leasurewear » avec des vêtements et accessoires dédiés au ski[19],[23]. Deux ans plus tard, Chanel présente en juin sa collection « Coco Neige », mélangeant les classiques de la maison avec des matières techniques[24].
Outre l'augmentation logique de chiffre d'affaires, dans les années 2000 plusieurs saisons avec moins de neige sur les sommets européens et moins de fréquentation[n 3] ont obligé les fabricants à réagir, se diversifier et à s'orienter vers la « ville »[17]. « Sur cinq personnes qui séjournent en station, il n’y en a que deux qui vont sur les pistes. Aujourd’hui, la plupart des tenues de ski sont détournées » précise le PDG de Look[20].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Chaboud et Dupré 2016, Du jupon au pantalon, p. 23-24.
- Chaboud et Dupré 2016, Avant-propos, p. 7.
- Chaboud et Dupré 2016, Tenues de troupes de montagne, p. 31-32.
- Chaboud 2015, p. 29.
- Chaboud et Dupré 2016, 1880-1936, p. 38.
- Gabrielson-Chaboud 2016.
- Chaboud et Dupré 2016, Du jupon au pantalon, p. 26-28.
- Chaboud et Dupré 2016, 1880-1936, p. 38-40.
- Grasse 2015, p. 13.
- Worsley 2011, p. 64.
- Fraysse 2017, p. 71.
- Chaboud et Dupré 2016, 1880-1936, p. 40.
- Grasse 2015, p. 12.
- Chaboud et Dupré 2016, 1880-1936, p. 43-46.
- Fraysse 2017, p. 71 à 72.
- Fraysse 2017, p. 70 à 71.
- Ngo-Ngok 2019, p. 120.
- Grasse 2015, p. 88.
- Fraysse 2017, p. 72.
- Martin-Bernard 2011.
- Assor 2017.
- Guillaume et Faure 2013.
- Gabrielson 2016, Fendi.
- Ngo-Ngok 2019, p. 121.
Sources
[modifier | modifier le code]- Harriet Worsley (trad. de l'anglais), 100 idées qui ont transformé la mode [« 100 ideas that changed fashion »], Paris, Seuil, , 215 p. (ISBN 978-2-02-104413-3), « Ce que la mode doit à l'exercice physique », p. 64 à 65.
- Frédéric Martin-Bernard, « Le skiwear sur les traces de Moncler », sur madame.lefigaro.fr,
- Hélène Guillaume et Émilie Faure, « Un sportswear à la française », sur madame.lefigaro.fr,
- (mul) Marie-Christine Grasse (dir.), Rebecca Arnold, Claude Boli, Rachel Pretti, Sophie Bramel, Emmanuelle Polle, Sandrine Jamain-Samson, Mette Bruun, Paul Miquel et al., Musée national du Sport, En mode sport : [exposition, Nice, Musée national du sport, 12 juin-20 septembre 2015], Paris, Somogy Éditions d'art, , 111 p. (ISBN 978-2-7572-0978-3).
- Nadine Chaboud, « Modèles d'hiver », dans Marie-Christine Grasse, En mode sport, Paris, Somogy Éditions d'art, (ISBN 978-2-7572-0978-3), p. 28-29.
- Nadine Chaboud et Cécile Dupré, Fashion Altitude : Mode et montagne du 18e siècle à nos jours, Grenoble, Glénat, coll. « Beaux livres Montagne », , 144 p. (ISBN 978-2-344-01819-4).
- Maud Gabrielson, « Nadine Chaboud : "La montagne, un terrain d'aventure pour les couturiers" », sur madame.lefigaro.fr,
- Maud Gabrielson, « Fendi ouvre la saison du ski avec une collection à la fois mode et technique », sur madame.lefigaro.fr,
- Bertrand Fraysse, « Ski wear de luxe : sommets de mode », Challenges, no 508, , p. 70 à 72 (ISSN 0751-4417).
- Constance Assor, « Rossignol tout schuss à Paris », sur lepoint.fr,
- Pauline Ngo-Ngok, « En piste ! », L'Express, , p. 120 à 121 (ISSN 0014-5270).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Manuel Charpy (dir.) et Régis Boulat, IRHIS & École Duperré, Modes pratiques : revue d'histoire du vêtement et de la mode, vol. 3, Normandie, , 480 p. (ISBN 9791095518129), « La mode des sports d'hiver : Généalogie du vêtement de ski du XIXe siècle à nos jours », p. 270-285