Ville impériale de Munster — Wikipédia

Ville impériale de Munster
(de) Reichsstadt Münster im Gregoriental


(392 ans)

Blason
Blason de Munster
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Statut Ville d’Empire
État du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Capitale Munster
Langue(s) Alémanique/alsacien, allemand, français
Religion Catholicisme puis protestantisme
Bailliage Grand-Bailliage d'Alsace
Cercle impérial Cercle du Haut-Rhin
Démographie
Population (c. ) ~ 2 000 hab.[1]
Histoire et événements
Transfert des droits de juridiction sur la vallée de Munster par l'abbaye à Frédéric II du Saint-Empire
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire ») et formation de la Communauté du Val Saint-Grégoire qui réunit Munster et neuf villages
Traité de Marquard délimitant les droits et devoirs de l’abbé et de la Communauté
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole
Début de l'adoption de la Réforme protestante
Traité de Fleckenstein atténuant les tensions religieuses entre les habitants et l'abbé
Traité de Kientzheim garantissant la liberté de confession des habitants
Prise de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn pendant la guerre de Trente Ans
Début de l’occupation française
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie)
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue)
Révolution française et fin de la constitution municipale

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La ville impériale de Munster (en allemand : Reichsstadt Münster im Gregoriental) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre [2] et .

Village construit autour du monastère Saint-Grégoire fondé vers [3], Munster se développe sous l'autorité des rois des Francs puis des souverains du Saint-Empire, notamment les Hohenstaufen qui possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. En le monastère est élevé au rang d'abbaye impériale (Reichsabtei) lorsque son abbé cède ses droits de juridiction sur la vallée de Munster à l'empereur Frédéric II qui les transmet alors aux habitants[4]. La cité est administrée par un conseil et pourvue d'un sceau à partir de [5],[6]. La même année, Munster s'associe à neuf villages voisins pour constituer la Communauté du Val Saint-Grégoire (Gregoriental). Le statut de « ville d'Empire » est reconnu à la cité qui dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière[7]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région. Un bailliage intermédiaire est créé pour administrer les villes impériales de Munster, Turckheim et Kaysersberg où le siège de l'instance est transféré en . Le bailliage impérial de Kaysersberg (Reichsvogtei zu Kaysersberg) est alors subordonné au Grand-Bailliage[8].

L'abbaye de Munster continue d'exercer une influence sur la Communauté du Val Saint-Grégoire. Celle-ci est en effet administrée par des conseillers choisis par l'abbé ou élus par les représentants des habitants. Le monastère reste également le seul propriétaire foncier dans la ville et la vallée. Le traité de Marquard est signé en pour décrire et délimiter les droits et les devoirs de chaque partie[9]. À la suite de son élection au trône du Saint-Empire en , Charles IV accorde à Munster les mêmes privilèges qu'à Turckheim le [10]. Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Munster forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. L'économie de la ville repose principalement sur le bûcheronnage[11], l'élevage de bovins dans le massif des Vosges[12] et la production de fromages comme le munster mentionné dès le XVe siècle[9]. La guerre des six Deniers éclate en entre la noblesse de Haute-Alsace et Mulhouse. Celle-ci reçoit l'aide de ses alliées Munster, Kayserberg et Turckheim dont les soldats incendient les châteaux d'Eguisheim la même année.

La Réforme protestante est introduite à Munster dès [13] et permet aux habitants de s'éloigner de l'autorité spirituelle de l'abbé. Le traité de Fleckenstein est signé en pour garantir les intérêts de l'abbaye catholique et de la Communauté du Val Saint-Grégoire qui a adopté la foi luthérienne. Pour apaiser les tensions religieuses, les relations entre les deux parties sont formalisées par le traité de Kientzheim signé en sous la supervision du bailli impérial Lazare de Schwendi[14]. Le texte garantit la liberté de confession dans la vallée et finit d'émanciper totalement la ville impériale de l'influence de l'abbaye[15]. Lors de la guerre de Trente Ans, la vallée est attaquée à plusieurs reprises par des bandes armées entre et , puis la ville et l'abbaye sont pillées en par les troupes du royaume de Suède[16]. Les villes occupées par les Suédois sont confiées aux armées françaises qui y établissent des garnisons[17]. Les ravages du conflit poussent Munster à se placer sous protectorat du royaume de France en . Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. De nouvelles exactions sont commises en lorsque des régiments du duché de Lorraine, en guerre contre la France, occupent Munster. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [18].

Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance de Munster qui est rattachée au territoire français[19]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [20].

La Communauté du Val Saint-Grégoire est composée de la cité-État et de neuf villages voisins :

Notes et références

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  1. Himly 1970, p. 17
  2. Vogler 2009, p. 307-308
  3. Vogler 2009, p. 307
  4. Schmitt 1979, p. 16
  5. Encyclopédie de l'Alsace 1984, p. 5381
  6. Mengus et al. 2013, p. 221
  7. Nicollier 2012, p. 215
  8. Wunsch 1976, p. 66
  9. a et b Vogler 2009, p. 309
  10. Vogler 2009, p. 310
  11. Vogler 2009, p. 315
  12. Schmitt 1979, p. 17
  13. Schmitt 1979, p. 18
  14. Encyclopédie de l'Alsace 1984, p. 5380
  15. Schmitt 1979, p. 19
  16. Vogler 2009, p. 62
  17. Vogler 2009, p. 320
  18. Kintz 2017, p. 276-280
  19. Kintz 2017, p. 346-348
  20. Kintz 2017, p. 356

Bibliographie

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  • [Encyclopédie de l'Alsace 1984] « Munster », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 9 : Migeon-Ostwald, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 5380-5382.
  • [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
  • [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
  • [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
  • [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
  • [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
  • [Nicollier 2012] Béatrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
  • [Schmitt 1979] Robert Schmitt, « Munster au Val Saint-Grégoire : treize siècles d'histoire », Les Saisons d'Alsace, no 70,‎ , p. 15-24 (ISSN 0048-9018).
  • [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).
  • [Wunsch 1976] Robert Wunsch, « Le Grand-bailliage d'Empire en Alsace (1273-1648) », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 64-78 (ISSN 0048-9018)

Articles connexes

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Liens externes

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